Amphipodes grégaires, parfois en populations très denses
Vivant chacun dans un tube consolidé fait de particules de vase agglomérées
Corps légèrement comprimé latéralement, longueur jusqu'à 5 mm
Yeux exorbités partiellement rouges
Les deux paires d'antennes portent des bandes orangées, les antennes 2 sont un peu plus longues et portent des anneaux de couleur orangée plus marqués
Mâles adultes avec un gnathopode 2 très développé se terminant par 2 dents au niveau du carpe
Crevettine didyme
Pacifisch klauwvlokreeftje (NL)
Erichthonius : erreur de transcription dans Chevreux, 1925, Amphipodes.
Invasive en Atlantique Nord-Est et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce a été décrite pour la première fois en 2013 dans la lagune de Venise. Depuis, on l'a trouvée dans le sud-ouest de la France (en particulier une importante population dans le bassin d'Arcachon) et aux Açores. Signalée pour la première fois aux Pays-Bas en octobre 2020, elle a depuis rapidement colonisé une grande partie des eaux de la province de Zélande.
On suppose qu'elle est originaire du Pacifique au vu de sa morphologie (proche de deux autres espèces du Pacifique), de son écologie et du développement de sa population, mais actuellement il n'existe aucune preuve de sa présence dans le Pacifique.
Ces amphipodes grégaires se trouvent couramment sur des rochers, des algues, des éponges, des hydraires (comme Amphisbetia operculata à Arcachon) et des bryozoaires. Ce sont aussi des organismes des salissures marines (le « fouling* ») car chaque individu construit un tube de vase. Leur densité peut atteindre 500 000 individus par m², voire plus. Ils recouvrent toutes sortes de support immergé : rochers, carapaces de crustacés, coques de navire, bouées, pilotis de quai, épaves. Ils sont souvent dans des zones à fort hydrodynamisme (courants de marée).
On observe également des densités élevées sur des zostères et des sédiments mous le long des chenaux.
Ericthonius didymus est un amphipode grégaire parfois en populations très denses vivant chacun dans un tube consolidé fait de particules de vase agglomérées. Il s’agit d'un petit crustacé au corps légèrement comprimé latéralement, mesurant 3 à 5 mm de longueur (de la tête à l'extrémité du telson*). Comme tous les amphipodes, il porte de nombreux appendices pairs sur sa face ventrale.
L’animal est brunâtre avec de nombreuses taches sombres.
L'éricthonie didyme n'est pas la seule espèce d'amphipode à fabriquer et vivre dans un tube.
Le genre Jassa est également très présent. Les tubes des espèces de Jassa sont en moyenne plus fins tandis que les animaux sont plus épais. Les yeux ne sont ni exorbités ni rouges. Les antennes* 2 sont plus épaisses et ne portent pas d'anneaux de couleur orange foncé. D’autres différences peuvent être observées au microscope, notamment dans l'organisation des pattes en ciseaux (gnathopode 2).
Remarque : il peut y avoir des mélanges de populations d'amphipodes vivant dans des tubes. Benoît GOUILLIEUX a réalisé un échantillonnage sur un an de l'hydrozoaire Amphisbetia, et sur la même colonie, il a trouvé :
Ericthonius didymus se nourrit en capturant des particules alimentaires en suspension dans l’eau (le seston*) grâce à ses antennes couvertes de soies. C'est donc un suspensivore*. Les plus grands individus peuvent capturer de petits amphipodes et des ostracodes. L’animal reste caché dans son tube et seules les antennes et les yeux (éventuellement les gnathopodes*) dépassent. Comme il vit dans des milieux à fort hydrodynamisme, il profite des mouvements des masses d’eau en se mettant face au courant. S’il y a peu de courant, l’animal sort un peu plus de son tube et ses pléopodes* créent un courant d’eau.
Les sexes sont séparés (on parle de gonochorie*) et il y a un
dimorphisme* sexuel marqué. Les mâles et les femelles vivent dans des
tubes séparés. Les mâles sont de plus grande taille que les femelles et
présentent des caractéristiques spéciales, plus particulièrement au
niveau du gnathopode* 2 qui est très développé et qui porte une
protubérance se terminant par 2 dents au niveau du carpe. Ces protubérances se développent lors
d’une mue* terminale qui marque le début de l’activité sexuelle. Les
mâles, après cette mue terminale, quittent parfois leur tube et recherchent les
femelles réceptives proches, avant d’y retourner.
Les embryons* se développent dans le marsupium.
Le tacaud Trisopterus luscus et le crabe vert Carcinus maenas semblent manger Ericthonius didymus.
Ce sont aussi des organismes des salissures marines (ce qu'on appelle l'encrassement ou fouling*) qui se propagent facilement dans le monde entier par les transports maritimes.
Ericthonius didymus n'est pas la seule espèce d'amphipode à envahir les côtes européennes. Il y en a au moins huit autres récemment introduites sur les côtes atlantiques française et néerlandaise :
Les effets écologiques de ces introductions ne sont pas connus.
Au moment de la publication (2024), il n'existe pas de nom vernaculaire* français pour cette espèce. Éricthonie didyme est une proposition du site DORIS. C'est une francisation du nom scientifique.
Crevettine est le nom de genre vernaculaire* attribué par son créateur le zoologiste français Henri Milne Edwards (1800-1885) en 1830.
Ericthonius : dans la mythologie grecque, Érichthonios est le quatrième roi légendaire d'Athènes. Selon Homère, il est le fils d'Héphaïstos et de Gaïa la Terre. Épris d'Athéna, Héphaïstos tente de la posséder alors que celle-ci se refuse. Elle réussit à s'échapper mais le dieu éjacule sur l'une de ses cuisses. Elle l'essuie avec un tissu de laine qu'elle jette à terre. Gaïa la Terre, ainsi fécondée donne naissance à Érichthonios. Le nom explique les circonstances de sa naissance : du grec [érion] = laine, et [khthốn] = la terre.
didymus : du grec [Didyme] = double, jumeau car cette espèce découverte en 2013 et décrite par la carcinologiste allemande Mme. T. Krapp-Schickel dans la lagune de Venise, est très similaire à l'espèce méditerranéenne Ericthonius argenteus.
Numéro d'entrée WoRMS : 744390
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Peracarida | Péracarides | Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes. |
Ordre | Amphipoda | Amphipodes | Péracarides comprimés latéralement, dépourvus de carapace, et possédant de nombreuses paires d'appendices souvent modifiés. Ils sont représentés par les gammares, les talitres, les caprelles... |
Sous-ordre | Senticaudata | ||
Famille | Ischyroceridae | Ischyroceridés | |
Genre | Ericthonius | ||
Espèce | didymus |
Grande colonie
Leurs colonies peuvent couvrir de grandes surfaces.
Zeelandbrug (Pays-Bas), 10 m
20/08/2023
Amphipode invasif en Europe
Cet amphipode a été découvert à plusieurs endroits en Europe où il est particulièrement invasif. Ces amphipodes construisent des tubes dans lesquels ils vivent.
Zeelandbrug (Pays-Bas), 10 m
20/08/2023
Identification
Les yeux exorbités sont partiellement rouges. Les antennes 2 mesurent la moitié de la longueur du corps et les antennes 1 sont un peu plus courtes. Les deux paires d'antennes portent des bandes orangées mais cette coloration est plus marquée sur les antennes 2.
Zeelandbrug (Pays-Bas), 10 m
20/08/2023
Amphipode grégaire dans un tube souple
Ces amphipodes grégaires se trouvent couramment sur des rochers, des algues (comme sur la photo), des éponges, des hydraires et des bryozoaires.
Remarque : une idotée (peut-être Idotea neglecta) est présente en bas de l'image.
Wolphaartsdijk, Veerse Meer, Zélande (Pays-Bas), 10 m
17/08/2023
Mâle à la loupe binoculaire
Kortgene, Veerse Meer, Zélande (Pays-Bas), loupe binoculaire
23/10/2020
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Rédacteur : Yves MÜLLER
Correcteur : Marco FAASSE
Correcteur : Benoît GOUILLIEUX
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Faasse M., Gittenberger A., 2021, De exotische vlokreeften Aoroides longimerus en Ericthonius didymus bereiken nederland (crustacea: amphipoda), Nederlandse faunistische mededelingen, 57.
Gouillieux B., Ariyama H., Costa A., Daffe G., Marchini A., Micael J., Ulman A., 2020, New records of Ericthonius didymus Krapp-Schickel, 2013 (Crustacea: Amphipoda: Ischyroceridae) in European waters with a focus in Arcachon Bay, France and key to Ericthonius species, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 100(3), 401-412.
Krapp-Schickel T., 2013, New or amended data on Mediterranean Amphipoda: genera Dexamine, Ericthonius and Stenothoe, Zootaxa, 3613(2), 125–145.
Meyling A., de Bruyne R., 2023, Pacifisch klauwvlokreeftje bouwt kokers en overwoekert massaal, Nature Today (17/09/2023).
Milne-Edwards H., 1830, Extraits de recherches pour servir à l’Histoire naturelle des Crustacés amphipodes, Annales des Sciences naturelles, 20, 353-399.
La page de Ericthonius didymus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN