Oursin régulier de forme elliptique
Piquants presque égaux de forme conique et robustes
Radioles de couleur très variable mais uniforme
Anneau blanc à la base des radioles
Oursin-pierre de l'Indo-Pacifique, oursin de Mathieu
Rock-boring urchin, reef crest urchin (GB), Matheus' Seeigel, Riffdachseeigel, Riffdach-Bohrseeigel (D)
Echinus mathaei Blainville, 1825
Echinometra megastoma M' Clelland, 1840
Echinometra heteropora L. Agassiz in L. Agassiz & Desor,1846,
Echinometra microtuberculata A. Agassiz, 1863
Echinometra brunea A. Agassiz, 1864
Echinometra picta A. Agassiz & H.L. Clarck, 1907
Ellipsenichus pictus (A. Agassiz & H.L. Clarck, 1907)
Ellipsenichus decaryi Lambert, 1933
Mer Rouge, Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce commune est très présente dans tout l'océan Indo-Pacifique occidental et considérée comme l'espèce d'oursin littoral la plus abondante au monde.
Dans l'océan Indien on peut l'observer sur toutes les côtes orientales de l'Afrique : de la mer Rouge à l'Afrique du Sud ainsi que dans les archipels des Mascareignes (île de la Réunion, île Maurice), Madagascar, les Seychelles ou encore les Maldives. Dans le Pacifique sa présence est notée du sud du Japon à la Nouvelle-Zélande en passant par les Philippines, l'Australie, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie jusqu'à l'archipel des îles Hawaï.
Cet échinide vit sur les platiers coralliens aussi bien dans les lagons que sur les hauts niveaux des barrières de corail entre la surface et 10 m de profondeur. La limite supérieure touche parfois la surface là où les marées sont inexistantes, mais demeure conditionnée par les risques de dessiccation et la température élevée de l'eau ; des températures supérieures à 40° s'étant révélées létales* pour cette espèce. Par ailleurs, bien que rare passé 5 m, il a été observé exceptionnellement jusqu'à 140 m de profondeur. A l'aide de ses piquants et de sa mâchoire, il creuse des cavités, voire de véritables galeries, dans le calcaire où il se réfugie pendant la journée afin de se protéger des prédateurs.
Il participe ainsi à la bioérosion du calcaire corallien, tout en contribuant à sa rugosité. En fonction de la prédation et de la quantité de nourriture (algues notamment) disponible, il peut être rare et très cryptique* ou former de grandes populations à découvert. Dans ce dernier cas sa densité peut atteindre plusieurs dizaines d'individus au m².
L'oursin perforant est un oursin régulier dont le test*, de forme elliptique et peu comprimé, mesure, à la maturité, entre 5 et 8 cm de longueur sur 4 à 6 cm de largeur. Il est muni de piquants coniques et robustes dont la longueur, assez homogène, peut atteindre 5 à 6 cm (en moyenne un peu moins que le diamètre du test dans sa plus grande longueur). Ces radioles* sont de couleur très variable mais toujours uniformes : beige, rose, marron, noire, verte, violette ou grise. Elles ont la particularité de posséder un anneau blanc à leur base qui se détache assez bien de la couleur noire ou parfois rouge sombre du test. Chez certaines populations du Pacifique la pointe des radioles est souvent blanche.
La forme ovale du test nu est caractéristique de la famille, et c'est chez ce genre qu'elle est généralement la plus prononcée, avec des tubercules proportionnellement plus petits que chez les autres genres de la famille des Echinometridés.
On observe sur ce test des plaques ambulacraires* munies généralement de 4 paires de pores* (rarement 5) et d'une série double de tubercules secondaires tous alignés verticalement. Sur les plaques interambulacraires* on distingue 2 rangs de tubercules secondaires parallèles aux tubercules primaires avec un rang médian de mamelons plus petits disposés en zigzag. On notera que dans la région de l'ambitus* on comptera jusqu'à 5 tubercules disposés horizontalement.
Echinometra mathaei se nourrit de corallines et d'autres algues qu'il broute sur les roches calcaires, principalement la nuit. C'est aussi un omnivore opportuniste, capable de consommer une grande variété de matières organiques ou d'autres invertébrés fixes (éponges, cnidaires) grâce à sa mâchoire puissante et habile.
Echinometra mathaei est une espèce gonochorique* (les sexes sont donc séparés) sans dimorphisme* sexuel. Les gamètes* sont libérés en pleine eau où a lieu la fécondation. La ponte peut se faire toute l'année mais la latitude, la stabilité de la température de l'eau et la luminosité jouent très certainement un rôle déclencheur. Les larves* planctoniques* subissent plusieurs métamorphoses, jusqu'à la dernière, où elles acquièrent la forme définitive de petits oursins. A ce niveau, elles se déposent sur le fond et commencent leur vie benthique*.
L'oursin perforant abrite souvent à la surface de son test et sur ses piquants de petits crustacés copépodes* ectoparasites* : Clavisodalis parvibullatus, Mecomerinx notabilis ou Clavigofera echinophila. Il est également l'hôte commensal* de petites crevettes alphéidées telles Arete indicus ou Athanas areteformis qui se cachent entre ses radioles.
Sur la face orale*, s'ouvre la bouche d'où seules dépassent les extrémités de cinq puissantes dents. Ces dernières, les mâchoires, ainsi que d'autres pièces osseuses forment l'appareil masticateur plus connu sous le nom de "lanterne d'Aristote". Tout autour de la bouche on note la présence d'une large membrane nue, le péristome*, qui enferme dans son épaisseur de multiples petits plaques.
Cet oursin est relativement moins bien défendu que les autres espèces vivant dans le même écosystème* (qui sont souvent plus robustes ou venimeuses) : son principal moyen de protection est de se dissimuler dans des trous pendant la journée, qu'il peut creuser lui-même au moyen de ses radioles et de ses dents. Il participe ainsi de manière significative à la bioérosion de son milieu, et là où il est très abondant son activité peut perturber fortement le milieu.
Echinometra mathaei a une croissance très rapide, et sa population peut fluctuer dans de grandes proportions en fonction de la prédation, ce qui s'observe notamment dans les régions de pêche non régulée de la côte est-africaine, où des invasions provoquées par la disparition des prédateurs ont localement perturbé fortement l'écosystème. Ses principaux prédateurs sont les poissons balistes (notamment le baliste titan Balistoides viridescens et le baliste à lignes orange Balistapus undulatus), d'autres poissons voraces à la mâchoire puissante, mais aussi des invertébrés tels que des étoiles de mer ou des crabes.
La croissance d'Echinometra mathaei est plus rapide au stade juvénile alors qu'elle est plus lente lorsque l'individu se rapproche de sa taille maximum.
Comme tous les oursins, l'oursin perforant se déplace grâce à des pieds ambulacraires* terminés par une ventouse collante. Il utilise également ses piquants légèrement aplatis de sa face orale.
Des organes de défense, les pédicellaires*, sont de 4 types chez cette espèce. Ils sont présents en nombre variable un peu partout sur le test et sont plus nombreux autour de la bouche.
Des études relativement récentes semblent démontrer que l'espèce Echinometra mathaei renfermerait tout un complexe d'espèces différentes tant morphologiquement que génétiquement ou géographiquement. On s'orienterait dans un premier temps vers cette nouvelle classification :
Mais de nouvelles études génétiques (Bronstein et Loya 2013) indiquent plutôt un complexe de cinq espèces distinctes :
Seuls E. sp. A et E. oblonga peuvent être facilement distingués à l'œil nu, le premier ayant les pointes blanches et le second des radioles très épaisses. Pour les autres, seule la localité peut être éclairante (tous les spécimens de mer Rouge semblent appartenir à la même espèce), et la détermination se fait par examen microscopique des spicules*, des podia* ou du sperme, ou par analyse ADN.
Très rarement consommée, cette espèce n'a aucune valeur commerciale.
Oursin : autre forme du mot hérisson, d'où l'utilisation quelquefois du nom de hérisson de mer.
perforant : du fait de sa faculté à creuser de petites cuvettes dans la roche pour s'y abriter.
Echinometra : du grec [ekhino-] = épines et [métron] = mesure, longueur ». C'est Pline qui avait baptisé de ce nom les oursins à longs piquants (probablement Centrostephanus longispinus ou les Cidaridés), ensuite repris improprement pour ce genre. Le suffixe -metra est très courant chez les échinodermes, notamment les oursins et les crinoïdes.
mathaei : en l'honneur du colonel d'artillerie Raoul-Alexis Mathieu (1775-1853), passionné de sciences naturelles et possesseur d'une collection remarquable de coquilles des mers des Indes, recueillies par lui-même à l'Isle-de-France (île Maurice de nos jours). Il est également l'auteur d'une méthode « pour conserver les Oursins, les Etoiles de Mer et les Crustacés ».
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Sous-classe | Euechinoidea | Euéchinides | Oursins plus ou moins sphériques, dits "oursins réguliers". Plaques ambulacraires composées. Bouche ventrale et anus dorsal. |
Super ordre | Echinacea | Echinacés | 10 plaques péristomiales |
Ordre | Camarodonta | Camarodontes | Les épiphyses qui surmontent les demi-pyramides de la lanterne d'Aristote sont hautes et jointives. |
Famille | Echinometridae | Echinométridés | |
Genre | Echinometra | ||
Espèce | mathaei |
Radioles violettes
Les radioles* sont de couleur très variable mais toujours uniforme : ici violettes
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
22/07/2015
Piquants coniques
Echinometra mathaei est muni de piquants coniques et robustes dont la longueur, assez homogène, peut atteindre 5 à 6 cm.
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
28/02/2015
Radioles à pointes blanches
Cet individu est typique de la forme Echinometra sp. A avec des radioles plus longues à pointes blanches.
Malapascua (Philippines), Bantigué, 8 m, de nuit
06/12/2011
Anneau blanc à la base des piquants
Les piquants ou radioles ont la particularité de posséder un anneau blanc à leur base qui se détache assez bien de la couleur noire ou parfois rouge sombre du test.
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
26/07/2014
Sur un platier corallien
Cet échinide vit sur les platiers coralliens aussi bien dans les lagons que sur les hauts niveaux des barrières de corail entre la surface et 10 m de profondeur.
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
28/07/2010
Dans une anfractuosité
A l'aide de ses épines et de sa mâchoire, cet oursin creuse des cavités dans le calcaire où il se réfugie afin de se protéger des prédateurs.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 2m
05/05/2005
Galeries
A l'aide de ses piquants et de sa mâchoire, il creuse des cavités, voire de véritables galeries, dans le calcaire où il se réfugie pendant la journée afin de se protéger des prédateurs.
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
17/01/2015
Crevette commensale
Une crevette nettoyeuse commensale* Stenopus hispidus profite d'une anfractuosité creusée par l'oursin.
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
16/03/2009
Juvénile
Les larves* planctoniques d'Echinometra mathaei subissent plusieurs métamorphoses, jusqu'à la dernière, où elles acquièrent la forme définitive de petits oursins. A ce niveau, elles se déposent sur le fond et commencent leur vie benthique et vont bénéficier d'une croissance très rapide.
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
13/10/2012
Lanterne d'Aristote
Sur la face orale*, s'ouvre la bouche d'où seules dépassent les extrémités de cinq puissantes dents. Ces dernières, les mâchoires, ainsi que d'autres pièces osseuses forment l'appareil masticateur plus connu sous le nom de "lanterne d'Aristote".
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
07/07/2009
Tests en épave
La forme ovale du test nu est caractéristique de la famille, et c'est chez ce genre qu'elle est généralement la plus prononcée, avec des tubercules proportionnellement plus petits que chez les autres genres de la famille des Echinometridés.
Lagon de l'Ermitage, Saint-Paul, île de la Réunion (974), océan Indien, 1,50 m
23/09/2015
Face aborale du test de profil
Sur cette face aborale du test de profil, on distingue parfaitement les tubercules sur lesquels viennent s'insérer les piquants au moyen de muscles.
Lagon de Trou-aux-Biches, île Maurice, archipel des Mascareignes, océan Indien, 2 m
04/07/2016
Face orale du test
Sur la face orale*, s'ouvre la bouche entourée d'une membrane le péristome* (ici absent).
Lagon de Trou-aux-Biches, île Maurice, océan Indien, 2 m
04/07/2016
Pores et tubercules
Le test est percé de pores podiaux par où passent les tubes ambulacraires ; ils sont alignés verticalement. Il porte également les tubercules qui soutiennent les épines.
Lagon de Trou-aux-Biches, île Maurice, océan Indien, 2 m
04/07/2016
Plaques du test
Sur ce test de 57 x 49 mm on distingue des aires ambulacraires avec des plaques perforées et des aires interambulacraires avec des plaques non percées.
Lagon de Trou-aux-Biches, île Maurice, archipel des Mascareignes, océan Indien, 2 m
04/07/2016
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Frédéric DUCARME
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Arakaki Y., 1989, A comparative ecological and reproductive study on the four types of sea urchin Echinometra mathaei (Blainville) on Okinawan reef flat, Master's thesis. University of the Ryukyus, Department of Biology, Okinawa, Japan, 60p.
Arakaki Y., Uehara T., Fagoonee I., 1998, Comparative Studies of the Genus Echinometra from Okinawa and Mauritius, Zoological Science, 15(1), 159-168.
Clark A.M. & Rowe F.W.E., 1971. Monograph of shallow-water Indo-West Pacific echinoderms, Trustees of the British Museum(Natural History), London, i-vii, pls 1-3,11-238.
Nishihira M., Sato Y., Arakaki Y., 1991, Ecological distribution and habitat preference of four types of the sea urchin Echinometra mathaei on the Okinawan coral reefs, Biology of Echinodermata, Proceedings 7th. International Echinoderm Conference, Atami, Japan, 91-104.
Ouvrage collectif sous la direction de John M.Lawrence, 2007, Edible Sea Urchins : Biology and Ecology – Second edition, Developments in Aquaculture and Fisheries Science, Elsevier, 37, 529p.
La page de Echinometra mathaei sur le site de référence de DORIS pour les échinodermes est ici : World Echinoidea Database
La page de Echinometra mathaei dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN