Se présente en colonie
Disque oral de 3 mm de diamètre environ
Colonne atteignant 1 cm de haut au maximum
Couleur de chocolat pouvant se nuancer de vert ou de blanc
Grains de sable et débris adhérant à la base des polypes
Ginger tiny anemone, chocolate tiny anemone, peppercorn anemone (GB)
Isozoanthus danicus Carlgreen, 1913
Parazoanthus sulcatus
Atlantique Nord Est, Manche et en Méditerranée : bassin de Thau [introduite ?]
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]L'anémone chocolat se rencontre depuis la Norvège jusqu'au Portugal.
En Méditerranée, elle a été observée et photographiée en novembre 2010 dans le bassin de Thau uniquement ; elle y a certainement été introduite.
Les colonies d'Isozoanthus sulcatus peuvent être rencontrées depuis la zone intertidale* (flaques à marée basse, en compagnie de corallines) jusqu'à un peu plus de 40 m, sur des surfaces horizontales (rochers, coquilles...) recouvertes de sédiment.
Une anémone chocolat ne se présente jamais seule, mais en colonie, puisque cette espèce appartient à l'ordre des zoanthides (ou zoanthaires). Les différents individus de la colonie sont reliés entre eux par un tissu (coenenchyme*) basal se présentant sous forme d'un réseau (stolon* rampant) recouvert par du sédiment. Les minuscules polypes qui en dépassent ont un disque oral qui mesure 3 mm de diamètre environ et ils atteignent 1 cm de haut au maximum. Ils sont le plus souvent couleur de chocolat (d'où le nom français de l'animal), les tentacules les plus étendus devenant parfois assez translucides. Cette couleur chocolat peut se nuancer de vert, ceci étant dû à la présence de zooxanthelles* (algues unicellulaires symbiotiques) plus ou moins abondantes, ou de blanc. Le disque oral peut présenter des bandes claires rayonnantes. La bouche, fermée par un sphincter, est munie d'un siphonoglyphe* (gouttière ciliée) superficiel et nettement dessiné. On compte 19 à 22 tentacules par polype, mais ce nombre peut atteindre 30 chez certains individus. Ces tentacules sont disposés en deux cycles. Les tentacules du cycle intérieur sont plus longs que ceux du cycle extérieur avec qui ils alternent de manière régulière. La couronne de tentacules s'étend sur une longueur de 5 à 6 mm. Les tentacules du cycle extérieur, moins soutenus, peuvent pendre parfois le long de la colonne. Des grains de sable et des débris divers peuvent adhérer à la base des polypes et à la partie cachée de la colonie.
Cette espèce est microphage*, zoophage prédateur. Le courant apporte des proies microscopiques du zooplancton principalement.
Si celles-ci frôlent les tentacules, les cnidocytes* (cellules urticantes) des anémones déployées, piquent la proie, et lui injectent un poison. La proie est ensuite amenée jusqu'à la bouche puis digérée.
Par ailleurs Isozoanthus sulcatus possède dans ses tissus des microalgues appelées zooxanthelles*, qui lui apportent une partie de son alimentation, notamment des glucides.
Deux modes de reproduction chez les Zoanthides :
- Asexuée par bourgeonnement : on voit alors apparaître à la base des polypes ou sur le coenenchyme* basal de nouveaux polypes.
- Sexuée : les sexes sont portés par des individus différents (gonochorisme*). Les gamètes sont libérés dans l'eau, la larve (planula) coule rapidement et si le substrat est favorable, elle s'y fixe.
Des zooxanthelles* vivent dans les tissus (endosymbiotiques*) de l'anémone chocolat, ce qui n'est pas rare chez les Zoanthides tropicaux, mais cette espèce serait la seule espèce européenne de Zoanthide à avoir cette particularité. Au microscope ces algues unicellulaires se présentent sous la forme de petites sphères brunâtres. En cas de température excessive, elles peuvent être expulsées des tissus de l'anémone, ce qui correspond au "blanchissement" des coraux tropicaux.
Les polypes se tiennent normalement bien épanouis au-dessus du sédiment, mais en cas de dérangement, ils se rétractent pour devenir moins apparents. Parfois cette rétractation peut être assez rapide après le dérangement.
Dans l'obscurité, ces polypes se referment et il ne leur faut que cinq minutes pour s'ouvrir en présence de lumière, ce qui est à mettre en relation avec la présence de zooxanthelles*.
Certaines études britanniques auraient compté jusqu'à 17 polypes au centimètre carré, ce qui ne semble pas pouvoir être observé sur nos côtes...
Cette espèce est probablement moins rare qu'on peut le penser mais sa petite taille et ses habitudes cryptiques*, c'est-à-dire sa tendance à s'enfouir dans le sédiment en cas de dérangement, la font certainement souvent passer inaperçue.
Le nom d'anémone chocolat est une adaptation d'un nom anglais et une proposition du site DORIS.
Isozoanthus : du grec [iso] = égal et accolé à zoanthus, du grec également [zo-anth-] (comme dans zoanthaires = animaux-fleurs) pour évoquer le groupe des Zoanthides,
sulcatus vient directement du latin et signifie sillonné. Ces sillons ne sont pourtant pas mentionnés dans les descriptions de cette espèce et on ne voit pas de structure les évoquant...
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Zoanthidea | Zoanthides | Hexacoralliaires coloniaux pour la plupart tropicaux. Polypes de 1 mm à 2 cm de diamètre, souvent reliés par des stolons. Ce sont les anémones encroûtantes, qui peuvent coloniser de grandes surfaces. |
Famille | Parazoanthidae | Parazoanthidés | |
Genre | Isozoanthus | ||
Espèce | sulcatus |
A Trébeurden
Une anémone chocolat ne se présente jamais seule, mais en colonie, puisque cette espèce appartient à l'ordre des Zoanthides.
Trébeurden (22), 23 m
12/07/2007
Dans un sédiment fin
Le sédiment dans lequel vit cette colonie est très fin, presque vaseux.
Rade de Brest (29), 12 m
07/2008
Dans un sable grossier
Une colonie émerge d'un sable coquillier très grossier.
Trébeurden (22), 23 m
12/07/2007
Polypes émergeant
Les polypes semblent ici à peine émerger d'un sédiment épais.
Le Ranolien, Perros-Guirec (22), 15 m
20/05/2009
Un polype
Vue rapprochée d'un polype possédant une petite vingtaine de tentacules disposés en deux couronnes.
Trébeurden (22), 23 m
12/07/2007
Sur un support solide
Quand le sédiment est retiré (provisoirement), on peut voir que la colonie s'est développée sur un support solide. Les polypes sont refermés, ils forment les boules sombres visibles ici.
Camaret (29), 31 m
30/07/2009
Coenenchyme recouvert
Sous le sédiment provisoirement enlevé, on peut observer en certains endroits (à l'extrémité de la flèche) le coenenchyme* recouvert de grains de sable et de débris divers adhérant. Il forme des stolons* plus ou moins longs.
Camaret (29), 31 m
30/07/2009
Sur l'estran, à La Rochelle
L'anémone chocolat peut être rencontrée depuis l'estran, comme ici à La Rochelle, au sein de flaques vaseuses.
Dans la littérature un peu ancienne, la distribution de l'espèce ne dépassait pas la Bretagne dans sa limite sud. Elle atteint en fait les côtes du Portugal, et elle a également été observée en Méditerranée.
Les Minimes, la Rochelle (85), estran
01/10/2019
En Méditerranée
Voici une des premières observations de l'anémone chocolat en Méditerranée, ici à Thau, où l'espèce semble avoir été introduite.
Ponton de Thau (34), 6 m
05/10/2019
Disque teinté de blanc
L'anémone chocolat présente de temps en temps un disque chocolat teinté de blanc en son centre.
Ponton de Thau (34), 6 m
05/10/2019
Rédacteur principal : Vincent MARAN
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Williams R. B., 2000, A redescription of the zoanthid Isozoanthus sulcatus (Gosse, 1859), with notes on its nomenclature, systematics, behaviour, habitat and geographical distribution. Ophelia 52 (3) : 193-206.
La page sur Isozoanthus sulcatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN