10 bras fragiles à l’aspect plumeux
Petit corps central en forme de cône
Moins de 20 petits cirres
Accroché au fond par des cirres
Antedon, crinoïde, encrine, danseuse de mer, étoile plumeuse, plume de mer
Feather star, rosy feather star (GB), Giglio di mare (I), Comátula comun, antedon (E), Haarstern (D), Haarster (NL)
Asterias bifida Pennant, 1777
Antedon gorgonia De Freminville, 1811
Antedon duebeni Böhlsche, 1866
Antedon maroccana A.H. Clark, 1910
Atlantique Nord (Est et Ouest), Méditerranée Sud-Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestEn France A. bifida est présent du golfe de Gascogne à la Manche et à la mer du Nord.
Plus généralement :
- dans l’Atlantique Nord-Est : du Portugal jusqu’au Açores à la mer du Nord jusqu’au îles Shetland.
- dans l’Atlantique Nord-Ouest : du cercle polaire à Long Island.
En Méditerranée : uniquement dans le sud de la partie occidentale (Algérie, Nord Tunisie, et au sud de la Sicile et de la Sardaigne).
A. bifida est rencontré dès les premiers mètres jusqu’à des profondeurs de 450 m, mais il est abondant principalement de 15 à 40 m. Cette espèce est exceptionnellement découverte en bas de l’estran lors des grandes marées. C’est un animal benthique (sur le fond), sédentaire (ne se déplace pas beaucoup), qui vit sur des substrats durs ou sur les fonds sableux et à l'abri de la lumière. Libre (non fixé), grégaire (vit en groupe sans être social), il se rencontre en petits peuplements plus ou moins denses.
Les milieux riches en particules et parcourus par un courant faible à modéré font partie des biotopes de cette espèce. Ainsi, sur certains sites, les comatules communes sont très abondantes et tapissent littéralement le fond d’une toison mouvante et colorée à dominante colorée vive (régions de Camaret et de Roscoff en Bretagne) alors qu’elles sont rares en de nombreux autres endroits du littoral.
Les antédons craignent la lumière, ils sont plutôt cachés à l’ombre pendant la journée, et sur des promontoires exposés au courant la nuit. Antedon bifida est souvent accroché sur d’autres animaux comme les bryozoaires, les bivalves, les ascidies, les hydraires… (épifaune) ou sur des algues (épiphyte).
Les comatules évoquent un minuscule buisson aux couleurs vives. Le corps est réduit à un petit cône central calcifié en forme de cupule de 10mm de diamètre (le calice*) peu visible. Autour de la bouche et de l’anus, situés tous les deux vers le haut du calice, part une dizaine (de 8 à 13, le plus souvent 10) de bras fragiles, articulés, striés, formés d’une vingtaine de « vertèbres » (les articles*). L'aspect plumeux de ces bras est dû à la présence de 60 paires de petites ramifications latérales (les pinnules*).
Du disque central part également, mais vers le bas, une série d’appendices segmentés et articulés courts et trapus de moins de 25 mm (les cirres* au nombre de 15-18 le plus souvent et moins de 20). Le nombre de segments par cirre, chez Antedon bifida, est inférieur à 18 (12-16 segments). Ces crampons permettent de maintenir fermement accroché au substrat l’animal.
Chez les comatules, la face du corps dirigée vers le substrat correspond à la face dorsale (ou face aborale) de l'animal, et la face d’où partent les bras plumeux correspond à la face ventrale (ou face orale) de cet échinoderme. Situé sur cette face orale, l’anus est excentré et situé au sommet d’un cône pédonculé. Le diamètre hors tout est en moyenne de 10 cm, jusqu’à 15 cm maximum.
La couleur varie entre le rouge, le rose, le jaune et le brun. La teinte est parfois bicolore (bandes blanches ou taches rouges ou roses). Les cirres chez A. bifida sont plus clairs. Fixée dans son jeune âge, elle est libre à l'état adulte. La comatule est accrochée par ses cirres (repos diurne) mais peut se déplacer par reptation* sur ces mêmes cirres ou en s’aidant de ses bras. Elle peut se déplacer également (dans le cas d'une fuite par exemple) en nageant, vers le haut ou vers le bas, par des battements des bras. Lorsqu’elle nage, les cirres sont généralement placés vers le haut, entre les bras, chez cette espèce.
Antedon mediterranea est très semblable mais plus grand, moins touffu, et n'est rencontré en France métropolitaine que sur les côtes méditerranéennes où A. bifida est absent.
Antedon petasus (Duben & Koren, 1846) est très proche mais de plus grande taille. Cette espèce du nord de l’Europe est présente sur les côtes françaises (golfe de Gascogne, large de la Bretagne), le nombre de cirres de Antedon petasus est de l'ordre de 40 contre 20 pour Antedon bifida.
Certaines ophiures (ex : Ophiothrix fragilis très commune en mer du Nord ou Ophiocomina nigra commune en Bretagne), par leurs concentrations et leurs modes de nutrition (fins bras poilus dressés au dessus du substrat), peuvent ressembler à A. bifida, mais elles n’ont que 5 bras, pas de cirres ni de pinnules latérales.
Animal consommateur microphage omnivore qui capture par filtration avec ses bras (longs, ramifiés, pennés et mobiles) de minuscules proies en suspension (microorganismes planctoniques et particules organiques d'origine animale et végétale): on le qualifie de suspensivore. Des gouttières ciliées le long de chaque bras amènent les prises jusqu'à la bouche située au centre de la face orale, elle-même orientée à l’opposé du substrat. Les comatules se tiennent perpendiculairement au courant et sont surtout actives la nuit.
A. bifida est un animal gonochorique* (individus mâles et des individus femelles) mais il n’y a pas de différenciation externe visible entre les deux sexes. La fécondation est externe (libération des gamètes* mâles dans l’eau). Les œufs sont conservés à la base des pinnules, jusqu’à l’éclosion, par les individus femelles. Les larves* sont pélagiques* pendant quelques heures à quelques jours (entraînées en pleine eau par les courants) puis elles se fixent dans un premier temps (quelques mois), sur le substrat* par un pédoncule (stade « pentacrine » où l’animal mesure quelques mm), avant le passage à une vie libre où les comatules perdront ce pédoncule. Au stade fixé, les comatules ressemblent à des lys de mer, il s’agit d’un caractère ancestral du point de vue de l’évolution. La reproduction a lieu au printemps, de mai à juillet dans les eaux anglaises et bretonnes.
De nombreux parasites cohabitent sur les antédons. De tout petits crustacés (copépodes, isopodes) vivent sur les bras des comatules, ils arborent souvent une couleur identique à leur hôte, ce qui les rend difficilement visible pour le plongeur (mimétisme).
Des vers polychètes (Myzostoma sp.) sont également retrouvés sur le calice, autour de la bouche ou sur les bras. Ces vers, ronds, plats et de 4 mm de diamètre environ, parasitent quasi exclusivement les Crinoïdes (jusqu’à 100 individus retrouvés sur une comatule de grande taille).
Comme tous les échinodermes, la comatule présente une symétrie radiaire d’ordre 5, mais chacun des 5 bras naissant du disque central, se divise immédiatement en deux bras identiques, ainsi nous comptons 10 bras visibles.
La respiration se fait directement à travers la peau (respiration podiale).
Les bras fragiles, et donc souvent brisés, ont le pouvoir de se régénérer rapidement.
Contrairement aux autres échinodermes, la plaque madréporique* est absente, et de nombreux pores aquifères sont présents sur la face orale.
Les crinoïdes sont les descendants d’un groupe fossile très ancien.
(découvrez un petit texte à ce sujet dans la fiche Antedon mediterranea).
Antédon : nom scientifique francisé de la comatule.
Comatule : du latin [comatula], de [coma] = chevelure.
Encrine : du latin [encrinus], du grec [en-] = dans, et [krinon] = lys. Nom usuel des crinoïdes en général.
Crinoïdes : [Krinon] = lys, et [eides] = forme. En forme de lys.
Antedon : du grec [anthêdôn] = nèfle.
bifida signifie en latin fendu ou partagé en deux, séparés en deux parties. Ceci fait sans doute référence à la division de chacun des 5 bras primaires dès leur base, pour former 10 bras.
Numéro d'entrée WoRMS : 124201
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Crinozoa | Crinozoaires | Echinodermes présentant, au minimum au stade larvaire, un pédoncule les fixant au substrat. Les formes adultes libres savent nager. |
Classe | Crinoidea | Crinoïdes | Corps en forme de calice, 5 bras primaires bien définis et des bras terminaux longs et ramifiés. Certaines espèces sont fixées par un pédoncule articulé, d'autres sont libres et nageuses. |
Sous-classe | Articulata | Articulés | |
Ordre | Comatulida | Comatulides | Seul ordre actuel, comprend 2 sous-ordres, l’un avec des organismes fixés, l’autre avec des organismes non fixés. |
Sous-ordre | Macrophreata | Macrophréates | Comatulides non fixés (libres et nageurs). Bouche centrale, anus excentré. |
Famille | Antedonidae | Antédonidés | Environ 10 cm, bras fragiles, nagent assez vite, mais pas longtemps. |
Genre | Antedon | ||
Espèce | bifida |
Cirres clairs
Les cirres qui servent à la comatule pour s’agripper au substrat sont bien visibles ici. Ces cirres sont généralement plus clairs que les bras qui sont sur ce spécimen bicolore : grenat et beige.
Bretagne
2000
Comatule et anémones-bijoux
Cette comatule rouge orangé est accrochée sur une roche recouverte de petites anémones-bijoux (Corynactis viridis). En arrière-plan, les masses globuleuses orange sont des colonies d’alcyonaires (Alcyonium digitatum) que l’on peut confondre avec l’éponge Suberites carnosus lorsque les polypes sont, comme ici, rétractés.
Bretagne
2000
Grégarisme
Les comatules sont des animaux qui vivent sur le fond et qui ne se déplacent pas beaucoup. Ils ne sont pas fixés et vivent en groupes sans être sociaux (grégarisme). Ils se rencontrent en petits peuplements parfois très denses comme ici, à Ouessant, où ils tapissent littéralement le fond d’une toison mouvante et colorée.
Baie de Lampaul, Ouessant, Bretagne
29/02/2002
Comatules et clavelines
Les comatules sont très souvent posées au-dessus d’autres animaux fixés, ici Clavelina lepadiformis au centre de la photo ; c'est une ascidie transparente.
Bretagne
2000
Cachée dans un hydraire
Ce petit individu est caché dans un hydraire arbustif sur un tombant riche en anémones-bijoux (Corynactis viridis).
Ouessant, Bretagne, 20 m
07/2005
Comatules et hydraires
Mélangées aux autres animaux peuplant les roches, les comatules ne sont pas toujours faciles à distinguer parmi les colonies d’hydraires en forme de plumes (Aglaophena sp.).
Golfe du Morbihan, Bretagne, 15 m
10/1999
En pleine eau
Antedon bifida peut fuir en nageant, vers le haut ou le bas, par des battements des bras.
Rade de Brest (29), 5 m
29/05/2009
Anus pédonculé
Cette macrophotographie permet de bien voir bien l'anus pédonculé des antédons. Celui-ci est plus ou moins turgescent.
Les Canaries, 10 m
17/09/2009
Les œufs dans les pinnules
Les œufs sont conservés à la base des pinnules, jusqu’à l’éclosion, par les individus femelles.
Trinité sur Mer (56), site du Phare de la Teignouse, 12 m
21/05/2011
Les œufs
Les oeufs sur les adultes femelles sont visibles à la fin du printemps.
Ria d'Etel (56)
10/06/2020
Stade pentacrine
Cette photo représente le stade « pentacrine », c'est a dire la phase fixée de l 'espèce Antedon bifida. Ce stage s'observe de mai à juillet en Atlantique Nord-Est.
Cette photo a été prise dans un secteur ou la forme adulte d'Antedon bifida est très abondante.
Baie de Dournenez (29), 12 m
15/06/2020
Jeunes fixés sur des adultes
Ces juvéniles, au milieu d'adultes, sont encore au stade fixé (pentacrine). Ils mesurent environ 1 cm à ce stade.
Belle-Île-en-Mer (56)
02/06/2011
Juvénile
Au centre de ce cliché l'organisme ressemble bien à un tout petit Antedon bifida (9/10 bras visibles + anus au centre).
A gauche la petite anémone bijou Corynactis viridis, donne l'échelle !
En bas à droite de la comatule, une "crevette fantôme" (caprelle).
Houat, Morbihan, 6 m
29/06/2008
Jeune comatule
Notez que ce jeune individu à la couleur très claire possède des taches rouge vif à la base des bras, près du calice. Il est ici sur un fond d’algues brunes et de bryozoaires.
Plougonvelin, Bretagne, 20 m
07/2002
Bouche et anus
Sur cette vue schématique de la face orale d'une comatule, la situation de la bouche et de l'anus est plus facile à comprendre.
Perrier R., 1899, COURS ELEMENTAIRE DE ZOOLOGIE, 693 FIGURES, ed. Masson &Cie, Paris
Reproduction de documents anciens
1899
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Véronique LAMARE
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable régional : Michel PEAN
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
La page d'Antedon bifida dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN