30
à 50 mm de hauteur
Fines
stries axiales ondulantes
Bande
spirale médiane brune
Base
brune
Stries
spirales plus épaisses à la base
Spire
peu élevée
Suture
profonde
Périostracum épais et opaque
Soldier cone, soldier cone shell (GB), Soldaten conus, Soldatenkegel (D)
Rhizoconus miles (Linnaeus, 1758)
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueConus miles fréquente toute la région Indo-Pacifique, depuis la côte est de l'Afrique jusqu'à l'archipel d'Hawaii et à la Polynésie française. Il est absent de la mer Rouge.
Le
cône soldat vit de la zone de balancement des marées jusqu'à une profondeur de 50 m. Il serait un peu plus commun en eaux profondes qu'à proximité de la surface. On le rencontre, de jour comme de nuit, sur le corail vivant du récif et sur les fonds
sableux du lagon.
Sur les récifs extérieurs des atolls des
Tuamotu, C.
miles
vit
niché dans les herbiers situés derrière la crête des algues.
Conus miles mesure généralement 3
à 5 cm de hauteur, mais peut atteindre 13 cm.
La coquille présente de fines
stries axiales*
brunes plus ou moins ondulantes sur
un fond
blanc
ou crème orné de taches
marron clair diffuses. Sa base
est brune. Elle est ornée d'une bande
spirale médiane brune
souvent bordée d’une bande
spirale plus claire orange à brun rouge. Des stries
spirales, plus
épaisses à la base, sont réparties sur toute la hauteur de la coquille. Elles sont souvent
au nombre de 6.
La spire*
est peu élevée
mais la suture*
est profonde.
L’ouverture, légèrement plus large à la base, montre deux
larges bandes brunes
espacées par deux bandes claires en relation avec les bandes spirales de la
face externe.
Un opercule* obstrue la coquille.
Le
périostracum* est jaune ou brun verdâtre, épais, opaque et strié
axialement, avec des rangées de touffes de cils disposées en spirales largement espacées sur le dernier tour, y compris sur l’épaulement (bord anguleux). Ce périostracum est plus mince, translucide et
lisse chez les subadultes.
De nombreux épibiontes*, ou bien le périostracum peuvent cacher la coloration de la coquille.
Le corps de l’animal est gris foncé à noir verdâtre ou noir. Le pied est large, tronqué à l'extrémité postérieure, avec des stries plus claires et des taches sur le dessus. Le siphon est marbré de blanc ou de couleur unie. L'extrémité du siphon est noir uni.
La coquille du cône soldat est facile à distinguer de celle des autres espèces de cônes grâce aux fines rayures ondulantes sur fond clair qui décorent la coquille. Conus capitaneus, dont la coquille est de même forme que celle de C. miles, ne présente pas ces lignes ondulantes.
Conus vexillum diffère par une coquille plus claire, une sculpture spirale plus prononcée sur la suture du dernier tour et sa spire est fortement maculée sans fines lignes radiales. Les bandes colorées spirales sur le dernier tour sont souvent plus étroites et leurs bords sont irréguliers voire interrompus. Elles sont parfois obscurcies ou absentes.
Conus miles est un cône vermivore qui se nourrit exclusivement d'annélides polychètes. A Hawaii, il se nourrit principalement de Lysidice collaris Grube, 1870, annélide polychète de la famille des Eunicidés. L'animal localise sa proie grâce aux chimiorécepteurs très sensibles du siphon dans lequel l'eau environnante circule.
Les cônes ont des sexes séparés. Les mâles possèdent un pénis sur le côté droit en arrière du tentacule* oculaire. Après l'accouplement, les femelles pondent sous les blocs coralliens des œufs protégés dans des capsules ovigères*. Ces capsules, en forme de vasque, sont fines et aplaties et mesurent 9,5 x 6 mm. Elles sont regroupées à leur base et disposées en rangées parallèles. L'éclosion des œufs donne naissance à des larves* planctoniques* qui se métamorphosent en quelques jours et se posent ensuite sur le fond.
Conus miles est souvent rencontré avec Conus vexillum sans qu'aucune relation d'association n'ait été observée.
La plupart des cônes
peuvent être consommés par des poissons, des astéries, des crabes et des
poulpes.
Des bactéries
symbiotiques du genre Pseudoalteromonas
sont en symbiose avec Conus miles. Ces bactéries ont été étudiées
en Indonésie et pourraient être à l’origine de nouveaux
antibiotiques.
De nombreux épibiontes peuvent couvrir la coquille.
Conus miles est un cône venimeux non mortel pour l’homme. Son appareil venimeux est composé de quatre organes principaux : la glande musculaire, le conduit à venin, le sac radulaire* et le complexe pharynx*-proboscis*.
Ainsi, pour attraper sa proie, le cône développe son entonnoir musculeux extensible aussi largement que possible ainsi que son proboscis* muni à son extrémité d'une dent radulaire* contenant le venin. Le proboscis enfonce la dent dans la proie qui y reste plantée. Le venin agit rapidement et la proie est immobilisée et paralysée. L’entonnoir musculeux extensible et la bouche se dilatent et la proie paralysée est engloutie puis digérée.
Si l’appareil venimeux est le même pour tous les cônes, la composition du venin et la forme de la dent radulaire sont spécifiques à chaque espèce. Les dents radulaires des espèces de cônes vermivores sont généralement plus petites, plus droites et possèdent moins de barbillons que celles des cônes piscivores qui sont de véritables harpons.
Lorsqu’un plongeur ou un pêcheur ramasse un coquillage vivant, l’animal se rétracte dans sa coquille. Il tente ensuite de se défendre en déployant sa trompe et son harpon venimeux. Il peut ainsi attaquer le plongeur qui le tient à la main ou qui l’a enfoui dans son maillot de bain. La fléchette empoisonnée peut traverser les vêtements légers.
Les venins des cônes contiennent des protéines actives, les conotoxines. Certaines d’entre elles ont été analysées et leur séquence ADN identifiée en particulier chez les cônes piscivores et malacophages* . Plusieurs substances issues des conotoxines ont trouvé des applications thérapeutiques, par exemple comme traitement des douleurs chroniques sévères, anticonvulsivant, anti-ischémique cérébral.
Des chercheurs ont analysé les conotoxines contenues dans le venin du cône soldat qui est vermivore. Ils ont identifié 5 nouvelles séquences ADN codant pour 5 conotoxines différentes. Cette découverte permet de montrer la grande diversité des conotoxines y compris chez les cônes vermivores. Les études sont en cours afin de mieux comprendre les relations entre la structure des toxines et leur fonction.
Cette espèce est largement distribuée dans tout l’Indo-Pacifique et très commune. On ne lui connaît pas de menaces particulières.
Cette espèce, ne subissant pas de menaces particulières, est classée par l'UICN dans la catégorie LC (pour Least Concern) ou préoccupation mineure.
Cône pour désigner une coquille en forme de cône.
Soldat car l’ornementation
de ce cône avec des stries bien marquées évoquerait les grades
militaires.
Conus : du latin [conus] = cône, allusion à la forme de la coquille. Nom de genre créé par Linné en 1758.
miles :
du latin [miles] = militaire, soldat
Numéro d'entrée WoRMS : 215479
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Conidae | Conidés | Coquille de taille moyenne à grande voire très grande, normalement 20-50mm jusqu'à 170 mm de haut, conique ou biconique avec une ouverture étroite et un canal siphonal court. Sculpture spirale habituellement développée, sculpture axiale absente ou sous la forme de tubercules sur l'épaulement. Sinus anal peu profond à modéré sous la suture. Opercule présent, petit à nucléus terminal. Bouchet & al.2011. |
Genre | Conus | ||
Espèce | miles |
Coquille du cône soldat
Ce cône est orné de fines stries axiales brunes ondulant sur un fond crème orné de taches marron clair. Une bande spirale brune ceinture la coquille, la base est brune.
Saint-Gilles, La Réunion, 3 m
2010
Vu à Mayotte
La coquille de ce spécimen a un fond très clair faisant ressortir la base ainsi que la bande spirale médiane foncées. L’ouverture est plus large à la base.
N'Gouja, Mayotte, 1 m
30/11/2016
Vue sur la spire
La spire du cône soldat est peu élevée.
Saint-Gilles, La Réunion, 3 m
2010
Rédacteur principal : Nadine SABOURIN
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvie HUET
Favreau P., Le Gall F., Molgo J., 1999, Le venin des cônes : source de nouveaux outils pour l'étude de récepteurs et canaux ioniques, Annales de l'Institut Pasteur, 10, 273-284.
Hasanah
N.F., Pringgenies D., Wulandar S.Y., 2012,
Karakterisari metabolit sekunder bakteri simbion gastropoda Conus
miles
degan metode GC-MS sebagai antibakteri MDR (Multi Drug Resistant),
Journal
of Marine Research,
1, 197-202.
James M.J., 1980,
Comparative morphology of radular teeth in Conus
: observations with scanning electron microscopy, Journal
of Molluscan Studies, 46, 116-128.
Kohn
A.J., 1959, The ecology of Conus
in Hawaii, Ecological Monographs,
29, 47-90.
Le Gall F., Favreau P., Benoit E., Richard G., Molgo J., 1999, Les venins de cônes, sources de toxines qui interagissent avec les canaux sodium dépendant du potentiel de membrane, Journal de la Société de Biologie, 193, 481-493.
Le Gall F., Favreau P., Richard G., Benoit
E., Letourneux Y., Molgo J., 1999, Biodiversity
of the genus Conus (Flemin, 1822) : a rich source of bioactive
peptides, The
Belgian Journal of Zoology ,129,
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Luo S., Zhangsun D., Feng J., Wu Y., Zhu X., Hu Y., 2007, Diversity of the 0-superfamily conotoxins from Conus miles, Journal of Peptide Science, 13, 44-53.
Peile A.J., 1939, Radula notes VIII, Proceedings of the malacological society of London 23, 348-355.
La page de Conus miles dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN