Algue brune, allant du brun clair au vert olive
Taille maximale de 15 cm (le plus souvent moins de 10 cm)
Thalle régulièrement ramifié dans un plan à partir d’un axe central
Allure générale de fougère ou de sapin, pouvant faire penser à un hydraire
Sea Fern Weed (GB)
Ceramium filicinum Grateloup, 1806
Halopteris filicina var. sertularia Batters
Sphacelaria disticha Vahl ex Lyngbye, 1819
Sphacelaria filicina (Grateloup) C.Agardh, 1824
Cosmopolite des eaux tempérées
Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Décrite de l'Hérault (France, Méditerranée), l’espèce est présente dans toute la Méditerranée et en mer Noire. Elle est également rencontrée dans l'Atlantique Nord-Est, depuis la Scandinavie jusqu’aux Açores.
Elle a aussi été signalée dans toutes les mers chaudes et tempérées du globe (Afrique du Sud, Bahamas, Brésil, Chili, Floride, golfe persique, Hawaï, Japon...), mais toutes ces signalisations lointaines auraient besoin d'être confirmées par des études génétiques.
Halopteris filicina se rencontre en milieu rocheux. Elle peut se fixer sur la roche ou sur des algues de taille significative. De nature sciaphile*, elle peut être rencontrée dans les mares médiolittorales* dans les zones ombragées. Elle est cependant plus fréquente dans l’espace infralittoral*, jusqu’à une quinzaine de mètres de profondeur en Manche-Atlantique, et parfois plus profondément en Méditerranée (jusqu’à une trentaine de mètres).
C'est une petite algue brune dont le thalle* atteint au maximum 15 cm (mais les thalles couramment observés n’ont souvent pas plus de 7 cm de haut). La couleur varie du brun clair au vert olive.
Le thalle est constitué d’un axe central, éventuellement ramifié, et de rameaux alternés situés dans un seul plan, donnant à l’ensemble un aspect de fougère ou de petit sapin. Les rameaux portent eux-mêmes des ramules* alternées. L’extrémité des ramules porte des sphacèles*, d’où émergent les nouveaux rameaux latéraux.
La base du thalle laisse souvent apparaître un stipe* presque totalement dépourvu de rameaux (voir photo 1). Le thalle est fixé au substrat par des rhizoïdes*.
L’axe principal est constitué de 4 cellules, recouvertes d’une couche de cellules corticales*.
La consistance de cette algue est assez rigide.
Bien que d’allure très caractéristique, Halopteris filicina peut parfois être confondue avec Halopteris scoparia, qui présente un habitus (aspect extérieur) plus touffu (allure de balais de genêt), les axes étant ramifiés dans tous les sens, et non dans un seul plan. Par ailleurs, des fragments de Halopteris filicina peuvent être confondus avec un fragment de Sphacelaria. Chez ces dernières espèces, les nouvelles ramifications débutent dans une position nettement inférieure aux sphacèles*, alors que chez les Halopteris les rameaux sont initiés au niveau des sphacèles.
Comme toutes les algues, Halopteris filicina est autotrophe* photosynthétique*. L'algue tire son énergie de la lumière solaire, et grâce à l'absorption d'eau, de dioxyde de carbone et des sels minéraux dissous dans l’eau, elle fabrique les matières organiques nécessaires à son développement.
Comme tous les représentants de l’ordre des Sphacélariales, Halopteris filicina présente un cycle de reproduction digénétique* isomorphe* (deux générations distinctes mais de même aspect) :
L’apparition des sporocystes n’a lieu qu’au-dessus de 15°C.
Le sacoglosse Elysia timida est fréquemment observé sur Halopteris filicina. Les études ont cependant montré que cette espèce ne se nourrit que de Acetabularia acetabulum (et Padina pavonica en automne), et pas de Halopteris filicina.
Les sphacèles* présents à l’apex des ramules* de Halopteris filicina connaissent deux divisions :
Les cellules des sphacèles sont fortement polarisées (orientées) : le sommet de la cellule, présentant un aspect brun foncé au microscope, comporte de nombreuses organites*. Les parois de la base de la cellule sont plus épaisses que celles de l’apex*. L’apex de Halopteris filicina présente des capacités régénératives importantes : si un sphacèle est détruit, les cellules adjacentes dégénèrent et donnent naissance, quelques jours plus tard, à un nouveau sphacèle.
Comme la plupart des algues, Halopteris filicina possède des propriétés antibactériennes. Il semble cependant que celles-ci soient relativement faibles comparées à certaines algues (comme Corallina officinalis) et il est donc peu probable que cette propriété soit exploitée à des fins industrielles.
Association du nom de genre et du terme « fougère » pour rappeler l’aspect caractéristique de cette algue.
Le nom de genre Halopteris est constitué du préfixe halo provenant du grec ancien [hal-] = mer, sel et du suffixe pteris provenant du grec ancien [pter-] = plume, aile, nageoire. Halopteris désigne donc littéralement une plume de mer.
filicina : du latin [filix, filicis] = fougère, semblable à une fougère.
Numéro d'entrée WoRMS : 145906
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Ochrophyta | Ochrophytes | ou Hétérokontes, ou Straménopiles: présence d'un stade unicellulaire à 2 flagelles, un lisse et un à poils tubulaires. |
Classe | Phaeophyceae | Phéophycées | Algues brunes. |
Ordre | Sphacelariales | Sphacélariales | |
Famille | Stypocaulaceae | Stypocaulacées | |
Genre | Halopteris | ||
Espèce | filicina |
Algue brune aux rameaux plumeux
Cette algue a été observée accrochée au milieu de plein de débris sur un fond plat par 30 m de fond.
La balise, Ile Verte, La Ciotat (13), 30 m
01/2020
En forme de fougère
Le petit nudibranche est certainement Diaphorodoris papillata.
La Ciotat (13), 10 m
27/07/2013
Un exemplaire breton
l'aspect de fougère ou de petit sapin est caractéristique
Tombant des Hors, Saint-Quay-Portrieux (22), 17 m
12/03/2013
Vue au microscope de l’apex d’une ramule.
Les sphacèles à l’apex des branches sont bien visibles, notamment sur les branches orientées vers le bas de la photo.
Tombant des Hors, Saint-Quay-Portrieux (22), 17 m
12/03/2013
Vue au microscope d’une ramule
Les cellules corticales recouvrant l’axe de la ramule sont ici bien visibles.
Tombant des Hors, Saint-Quay-Portrieux (22), 17 m
12/03/2013
Vue au microscope d’une ramule.
A l’échelle la plus fine de la division du thalle, il n’y a plus d’alternance stricte et on observe même plutôt une latéralisation marquée des divisions.
Tombant des Hors, Saint-Quay-Portrieux (22), 17 m
12/03/2013
Vue au microscope de l’extrémité d’une ramule et des sphacèles
On voit que les nouveaux rameaux latéraux sont produits à partir des sphacèles. Notez la coloration brunâtre de l’apex des sphacèles.
Tombant des Hors, Saint-Quay-Portrieux (22), 17 m
12/03/2013
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Yves MÜLLER
Costa J., Giménez-Casalduero F., Melo R., Jesus B., 2012, Colour morphotypes of Elysia timida (Saccoglossa, Gastropoda) are determined by light acclimation in food algae, Aquatic Biology, 17, 81-89.
Garcia-Ferrer L., Galicia-Garcia C., Okolodkov Y., Herrera-Silveira J., 2019, Halopteris filicina (Phaeophyceae : Sphacelariales), a new record for Mexico, CICIMAR Oceanides, 34(2), 29-36.
Gibson M., 2013, Reproduction in the Sphacelariales: sex is a rare occurrence, Botanica Serbica, 37(1), 21-30.
Katsaros C., Galatis B., 1990, Thallus development in Halopteris filicina (Phaeophyceae, Sphaelariales), British Phycological Journal, 25(1), 63-74.
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Kützing, F.T., 1843, Phycologia generalis oder Anatomie, Physiologie und Systemkunde der Tange, F. A. Brockhaus, Leipzig, 459p.
Taskin E., Ozturk M., Taskin E.,Kurt O., 2007, Antibacterial activities of some marine algae from the Aegean Sea (Turkey), African Journal of Biotechnology, 6 (24), 2746-2751.
La page sur Halopteris filicina sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Halopteris filicina dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN