Corps : oblong, segmenté, convexe, couleur gris-brun parfois tacheté avec des zones plus claires
Tête à deux yeux latéraux, peu proéminents
Deux paires d'antennes, l’une courte, l'autre plus longue
Thorax à 7 segments articulés, avec une paire de pattes chacun
Telson échancré
Idotée à encoche, cloporte de mer, babonée marine
Swimming isopod (GB)
Cymothoa emarginata Fabricius, 1793
Idotea excisa Bosc, 1802
Idotea emarginata massiliensis Gourret, 1891
Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]On la rencontre en Atlantique Est : depuis la côte ouest de la Norvège jusqu'à l'Espagne, ce qui inclut la Manche et la mer du Nord, mais aussi l'ensemble des côtes des îles Britanniques.
Gourret (1891) la signale à Marseille comme Idotea emarginata massiliensis, mais il y a très peu d’observations en Méditerranée.
L’idotée échancrée est une espèce de la zone infralittorale : elle se rencontre au large et en pleine mer sur des macroalgues dérivantes, comme l’algue brune, le fucus denté (Fucus serratus), de la surface jusqu’à trente mètres de profondeur, mais surtout sur les bords de mer dans les algues échouées, au voisinage des quais ou des jetées. Elle est aussi très fréquente sur des roches immergées où elle pourra facilement s'abriter dans les petites anfractuosités en cas de danger.
Idotea emarginata présente un corps aplati dorso-ventralement, segmenté, de forme oblongue et convexe. Il est gris brun à jaune roussâtre, mais n'est pas toujours uniformément coloré : il porte parfois des taches blanches ou des bandes plus claires. Les mâles peuvent atteindre une taille d’environ 30 mm et les femelles légèrement plus de la moitié, soit environ 18 mm.
La tête courte possède :
- deux yeux à facettes placés latéralement et peu proéminents : ils sont sessiles* (immobiles).
- deux paires d'antennes à l’avant l’une courte, l'autre plus longue. Elles sont constituées chacune d'un pédoncule* basal et d’un flagelle distal. L’antenne 1 (ou antennule) dépasse le 3e segment du pédoncule de l’antenne 2 (ou antenne) et cette même antenne 2 a un pédoncule plus court que son flagelle.
Un caractère est intéressant à noter : les antennes égalent le tiers de la longueur totale de l’animal.
Le thorax comporte 7 segments articulés, avec une paire de pattes sur chacun des segments. Ces péréiopodes* (pattes marcheuses des Crustacés) sont plus ou moins semblables.
Le pléotelson* est légèrement convexe sur les côtés. L'extrémité postérieure est échancrée, sauf chez les jeunes : cette encoche sur le telson* (la queue) est un signe de distinction rapide par rapport aux autres idotées. Cette échancrure lui a d'ailleurs donné son nom : idotée échancrée.
Des confusions peuvent se faire facilement avec quatre Idotées :
Idotea metallica, très semblable, mais dont le corps est bleuté et l'extrémité postérieure est tronquée.
Idotea balthica se différencie par le telson qui est tricuspide*.
Idotea pelagica, au corps court et trapu, avec des péréiopodes très robustes.
Idotea granulosa dont la teinte varie du rouge au vert en passant par le brun, avec le telson qui se termine par une pointe plus ou moins fine.
Synischia hectica, très aplatie, est plus grande (40 mm) et couleur verte (espèce méditerranéenne).
Le régime alimentaire de cet isopode se compose de macro et micro-algues.
Bien qu’herbivore à la base comme la plupart des idotées, Idotea emarginata est une espèce opportuniste pouvant se nourrir de végétaux épipélagiques* et des épibiontes* sur lesquels elle se trouve, de zooplancton* rencontré à proximité de son "îlot" ou, sur le fond, de détritus et d’organismes morts (charognard). C’est une éboueuse efficace.
La littérature est rare concernant la reproduction de cette idotée. Elle doit cependant être proche de celle des autres idotées : espèce gonochorique*; reproduction sexuée, avec accouplement, tout au long de l'année.
La maturité sexuelle est évaluée à une taille de 9 mm pour les mâles et les femelles.
Ces isopodes sont exposés à des niveaux élevés de prédation, par exemple les oiseaux marins, comme les fulmars, mais aussi certains poissons très attirés par les objets flottants, comme Scomberesox saurus (balou), Polyprion americanus (cernier) ou Coryphaena hippurus (dorade coryphène), et enfin, près des côtes, sur les bas-fonds ou sur l’estran, à d’autres arthropodes comme les crabes.
Idotea emarginata est très présente parmi les algues en décomposition, avec une préférence marquée pour les débris d'algues sur le fond. Sa dispersion passive sur des radeaux est limitée par le côté instable et éphémère que représentent ces micro-habitats. Les idotées ne sont pas équipées pour la natation en pleine eau, leurs déplacements verticaux sont motivés par la recherche d’un nouvel habitat ou de nourriture. C’est peut-être la raison pour laquelle la présence de l'idotée échancrée est limitée à l'Europe.
Les différentes taches blanches ou les bandes plus claires sur le corps ne semblent pas traduire avec certitude une distinction entre les deux sexes, pas plus qu’il ne semble exister une relation entre le milieu où l’idotée se trouve et sa couleur. Cependant, les textes sur ces avis sont très divergents.
Comme tous les isopodes, les idotées muent en deux périodes : la première mue se fait à l'arrière du corps puis, quelques jours plus tard, c’est au tour de l'avant du corps. On parle alors de mue biphasique.
Idotée échancrée est la traduction du nom scientifique.
Idotea : ou Eidothea, dans la mythologie grecque, était une divinité marine, fille du dieu marin Protée ;
emarginata : du latin [emargin] = échancré sur les bords, en relation avec la forme échancrée à l'extrémité du telson.
Numéro d'entrée WoRMS : 119043
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Peracarida | Péracarides | Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes. |
Ordre | Isopoda | Isopodes | Corps comprimé dorso-ventralement, première paire d’antennes beaucoup plus petite que la seconde, yeux non pédonculés. 7 paires de pattes de même apparence. |
Famille | Idoteidae | Idotéidés | Corps allongé et plat dont les côtés sont presque parallèles. Le pléon, qui comporte trois segments au maximum, peut-être fusionné au telson. |
Genre | Idotea | ||
Espèce | emarginata |
Sur l'estran
Idotée échancrée trouvée sur du fucus denté (Fucus serratus) sur le bas du médiolittoral.
Trébeurden (22), estran
22/01/2012
En déplacement
Spécimen avec des bandes latérales claires.
Plestin-les-Grèves (22)
15/10/2012
Vue de dessus
L'échancrure du telson est bien mise en évidence.
Plestin-les-Grèves (22)
15/10/2012
Schéma d'un isopode
Schéma issu de Wikimedias Commons, l'auteur en est Auguste LE ROUX.
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Rédacteur principal : Alain MAYOUX
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Bosc L.A.G., 1802, Histoire naturelle des Crustacés : contenant leur description et leurs mœurs, 2 volumes, Paris.
Gourret P., 1891, Les Lémodipodes et les Isopodes du golfe de Marseille, Annales du Musée d'Histoire naturelle de Marseille, zoologie, Travaux scientifiques, mémoire n°1, 4(2), 1/1/1944.
Holthuis L. B., 1950, Isopodes et Tanaïdacés marins de la Belgique. Remarques sur quelques espèces de la zone méridionale de la Mer du Nord, Bulletin de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (Bruxelles), 26(53), 1-19.
Livory A., 2007, Les crustacés isopodes de la Manche. Catalogue commenté des Isopoda et Tanaidacea du département de la Manche, Les dossiers de Manche-Nature, 7, 1-94.
Naylor E., 1955, The life cycle of the isopod Idotea emarginata (Fabricius), Journal of animal Ecology, 24, 270–281.
La page d'Idotea emarginata dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN