Marge jaune autour des siphons
Aspect d'un sac à deux ouvertures (siphons inhalant et exhalant) de grande taille
Couleur jaune translucide
Siphon inhalant comportant 8 lobes, siphon exhalant comportant 6 lobes
Forte contractilité
Papille terminale du canal génital blanche ou orange toujours coiffée de blanc
Cione, ascidie jaune
Yellow sea-squirt, tube sea-squirt, sea vase, Cione british type ou species B (GB), Ascidia amarilla, buddell (E), Gelbe Seescheide, gemeine Seescheide, Schlauch-Ascidie, Schlauch-Seescheide (D), Doorzichtige zakpijp, doorschijnende zakpijp (NL)
Ciona sociabilis (Gunnerus, 1765)
Tethyum sociabile Gunnerus, 1765
Ascidia intestinalis Linnaeus, 1767
Phallusia intestinalis (Linnaeus, 1767)
Ascidia canina Müller, 1776
Ascidia corrugata Müller, 1776
Ciona canina (Müller, 1776)
Ascidia virens Fabricius, 1779
Ascidia viridiscens Brugiere, 1792
Ascidia membranosa Renier, 1807
Ascidia virescens Pennant, 1812
Ascidia diaphanea Quoy & Gaimard, 1834
Ciona diaphanea (Quoy & Gaimard, 1834)
Ascidia ocellata Agassiz, 1850
Ciona ocellata (Agassiz, 1850)
Ascidia tenella Stimpson, 1852
Ciona tenella (Stimpson, 1852)
Ascidia pulchella Alder, 1863
Ciona pulchella (Alder, 1863)
Ciona intestinalis species B
Mer du Nord, Manche, (Méditerranée ?) et toutes les zones tempérées de l'hémisphère nord et progressivement de l'hémisphère sud
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestCette espèce est présente sur toutes les côtes européennes, sauf peut-être en Méditerranée. D'origine nord-atlantique, elle s'est largement répandue à travers l'hémisphère nord tempéré et est en train de s'étendre dans l'hémisphère sud. Elle est également présente en Atlantique Nord-Ouest en particulier dans la province maritime canadienne de la Nouvelle-Ecosse. Elle a été décrite comme introduite en mer Jaune (Chine). Il n'y aurait qu'une seule zone clairement établie où cette espèce coexisterait (sympatrie*) avec Ciona robusta : la Manche occidentale et la Bretagne Sud du fait de son introduction récente au début du XXIème siècle. Une seconde zone pourrait exister en mer Jaune (Chine).
Sa présence en Méditerranée n'est pas confirmée à ce jour (type C, voir espèces ressemblantes).
On rencontre la Cione intestinale en milieu rocheux depuis la surface jusqu'à 500 à 1000 m de profondeur. Elle supporte les milieux pollués ou dessalés tels que les milieux portuaires où elle se fixe sur les pierres, les quais, la coque des navires, les bouées et les cordages. Elle peut être fixée sur des macroalgues ou des zostères. C. intestinalis est considérée comme une espèce des eaux tempérées froides supportant une température variant de -1 °C à 20 °C. Elle est considérée comme une espèce euryhaline*, tolérant des variations de salinité allant de 11 à 33 pour mille.
La cione intestinale est une ascidie solitaire de grande taille, qui peut former des populations denses. Elle a l'aspect d'un sac à deux ouvertures qui peut atteindre une dizaine de centimètres de hauteur (taille maximale : 20 cm). Elle est de section presque cylindrique. Son corps lisse et gélatineux est fortement contractile. La couleur est blanchâtre à jaune verdâtre plus ou moins translucide. Le siphon inhalant* situé au sommet présente 8 lobes, alors que le siphon exhalant*, proche, latéral et plus court, n'a que 6 lobes. Chaque siphon est bordé par une marge jaune et est orné de points jaunes ou rougeâtres (8 pour l'inhalant et 6 pour l'exhalant).
Le corps peut, quelquefois, être rayé de rouge et montre souvent par transparence cinq bandes musculaires longitudinales sous la tunique. De même, l'anse intestinale est souvent aperçue par transparence, d'où le nom de cette ascidie. Les gonades et les testicules sont aussi parfois visibles au pied du tube. Le gonoducte* et le spermiducte* accolés forment un long fil blanc à orange pâle sur les 3/4 de la longueur. Ils se terminent par une papille coiffée de blanc.
De courts rhizoïdes* fixent cette ascidie au substrat*.
Auparavant Ciona intestinalis formait un complexe d'espèces dans lequel on distinguait d'abord un type A (Pacific type) et un type B (British type), puis un type C à Banyuls-sur-mer et enfin un type D en mer Noire. La distinction de ces différents types s'est faite à partir de l'analyse de l'A.D.N. (acide désoxyribonucléique, support de l'information génétique). Ciona robusta (type A) a été nettement séparée de C. intestinalis (type B) en 2015 (les tubercules sur la tunique de C. robusta constituent un caractère décisif). Les types C et D n'ont pas encore été décrits.
Une confusion est possible avec 2 espèces proches. Seule une dissection de l'animal peut garantir une bonne identification :
- Ciona edwardsi Roule, 1884, de couleur jaune est souvent solitaire. On la trouve sur toutes les côtes européennes à des profondeurs supérieures à 5 m.
- Ciona roulei Lahille, 1887, de couleur rouge (plus particulièrement au niveau des siphons) fréquente la Méditerranée.
C. robusta, C. edwardsi, C. intestinalis type C ont toutes été observées ou décrites dans la zone nord-ouest du bassin méditerranéen.
C. intestinalis (type B)(Atlantique NE) et C. roulei (exclusivement dans le bassin méditerranéen nord-ouest) sont très proches génétiquement.
La cione est un filtreur* actif interne. L'eau est aspirée par le siphon inhalant ou siphon buccal. Elle est filtrée dans un pharynx* branchial* criblé de petites fentes et passe par une vaste cavité péribranchiale appelée atrium* avant de ressortir par le siphon exhalant ou siphon cloacal*. Sur la face médio-ventrale du pharynx* on trouve une gouttière ciliée et glandulaire, l'endostyle*, tandis que la face médio-dorsale porte une rangée saillante de languettes ciliées, le raphé. Les sécrétions muqueuses de l'endostyle engluent les particules alimentaires que l'eau amène dans le pharynx. Ces dernières s'accumulent dans le raphé dorsal et sont entraînées par les battements ciliaires jusqu'à l'estomac. Les déchets sont évacués par l'anus situé dans le siphon cloacal.
Elle se nourrit de phytoplancton*, de bactéries et de matière organique en suspension.
La cione est une hermaphrodite* ovipare* (hermaphrodite simultanée avec une légère protandrie*, des gènes d'incompatibilité empêchent l'autofécondation). La reproduction peut avoir lieu toute l'année. La fécondation est externe et a lieu dans la colonne d'eau. Ovaires et testicules débouchent dans le cloaque. La reproduction sexuée de cette espèce ovipare produit un stade larvaire* libre appelé têtard qui comprend une région antérieure élargie ou corps à laquelle fait suite une longue queue aplatie transversalement. Elle est entourée par une tunique dépourvue d'éléments cellulaires et constituée de cellulose. La queue est soutenue par une corde dorsale. Le tube nerveux caudal se prolonge dans le corps et s'y dilate en une vésicule cérébrale. La vie libre de la larve est de courte durée (deux à trois jours en Grande Bretagne) Quelques heures après son éclosion, la larve tombe sur un support auquel elle se fixe par des papilles adhésives de son extrémité antérieure. Elle subit alors une métamorphose régressive au cours de laquelle la queue et la vésicule cérébrale disparaissent. Son développement rapide explique que cette espèce peut former des populations très denses en quelques mois (de 1000 individus au m² en Irlande à 4000/m² en Atlantique Nord-Ouest).
La durée du cycle de vie est courte (estimée entre 3 mois et 2 ans en fonction de la température du milieu pour Ciona intestinalis). En Bretagne il y a deux générations annuelles, celle du printemps est plus abondante.
Les larves de Ciona intestinalis sont différentes de celles de C. robusta.
Les tuniques des ciones peuvent être plus ou moins recouvertes d'autres ascidies encroûtantes comme les botrylles et les botrylloïdes.
Espèce commune. Bien que solitaire, cette espèce peut parfois constituer des populations très denses.
Espèce parfois utilisée en tant qu'appât de pêche. Espèce faisant partie des salissures marines (biofouling*).
L'accumulation des déjections de cette espèce dans les zones densément recouvertes participe à l'envasement des zones situées en dessous.
Elle est consommée par des poissons et des crabes.
Cette ascidie était un modèle d'étude très utilisé en biologie moléculaire fondamentale et surtout en biologie du développement des cordés. En fait c'est Ciona robusta qui a fait l'objet de ces études, d'où la nécessité de distinguer précisément ces deux espèces par l'étude de l'information génétique (A.D.N. ou acide désoxyribonucléique).
Cione intestinale est la traduction directe de Ciona intestinalis.
Ascidie jaune en référence à la couleur de la tunique et à la marge jaune qui borde les siphons inhalant et exhalant.
Ciona : du grec [kion] = colonne, pilier, les ciones sont, en général, dressées perpendiculairement par rapport au substrat.
intestinalis : du latin [intestinalis] : en rapport avec le fait que la tunique translucide laisse apparaître l'anse intestinale.
Numéro d'entrée WoRMS : 103732
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Phlebobranchia | Phlébobranches | Le sac branchial* a des sinus longitudinaux qui portent ou non des papilles internes mais qui ne sont jamais plissés. Ascidies essentiellement solitaires. Gonades* situées sur l’anse du tube digestif ou à proximité. |
Famille | Cionidae | Cionidés | Manteau gélatineux et fin. Cœur en forme de « V ». Un seul genre (Ciona) et 5 espèces en Europe. |
Genre | Ciona | ||
Espèce | intestinalis |
Grande et longue ascidie jaunâtre
Gros plan sur les siphons à marge jaune de Ciona intestinalis. Le siphon inhalant présente 8 lobes et 8 petits points rougeâtres et le siphon exhalant, plus court et juste à côté, 6 lobes et 6 petits points rougeâtres. Les bandes musculaires longitudinales sont visibles à droite ainsi que la papille terminale du conduit génital orange coiffé de blanc (visible par transparence entre les deux siphons).
Dunkerque, sir de la Forme 4, 4 m
15/05/2015
Une ascidie caractéristique
La cione intestinale est une ascidie aisément identifiable à ses longs siphons transparents bordés de jaune.
Rade de Brest (29), 5 m
08/2008
En milieu portuaire
Ascidies solitaires et population souvent dense. Observez la marge jaune qui borde les siphons inhalant et exhalant.
Le Havre (76), 6 m
05/2005
Gonoducte et spermiducte caractéristiques
Chez Ciona intestinalis la papille terminale du spermiducte* est incolore (blanche) et l'extrémité du gonopore* (situé juste au dessous) est le plus souvent orange ou parfois incolore alors que chez Ciona robusta la papille terminale du spermiducte est rouge et le gonopore par lequel sont expulsés les ovocytes est incolore.
La papille est ici observée par dessus à travers la lumière du siphon cloacal.
Trébeurden, Bretagne, ponton port de plaisance
01/01/2015
Pharynx rayé de jaune
Coloration inhabituelle. Notez aussi que la marge des siphons est ponctuée de jaune.
Forme 4, port de Dunkerque (59)
2000
Population portuaire dense
Au pied de ce mur de ciones s'accumule une grosse quantité de fèces.
Noter le syngnathe perdu dans cette forêt de grandes ascidies solitaires.
Forme 4, Port de Dunkerque (59), 8 m
29/07/2015
Accumulation de féces
Au pied d'un mur de palplanches colonisées par Ciona intestinalis. Les fèces* en forme de petits tubes fendus sont relativement solides.
Forme 4, Dunkerque (59)
2000
Cione ensablée
Noter la papille génitale rouge orangé coiffée de blanc à travers le siphon cloacal.
Le Prieure, Dinard (35), 16 m
12/09/2012
Couleur de fond variable
La couleur de la cione intestinale peut varier du grisâtre au jaunâtre ou à l'orangé.
Le liseré jaune bordant les siphons peut être continu, discontinu ou quasiment absent.
Sous les ciones, noter les deux ascidies sales Ascidiella aspersa.
Oesterdam, Zélande (Pays-Bas), 12 m
13/11/2011
Individu jaune
Noter le conduit génital orange pâle.
Grevelinge (Pays-Bas), 6 m
14/08/1994
Communauté d'ascidies
A côté des ciones bien dodues, plusieurs autres espèces d'ascidies cohabitent dont des Botrylloides spp. et Ascidiella scabra.
Frans Kok Reef, Dreischor (Pays-Bas), 10 m
15/08/2014
Individu transparent
Ascidie solitaire. Autre aspect à reflet orangé de la cione intestinale.
Le Havre (76), 6 m
05/2005
Ciona intestinalis à 3 siphons
Notez la présence de deux siphons cloacaux. Cette anomalie, sans être exptionnelle chez les ascidies solitaires, reste rare.
Bassin Port du Havre, 7 m
27/03/2022
Individus juvéniles
Les masses orange au pied des tubes sont les gonades. Le sac branchial (ou pharynx) et ses nombreux sinus transverses est bien visible.
Dunkerque (59), 6 m
06/2000
Tunique plus épaisse, Ciona robusta ?
Cet individu cerné de marguerites de mer (Actinothoe sphyrodeta) présente une tunique plus épaisse que d'ordinaire. Les détails sont insuffisants pour indiquer à coup sûr Ciona robusta.
Les amats du Cap, Saint-Cast-le-Guildo (22), 12 m
22/08/2010
Dessins anatomiques (jeune & adulte)
Notez les cinq bandes musculaires longitudinales et les différents organes sous la tunique (voir légendes).
Dessins présentés dans GRASSÉ P. Tome XI, Page 574, fig. 20 & 21, d'après diverses auteurs
Reproduction de documents anciens
1948
Rédacteur principal : Patrick SCAPS
Rédacteur : Yves MÜLLER
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable historique : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Bouchemousse S., 2015, Dynamique éco-évolutive de deux ascidies congénériques et interfertiles, l'une indigène et l'autre introduite, dans leur zone de sympatrie. Biodiversité. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, 263 p.
Brunetti R., Gissi C., Pennati R., Caicci F., Gasparini F., Manni L., 2015, Morphological evidence that the molecularly determined Ciona intestinalis type A and type B are different species: Ciona robusta and Ciona intestinalis, Journal of Zoological Systematics and Evolutionary Research,1-8.
Hoshino Z., Tokioka T., 1967, An unusually robust Ciona from the northeastern coast of Honsyu island, Japan, Publications of the Seto Marine Biological Laboratory, 15, 275-290.
Sato A., Satoh N., Bishop J.D.D, 2012, Field identification of "types" A and B of the ascidian Ciona intestinalis in a region of sympatry, Marine Biology, 159, 1611-1619.
La page de Ciona intestinalis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN