Coquille de 3 à 6 cm de longueur, en forme de défense d'éléphant
9 à 12 côtes longitudinales bien marquées, sur toute la longueur de la coquille
Coloration plus ou moins rouge orangé
Présence sur l’extrémité la plus fine, d’un petit tube prolongeant la coquille
Dentale (nom générique)
Dente di sabbia (I)
Dentalium alternans Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1891
Dentalium inaequicostatum Dautzenberg, 1891
Méditerranée
Zones DORIS : ○ [Méditerranée française]Antalis inaequicostata est présente en Méditerranée et en mer Noire.
Antalis inaequicostata est signalée entre 5 et 120 mètres de profondeur, dans des fonds sableux et vaseux (parfois dans des fonds coralligènes* entre 5 et 40 mètres de profondeur).
Antalis inaequicostata est une espèce qui présente une grande variabilité.
La coquille blanchâtre, de 3 à 6 cm de longueur, est légèrement arquée avec des zones rouge-orange variables.
Cette coquille porte 9 à 12 côtes primaires, longitudinales, fortes, larges et aplaties (mais plus étroites que leurs intervalles). Elles alternent avec des côtes secondaires plus petites, voire tertiaires, ces dernières absentes vers l’extrémité postérieure (la plus fine) ou apex*.
Une caractéristique de l’espèce est la présence d’un petit tube central (de section ovale) prolongeant l’apex, pouvant atteindre 4 mm de long chez l’adulte.
La coquille peut présenter quelques interruptions de croissance. L’ouverture antérieure (la plus grande) est presque circulaire ou polygonale.
Antalis agilis (M. Sars, 1872) : coquille mince et lisse de 3 à 6 cm avec des stries longitudinales à peine visibles près de l'apex*. Généralement de couleur blanc sale. A. agilis est présente de 55 m à 1 250 m de profondeur, de la Norvège à la Méditerranée et aux Açores.
Antalis dentalis (Linnaeus,1758) : la coquille translucide, de 0,5 à 3 cm de longueur est modérément incurvée et présente des stries fines longitudinales bien nettes sur l'ensemble de la coquille. Ces stries sont au nombre de 10 près de l'apex et de 20 près de l'ouverture. Cette espèce est présente du sud du Portugal à la Méditerranée dans des fonds vaseux et sableux, de 1 à 164 m de profondeur.
Antalis entalis (Linnaeus, 1758) : la coquille solide et épaisse mesure de 2,5 à 5 cm de longueur, avec des stries longitudinales très fines à peine visibles près de l'apex qui présente une encoche en forme de V. Elle possède une ouverture ovale, des stries obliques. Cette espèce atlantique (de l’Islande et de la Norvège jusqu’au Portugal) n’est pas présente en Méditerranée. Elle vit entre 6 et 3200 m de profondeur sur des fonds de sable, de vase et de graviers.
Antalis novemcostata (Lamarck, 1818) : la coquille mesure 2,5 à 4,5 cm de longueur. Elle est terne, de couleur blanc crème et présente environ 9 stries longitudinales épaisses. Elle peut avoir un apex légèrement rosé. Cette espèce est présente en Atlantique, du golfe de Gascogne à l’Afrique de l’Ouest, sur des fonds vaseux du médiolittoral* et de l’infralittoral*. La confusion est possible avec Antalis inaequicostata mais les signalements méditerranéens de A. novemcostata doivent donc être rapportés à cette espèce.
Antalis panorma (Chenu,1843) : la coquille, de 3,5 à 7 cm de longueur, est très mince et présente 11 à 14 stries nettes près de l'apex. Ces stries se multiplient jusqu'à 20 et deviennent fines près de l'ouverture. La coloration est blanc sale. Cette espèce est présente du golfe de Gascogne au Sénégal, en Afrique de l’Ouest et en Méditerranée sur des fonds vaseux et sableux, entre 80 et 357 m de profondeur.
Antalis rossati (Caprotti, 1966) : la coquille translucide, de 2,5 à 5 cm de longueur, porte 10 ou 11 stries près de l'apex et elle est lisse près de l'ouverture. La coquille est blanc sale avec souvent une couleur rose dans la région centrale. Elle est présente en Méditerranée orientale.
Antalis vulgaris (da Costa, 1778) : la coquille blanche et opaque, de 3 à 6 cm de longueur maximum est légèrement incurvée. L'extrémité la plus fine est striée longitudinalement et colorée de brun. Elle est présente de la mer du Nord à la Méditerranée occidentale.
Fustiaria rubescens (Deshayes, 1825), la coquille, blanche à rougeâtre, translucide, très lisse et très brillante mesure jusqu’à 3,5 cm de longueur. Cette espèce est présente en Méditerranée et du Portugal au Gabon dans des fonds sableux et sablo-vaseux de l’infralittoral* et du circalittoral* jusqu’à 75 m de profondeur.
Ditrupa arietina (O. F. Müller, 1776), le faux dentale ou pointe d'alène : ce n'est pas un mollusque mais un ver annélide polychète également présent sur le sable et muni d'un tube calcifié conique mais dont la grande ouverture se rétrécit légèrement.
Ce mollusque fouisseur est un microcarnivore. Il se déplace au moyen de son pied conique musculeux. Les captacules*, fins tentacules* filamenteux très extensibles, sont disposés en deux bouquets autour de la tête. Leurs extrémités sont fortement ciliées et portent des cellules tactiles et chimiosensitives.
Lors de la quête de nourriture, les captacules sont étirés et pénètrent profondément dans les interstices remplis d’eau qui se trouvent entre les particules du substrat* meuble. Dans ce milieu, la faune interstitielle est très riche en organismes minuscules. Les proies sont des foraminifères, des diatomées*, d’autres organismes unicellulaires et des bivalves juvéniles. Ces proies sont capturées à l’aide de glandes adhésives et amenées à la bouche par les captacules. Un courant, dû aux mouvements des cils, propulse la nourriture vers la bouche. La radula* sert à écraser la nourriture.
Les captacules sont
régulièrement remplacés.
Lorsque l’endroit a été complètement exploité,
l’animal se déplace vers un autre lieu.
Les Scaphopodes sont gonochoriques* (les sexes
sont séparés). Les gamètes* mâles sont libérés dans l’eau par l'ouverture
postérieure et la fécondation externe a lieu probablement dans la cavité du
manteau* de la femelle. Les œufs, enveloppés de mucus, sont expulsés également
par l'ouverture postérieure. A l'éclosion, les œufs libèrent des larves*
trochophores* lecithotrophiques* nageuses qui se transformeront en larves
véligères* avec une coquille bivalve, dont les valves se soudent ensuite pour donner une forme tubulaire. Les larves se métamorphoseront* en 5 à 6 jours et
rejoindront le fond.
Les dentales semblent vivre plusieurs années.
Les
dentales peuvent être parasités par des protozoaires* et des trématodes (vers plats parasites).
Les scaphopodes présentent de nombreux organismes ecto- et endosymbiotes*.
La partie de la coquille hors du substrat* peut être colonisée par des
éponges, des hydraires, des bryozoaires et des ascidies.
Les scaphopodes sont rarement visibles en plongée et seront observés par les plongeurs chanceux. Le plus souvent on trouvera des coquilles vides accumulées. Leurs coquilles peuvent être retrouvées aussi dans les laisses de mer*.
L’animal vit dans du sédiment meuble (sable ou sable vaseux), enterré en position oblique. L’extrémité postérieure de la coquille dépasse seule du substrat*. Le pied conique et fouisseur et les captacules* sortent par l'orifice antérieur. Ce dernier est plus large et tourné vers le bas dans le sable.
Les dentales ne possèdent pas de branchies, les échanges respiratoires s’effectuent par toute la surface ciliée interne du manteau* et par les captacules*. L’eau est aspirée par des mouvements ciliaires de l’orifice postérieur du manteau et est rejetée par la même voie avec les excrétions des reins et de l’intestin.
Les dentales, bien que cachés dans le sédiment, sont la proie de poissons de fond, d’annélides polychètes, de mollusques gastéropodes (surtout les espèces perceuses comme les natices et aussi Scaphander lignarius), d’étoiles de mer.
Des coquilles de dentales ont été trouvées sur des sites préhistoriques du Magdalénien (environ – 15 000 ans). Elles ont pu servir (et servent encore aujourd’hui) comme éléments de parures (colliers, boucles d'oreilles, bracelets, broches…). Elles servent même de piercing à certaines tribus africaines.
Des coquilles de dentales ont également servi de monnaies dans des populations d’Amérique du Nord.
De petits canaux dans les couches externes de la coquille de scaphopodes vivants ont fait l'objet de rapports quelque peu énigmatiques chez Antalis inaequicostata et quelques autres espèces. Certains auteurs suggèrent qu'une algue foreuse du genre Hyella (Chamaesiphoneae, Pleurocapsales, Pleurosapsaceae) est responsable de ces canaux. Comme le degré de perforation de la coquille observé est apparemment limité au bord extérieur de la coquille, les effets préjudiciables pour le scaphopode semblent être minimes, voire nuls, et l'on suppose une relation commensale*.
Antalis inaequicostata a d'abord été nommée Dentalium alternans par Bucqupy, Dautzenberg & Dollfus en 1882, mais ce nom d'espèce avait déjà été donné par J. Müller en 1851 pour une espèce fossile. Dautzenberg a donc modifié le nom d'espèce. Le nom de genre actuel Antalis (créé en 1854 par les frères Adams) a remplacé Dentalium à la suite d'un remaniement de la classification des dentales.
Dans la littérature, la classe des Scaphopodes peut être également appelée Solénoconques.
Antalis inaequicostata représente une forme intermédiaire entre A. novemcostatum, décrite par Lamarck, vivant dans l'Atlantique et A. novemcostatum Dujardin, fossile, des roches italiennes du Pliocène (environ - 5 à - 2 millions d’années) et du Miocène (- 23 à - 5 millions d'années).
Dentale à côtes inégales : traduction du nom d'espèce. (Proposition du site DORIS)
Antalis : adjectif du
latin [antae] = piliers aux côtés des portes. Le nom Antale a été donné en 1606, dans un travail posthume, par le
naturaliste italien Ulisse Aldrovandi (1522-1605), et repris en
1854, sous la forme Antalis, par les malacologues britanniques Henry Adams (1813-1877) et Arthur Adams
(1820-1878).
inaequicostata : du latin [in-] =
préfixe qui signifie « non », [aequus] = égal, [costa] = côte, et du
suffixe [-ata] = avec, soit avec des côtes inégales (alternativement plus hautes et plus
basses).
Les alternances de côtes fortes et faibles et de bandes pâles et colorées expliquent le choix par le malacologiste belge Philippe Dautzenberg (1849-1935), du premier nom d’espèce alternans, qui s’est malheureusement avéré avoir déjà été attribué à une autre espèce (par le malacologiste français Jean Charles Chenu, 1808-1879).
Numéro d'entrée WoRMS : 196376
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Scaphopoda | Scaphopodes | Coquille en forme de tube conique ouvert aux deux bouts. Présence de captacules. Ce sont les dentales, ou solénoconques. |
Ordre | Dentaliida | Dentaliides | Coquille en forme de défense d'éléphant. L'ouverture antérieure a le plus grand diamètre. |
Famille | Dentaliidae | Dentaliidés | Coquille lisse ou sculptée, courbe, effilée. Pied conique, avec des fourreaux étendus latéralement. |
Genre | Antalis | ||
Espèce | inaequicostata |
Sur le sédiment
Le dentale est posé sur le sédiment. La forme arquée (en défense d’éléphant), les fortes côtes longitudinales et le petit tube à l’extrémité postérieure confirment l’identification.
Le Grau-du-Roi (30), 3 m
05/03/2023
Dentale à côtes longitudinales inégales
Seule l’extrémité postérieure dépasse du sédiment. Les fortes côtes longitudinales sont bien visibles.
On devine, tout en haut, le petit tube caractéristique de l’espèce.
L'Espiguette, le Grau-du-Roi (30), 4,5 m
22/02/2022
Posé sur le sédiment
L’animal est rétracté dans sa coquille.
Les côtes ne sont pas bien visibles mais la présence à gauche du petit tube qui prolonge l’extrémité postérieure est caractéristique de l’espèce. La coloration rouge orangé est aussi une des caractéristiques de cette espèce.
Avant-port de Marseillan (34), 3 m
10/12/2022
Avant enfouissement
Le dentale commence à sortir son pied afin de pouvoir pénétrer dans le sédiment pour reprendre sa position normale.
Marseillan (34), 2 m
10/12/2023
Trois coquilles
Le petit tube, caractéristique de l'espèce, prolongeant l'apex n'a pas été conservé sur ces coquilles.
Images extraites de l'Atlas, planche LXVI (figs. 7,8 et 9) du Tome 1, fascicule 1-13 (1882-1886), Mollusques marins du Roussillon de Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus.
Reproduction de documents anciens
1882-1886
Dentale en position naturelle dans le sable
Seule l'extrémité postérieure est hors du sédiment.
Dessin d'après von Martens, in Précis de zoologie tome 1, Grassé, Poisson, Tuzet, 1970, page 407, figure 383
Reproduction de documents anciens
1970
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Caprotti E., 1965, Notes on the Mediterranean Dentaliidae, Atti della Società Italiana di Scienze naturali e del Museo Civico di Storia Naturale in Milano, 104(3), 339-354.
Caprotti E., 1966, Dentalium (Antalis) inaequicostatum Dautzenberg, 1981, Schede Malacologiche del Mediterraneo, 86 Aa 03, 3 p.
Dautzenberg P., 1891, Voyage de la goëlette Melita aux Canaries et au Sénégal, 1889-1890: Mollusques Testacés, Mémoires de la Société Zoologique de France, 4,16-65, pl. 3.
Fischer-Piette E., Franc A., 1968, CLASSE DES SCAPHOPODES, Traité de Zoologie, 5(3), 987-1017.
Forner I., Valls E., Forner Vallès E., 2021, Depredació per natícids (Gastropoda) d'Antalis inaequistata (Dautzemberg, 1891) (Scaphopoda) a la costa del Maetstrat, Centro de Estudios del Maestrazgo: Boletín de divulgación cultural, 106, 100-114. Je n'ai pas réussi à le trouver sauf le résumé.
Kine O. dir.,1983, Diseases of marine animals volume II Bivalvia to Scaphopoda, Biologische Anstalt Helgoland, 467-1038.
Martínez–Ortí A., Cádiz L., 2012, Living scaphopods from the Valencian coast (E. Spain) and description of Antalis caprottii n. sp. (Dentaliidae), Animal Biodiversity and Conservation, 35(1), 71–94.
Öztürk B., 2011, Scaphopod species (Mollusca) of the Turkish Levantine and Aegean seas, Turkish Journal of Zoology, 35(2), 199-211.
Reynolds P.D., 2002, The Scaphopoda, Advances in marine Biology, 42, 137-236.
La page sur Antalis inaequicostata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page d’Antalis inaequicostata sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase