Coquille hexagonale de couleur crème à jaune intense
Présence de 3 bandes grisâtres plus ou moins nettes, parfois des lignes jaunes
Bombée au centre avec bords aplatis épais
Ouverture large et blanche
Manteau blanc zébré de noir
Longueur courante : 3 cm maximum
Nombreux écotypes avec variation de formes et de motifs
Caurie, cauri
Kawri (Afrique occidentale)
Money cowrie (GB), Ciprea moneta (I), Kaurischnecke (D), Cipreia-moeda, cauri, caurim (P), Geldkauri (NL)
Monetaria moneta, (Linnaeus, 1758)
Cypraea moneta, Linnaeus 1758
Erosaria moneta, Linnaeus 1758
Cypraea moneta, Linnaeus 1758
Monetaria moneta moneta, Linnaeus 1758
Cypraea monetacongo, Gmelin 1791
Cypraea numisma, Röding 1798
Cypraea gibbosa, Schröter 1804
Cypraea icterina, Lamarck 1810
Monetaria moneta icterina, Lamarck 1810
Cypraea tuberculosa, Quoy & Gaimard 1834
Monetaria moneta tuberculosa, Quoy & Gaimard 1834
Cypraea barthelemyi, Bernardi 1861
Cypraea mercatorium, Rochebrune 1884
Monetaria vestimenti, Rochebrune 1884
Cypraea circumvallata, M. Schilder & F. A. Schilder 1933
Monetaria moneta subalata, M. Schilder & F. A. Schilder 1933
Monetaria (Monetaria) moneta endua, Steadman & Cotton 1943
Monetaria (Monetaria) moneta erua, Steadman & Cotton 1943
Monetaria (Monetaria) moneta, Steadman & Cotton 1943
Cypraea annulifera, Coen 1949
Monetaria pseudomoneta, C.-H. Hu 1992
Monetaria moneta monetserpentis, Lorenz, Chiapponi & Mont 2012
Indo-Pacifique, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce se trouve de l'océan Indien à l'océan Pacifique, dans la zone intertropicale, depuis la mer Rouge et les côtes de l'Afrique de l'est et du sud jusqu'aux îles du Pacifique central, Hawaï, Pitcairn...
On pourra ainsi la rencontrer dans quasiment toutes les îles des départements et territoires français de la distribution (Mayotte, La Réunion, les îles Éparses, Wallis & Futuna, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Clipperton...).
On peut rencontrer Monetaria moneta en zone littorale (substrat* sablo-vaseux, corallien, vivant ou détritique*). C'est une des espèces les plus communes dans les lagons* et la zone intertidale*, sous les pierres ou parmi les algues et les herbes marines.
Principalement nocturne, elle est de jour souvent cachée sous des roches.
La taille adulte atteint 3 cm maximum. Cette espèce a une forme et un aspect très variables.
La coquille est lisse, brillante et de forme hexagonale. Il n'y a pas d'opercule*. Le bord de la coquille s'enroule vers l’intérieur de l’ouverture.
La base (la face inférieure) est épaisse, plus ou moins aplatie et anguleuse. Les dents (dentelures de chaque côté de l’ouverture de la coquille), peu nombreuses, sont bien observables (fortes et courtes).
La coquille est de couleur variée allant du crème pâle au jaune intense avec 3 bandes grisâtres plus ou moins visibles. De fines lignes jaune vif peuvent être présentes sur le fond beige.
Le manteau* est blanc zébré de noir. Souvent sorti, il recouvre partiellement la coquille. Il présente des papilles* parfois digitées, de couleur blanche (voir § divers bio).
On distingue assez bien les deux tentacules* et le siphon* clairs de l'animal.
Il existe néanmoins de nombreux écotypes* dus à des variations dans la morphologie et la coloration de la coquille.
Cette porcelaine est herbivore et consomme algues rouges et film de cyanobactéries principalement.
Comme tous les mollusques brouteurs, elle a un organe râpeux appelé radula* qui lui permet de racler le film algal et les macro-algues dont elle se nourrit la nuit.
Les porcelaines sont des organismes aux sexes séparés (gonochoriques*). Un dimorphisme* sexuel semble apparaître : les individus mâles sont plus grands que les individus femelles (mais selon Schilder & Schilder 1962 : « il n'existe manifestement pas de caractère absolu qui permettrait de séparer avec certitude les coquilles en fonction du sexe »).
La fécondation* est interne. Les mâles, avec leur pénis, introduisent leurs spermatozoïdes* dans la bourse copulatrice de la femelle. Celle-ci dépose ensuite des capsules ovigères* sur le substrat en une masse presque circulaire de 6 à
La femelle reste ensuite à proximité pour protéger sa ponte jusqu’à éclosion des larves* véligères* planctoniques*. Ces véligères subiront ensuite une métamorphose* pour donner des juvéniles benthiques* identiques aux parents.
Des cas d'hybridation avec Monetaria annulus et Monetaria caputserpentis ont été observés.
Concernant les papilles du manteau. Il existe 4 types principaux de papilles, courtes et éparses : a) les plus simples, b) avec extrémité bifide, c) extrémité bifide avec une paire de saillies au milieu de la papille, d) avec 4 saillies à l’extrémité et 1 ou 2 paires de saillies sur toute la longueur en position alternée. Les papilles plus complexes sont situées loin du bord du manteau.
Les cauris repèrent leur nourriture et les partenaires (entre autres la piste muqueuse laissée par le pied) par chémoréception*.
La durée de vie de Monetaria moneta est estimée à 5 ans.
Les coquilles de Monetaria moneta peuvent présenter une rostration*, qui est une déformation de cette coquille, avec les parties antérieure et postérieure qui s’allongent et s’incurvent.
Les nombreuses variétés (écotypes*) observées sont certainement dues aux caractéristiques de leur environnement.
Les prédateurs de cette espèce sont notamment d’autres mollusques comme les cônes (par exemple Conus textile), les nasses, les cymatiums et les poulpes. Des poissons sont probablement aussi prédateurs de ces gastéropodes.
Les coquilles de ces mollusques sont utilisées comme monnaie depuis plus de 3 000 ans dans la civilisation chinoise et se sont répandues à travers toute l’Asie et l’Afrique ainsi que dans tout le bassin indo-pacifique, le principal fournisseur de coquilles étant les Maldives.
Les cauries ont été également utilisées à but ornemental, notamment dans les coiffures, les vêtements et les bijoux.
Ce mollusque est actuellement toujours exploité par les fabricants de souvenirs.
Ce coquillage reste un objet divinatoire pour certaines tribus animistes d'Afrique tropicale.
En Inde, cette espèce (appelée palagarai) est utilisée dans la thérapeutique traditionnelle Siddha pour plusieurs maladies.
Les spécimens rostrés (dont la coquille est déformée) sont très recherchés des collectionneurs.
Dans la liste Rouge mondiale des espèces en danger de l'UICN*, Monetaria moneta n'est pas évaluée (NE).
Porcelaine-monnaie : l'origine du mot [porcelaine] vient de l'italien [porcellana] lui-même dérivé de [porcella] signifiant truie. Ce nom a été donné à ces coquillages en raison de leur ressemblance à une vulve de truie.
Le nom complet de cette porcelaine lui vient de sa spécificité d'être utilisé comme monnaie d'échange dans certaines sociétés, comme la civilisation chinoise.
Monetaria : du latin [monetarius], dérivé de [moneta] = appartenant à la monnaie, monétaire, relatif à l'argent.
moneta : du latin [moneta] signifiant monnaie, désignant une pièce de monnaie ou de la petite monnaie.
L'origine du mot latin "moneta" provient d'un temple dédié à la déesse Junon Prévenante (Juno Moneta en latin), sœur et épouse de Jupiter, en cela qu'elle préside aux richesses distribuées et en lien avec un épisode de l'invasion gauloise de -390 avant notre ère lors duquel une rançon fut payée. C'est tout proche de ce temple que les premières monnaies seront frappées à Rome vers le 3e s. avant notre ère, la monnaie prenant ainsi le nom de "moneta", en rapport avec le temple de Junon tout proche. Ce nom scientifique d'espèce vient donc pointer l'usage traditionnel de monnaie d'échange qui était fait avec cette porcelaine.
Numéro d'entrée WoRMS : 216874
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Cypraeidae | Cypréidés | Coquille ventrue ou piriforme, conique, ovoïde, globuleuse, fusiforme ou presque cylindrique, coloration variable, souvent avec des bandes transversales.Callosité au niveau de l'apex. Ouverture étroite avec des dents. couche d'émail épaisse, brillante. D'après Lindner 2011:81 |
Sous-famille | Erosariinae | Erosariinés | |
Genre | Monetaria | ||
Espèce | moneta |
Petit mais bel animal
Le manteau est extrêmement reconnaissable, tigré noir et blanc. C'est lui qui contribuera à fabriquer la coquille beige à jaunâtre, ici lignée de jaune vif.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
23/05/2015
Coquille dessus-dessous
Vue de dessus (en haut), la coquille est de forme plutôt hexagonale, de couleur crème à jaune intense avec généralement 3 bandes grisâtres plus ou moins nettes (parfois séparées par des lignes d'un jaune plus vif). Elle a des bords assez plats et s'enroule vers l'intérieur.
De dessous (en bas). De chaque côté de l'ouverture, courant tout le long de la médiane sur la base de la coquille, on peut voir les dents, fortes et courtes.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
18/12/2024 & 14/10/2014
Variation de couleur : verdâtre
Côté couleurs et motifs, on rencontre quelques variations notables. Ici, la coquille est verdâtre en son centre, ainsi que les lignes plus sombres.
Plage de Pindai, Pouembout, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, à marée basse
18/08/2019
Manteau avec papilles
Lorsque l'animal n'est pas dérangé, son manteau est souvent sorti et recouvre partiellement la coquille. Il présente des papilles digitées, de couleur blanche, comme sur cet individu.
Platier Ricaudy, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, marée basse
06/07/2024
Parties molles de l'animal
Le corps est blanc avec, à l'avant de la tête, des tentacules buccaux au rôle tactile. Les yeux noirs se trouvent sur les pédoncules. Le siphon est ici rentré et protégé par la coquille.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
20/08/2011
Siphon blanc
Cet individu laisse apparaître largement son siphon clair.
L'espèce est côtière et l'on peut l'apercevoir facilement sans se mouiller plus que les pieds, comme ici dans très peu d'eau, sur le sable gris d'une plage néo-calédonienne.
Plage Magenta, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, sur la plage
25/07/2021
Femelle avec sa ponte
Quand la femelle pond, elle dépose ses capsules ovigères sur le substrat, chacune pouvant contenir jusqu’à 500 œufs. Une ponte ainsi peut renfermer plusieurs centaines de milliers d'œufs...
Elle restera ensuite à proximité afin de protéger sa ponte jusqu’à éclosion des véligères.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
01/02/2015
Coquilles juvéniles
Ces vues dorsale et ventrale laissent apparaître l’enroulement incomplet de la coquille.
Îlot Amédée, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 3 m
03/11/2024
Immature
Ce petit individu (comparer avec la taille des foraminifères rouges en arrière) est encore immature. Sa coquille n'a pas encore développé la forme caractéristique de l’espèce.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
25/11/2020
Coquille aberrante
La forme de la coquille évolue au fil du développement de l'animal. Si l'on en rassemble beaucoup, on peut voir des différences assez notables dans la forme des coquilles.
Cela ne s'est pas exactement passé comme prévu pour cet individu, qui montre des aberrations spectaculaires.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
17/04/2010
Motif rigolo
Cet individu semble très heureux d'avoir rencontré le photographe et lui offre son plus beau sourire !
Les patrons aberrants ne sont pas rares dans le lagon de La Réunion et doivent compter très approximativement pour presqu'un tiers des spécimens.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
13/01/2025
Pourquoi porcelaine-monnaie ?
Le nom commun de porcelaine-monnaie lui vient de sa spécificité d'être utilisée comme monnaie d'échange depuis plusieurs milliers d'années dans tout le bassin indo-pacifique.
Et il en reste encore des traces actuelles, comme ces dessins sur ces billets de banque maldiviens récents.
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12/2024
Objet décoratif artisanal
La forme hexagonale des porcelaines précise bien notre espèce sur ce panier décoré nigérian du début du XXe s. : ce sont bien des cauris, Monetaria moneta.
Cartel concernant l'objet :
North Nigeria-Hausa Woman’s work basket decorated with cowries shells.1904
Musée d’histoire naturelle d'Oxford, Université d'Oxford, comté de l'Oxfordshire, Angleterre
.
Distribution : à La Réunion
La distribution de cette espèce est très large et couvre quasiment tout le bassin indo-pacifique, depuis les côtes de l'Afrique jusqu'aux îles du Pacifique Central.
Ici, un exemple dans l'océan Indien, dans un lagon de l'île de La Réunion.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
08/09/2021
Distribution : en Nouvelle-Calédonie
La porcelaine-monnaie (appelée aussi cauri) se rencontre couramment dans l'océan Pacifique, comme ici près du chef-lieu néo-calédonien, Nouméa.
Pour ne pas risquer de la confondre, notez sa forme hexagonale et les bords épais !
Platier Ricaudy, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique
07/06/2020
Rédacteur principal : Carole BERNARD
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Renaud M.L., 1971, Aspects of the biology and ecology of Cypraea moneta at Eniwetok atoll, Marshall Islands, These master of Science, University of Hawaï, 100p.
Rochebrune A.-T., 1884, Monographie des formes appartenant au genre Monetaria, Bulletin de la Société Malacologique de France, 1, 73-102.
Schilder M., Schilder F.A., 1936, Revision of the Genus Monetaria (Cypraeidae), Proceedings of the zoological Society of London, 106(2), 1113-1135.
Schilder F.A., Schilder M., 1961, Sexual differences in cowries, Proceedings of the malacological society of London, 34(4) 207-209.
Schilder F.A., Schilder M., 1962, Zur kenntnis der Cypraeidae, 4. Geschlechtunterschiede bei Monetaria moneta, Archiv für Molluskenkunde, 91, 99-103.
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La page de Monetaria moneta dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN