Petite coquille (3 à 5 mm x 2 à 2,5 mm) dextre conique pointue, plus ou moins transparente
5 à 6 tours convexes avec le dernier plus large
Tentacules sans marque particulière, sauf parfois une ligne longitudinale noire
Dans les lagunes saumâtres sans communication permanente avec la mer
Hydrobie ventrue
Spire snail, hanging mud snail, mud snail (est un nom valable pour tous les Hydrobiidés) (GB), Bauchige Wattschnecke, Hängende Wattschnecke (D), Opgezwollen wadslakje, opgezwollen drijfhoren, opgezwollen brakwaterhoren, brakwaterhorentje (NL), Buttet dyndsnegl (DK), Wodożytka bałtycka (PL), Bukig tusensnäcka (SE)
Turbo ventrosus Montagu, 1803
Hydrobia (Hydrobia) ventrosa (Montagu, 1803)
Hydrobia ventrosa (Montagu, 1803)
Paludestrina ventrosa (Montagu, 1803)
Ventrosia ventrosa (Montagu, 1803)
Leachia vitrea Risso, 1826
Ventrosia cissana Radoman, 1977
Ventrosia spalatiana Radoman, 1977
Hydrobia atuca Boeters, 1988
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette espèce est présente depuis la Baltique jusqu'à la Méditerranée et en mer Noire.
L'hydrobie atlantique vit sur la vase et ou sur les algues dans les milieux saumâtres peu profonds (0-10 m). Ces milieux ne sont pas directement en communication avec la mer, mais peuvent l'être occasionnellement, aux moments des grandes marées par exemple, comme le sont les canaux et les lagunes. Ce sont des milieux calmes et abrités. La salinité peut varier de 5 à 49 ‰, mais cette espèce euryhaline* ne vit pas en eau douce.
Elle peut être observée sur des pierres, sur du bois voire sur des colonies de bryozoaires. L'hydrobie atlantique est présente dans des milieux riches en débris végétaux provenant des zostères, Ruppia, Chétomorphes.
La coquille dextre, conique, pointue de l'hydrobie atlantique est transparente, brillante, d'une couleur blanc jaunâtre à brune avec un périostracum* brun foncé, généralement masqué par un dépôt mat. Elle possède 5 - 6 tours convexes avec des sutures* profondes. Le dernier tour est plus large que les précédents. La coquille mesure 3 à 5 mm de haut et 2 à 2,5 mm de large. La seule ornementation est formée par de fines lignes de croissance. L'ouverture est ovale. L'ombilic* est recouvert par le bord interne de l'ouverture de la coquille et seule une rainure peu profonde est visible. Du fait de la présence de l'animal, la coquille, transparente, apparaît plus sombre. L'opercule* corné est ovale. La coquille peut aussi présenter des côtes larges et donc une certaine variabilité de forme.
L'animal possède un mufle relativement long. Il n'est pas traversé par une bande sombre. Le mufle peut présenter des lignes latérales sombres qui convergent en arrière entre les tentacules*. Parfois on peut observer une ligne longitudinale noire près de la pointe. Un œil bien visible est présent à la base de chaque tentacule. Le corps peut être gris clair ou gris foncé. Le corps, et surtout la tête, présentent souvent des zones avec de fins points pigmentés jaunâtres. Les tentacules sont gris pâle, translucides avec souvent des taches sombres irrégulières ; ils contiennent des granules blanc-jaune.
En Europe il existe de nombreuses espèces de petits gastéropodes à la coquille allongée de la taille et à peu près de la forme de Ecrobia ventrosa. Plusieurs espèces sont exclusivement d'eau douce (dulçaquicoles*) et d'autres sont présentes dans des eaux plus ou moins salées. Seules les espèces d'eaux salées à saumâtres sont prises en compte ici.
La répartition de certaines de ces espèces peut se chevaucher.
Malgré de nombreuses variations individuelles au sein de ces espèces, la pigmentation des tentacules semble être un caractère utilisable pour séparer les différentes espèces d'hydrobies de ces milieux.
L'hydrobie atlantique est un dépositivore* qui se nourrit en consommant des microorganismes présents sur les particules du sédiment sur lequel elle vit. Ce sont essentiellement des diatomées, des cyanobactéries, quelques foraminifères, des bactéries, des algues et de la matière organique.
Cette espèce ne se reproduit qu'une seule fois au cours de sa vie (on dit qu'elle est semelpare*). Les sexes sont séparés (on parle de gonochorie*). L'hydrobie atlantique femelle est mature vers 12 à 18 mois. Elle pond, de mai à juillet et peut produire des dizaines de capsules à paroi collante, attachées aux pierres et aux coquilles d'individus de la même espèce. Chaque capsule ne contient qu'un œuf, (parfois 2 ou 3) relativement gros. Ces capsules peuvent être groupées et recouvertes de grains de sable. Ces œufs éclosent directement en jeunes escargots. Il n' y a pas de larves* nageuses (de telles larves dans un environnement fermé n'auraient pas de rôle dans la dispersion de l'espèce).
L'hydrobie atlantique est une espèce grégaire. On peut compter 50 000 individus par mètre carré.
Elle est présente dans des milieux où l'on peut également trouver le crustacé amphipode Corophium volutator (Pallas,1766), les mollusques Cerastoderma edule Linnaeus, 1758, Littorina littorea (Linnaeus, 1758), les annélides polychètes Hediste diversicolor (O.F. Müller, 1776), Alitta virens (M. Sars, 1835) et Pygospio elegans Claparède, 1863 ainsi qu'avec des Ruppia (plantes herbacées aquatiques pérennes).
Cette espèce constitue une importante source de nourriture pour les oiseaux comme par exemple l'eider commun Somateria mollissima (Linnaeus, 1758).
L'hydrobie atlantique, comme Peringia ulvae (Pennant,1777) est l'hôte d'une vingtaine de parasites (des vers trématodes digènes*) aux cycles de vie plus ou moins complexes avec des hôtes intermédiaires. Par exemple, le gastéropode consomme les fientes d'oiseaux parasités contenant les œufs du parasite. Ces œufs éclosent et se développent dans le mollusque. Soit ce dernier est directement consommé par un oiseau, soit les larves du parasite sont libérées dans l'eau et pénètrent dans un poisson ou un crustacé ou se fixent sur un végétal. Ce second hôte est ensuite mangé par un oiseau. Ces cycles des parasites concernent de nombreux poissons et crustacés et les nombreux oiseaux qui fréquentent les vasières où vivent les mollusques. Des oies, des canards, les goélands et de nombreux limicoles (comme les chevaliers) et même des mammifères sont concernés.
Pendant les périodes sèches l'hydrobie atlantique peut s'enfouir dans les sédiments.
Grace à une sécrétion de mucus, cette espèce est souvent suspendue sous la surface de l'eau (d'où certains noms vernaculaires anglais et allemands en rapport avec cette caractéristique).
Elle est moins commune que l'espèce proche Peringia ulvae.
L'hydrobie atlantique remplacerait Peringia ulvae dans les lagunes sans marées et en mer Baltique.
La famille des Hydrobiidés est connue dans le registre fossile depuis 170 millions d'années.
Autrefois les différents hydrobiidés appartenaient à la superfamille des Rissooidés (ex- Rissoacés).
Cette espèce, ne subissant pas de menaces particulières, est classée par l'UICN* dans la catégorie LC (pour Least Concern ou préoccupation mineure).
Simple traduction du nom scientifique.
Les différents noms vernaculaires des hydrobies ne correspondent pas toujours aux noms de genre.
Hydrobia : du grec [hydro] = eau et du grec [bio] = vie, donc qui vit dans l’eau. Nom de genre donné par W. Hartmann en 1821 sans précision.
Ecrobia : du grec [ecro] = courant et du grec [bio] = vie,
ventrosa : du latin [ventrosa] = gonflé, ce nom fait référence aux tours gonflés de la spire de la coquille.
Numéro d'entrée WoRMS : 238104
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Hydrobiidae | Hydrobiidés | Coquille de forme variable: globuleuse ou conique plus ou moins allongée; péristome continu, souvent épaissi; opercule corné ou calcaire, spiralé ou strié concentriquement. Eaux douces, saumâtres, parfois terrestre. Adam 1960:138. |
Sous-famille | Hydrobiinae | Hydrobiinés | |
Genre | Ecrobia | ||
Espèce | ventrosa |
Un individu d'Ecrobia ventrosa
Individu vu de dessus. Le mufle bilobé et les deux tentacules sont bien visibles, ainsi que les yeux à la base des tentacules.
Dans une mare saumâtre du schorre. Hillion (22)
29/10/2016
La coquille d'Ecrobia ventrosa
Les tours sont très renflés, les sutures sont profondes, la coquille a un bord très fin et un ombilic* est visible.
Mare saumâtre du schorre à Hillion (22)
29/10/2016
Vue rapprochée de l'animal
L'avant de l'animal est sorti de sa coquille. On distingue la zone claire en arrière de l'œil. A l'extrémité des tentacules on peut observer une ligne dorsale foncée.
Mare saumâtre du schorre à Hillion (22)
29/10/2016
Comparaison des têtes en vue dorsale de 2 Hydrobiidés et de Potamopyrgus antipodarum
Exemples de motifs de coloration chez Potamopyrgus antipodarum à gauche, Peringia ulvae au centre et Ecrobia ventrosa à droite.
Fretter V. & Graham A., 1962, fig 306
Reproduction de documents anciens
1962
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable régional : Yves MÜLLER
Barnes R.S.K., 2005, THE BRACKISH-WATER FAUNA OF NORTHWESTERN EUROPE AN IDENTIFICATION GUIDE TO BRACKISH-WATER HABITATS, ECOLOGY AND MACROFAUNA FOR A FIELD WORKERS, NATURALISTS AND STUDENTS, Cambridge University Press, 287p.
Barszcz P., 2004, Selected shell characters, as criteria of distinguishing between Ventrosia ventrosa (Montagu, 1803) and Peringia ulvae (Pennant, 1777) (Gastropoda : Prosobranchia : Hydrobiidae), Folia Malacologia,12(3), 141-144.
Chevalier M., Pye S., Porter J., Chambers S., 2014, Hydrobiidae on North Uist, Scottish Natural Heritage Commissioned Report, 559, 15p.
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Fish J.D., Fish S., 1981, The early life-cycle stages of Hydrobia ventrosa and Hydrobia neglecta with observations on Potamopyrgus jenkinsi, Journal of Molluscan Studies, 47, 89-98.
Robson G.C.,1922, On the anatomy and affinities of Paludestrina ventrosa, Montague, Journal of Cell Science, 2(66), 159-186.
Ware F.J., Howson C.M., Porter J.S., Chevalier M., Chambers S.J., 2012, The biodiversity of saline lagoons in the Uists with notes on the morphological and molecular identification of Hydrobiidae National Museum of Scotland, 3p.
Wilke T., Davis G.M., 2000, Infraspecific mitochondrial sequence diversity in Hydrobia ulvae and in Hydrobia ventrosa (Hydrobiidae:Rissooidea:Gastropoda): do their different life histories affect biogeographic patterns and gene flow ?, Biological Journal of the Linnean Society, 70, 89–105.
La page de Ecrobia ventrosa dans l'Inventaire National du Parimoine Naturel : INPN