Mérou gâteau de cire

Epinephelus merra | Bloch, 1793

N° 3129

Zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et des parties ouest et centre du Pacifique.

Clé d'identification

Taille maximale 32 cm, taille commune jusqu’à 20 cm
Taches hexagonales brunes formant une structure alvéolaire qui couvre le corps
Quatre barres verticales irrégulières plus foncées (plus ou moins visibles) sur les flancs et une sur le pédoncule caudal
Extrémité postérieure de l’opercule très pointue et armée de trois épines
Taches brunes des nageoires pectorales alignées sur les rayons

Noms

Autres noms communs français

Macabit, macabit blanc (La Réunion), loche rayon de miel (Polynésie Française, Nouvelle-Calédonie), domaine, vieille grise, vieille voleuse, mérou à treillis, vieille de fond, vieille pintade (île Maurice)

Noms communs internationaux

Birdwire rockcod, black-spotted rock-cod, common birdwire rockcod, coral cod, dwarf spotted grouper, dwarf spotted rockcod, honeycomb cod, honeycomb grouper, honeycomb rock cod, reef cod, wire-netted reefcod, wire-netting cod, wire-netting rock-cod, wirenetting cod (GB), Mero panal (E), Garoupa panaleira (Mozambique), Heuningkoek-klipkabeljou (Afrique du Sud),
Faeta, faroa, maraao, mauriuri, tarao, tarao maraurau, veve (Tahitien, Polynésie française)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cephalopholis merra (Bloch, 1793)
Serranus merra
(Bloch, 1793)

Distribution géographique

Zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et des parties ouest et centre du Pacifique.

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

On peut rencontrer cette espèce dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et des parties ouest et centre du Pacifique.
Dans l’océan Indien, on la trouve depuis les côtes est-africaines (de la Somalie au nord de l’Afrique du Sud) jusqu'à l'Australie, en passant par Mayotte, le canal du Mozambique, Madagascar, les Mascareignes et les Seychelles, l’Inde et le Sri Lanka, les Maldives et l'archipel des Chagos, la Thaïlande et les îles Christmas et Cocos.
Dans le Pacifique, sa distribution vers l’est s’étend jusqu’à la Polynésie Française et les îles Pitcairn en passant par les îles Fidji, Samoa, Tonga et Vanuatu. Du nord au sud, on peut la trouver du sud du Japon à l’Australie et à la Nouvelle-Calédonie en passant par la Chine, le Viêt Nam et les Philippines.

Biotope

Cette espèce se rencontre toujours près du fond, en milieu corallien dans les zones protégées des lagons et des pentes externes ou dans les baies. On la trouve généralement de 0 à 20 mètres, mais elle a été observée jusqu’à 50 mètres.

Description

Description sommaire : La couleur de fond de ce petit mérou au corps trapu est beige, sa livrée est composée de taches brunes plus ou moins hexagonales et de taille variable sur la tête et le corps, et de taches de même couleur sur toutes les nageoires. Cinq barres verticales composées de taches plus foncées sont souvent présentes sur le corps.

Description détaillée :
Le corps est trapu, relativement fuselé et comprimé latéralement. Sa hauteur (distance entre la base du troisième rayon de la dorsale et celle du premier rayon des pelviennes) entre de 2,8 à 3,3 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue). La taille maximale documentée est de 32 cm, la taille communément rencontrée ne dépasse pas 20 cm (15 cm pour certains auteurs).
La couleur de fond est beige à jaunâtre, parfois rosée, mais elle peut pâlir jusqu’au blanc cassé. Des taches plus ou moins hexagonales, brunes à brun rouge, couvrent le corps en réduisant la couleur de fond à un motif réticulé évoquant une structure alvéolaire. Ces taches sont de taille variable et certaines, coalescentes, peuvent former de courtes bandes brunes plus ou moins horizontales sur les flancs. Elles sont plus petites, plus arrondies et plus espacées dans la partie ventrale. Elles forment généralement cinq barres verticales irrégulières plus foncées et de largeur variable sur le corps (quatre sur les flancs, la dernière sur le pédoncule* caudal). La couleur de fond fonce elle aussi dans ces barres. Il arrive que cette couleur et celle des taches pâlissent très fortement entre les barres, jusqu’à transformer les hexagones en marques rosâtres vaguement circulaires.
La ligne latérale* est continue, elle part de l’extrémité supérieure de l’opercule* et suit la même ligne que le profil dorsal jusqu’au pédoncule caudal.

La tête est longue (elle entre de 2,3 à 2,6 fois dans la longueur standard), avec un museau pointu. Son profil dorsal est convexe, à l’exception d’une légère dépression devant l’espace interorbitaire. La bouche, terminale, est fortement protractile* ; les lèvres sont épaisses, la mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure. La commissure des lèvres est située à l’aplomb ou légèrement derrière la verticale de la partie postérieure des yeux. L’œil est globuleux, avec un iris* doré et une pupille piriforme* dont la pointe arrondie est dirigée vers l’avant. La partie supérieure du globe oculaire est couverte de petites taches brunes plus ou moins circulaires. Le préopercule* est arrondi à subangulaire (son angle est émoussé) et il est finement dentelé ; l’extrémité postérieure de l’opercule est en revanche très pointue et armée de trois épines non venimeuses, l’épine centrale étant la plus longue.
Les taches brunes caractéristiques de la livrée sont plus petites et plus arrondies sur la tête. On observe souvent des séries de taches plus foncées faisant une sorte de calotte brune sur la nuque. D’autres taches brunes peuvent former une barre dans l’espace interorbitaire ; une autre barre relie la partie antérieure des yeux au bout du museau (lèvres comprises) et une troisième relie la partie inférieure de l’œil à la gorge en passant par la commissure des lèvres. La couleur de fond est plus foncée à l’intérieur de ces barres.

Les rayons durs de la nageoire dorsale sont reliés par une membrane échancrée ; ses rayons mous sont plus longs que les derniers rayons durs. L’extrémité postérieure de cette nageoire est arrondie. L’anale, qui commence par trois rayons durs en forme de fortes épines, est courte et arrondie. Sa position est symétrique de celle de la partie molle de la dorsale. La caudale est arrondie. Les pelviennes sont relativement petites et les pectorales, en forme de pale de pagaie, sont longues et larges.
Toutes les nageoires portent des taches brunes de taille variable plus ou moins hexagonales ou arrondies, et moins grandes que celles présentes sur le corps. Ces taches deviennent plus petites dans la partie distale* des nageoires impaires. L’extrémité des rayons durs de la dorsale porte un anneau noir suivi d’une pointe blanche. La majorité des taches brunes présentes sur les pectorales est alignée sur les rayons, cette particularité étant caractéristique de l’espèce. De petites taches blanches formant une ligne transversale séparent ces taches brunes.

La livrée nocturne est caractérisée par de larges plaques blanchâtres au dessin et à la surface variables sur la tête et dans la moitié supérieure des flancs, et/ou par un blanchissement de toutes les zones en dehors des cinq barres verticales foncées, les taches brunes de ces zones étant alors réduites à de petites taches circulaires rosâtres. Elle peut aussi consister en un pâlissement irrégulier de toutes les couleurs accompagné de petites plaques blanches, l’ensemble produisant une livrée particulièrement brouillée. Elle peut encore être identique à la livrée diurne, si le poisson n’est pas stressé.

La livrée des juvéniles ne diffère pas sensiblement de celle des adultes. Ils sont plus élancés et présentent des taches proportionnellement moins nombreuses, plus grosses et plus rondes. La structure de type alvéolaire étant beaucoup plus lâche, la surface occupée par la couleur de fond est plus importante.

Espèces ressemblantes

Epinephelus merra fait partie du groupe des neuf espèces de mérous à taches hexagonales défini par Heemstra et Randall (1993). La principale caractéristique permettant de le distinguer dans ce groupe est que les nombreuses petites taches présentes sur les pectorales sont principalement alignées sur les rayons, mais cette caractéristique est difficile à apprécier in situ. Voici quelques détails supplémentaires permettant de ne pas confondre les espèces de ce groupe avec E. merra :

  • E. bilobatus : le dos est blanchâtre avec trois ou quatre groupes de taches noires formant des taches bilobées le long de la base de la nageoire dorsale. Il n’est connu que de l’ouest de l’Australie.
  • E. faveatus : le museau est plus court et busqué. On peut observer une zone blanche avec une petite tache brune (parfois deux) devant la base des pectorales et une large tache foncée sur cette base ; les taches sur les pectorales sont plus grosses et moins nombreuses. On note deux bandes foncées obliques sur les côtés de la poitrine (sous les pectorales). On le trouve dans l’est de l’océan Indien.
  • E. hexagonatus : il y a un point blanc à chaque angle des hexagones, une large tache foncée derrière les yeux et cinq courtes selles noires le long du profil dorsal (quatre le long de la nageoire dorsale et une sur le pédoncule caudal). Cette espèce insulaire se rencontre dans la plupart des îles du domaine indo-Pacifique.
  • E. macrospilos : les pectorales sont noires ou noirâtres à liseré blanc ; elles ne portent pas de taches. Sa distribution recoupe celle d’E. merra.
  • E. maculatus : on observe deux selles blanches, une sur la nuque devant les premiers rayons durs de la dorsale, l’autre au niveau des derniers rayons durs, eux-mêmes marqués de blanc. On le trouve dans l’est de l’océan Indien (aux îles Cocos) et dans le Pacifique Ouest et centre.
  • E. melanostigma : une grosse selle noire déborde sur les derniers rayons durs de la nageoire dorsale. Sa distribution recoupe celle d’E. merra.
  • E. quoyanus : les pectorales sont plus larges ; elles sont noirâtres. Les taches présentes sur l’ensemble des nageoires sont plus grosses et moins nombreuses. On le trouve dans l’est de l’océan Indien (mer d’Andaman) et dans l’ouest du Pacifique.
  • E. spilotoceps : on observe quatre selles noires, dont trois le long de la nageoire dorsale, la première commençant sous les derniers rayons durs, et une sur le pédoncule caudal. Sa distribution recoupe celle d’E. merra, mais à l’exception des côtes est de l’Afrique, c’est une espèce essentiellement insulaire.

D’autres espèces présentent des taches juxtaposées au dessin géométrique, comme E. polyphekadion ou E. cholorostigma, mais, entre autres différences, ces taches sont beaucoup plus petites et donc beaucoup plus nombreuses que chez les mérous à taches hexagonales. Citons néanmoins

  • E. tauvina : le mérou-loutre porte des taches rondes (et pas hexagonales) rouge-orangé à marron foncé sur une robe claire, avec parfois présence de cinq barres obliques sombres sur les flancs qui peuvent prêter à confusion. Les nageoires anale et caudale ainsi que l'arrière de la nageoire dorsale sont bordées de taches noires souvent soulignées d'un liseré blanc.

Alimentation

Ce mérou se nourrit de poissons, d’invertébrés et de céphalopodes. C’est un prédateur vorace strictement benthique* qui chasse le plus souvent la nuit et à l’affût. Il se sert de ses mâchoires fortement protractiles* pour gober les proies passant à sa portée. Il peut être cannibale quand ses proies usuelles se font rares.

Reproduction - Multiplication

L’espèce est hermaphrodite* protogyne* monandrique*, ce qui signifie que tous les individus sont des femelles à la naissance et que certains d’entre eux deviendront des mâles. Il n’y a pas de dimorphisme* ni de dichromatisme* sexuels. Les femelles sont sexuellement matures autour de 16 cm et les changements de sexe se produisent autour de 18 à 20 cm, les individus ayant alors entre trois et cinq ans.

La reproduction a lieu durant l’été avec un pic autour des pleines lunes. A la date de publication de cette fiche (mars 2021), elle n’a pas été observée à notre connaissance chez E. merra, mais son déroulement ne devrait pas être différent de ce qui est connu chez d’autres espèces du même genre : les mâles et les femelles, ordinairement solitaires, forment des agrégations qui durent quelques jours ; les mâles courtisent les femelles de jour, mais les accouplements n’ont lieu que le soir. Le couple fait une ascension rapide dans la colonne d’eau et libère ses gamètes* à l’apex* de cette montée. Les œufs et les larves* sont pélagiques*.

On a pu observer les faits suivants en situation expérimentale : les œufs, sphériques et flottants, mesurent entre 0,71 et 0,73 mm de diamètre. Le développement embryonnaire est achevé entre 24 et 27 heures et les larves* éclosent alors. Elles mesurent 1,5 mm. Deux mois plus tard, les larves se transforment en juvéniles de 4,5 cm qui présentent une première ébauche du patron de couleur des adultes. Une étude des otolithes* de juvéniles capturés au recrutement* montre que cette durée de vie larvaire peut être ramenée à environ un mois en situation naturelle. Les recrutements sont souvent massifs et peuvent impliquer des dizaines de milliers d’individus.

Vie associée

De nombreuses associations temporaires entre mérous et poulpes ou murènes en vue de chasses collaboratives sont documentées. Cette collaboration permet de multiplier les prises pour les deux parties : poulpes et murènes chassent dans des crevasses ou des massifs de corail inaccessibles aux mérous et en font sortir des proies faciles pour eux, et la chasse des mérous fait retourner dans leurs abris les proies non capturées, les remettant à la disposition des poulpes et murènes associés. C’est le mérou qui suscite la collaboration en utilisant des signaux spécifiques : des trémoussements de tout le corps devant le poulpe ou le trou de la murène pour les inciter à l’accompagner, et une posture verticale tête en bas avec des mouvements saccadés de la tête pour leur signaler l’abri d’une proie. L’usage de signaux intentionnels codifiés en vue de modifier le comportement d’un autre individu, choisi de façon pertinente eu égard à l’objectif, suppose des capacités cognitives développées qui n’ont jusqu’à présent été documentées que chez les singes anthropoïdes et les corvidés.

Les études sur les chasses collaboratives des mérous n’ont pas encore impliqué E. merra à notre connaissance, mais il a pu être observé et photographié au cours d’associations identiques avec le poulpe de récif Octopus cyanea et la murène tatouée Gymnothorax griseus à La Réunion.

Divers biologie

La base des pelviennes d'Epinephelus merra se situe légèrement derrière la verticale de la base des pectorales, ce qui place l’espèce dans un clade* (groupe monophylétique*) nommé « groupe d’espèces E. fasciatus ». Les espèces du genre Epinephelus comprises dans ce groupe sont caractérisées par cette particularité et par une hauteur de corps moins importante que chez les autres espèces du genre (elles sont plus élancées).

La dorsale comprend 11 rayons durs et de 15 à 17 rayons mous, l’anale comprend 3 rayons durs et 8 rayons mous. Les pectorales ont de 16 à 18 rayons. La ligne latérale comprend de 48 à 57 écailles perforées.

Informations complémentaires

Les poissons du genre Epinephelus ont des dents caniniformes, qui sont en général plus grandes à l’avant des mâchoires. Les dents sont disposées en deux rangées sur chaque mâchoire. La rangée extérieure est composée de canines plus grandes que la rangée intérieure. On trouve des dents de même forme plus ou moins développées sur les parties centrale et latérale du palais.

L’espèce est généralement solitaire et sédentaire parce que territoriale. Elle est relativement farouche et se cache volontiers dans les coraux ou en se plaquant contre un relief à l’approche d’un observateur. On peut pourtant approcher certains individus, notamment quand ils sont en situation d’observation avec la partie antérieure du corps dressée en appui sur les pectorales.

E. merra est considéré comme vecteur potentiel de la ciguatera*.
Cependant, la chair des mérous est appréciée et peut représenter un enjeu commercial. L’espèce est ciblée par des pêcheries artisanales et pêchée à la ligne, avec des nasses à poissons ou des harpons. Quelques espèces de mérous du genre Epinephelus (par exemple E. coioides, E. tauvina ou E. lanceolatus) sont élevées en mariculture pour diminuer la pression de pêche. Des expériences d’hybridation (par exemple E. moara x E. lanceolatus) sont faites pour produire des individus à croissance rapide dans le même objectif.
Malgré son interdiction, la pêche au cyanure est toujours pratiquée aux Philippines et en Indonésie pour alimenter le marché des poissons vivants, à destination de la consommation ou des aquariophiles. E. merra fait partie des espèces ciblées.

Un mérou gâteau de cire a été capturé par des pêcheurs en 2004 en Méditerranée, au sud de l’île des Embiez (Var). L’examen de l’organisme de l’animal a permis de conclure à un lâcher fait par un particulier aquariophile.

Les plus grands mérous du genre Epinephelus sont E. itajara, qui peut atteindre 2,5 m et 455 kg, et E. lanceolatus, qui peut atteindre 2,70 mètres et 400 kg.

Le plus ancien fossile trouvé dans la famille des Serranidés date du Crétacé supérieur (-99 à -66 millions d’années).

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de l’espèce pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce, ainsi que leur interprétation n'incitent pas à la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : en danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : vulnérable). Fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.

Origine des noms

Origine du nom français

Mérou : le mot vient de l’espagnol [mero], d’origine obscure, qui signifie « vieille de mer, mérou ». On trouve le mot espagnol francisé en 1752 dans la quatrième édition du Traité de l'orthographe franc̜oise, en forme de dictionnaire (Tome 2, p. 382) de P. Restaut, avec la définition suivante : « Méro : sorte de poisson ».

gâteau de cire : l’expression « gâteau de cire » désigne les nombreuses alvéoles de cire juxtaposées dans lesquelles les abeilles déposent le nectar qu’elles ont modifié et qui deviendra du miel. Les taches hexagonales de la robe d’E. merra évoquent la forme de ces alvéoles.

Origine du nom scientifique

Epinephelus : le nom du genre vient du grec [epinephelos], qui signifie « nuageux, trouble ». Ce terme est employé par Hippocrate pour désigner des suspensions opaques dans l’urine des malades.
Le genre est créé en 1793 par Marcus Elieser Bloch (1723-1799), dans le volume 9 de Naturgeschichte der ausländischen Fische. Dans l’édition française de 1797 (Ichtyologie, ou Histoire naturelle, générale et particulière des poissons, 10ème partie, Soixantième genre, article premier, page 9), le descripteur écrit que le nom choisi vient d’une membrane couvrant les yeux des poissons de ce groupe, et il précise, dans les descriptions d’espèces qui suivent, que cette membrane est « clignotante ». L'expression « membrane clignotante » désignait de ce qu’on appelle aujourd’hui une membrane nictitante* (la « troisième paupière »), qui rend l’œil trouble ou opaque quand elle est déployée. Or, à l’exception des requins de l’ordre des Carcharhiniformes, les yeux des poissons ne sont pas dotés de telles membranes. Bloch travaillant sur des spécimens préservés, il pourrait s’agir d’un cartilage qui peut se former sur la cornée en réaction aux solutions de conservation. Lacépède, commentant Bloch (Histoire Naturelle, édition de 1832, Tome X, p. 175) précise qu’on peut trouver cette membrane sur les yeux « des murènes et de quelques autres poissons », ce qui pourrait soutenir cette hypothèse.
L’espèce-type* n’a pas été mentionnée par Bloch, mais le Code International de Nomenclature Zoologique (CINZ), dont c’est une des responsabilités, l’a désignée comme étant Epinephelus fasciatus.
Le genre contient actuellement 89 espèces acceptées.
Nous remercions Bruno Chanet pour son aide précieuse dans la difficile interprétation du propos de Bloch dans sa description du genre.

merra : l’espèce est décrite par Bloch en 1793 dans la même partie de l’ouvrage dans lequel il décrit le genre (voir paragraphe ci-dessus), aux pages 15 et 16. Il lui donne le nom commun de « Merra », en précisant : « Les Indiens Orientaux le nomment Ikan Merra, dénomination que j’ai gardée ». Ce qui était appelé Indes orientales à l’époque groupait ce que nous appelons l’Asie du Sud (Inde et pays limitrophes) et l’Asie du Sud-Est (de la Birmanie à l’Indonésie et aux Philippines). « Ikan Merra » signifierait en malais moderne « poisson rouge ».
La localité du type est très vague. L’auteur écrit : « La mer du Japon produit ce poisson », mais le spécimen vient plus probablement de l’océan Indien.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 218228

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Percoidei Percoïdes Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous.
Famille Serranidae Serranidés 1 à 3 épines sur l’arrière de l’opercule.
Genre Epinephelus
Espèce merra

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