Petit oursin (7 mm) de couleur foncée
Piquants aplatis et uniquement ventraux
Test écrasé
Cryptique, rare
Méditerranée occidentale, Afrique de l'ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce est rencontrée, de façon sporadique, depuis les côtes ouest atlantiques africaines (Congo, Gabon, Angola, Mauritanie, Maroc, Madère, Açores) jusque sur les côtes du bassin occidental de la mer Méditerranée (Algérie, Tunisie, Malte, Italie de l'ouest, île d'Elbe, Sicile, Sardaigne, Corse, Côte d'Azur, Marseille, côtes Catalanes, sud-est de l'Espagne, Baléares).
Cet oursin côtier est présent sporadiquement sur le plateau continental entre 0 et 70 mètres de profondeur, sur des fonds sédimentaires et coralligènes.
Bien que les observations indiquent un habitat en rapport avec les peuplements d'algues photophiles, Arbaciella elegans a des habitudes plutôt sciaphiles. Effectivement, son mode de vie est essentiellement cryptique (caché).
Le corps de cet oursin est très petit, son diamètre atteint au maximum 7,5 mm et la maturité est atteinte dès la taille de 4,5 mm. Sa couleur est foncée, noirâtre.
Les piquants primaires sont limités à la face inférieure (orale), ils sont peu nombreux, gros, courts et clairement aplatis. Leur extrémité est adoucie. La face aborale est aussi recouverte de piquants, mais ils sont très courts, petits et, bien que massifs, il est difficile de les observer. Il s'agit des piquants secondaires qui sont présents sur l'ensemble du test.
Le système apical présente quatre plaques clairement visibles et symétriques, semblables à celles de l'oursin noir Arbacia lixula qui appartient à la même famille.
Le test nettement aplati montre des tubercules primaires de grande taille limités à la face inférieure (orale). Ces gros tubercules sont de taille identique dans les zones ambulacraires et inter-ambulacraires.
(!) Une étude récente (Kroh et al., 2011) incite à penser que tous les Arbaciella elegans de Méditerranée seraient des juvéniles de Abacia lixula. Des études complémentaires sont en cours, voir "Information complémentaires" en bas de fiche.
Arbacia lixula, l'oursin noir est bien plus gros et possède de fins et longs piquants sur tout le corps. Par contre, les jeunes individus sont plus clairs (brunâtres), clairement aplatis et partiellement dépourvus de piquants au sommet, ce qui les fait plus ressembler à Arbaciella elegans, mais les piquants restent cylindriques (voir la photo d'un juvénile sur la fiche de Arbacia lixula).
Espèce herbivore qui se nourrit d'algues et de posidonies.
Les larves pélagiques ont une vie relativement longue (quelques semaines), ceci favorise la dispersion de l'espèce le long des côtes au gré des courants dominants.
Cette espèce se trouve associée avec Arbacia lixula et Paracentrotus lividus.
Dans le détroit de Messine (Sicile), il est très souvent retrouvé sur les grandes nacres Pinna nobilis et, plus profondément, sur Pinna pernula de 40 à 70 m (Giacobbe & Leonardi, 1987).
La position systématique de ce petit oursin noir n'a été clarifiée que relativement récemment (Regis, 1982).
La confusion avec de jeunes Arbacia lixula (oursin noir ou oursin mâle), la petite taille de cet oursin et le mode de vie, essentiellement caché, font que les individus sont très difficiles à trouver. Il est, ainsi, sans doute plus commun qu'il n'y paraît.
Les premiers spécimens récoltés l'ont été en Algérie dans les années 50 (Gautier-Michaz, 1955), dans le détroit tuniso-sicilien (Pérès et Picard, 1956) et à Majorque aux Baléares (Gautier-Michaz, 1958). Les premières signalisations sur les côtes françaises ont été faites dans le golfe de Marseille (Regis, 1982) et en Corse (Merella P., Porcheddu A., Solinas P.L., 1994). Cette dernière signalisation est donc, à tort, considérée comme la première sur les côtes françaises.
Nos observations de plongeurs indiquent sa présence sur la Côte d'Azur et à Marseille (voir photos).
Information 2011 : Tous les Arbaciella elegans de Méditerranée seraient des juvéniles de Abacia lixula ?
Voici le résumé de la situation fait par Nadia Améziane, spécialiste des échinodermes, sur le forum (n° 9052) :
" Il est toujours très difficile de faire la part des choses avec des individus juvéniles car les échinodermes se caractérisent par une importante plasticité morphologique et ce, surtout au cours de l'ontogenèse. Il s’agit bien d’une forme juvénile (photo du post 9052), et du coup l’attribution devient taxonomique plus difficile. Il existe un papier de Salas et Hergueta de 1994 qui décrit les stades précoces d’Arbaciella elegans ainsi que l’écologie de ces juvéniles et qui montre que différentes phases de développement sont mises en évidences grâce à la taille du test et la morphologie des piquants. Le papier de Kroh et al. , 2011, quant à lui, montre que pour Arbacia lixula il existe une différenciation des piquants depuis des formes type A. elegans à des formes A. lixula. Les auteurs émettent deux hypothèses soit tous les Arbaciella elegans de Méditerranée sont des juvéniles d’Arbacia lixula (ce que semble démontrer les premières données moléculaires couplée à l’analyse de la plasticité morphologique), soit le genre Arbaciella est valide et alors son extension géographique serait plus large que celle initialement définie (Méditerranée). La première hypothèse a actuellement la préférence mais pour trancher une étude plus poussée est nécessaire. "
Arbaciella : sans doute du latin [arbos] = arbre et par extension lance, javeline et de [-ella] = petit. Donc en rapport avec les petits piquants (radioles) de cet oursin.
elegans : du latin [elegans] = élégant, fin.
Numéro d'entrée WoRMS : 124250
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Sous-classe | Euechinoidea | Euéchinides | Oursins plus ou moins sphériques, dits "oursins réguliers". Plaques ambulacraires composées. Bouche ventrale et anus dorsal. |
Super ordre | Echinacea | Echinacés | 10 plaques péristomiales |
Ordre | Arbacioida | Arbacioïdes | Oursins possédant des tubercules primaires peu développés, non perforés et non crénelés. Occasionnellement, la surface du test présente des structures semblables à des tubercules sans pour autant supporter des radioles. |
Famille | Arbaciidae | Arbaciidés | Périprocte avec 4 plaques anales. Deux espèces en Méditerranée. |
Genre | Arbaciella | ||
Espèce | elegans |
Petit oursin sombre et au test écrasé
Cet individu de quelques mm ressemble à un oursin "crayon" juvénile.
Agay (83), 4 m
27/12/2010
Piquants aplatis et latéraux
Il est difficile de trouver en plongée ce tout petit oursin foncé, mais ces piquants larges, courts, clairement aplatis et présents uniquement en périphérie du corps lui sont caractéristiques et uniques en Méditerranée.
Cap d'Antibes (06), 7 m, de nuit
21/02/2008
Tout petit dans le coralligène
Il s'agit du même oursin que celui de la photo précédente, sa taille, piquants compris, atteint un bon centimètre !
Cap d'Antibes (06), 7 m, de nuit
21/02/2008
Face aborale sans grands piquants
La couleur de ce représentant marseillais est verdâtre foncé. L'absence de grands piquants primaires sur la face supérieure est bien visible ici.
On distingue aussi les 4 plaques au sommet du périprocte (anus apical).
Pierre percée, Marseille (13), 5 m
25/11/2006
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Michel PEAN
Giacobbe S. & Rinelli P., 1991, Echological notes on Arbaciella elegans (Mortensen) from populations of Pinna in the Straits of Messina, in Echinoderm research 1991, (Scalera-Liaci L. & Canicatti C. eds), Balkema, Rotterdam, pp 185-187.
Merella P., Porcheddu A., Solinas P.L., 1994, Première signalisation sur les côtes françaises et contribution à la connaissance de l'écologie de Arbaciella elegans Mortensen, 1910 (Echinoidea, Arbaciidae), Travaux scientifiques du Parc naturel régional et des réserves naturelles de Corse, n° 46, pp. 93-102
La page sur Arbaciella elegans sur le site : The Natural History Museum, London
La page d'Arbaciella elegans dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN