Cténophore en forme de cylindre légèrement aplati
Section longitudinale ovale
Longueur de 16 cm maximum
8 rangées équidistantes de peignes ciliés locomoteurs
Tissus transparents, bleus parfois roses
Réseau de petits canaux endodermiques sinueux et anastomosés
Beroe, comb jelly beroe (GB), Beroe ovata (I)
Idyiopsis affinis L. Agassiz, 1860
Beroe clarkii (Agassiz, 1860)
Idya mertensii Mertens, 1833
Beroe capensis Chamisso & Eysenhardt, 1821
Beroe punctata Chamisso & Eysenhardt, 1821
Beroe shakespeari Benham, 1907
Méditerranée et Atlantique Sud, Atlantique Nord Ouest, peut-être cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestOn trouvera Beroe ovata des deux côtés de l'Océan Atlantique Sud, des côtes brésiliennes aux côtes africaines. Cette espèce est également bien présente dans l'ensemble du bassin méditerranéen, y compris dans les mers annexes de l'Europe orientale (mer Noire, mer Egée, mer d'Azov, mer Caspienne) où elle a été introduite. Comme bon nombre d'organismes pélagiques*, cette espèce est supposée cosmopolite, mais ce n'est pas prouvé. En Atlantique Nord-Ouest elle est présente au Nouveau Brunswick à la Baie de Chesapeake aux États Unis.
Le béroé ovale fait partie du plancton*. On le trouvera essentiellement en pleine eau, jusqu'à 100 mètres de profondeur. Cette espèce affectionne plutôt les eaux tempérées à chaudes.
Le béroé ovale est un cténaire qui peut mesurer jusqu'à 16 centimètres de long. Sa forme est celle d'un cylindre creux légèrement aplati ouvert à une extrémité, souvent plus large dans sa zone médiane, lui conférant ainsi une forme ovale. A l'extrémité la plus large s'ouvre la bouche, terminale. En période de chasse, bouche béante, le corps du béroé peut se déformer et avoir la forme d'une mitre ou d'un parapluie ! A l'extrémité opposée, fermée, on observe une structure en 8 aplati, le statocyste, a double rôle sensoriel et d'équilibration. De la base de ce statocyste rayonnent huit rangées équidistantes de peignes ciliés à rôle locomoteur, disposées comme des méridiens le long du cylindre. Traversés par la lumière, ces peignes réfléchissent la lumière en une multitude de reflets multicolores caractéristiques. Les béroés sont dépourvus de tentacules adhésifs.
L'animal est bleuté, parfois rose. Son épaisseur est parcourue par un réseau de petits canaux sinueux et anastomosés clairement visibles par transparence. Ce sont des diverticules de la cavité digestive.
Les béroés étant fortement déformables, notamment en période de chasse, et les limites de leurs aires de répartition respectives peu connues, il est souvent peu aisé d'en distinguer les différentes espèces. Cependant, quelques critères permettent d'y voir plus clair :
En Méditerranée, on pourra confondre Beroe ovata avec Beroe gracilis, le béroé gracile. Ce dernier, comme son nom l'indique, est plus allongé, plus fin. Il est aussi plus petit (10 cm maximum).
Beroe cucumis (Fabricius, 1780) affectionne plutôt les eaux tempérées à froides. Cette espèce abonde aux pôles, même si elle est supposée cosmopolite. Ce béroé a la forme d'une poire : sphérique près du statocyste, plus effilé vers la bouche, et son endoderme est très souvent teinté de rose.
Beroe forskalii (Milne Edwards, 1841) ressemble aussi au béroé ovale, mais il a toujours une forme pointue (la pointe se situe au niveau du statocyste) et sa taille peut atteindre 20 cm.
Idem pour Beroe mitrata (Moser, 1908), mais qui est plus profond.
Le béroé ovale est un prédateur avide très actif qui a un régime carnivore. Ce régime se compose quasi exclusivement d'autres cténophores, essentiellement les groseilles de mer (Hormiphora plumosa et Pleurobrachia pileus). Il fonce littéralement sur sa victime et sa bouche béante lui permet d'engloutir plusieurs petites proies en même temps et même parfois une proie plus grande que lui (Mnemiopsis leidyi, Bolinopsis infundibulum et Bolinopsis vitrea) ! Cette bouche est bordée de cellules particulières dont le cytosquelette érige de très nombreuses baguettes rigides, qui permettent à l'animal de "croquer" ses proies. La digestion se fait au sein de la cavité gastrique, et les restes non digérés sont rejetés par la bouche.
Les Béroides sont hermaphrodites*. Les gonades sont situées sous les rangées de peigne. Les gamètes* sont émis dans l’eau et la fécondation est externe. La larve* n’est pas de type cydippide, contrairement à celle de tous les autres cténaires. Elle passe par une série de transformations avant de ressembler à un adulte en miniature.
Les oeufs de Beroe ovata ont une grande taille (1 mm), sont totalement transparents, et constituent de ce fait un modèle de choix pour l'étude du développement embryonnaire des béroïdes.
Des petits crustacés squatters peuvent s'immiscer entre les rangées de peigne.
En l'absence de nourriture, Beroe ovata est capable de réduire sa taille en s'autodigérant !
Contrairement à la grande majorité des cténophores, délicats et qui se brisent à la moindre manipulation, le béroé ovale est à même de régénérer ses tissus endommagés en cas de blessure.
Les béroés abondent en général à la fin du printemps (mai juin).
Beroe ovata a été introduit en mer Noire, en mer d'Azov et en mer Caspienne pour tenter d'enrayer l'invasion de Mnemiopsis leidyi (Voir la fiche). Cette introduction a été très positive et le nombre de Mnemiopsis a fortement diminué.
Observer ces organismes nager au moyen d'un phare est un spectacle féérique, qui a inspiré au réalisateur James Cameron certaines des créatures du film Abyss.
Cette espèce ne possède pas de nom vernaculaire dans la littérature naturaliste, si ce n'est béroé... Pour la différencier de Beroe gracilis, le béroé gracile, nous avons choisi de lui adjoindre la qualificatif ovale, qui est la traduction littérale de ovata.
Beroe : Dans la mythologie grecque, Beroe était la vieille nourrice de Sémélé. De nombreux macroorganismes planctoniques (cténophores, mais aussi méduses, thaliacés...) portent un nom scientifique qui fait référence à un personnage mythologique.
ovata : du latin [ovum] = oeuf, en référence à la forme ovale de cet animal.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Ctenophora | Cténophores / Cténaires | Organismes carnivores planctoniques (parfois benthiques) transparents à symétrie biradiaire se déplaçant grâce à huit rangées de peignes ciliés et munis le plus souvent de tentacules armés de cellules adhésives particulières, les colloblastes. |
Classe | Nuda | Nudicténides / Nus | Cténophores dépourvus de tentacules. |
Ordre | Beroida | Béroïdes | Cténophores en forme de mître ou de melon, sans tentacules, capables d'engloutir de grandes proies. Unique ordre de nudicténides. |
Famille | Beroidae | Béroïdés | |
Genre | Beroe | ||
Espèce | ovata |
Béroé ovale
Voici Beroe ovata, un béroé de forme ovale, qui peut atteindre 16 cm de long. Observez les rangées de peigne équidistantes, la couleur bleue de l'animal, ainsi que le réseau de canaux endodermiques sinueux et anastomosés.
Antibes (06), 5 m, de nuit
08/04/2008
Statocyste
Au pôle aboral, opposé à la bouche, on observe une structure en 8 aplati, c'est le statocyste. Il permet à l'animal de contrôler sa trajectoire (équilibration) et de réagir à une variation de luminosité. De ce statocyste rayonnent les 8 rangées de peignes.
La Sèche des Sarraniers, Porquerolles (83), 4 m
21/04/2006
Une bouche déformable
Vue de la bouche, extrêmement déformable, ici rentrée vers l'intérieur.
Cagnes sur mer (06), 2 m
05/02/2005
Un prédateur avide
Les béroés sont d'avides prédateurs, capables d'engloutir de nombreuses petites proies, et même des proies bien plus volumineuses qu'eux !
On aperçoit ici par transparence, en blanc, le fruit de sa dernière capture...
Le Rubis, Cavalaire (83), 6 m
22/04/2006
De nuit
C'est la nuit, à la lueur d'un phare de plongée, que s'offre au plongeur le spectacle lumineux produit par la superposition des peignes ciliés !
Antibes (06), 3 m, de nuit
08/04/2008
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Hernandez-Nicaise M-L. & Franc J-M., 1994, Embranchement des Cténaires. In : TRAITE DE ZOOLOGIE, P.P. Grassé, ed. 943-1075.