Annélide polychète enveloppée d'une gangue de mucus transparent sur laquelle adhèrent des particules de substrat
Partie antérieure portant des soies allongées formant une "cage céphalique"
Corps verdâtre avec des points blancs
Mille-pattes, ver sale
Snotworm (NL)
Amphitrite plumosa Fabricius, 1780
Siphostoma uncinata Cuvier, 1830
Chloraema edwardsii Dujardin, 1839
Siphonostoma vaginiferum Rathke, 1843
Chloraema edwardsi Oersted, 1844
Chloraema dujardini Quatrefages, 1849
Chloraema dujardinii
Chloraema sordidum Quatrefages, 1849
Siphonostoma gelatinosa Dalyell, 1853
Tecturella flaccida Stimpson, 1854
Siphonostoma affine Leidy, 1855
Tecturella luctator Stimpson, 1856
Pherusa tetragona Schmarda, 1861
Chloraema pellucidum Sars, 1869
Siphonostoma buskii McIntosh, 1869
Flabelligera claparedii de Saint-Joseph,1898
Flabelligera marenzelleri McIntosh, 1905
Flabelligera diplochaitus var. affinis Haase, 1915
Atlantique Nord, Pacifique Nord, Arctique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette espèce est présente de l'océan Arctique à la Méditerranée et en Amérique du Nord-est.
Cette espèce vit sur des sédiments vaseux mais également sur des fonds rocheux, dans des creux et fissures. On peut la trouver depuis la marée basse jusqu'à 400 m de profondeur, sous des pierres et parmi les algues. Certains exemplaires ont été observés dans des coquilles de bivalves vides en connexion (les deux valves sont encore attachées l'une à l'autre par le ligament).
De jeunes spécimens peuvent être observés entre les piquants d'oursins.
Cette annélide polychète discrète est enveloppée d'une gangue de mucus transparent sur laquelle adhèrent des particules de substrat* assurant ainsi un camouflage. Seules des soies* latérales dépassent de cette gangue. Son corps est aplati et fusiforme ( de 20 à 60 mm de long et environ 10 mm de large), il comprend une cinquantaine de métamères* pas toujours bien distincts. A l'avant, dans le prolongement du corps, caché sous le mucus, un ensemble de soies allongées forme une "cage céphalique" caractéristique du genre, cachant la tête, les branchies et les palpes (organes sensoriels).
L'animal est verdâtre avec des branchies vertes, des palpes orange à jaunes et comme la paroi du corps est transparente on voit bien son œsophage de couleur rouge. Des points blancs sont visibles sur la plus grande partie du corps.
Les jeunes de 11 à 15 mm de long et de 1 à 1,5 mm de large présentent 21 à 29 métamères.
Il existe plusieurs espèces de Flabelligera, et l'identification est difficile (nécessité du microscope pour regarder certaines soies).
Flabelligera diplochaitus (Otto,1820) est une espèce plus grande (jusqu'à 10 cm de longueur), au corps violacé ou verdâtre que l'on trouve sur des fonds détritiques et parmi les corallines en Méditerranée (et en baie de Seine).
Cette espèce consomme les dépôts de matière organique à la surface des sédiments ou éventuellement filtre l'eau. Son tube digestif peut contenir des algues unicellulaires, des fragments d'algues plus grandes et des détritus.
Les juvéniles et de nombreuses espèces proches sont commensales* et se nourrissent de la matière fécale d'oursins.
Comme chez la plupart des annélides polychètes, les sexes sont séparés. Les femelles, au moment de la reproduction émettent une phéromone* qui attire les mâles et déclenche la libération du sperme. En retour cela stimule les femelles qui libèrent leurs ovules.
Les gamètes* peuvent être libérés par les métanéphridies (organe excréteur et osmorégulateur) ou par rupture de la paroi du corps. Lorsque les annélides benthiques* non reproducteurs se transforment en annélides pélagiques* reproducteurs, c'est alors un phénomène appelé épitoquie*.
Dans le cas de Flabelligera affinis, au mois de mars, lors de plongées de nuit, dans le port de Dunkerque, des individus sur le fond dépourvus de leur gangue muqueuse et contenant des gamètes ont été observés. D'autres ont été rencontrés également en pleine eau. Il s'agit d'individus en phase reproductrice. Mac Intosh en 1915 cite une observation semblable qui a été faite en 1906, près de la surface dans l'Orwell (petit fleuve côtier au nord de l'embouchure de la Tamise), par le Dr Sorby.
Comme il n' y a pas de transformations morphologiques, physiologiques et comportementales importantes on ne peut pas parler du phénomène d'épitoquie chez ces annélldes polychètes.
Les ovules des femelles sont vert-foncé à brunâtres et les spermatozoïdes* blanchâtres.
Après fécondation en pleine eau, chaque œuf donne une larve* trochophore* planctonique* qui se transforme ensuite en juvénile et se développera, par allongement du corps, en individu adulte.
Cette espèce peut se cacher dans les buissons de l'annélide Serpulide Filograna implexa Berkeley, 1935.
Flabelligera affinis peut être l'hôte d'un copépode ectoparasite* de la famille des Clausiidés : Flabelliphilus inersus Bresciani & Lützen, 1962.
Un spécialiste russe a décrit, dans l'œsophage de F. affinis, une espèce de Grégarine (protozoaire* endoparasite*) Selenidium pennatum Symdyanov,1992.
Des juvéniles peuvent être observés parmi les piquants d'oursins tels que Echinus esculentus Linnaeus, 1758 et Psammechinus miliaris (P.L.S. Müller, 1771).
Flabelligera affinis a été retrouvé dans l'estomac de plusieurs poissons : le pageot commun Pagellus erythrinus (Linnaeus, 1758), la dorade royale Sparus aurata Linnaeus, 1758, l'aiglefin (ou haddock s'il est fumé) Melanogrammus aeglefinus (Linnaeus, 1758).
Le nom "ver de l'hiver" est proposé par l'équipe DORIS car il est observé plutôt en hiver dans certaines régions.
Le nom néerlandais signifie ver morveux !
Flabelligera vient du latin [flabellum] = éventail, du latin [gerere] = porter. L'éventail correspond certainement à la cage céphalique formée par les soies enveloppant largement la tête.
affinis: du latin [affinis] = proche, voisin parent. Vraisemblablement du fait que les différentes espèces sont très proches les unes des autres.
Le nom de genre et le nom d'espèce ont été donnés par M. Sars en 1829.
Numéro d'entrée WoRMS : 130103
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-ordre | Cirratuliformia | Cirratuliformes | |
Famille | Flabelligeridae | Flabelligeridés | Organismes courts d'environ 50 segments recouverts d'une gangue muqueuse. Les soies antérieures longues dirigées vers l'avant, entourent la région buccale qui porte des branchies vertes et des tentacules nourriciers. Sous les pierres ou dans les sédiments. |
Genre | Flabelligera | ||
Espèce | affinis |
Flabelligera affinis en Méditerranée
L'aspect sale est dû à la gangue muqueuse à laquelle adhèrent des particules vaseuses de l'environnement.
Rade de Villefranche-sur-mer (06)
09/12/2012
Flabelligera affinis sur le fond
Le corps de cette annélide errant sur les fonds de vase est court et fusiforme, de couleur verte à brune et bordé de nombreuses soies.
Le Havre, bassin de la Barre (76), 8 m
22/01/2011
Flabelligera affinis
Nombreux individus (environ 50 / m²) sur le fond de vase, avec un petit gobie.
Forme 4, ancienne forme de radoub du port de Dunkerque (59), 9 m.
01/12/2011
Flabelligera affinis vue de près
Cet individu, posé sur le fond, est enveloppé d'une gangue muqueuse qui a incorporé des particules de vase du fond.
Forme 4, ancienne forme de radoub du port de Dunkerque (59), 9 m.
18/05/2008
Flabelligera affinis nue
Cet individu s'est débarrassé de sa gangue muqueuse. Les zones blanc-jaunâtre contiennent les gamètes mâles, le fil rouge correspond à l'oesophage. A gauche on devine un individu encore enveloppé dans sa gangue muqueuse.
Forme 4, ancienne forme de radoub du port de Dunkerque (59), 9 m, de nuit.
24/03/2012
Flabelligera affinis en pleine eau.
Cet individu est photographié de nuit en pleine eau avant la libération des gamètes. On distingue une masse blanchâtre à l'intérieur du corps qui correspond aux produits génitaux mâles et à l'avant on distingue les longues soies du premier sétigère dirigées vers l'avant (à droite) pour former la « cage céphalique » caractéristique.
Forme 4, ancienne forme de radoub du port de Dunkerque (59), 9 m de nuit.
24/03/2012
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Patrick SCAPS
Responsable régional : Yves MÜLLER
van Bragt P., 2011, Jaarlijkse wormenexplosie in de Oosterschelde, Stichting ANEMOON.
Mac Intosh W.C., 1915, A monography of the British annelids, Polychaeta : Opheliidae to Ammocharidae, Ray Society, London, 3(1), 368 p.
Müller Y., 2015, Quelques observations de Flabelligera affinis M. Sars, 1829, (Annelida : Polychaeta) dans un bassin du port de Dunkerque, De Strandvlo, 35(4), 124-131.
Oug E., Bakken T., Kongsrud J.A., 2011, Guide to identification of Flabelligerida (Polychaetae) in Norwegian and adjacent waters, Norwegian Polychaete Forum Guides, 16 p.
Saint Joseph A., Baron de, 1894, Les annélides polychètes des côtes de Dinard, 3ème partie Annales de Sciences naturelles Zoologie et Paléontologie, Tome XVII + tabl XVII pl. 5 .
Sorby H.C., 1906, Note of some species of Nereis in the district of the Thames estuary, Journal of the Linnean Society of London, Zoology, 19(194), 434-439.
La page de Flabelligera affinis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel :INPN