Hydraire chevelu

Amphisbetia operculata | (Linnaeus, 1758)

N° 4435

Atlantique Nord-Est, Indo-Pacifique

Clé d'identification

En touffes sur les stipes de laminaires ou sur tout substrat
Hydrocaules fins et ramifiés de 3 à 5 voire 10 cm de longueur
Couleur brun doré
Hydrothèques petites, triangulaires par paires opposées
Une épine médiane sur les hydrothèques
Hydranthe avec 10-12 tentacules
Gonothèques de 15 à 2 mm de haut

Noms

Noms communs internationaux

Wiry hydroid (GB), Dekseltragende tandhorenkoraal (NL).

Synonymes du nom scientifique actuel

Sertularia operculata Linnaeus, 1758
Dynamena operculata (Linnaeus, 1758)
Dynamena pulchella d'Orbigny, 1842
Amphisbetia pulchella (D'Orbigny, 1846)
Sertularia aperta Allman, 1885

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Amphisbetia operculata a une large distribution dans l’océan Atlantique Est, entre 60° Nord (les îles Shetland) et 55° Sud. Cette espèce serait absente aux îles Féroë, sur les côtes allemandes, danoises, norvégiennes et suédoises ainsi que dans la Baltique.

C’est l’une des rares espèces d’hydraires à ne pas être présente des deux côtés de l’Atlantique Nord.

Cependant, elle est présente en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Argentine, en Patagonie, au Chili, à Java, et en Afrique.

Biotope

Amphisbetia operculata vit dans l’infralittoral* soumis à un fort hydrodynamisme. On la trouve souvent sur les stipes* de laminaires (comme Laminaria hyperborea et Laminaria digitata par exemple) mais également sur des substrats* durs variés.

Description

Amphisbetia operculata est une espèce d’hydraire caractéristique avec ses tiges (ou hydrocaules*) de couleur brun doré, très fines et très ramifiées donnant à l’ensemble l’aspect d’une touffe de “cheveux blonds”. Les colonies de 3-4 cm de longueur peuvent mesurer jusqu’à 10 cm (voire 20-25 ou 35 cm).

Plusieurs colonies poussent en groupe pour former de petits buissons.

Les hydrocaules de chitine* sont filamenteux et légèrement flexueux, les ramifications sont alternes à presque dichotomiques* (plus ou moins irrégulières).

Les hydrothèques* (qui abritent chacune un polype*), petites, triangulaires, sont disposées en paires presque opposées et assez distantes. Les hydrothèques sont disposées de la façon suivante : une paire par entre-nœud et une hydrothèque à l’aisselle de chaque dichotomie. Leur ouverture est inclinée vers l’intérieur de la tige. Leur extrémité extérieure est pointue et les côtés portent une longue épine médiane extérieure pouvant porter 2 courtes épines latérales plus ou moins longues. L’opercule* est formé de 2 valves, l’une plus large que l’autre.

Les hydranthes* (les polypes) possèdent 10 à 12 tentacules* quand ils sont déployés.

Les gonothèques* (des 2 sexes) sont grandes (1,5 à 2 mm de hauteur), ovoïdes, lisses, se rétrécissant à leur base, avec une ouverture terminale large, circulaire ; l’opercule, caduc, est constitué d’un simple rabat.
Les hydrothèques des très jeunes colonies sont disposées de façon alternée.

Espèces ressemblantes

Amphisbetia operculata est caractéristique avec ses branches plus fines que la plupart des hydraires de la famille des Sertulariidés, son apparence en touffes denses et son biotope*.

Des hydrothèques* paires sont également présentes chez Dynamena pumila et Amphisbetia distans. La tige de cette dernière porte plusieurs nœuds/joints obliques ou triangulaires.

La confusion est également possible avec d’autres espèces communes comme :

  • Sertularia argentea Linné, 1758 mais qui est facilement discernable à première vue par l'aspect général, la taille et l'arrangement des branches spiralées autour de l'axe principal qui sont les critères discriminants.
  • Sertularia cupressina Linné, 1758, facilement discernable pour les mêmes raisons.

Alimentation

Comme chez beaucoup d’hydraires, les petits polypes* (les hydranthes*) sont nombreux. La plupart sont spécialisés dans la capture des particules de nourriture en suspension dans l’eau : du plancton* et des larves* d’autres invertébrés. Les proies sont immobilisées par les cellules urticantes ou cnidocytes* présentes sur les tentacules* des polypes. Ces cellules spécialisées peuvent également défendre la colonie contre les prédateurs. La proie passe ensuite dans la cavité générale du polype où elle subit un début de digestion. Ensuite, la nourriture partiellement digérée peut être distribuée dans la colonie par un système de canaux.

Reproduction - Multiplication

La colonie croit par bourgeonnement* (multiplication asexuée).
Sur l’hydrocaule*, deux sortes de polypes* sont ainsi produits :

  • les plus nombreux sont les polypes nourriciers (ou hydranthes*)
  • les polypes reproducteurs ou gonophores* (ou gonozoïdes*) sont dépourvus de bouche et de cellules urticantes.
Ces derniers, enveloppés de la gonothèque*, sont constitués d’une structure creuse, le blastostyle (structure qui produit les méduses), sur laquelle bourgeonnent des médusoïdes (ce ne sont pas des méduses complètes). Ces gonophores nageurs ou médusoïdes sont libérés pendant la nuit.
Ils sont produits par des colonies différentes, soit mâles (massif génital des médusoïdes blanc pur), soit femelles (massif génital jaune-orangé). Les gamètes* qu’ils contiennent sont rapidement libérés dans l’eau de mer. La fécondation a lieu dans l’eau de mer. Les œufs, peu nombreux, ont un diamètre de 160-180 µm. Après 24 h, chaque œuf donnera une larve planula* qui mènera une vie planctonique* brève avant de se fixer.
La planula va produire un axe à partir d’un crampon de fixation avec 2 ou 3 articles sans hydrothèque*, puis produit le premier hydranthe. Ce n’est que plus tard que la colonie produira les hydranthes par paires, caractéristiques de la colonie.

Vie associée

Sur les stipes* de laminaires Laminaria hyperborea et L. digitata.

Les hydrocaules* d’Amphisbetia operculata comme les autres espèces d’hydraires peuvent servir de support à de nombreux épibiontes* (autres hydraires comme Abietinaria abietina., bryozoaires, …).

Divers biologie

Des colonies de cette espèce peuvent être trouvées sur la plage, en épave, après une tempête.

Informations complémentaires

Le petit nudibranche Doto eireana se nourrit exclusivement d'Amphisbetia operculata.

Origine des noms

Origine du nom français

Hydraire chevelu : pour son apparence avec ses tiges plus fines que chez d’autres hydraires.

Origine du nom scientifique

Amphisbetia, ce nom de genre a été créé en 1862 par L. Agassiz (1807-1873). Selon ce naturaliste suisse (émigré aux Etats-Unis d’Amérique en 1846), Amphisbetia vient du grec [amphi] = des deux côtés, double, autour de, pour les paires d’hydrantes* et du grec [sbestos] = trempé, désaltéré, éteint, assouvi, étanché, ce dernier qualificatif probablement pour l’opercule.

operculata :du latin [operculum] = couvercle, opercule* et le suffixe latin [-ata] précise une action donc : operculé.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 117874

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Hydrozoa Hydrozoaires Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce.
Sous-classe Hydroidolina Hydroïdes Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype.
Ordre Leptothecata / Leptomedusa Leptothécates / Leptoméduses Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires.
Famille Sertulariidae Sertulariidés Colonies généralement érigées, les hydranthes peuvent se rétracter complètement dans leurs hydrothèques pourvues d’un opercule à valves.
Genre Amphisbetia
Espèce operculata

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