Animal de petite taille (moins d’un millimètre)
Corps rouge vif de forme ovoïde
Huit pattes, la première paire étant projetée vers l’avant
Pas de suture visible sur le « dos »
Gamaside (nom général)
Manche, mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Il y a peu d'informations disponibles pour cette espèce. Elle serait présente sur les côtes atlantiques Nord-Est.
L’espèce ne semble pas signalée en Méditerranée, contrairement à sa cousine Hydrogamasus giardi. Il est difficile de certifier cette absence, compte tenu du faible intérêt porté aux acariens par la communauté naturaliste, et de la relative discrétion de ces espèces. Par ailleurs, les inventeurs de l’espèce, les frères Canestrini, l’avaient trouvée, en abondance selon eux, dans la lagune de Venise.
Hydrogamasus littoralis fréquente la zone rocheuse médiolittorale*, au niveau de Fucus vesiculosus et de Fucus spiralis. Cet acarien peut également être rencontré dans les récifs d’hermelles (Sabellaria alveolata), où il peut trouver des abris suffisants pour se réfugier à marée haute.
Le corps est rouge vif de forme ovoïde. Les huit pattes sont relativement fines, la première paire étant projetée vers l’avant.
Après la zone pré-scapulaire (pré-scapulaire = avant l'épaule), les bords du corps sont pratiquement parallèles. Le corps présente trois rangées de paires de soies* dans la zone pré-scapulaire (la dernière paire étant située juste en avant du scapulaire) et trois paires de soies à l’extrémité de l’abdomen.
Chez les adultes, le dos de l’animal est couvert par un bouclier continu donc pas de suture visible sur le "dos", (les larves* présentent en revanche deux grands boucliers séparés par une zone molle, ornée chez la protonymphe de 4 paires de boucliers de très petite taille qui disparaissent dans les stades larvaires suivants). La face inférieure de l’animal présente un bouclier sternal*, portant quatre paires de soies chez les femelles, un bouclier génital et un bouclier ventro-anal, soudé au bouclier dorsal.
La partie mobile des chélicères* comporte 4 dents et la partie fixe 7 dents. Les chélicères des mâles présentent un très long éperon. Par ailleurs, la seconde paire de pattes est modifiée, avec la présence d’un éperon sur la face interne du quatrième segment.
Les mâles peuvent atteindre 0,9 mm de long et les femelles 1 mm de long.
La détermination des gamasides est complexe car ceux-ci se ressemblent fortement au premier regard. S’y rajoute la grande variabilité du statut taxonomique des nombreuses espèces décrites dans les genres Gamasus et Hydrogamasus au cours du temps (à titre d’exemple, les sites World Register of Marine Species et Fauna Europaea ne mentionnent pas les mêmes espèces dans le genre Hydrogamasus, le premier ignorant Hydrogamasus salinus (ou Gamasus salinus) contrairement au second).
Au moins deux espèces d’Hydrogamasus peuvent être rencontrées sur les côtes françaises de Manche-Atlantique. Hydrogamasus giardi est un peu plus sombre que Hydrogamasus littoralis, d’une taille inférieure (taille maximale des femelles de l’ordre de 0,7 mm). Cette espèce fréquente par ailleurs une zone plus large de l’estran*, puisqu’on peut la rencontrer depuis la ceinture à Pelvetia canaliculata jusqu’à la ceinture à Fucus serratus. Les deux espèces peuvent donc se rencontrer ensemble dans la partie médiane de l’estran. La partie postérieure du corps de Hydrogamasus giardi est plus rectangulaire, alors que celle de Hydrogamasus littoralis est bien ovoïde. Les soies* présentes sur le corps de Hydrogamasus giardi seraient plus courtes que celles de Hydrogamasus littoralis (mais il faut avoir les deux espèces sous les yeux pour utiliser ce critère efficacement). Par ailleurs, il serait possible de distinguer les deux espèces en observant la suture reliant la plaque anale et la plaque dorsale. Celle-ci atteindrait les bords de l’abdomen* chez Hydrogamasus littoralis et pas chez Hydrogamasus giardi. L’auteur de la fiche n’a pas pu observer ce détail sur l’individu échantillonné. Sur le niveau haut de l’estran, il est possible de rencontrer des Parasitidés terrestres, dont l’allure générale ressemble fortement à celle des Hydrogamasus (voir photo). Seule l’observation au microscope, et notamment la chétotaxie (la disposition des soies), permet d’assurer une détermination fiable.
Citons par ailleurs l’existence de Hydrogamasus salinus (Laboulbène, 1851). De nombreux auteurs en font un synonyme de Hydrogamasus littoralis. Dans ce cas, compte tenu des règles internationales de taxonomie, c’est le nom Hydrogamasus salinus qui devrait être employé. La description de l'entomologiste français Joseph Alexandre Laboulbène (1825-1898 )portait sur un individu immature, ce qui ne permet pas de considérer de manière certaine qu’il s’agit bien de la même espèce que celle décrite, à l’état adulte, par les frères Canestrini (naturalistes italiens). C’est la raison pour laquelle Hydrogamasus littoralis est considéré comme un nom valide. Mais Fauna Europaea considère les deux noms comme valides… Quoiqu’il en soit, il n’existe pas d’holotype* adulte de Hydrogamasus salinus et il est donc particulièrement difficile de rattacher une observation à cette espèce si on considère qu’elle n’est pas synonyme de Hydrogamasus littoralis. Cette fiche a été rédigée, notamment pour les chapitres relatifs à l’alimentation et à la reproduction, en considérant que Hydrogamasus salinus était un synonyme de Hydrogamasus littoralis.
Hydrogamasus littoralis est un prédateur qui se nourrit notamment de collemboles (Anurida maritima et Axelsonia littoralis se rencontrent dans le même biotope*), de nématodes, de larves de diptères et de balanes. Il semble que l’espèce soit capable de résister à des périodes de diète assez longues.
Comme tous les acariens, les sexes sont séparés chez Hydrogamasus littoralis. On ne connaît rien de sa reproduction. Comme la quasi-totalité des acariens, cette espèce devrait être ovipare*, les œufs étant très probablement protégés de l’immersion au sein d’une cavité. La reproduction aurait lieu avant l’été, les larves* étant observables de juin à septembre.
Contrairement aux acariens halacaridés, totalement adaptés à la vie aquatique, Hydrogamasus littoralis a une respiration aérienne. A marée haute, il doit donc s’abriter dans des anfractuosités de la roche ou d’autres zones maintenant prisonnières des poches d’air.
Cette espèce est donc une espèce terrestre qui s’est adaptée à la vie sur l’estran*, comme la plupart, si ce n’est la totalité, des acariens non halacaridés rencontrés sur l’estran.
Le nombre d’espèces d’acariens adaptées à ce biotope* est relativement limité au niveau mondial (moins de 200, ce qui est peu pour un groupe particulièrement riche en espèces terrestres, dont seulement une trentaine appartenant à l’ordre des Mesostigmates). Ces espèces ont une répartition géographique assez peu étendue, sans doute en raison du maintien d’un mode de reproduction adapté à la vie terrestre, avec peu d’œufs et, en conséquence, une dispersion relativement faible dans le milieu, alors que les acariens halacaridés produisent un grand nombre d’œufs.
Simple traduction du nom scientifique
Hydrogamasus : du grec [hydro] = eau, en rapport avec l’eau et du latin post-classique [gamasus] = agile.
Le nom d’espèce littoralis provient du latin [litoralis] = du rivage, cette espèce vivant sur l'estran*. Ce nom d’espèce a été créé par les frères Giovanni et Riccardo Canestrini (Giovanni : 1835-1900, naturaliste italien, son frère Riccardo : 1857-1891, entomologiste italien).
Numéro d'entrée WoRMS : 231989
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Chelicerata | Chélicérates | Corps divisé en prosome* et opisthosome*. Chélicères et Pédipalpes. 4 paires de pattes locomotrices. |
Classe | Arachnida | Arachnides | Corps formé d’un céphalothorax et d’un abdomen. Présence de chélicères. Huit pattes (4 paires). |
Sous-classe | Acari | Acariens | Chélicérates terrestres ou aquatiques, libres ou parasites, caractérisés par une fusion des 3 régions du corps : le corps n'est pas métamérisé. |
Super ordre | Parasitiformes | Parasitiformes | |
Ordre | Mesostigmata | Mésostigmates | |
Sous-ordre | Monogynaspida | Monogynaspide | |
Famille | Cyrtolaelapidae | Cyrtolaelapidés | |
Genre | Hydrogamasus | ||
Espèce | littoralis |
Sur l'estran
Corps rouge vif de forme ovoïde
Macrophoto agrandie, rapport 1:1, Pointe de la Rognouse, Binic (22), sur l'estran
05/02/2022
Sur l'estran
Aucune suture n’est visible sur la partie supérieure du corps. Les soies qui parsèment le corps sont bien visibles ici et notamment, les 3 paires de soies à l’extrémité de l’abdomen.
Estran, macrophoto agrandie, rapport 1:1, Pointe de la Rognouse, Binic (22)
05/02/2022
Environ un millimètre de long
L’individu échantillonné était une femelle, dont la taille maximale, ici atteinte, est supérieure à celle du mâle. Cette photo permet d’avoir une idée de la taille réelle de cette espèce
Photographie ex-situ, macrophoto agrandie (rapport initial 1:1), Binic (22)
12/02/2022
Sur une ponte de Nucella lapillus
Un groupe d'individus sur des capsules d'œufs de Nucella lapillus.
Photographie in-situ, macrophoto agrandie (rapport initial 1:1), Plage de l’avant-port, Binic (22)
30/01/2022
Vue au microscope du dessous de l’animal.
Les soies du bouclier ventro-anal sont bien visibles. On distingue nettement le bouclier génital, polygonal, au milieu du corps. On peut par ailleurs observer la présence de boucliers sur les coxas des pattes II à IV (pattes du bas).
Photographie ex-situ. Vue au microscope (objectif x10), Binic (22)
12/02/2022
Vue au microscope de la plaque sternale et de la plaque génitale.
Les ronds verts présentent la zone d’implantation des paires de soies sternales, au nombre de 4.
Photographie ex-situ. Vue au microscope (objectif x10), Binic (22)
12/02/2022
Vue au microscope du rostre du gnathosome
Le nombre de pointes peut varier selon les individus (et ce détail anatomique n’est donc pas utilisable pour la détermination).
Photographie ex-situ. Vue au microscope (objectif x10 – série de 10 photos empilées), Binic (22)
12/02/2022
Attention au risque de confusion !
La détermination des acariens reste une affaire très délicate. Ici une photo d’un individu terrestre appartenant à la famille des Parasitidae (différente de la famille des Ologamasidae à laquelle appartient Hydrogamasus littoralis). La ressemblance à première vue est frappante et la détermination reposera sur l’analyse au microscope de certains détails, dont la chétotaxie.
Photographie terrestre au rapport 1:1. Jardin particulier, Talant (21)
09/09/2018
Deutonymphe
La
deutonymphe de Hydrogamasus
littoralis comporte deux boucliers dorsaux, contrairement à
l'adulte qui n'en comporte plus qu'un. La protonymphe comporte pour sa part 4
boucliers dorsaux. L'espèce aurait pu s'appeler Hydrogamasus salinus, car Laboulbène était le
premier descripteur de l'espèce, en 1851, mais sa description portait sur un
stade larvaire tel que celui-ci, qu'il est difficile dans l'absolu de rattacher
à l'une ou l'autre espèce de Hydrogamasus.
Ici, la larve évoluait au milieu d'adultes, ce qui limite le risque d'erreur.
Photographie
in-situ, macrophoto agrandie (rapport initial 1:1), Plage de l’avant-port,
Binic (22)
09/08/2022
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Yves MÜLLER
Breton G., 2017, La faunule de la ceinture algaire à Caulacanthus okamurae et Gelidium pusillum de la Grande Forme de Radoub n°7, port du Havre, Manche orientale, France, Bulletin de la Société d’études des sciences naturelles d’Elbeuf, 3-14.
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La page de Hydrogamasus littoralis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) n’existe pas actuellement (seul Hydrogamasus giardi y figure).