Ver trompette dorée

Amphictene auricoma | (O.F. Müller, 1776)

N° 6040

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Tube nettement incurvé, fin et gracieux, conique, fragile, ouvert aux deux extrémités
Tube formé d'une seule couche mince de grains de sable, 7 à 8 cm de long
Animal court et robuste, 2 à 4 cm de longueur, nombre limité de segments (une vingtaine)
Corps de l’animal blanc-rosé et branchies rouge vif

Tête portant 2 faisceaux de soies dorées dirigées vers l’avant

Noms

Autres noms communs français

Pectinaire dorée, annélide trompette, amphictène dorée

Noms communs internationaux

Golden trumpet worm (GB), Schillernder Goldwurm, krummer Köcherwurm (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Amphitrite auricoma Müller, 1776
Pectinaria auricoma (O.F. Müller, 1776)
Pectinaria (Amphictene) auricoma (O.F. Müller, 1776)

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

Cette espèce est présente en Islande, de la Norvège au golfe de Guinée (elle est aussi présente à l'entrée de la Baltique : Skagerrak ; Kattegat ; Øresund), mais absente de la Manche centrale et orientale), en Méditerranée, en Atlantique Nord-Ouest (côtes canadiennes) et dans le Pacifique Nord-Est (côtes canadiennes).

Biotope

Elle vit du bas de l’estran* jusqu’à 500 m de profondeur, dans différents types de sédiments, allant du limon au sable grossier.

Description

Le tube, nettement incurvé, fin et gracieux, mesure 7 à 8 cm de long pour 0,9 cm de diamètre à l’ouverture la plus grande. Le tube est formé d'une seule couche mince de grains de sable.
L’animal est court et robuste, il mesure 2 à 4 cm de longueur pour 0,5 à 0,9 cm de large à l’extrémité antérieure, avec un nombre limité de segments (une vingtaine).
Le corps est divisé en trois régions :

  • La première se compose d’un petit nombre de segments fixes (3). La tête porte 2 faisceaux de soies* robustes (10 à 15 par faisceau) au reflet métallique doré dirigées vers l’avant et aux pointes acérées (les soies palées) formant un “peigne” transversal pouvant faire office d’opercule* pour obturer le tube. La bouche est entourée d’un grand nombre de tentacules* et de 2 paires de cirres* filiformes. Les segments 2 et 3 portent deux paires de branchies* pectinées*. Les parapodes* sont dépourvus de soies à crochets (uncini*).
  • La partie médiane est composée de 17 segments sétigères*. Les parapodes* portent sur la rame dorsale (ou notopode) des faisceaux de soies simples capillaires et du 4ème au 16ème segment (soit 13 segments) seulement des soies (les uncini) sur la rame ventrale (ou neuropode) aplaties avec une ou plusieurs rangées verticales de grandes dents qui leur donnent l’apparence d’un peigne.
  • La partie postérieure ou caudale est beaucoup plus petite. Elle se compose de 5 à 6 segments rudimentaires. Les trois premiers segments de la région caudale portent une papille* en forme de massue de chaque côté.

La coloration de l’animal est blanc-rosé et les branchies* sont rouge vif.

Cependant, certains auteurs ont souligné qu'il y a "une variation morphologique considérable enregistrée pour cette espèce" dans l'Atlantique Nord.

Espèces ressemblantes

Il existe cinq espèces de pectinaires dans notre région. Lagis koreni est l'espèce la plus commune.

L’identification des différents genres et espèces nécessite d’observer l’animal hors de son tube et d’étudier l’ornementation des soies* (les uncini*).
Seules quelques espèces européennes sont présentées ci-dessous.

Lagis koreni Malmgren, 1866, queue de pipe, pectinaire de Koren. Cette espèce est présente dans l'Atlantique Est, de la mer de Barents jusqu'à la Namibie, ainsi qu'en Méditerranée et en mer Noire. Elle est souvent observée en bas des plages, jusqu'à environ 500 mètres de profondeur, mais elle est plus abondante à des profondeurs modérées. Le tube, droit, mesure jusqu’à 8 cm de long. L’animal mesure jusqu’à 8 cm de long pour 0,9 cm de diamètre à extrémité antérieure ; 15 segments sétigères* portent des faisceaux de soies* simples capillaires et 12 seulement des uncini (du 4ème au 15ème) ; il y a 10 à 15 soies palées de chaque côté de la tête.
Sa coloration est blanc irisé de rose et les branchies* sont rouge carmin. Le vaisseau ventral rouge est visible par transparence.

Lagis neapolitana (Claparède, 1869), pectinaire napolitaine. Cette espèce est présente en Méditerranée et en mer Noire. Elle est observée de l’estran* jusqu’à 500 m de profondeur.
Le tube, droit, mesure 2 à 4,2 cm de longueur. L’animal mesure 1, 2 à 2 cm de longueur pour 0,5 à 0,7 cm de largeur à l’extrémité antérieure ; 17 segments sétigères portent des faisceaux de soies capillaires et 11 portent des uncini (du 7ème au 17ème) ; il y a 7 à 14 soies palées de chaque côté de la tête.
Sa coloration est blanc irisé de rose, les branchies sont de couleur rouge carmin.

Pectinaria belgica (Pallas, 1766), pectinaire d’Europe, pectinaire des Pays-Bas (cf rubrique origine des noms scientifiques). Cette espèce est présente en Norvège, en mer du Nord et en Manche, sur la côte ouest de l'Irlande, en Méditerranée et en mer Noire. Elle a été observée sur la côte Pacifique des États-Unis et du Canada.
Elle vit en bas de l’estran jusqu’à 30 m de profondeur (voire 500 mètres), dans les sédiments vaseux ou sablo-vaseux.
Le tube, droit ou presque droit, mesure jusqu’à 9 cm de long. L’animal mesure 3 à 7 cm de longueur ; 17 segments sétigères portent des faisceaux de soies capillaires et 13 portent des uncini (du 4ème au 16ème) ; il y a 8 à 15 soies palées de chaque côté.
Sa coloration est blanc rosé et les branchies sont rouge carmin.

Petta pusilla Malmgren, 1866. Cette espèce est présente de la Norvège au Congo et en Méditerranée. Elle vit dans des fonds de sable, de boue ou mixtes, entre 15 et 200 mètres de profondeur, (elle a été enregistrée à 800 mètres de profondeur au large de Faial aux Açores).
Le tube, légèrement arqué, résistant, épais, formé de grains de sable grossier saillants, avec parfois de petites coquilles de foraminifères* mesure 1 à 3 cm de longueur pour 0,2 à 0,6 cm de diamètre à l’ouverture la plus grande. L’animal mesure 1 à 1,5 cm de longueur pour 0,3 à 0,5 cm de largeur à l’extrémité antérieure ; 17 segments sétigères portent des faisceaux de soies capillaires et 14 portent des uncini (du 4ème au 17ème) ; il y a 9 à 11 soies palées de chaque côté de la tête.
Les téguments* sont irisés, les mâles blanchâtres et les femelles jaune orange.

Il existe d’autres genres de pectinaires, plus septentrionaux, comme le genre Cistenides.

Les tubes de Lanice conchilega sont également formés de grains de sable et fragments de coquilles, mais la disposition de ces éléments est désordonnée et irrégulière. L’extrémité du tube qui dépasse du sédiment est ramifiée.

D’autres organismes vivent dans un tube calcaire, planté dans le sable :

Alimentation

Les Pectinariidés sont des vers tubicoles fouisseurs. Le tube est orienté la grande ouverture vers le bas.
Ils creusent le sédiment à l'aide de leurs robustes soies* palées et trient les particules à l'aide de leurs tentacules* (ou palpes*) disposés autour de la bouche. Ces derniers, en mouvement permanent, portent sur leur face interne une fine rainure ciliée. Les particules saisies glissent jusqu’à la bouche où elles sont consommées ou rejetées selon leur taille.
Les pectinaires consomment les débris de matière organique contenus dans le sable (comme l’arénicole des pécheurs). Ils ingèrent de préférence des particules plus grandes que la taille médiane du grain ambiant. Ils vivent obligatoirement dans des sédiments hétérogènes et mal triés, et ont besoin d'une granulométrie croissante pour la construction de leur tube au fur et à mesure de leur croissance.
Les excréments sont rejetés à la surface de la plage par l'apex* du tube.

Reproduction - Multiplication

Les pectinaires sont gonochoriques*. Les mâles et les femelles libèrent leurs gamètes* (spermatozoïdes* ou ovules*) dans l’eau de mer par le dernier segment (l’extrémité postérieure) et les gamètes sortent par l’orifice le plus petit du tube. La fécondation est donc externe. Les œufs mesurent 60-63 µm de diamètre. De ces œufs éclosent des larves* trochophores* planctoniques* planctotrophes*. Cette phase larvaire dure environ 2 semaines. La larve trochophore s’allonge et produit les premiers segments porteurs de soies (segments sétigères* pour engendrer une larve pélagique* allongée. Elle commence alors à sécréter un tube membraneux transparent. Ensuite elle tombe sur le fond et construit alors le tube composé d’une seule couche de grains de sable, qu’elle ne quittera plus.
La durée de vie maximale est comprise entre 12 et 18 mois selon les espèces avec une seule période de reproduction (espèce semelpare*).

Divers biologie

Les tubes sont orientés à l'envers dans le sédiment, l'extrémité antérieure la plus large étant dirigée vers le bas. Une partie de l'extrémité postérieure émerge généralement du sédiment.
La tête est pourvue de soies* robustes et dorées (les soies palées) dirigées vers l'avant qui servent à creuser et qui font office d’opercule* en obturant le tube.
Les mouvements du corps de l’animal dans son tube permettent la circulation de l’eau (dans les deux sens) et donc la ventilation des branchies*.
A l’extrémité antérieure, du fait de l’activité des soies palées et de la circulation de l’eau, une cavité se forme dont les parois s’effondrent continuellement. La plupart du temps, un puits se forme au-dessus de cette cavité par lequel certains tentacules* peuvent dépasser.
Une partie des sédiments de la cavité peut être rejetée, mais la plus grande fraction est transportée par l'intestin du ver ou à travers son corps et son tube jusqu'à la surface du sédiment où elle est déposée sous forme d'un petit monticule autour de l'extrémité postérieure du tube.
Lorsque sa source de nourriture est épuisée, la pectinaire se déplace vers une autre position. La résistance du tube à un mouvement horizontal à travers le sédiment étant considérable, le ver doit se déplacer d'abord vers l'arrière, et vers le haut en direction de la surface. En se repositionnant la nuit, il diminuerait la probabilité d'être consommé par des prédateurs, tels que la plie (Pleuronectes platessa), la limande (Limanda limanda), qui se nourrissent principalement à vue et qui sont plus actifs sur le fond le jour que la nuit.

Informations complémentaires

Lorsque les pectinaires sont nombreux dans un milieu, ils jouent un rôle important en remontant les particules sédimentaires à la surface du sédiment. Ce sont des convoyeurs. Le même rôle est joué sur terre par les lombrics.

Origine des noms

Origine du nom français

Ver trompette dorée : c'est la traduction du nom anglais.

Origine du nom scientifique

Amphictene : du latin [amphi] = de part et d’autre et [pecten] = peigne, pour les soies palées. Ce nom de genre a été créé en 1822 par le naturaliste français Jules-César Savigny (1778-1857).

auricoma : du latin [auri] = or et [coma] = chevelure, crinière, pour les soies palées dorées. Ce nom d'espèce a été créé par le zoologiste danois Otto Frederik Müller (1730-1784).

belgica : ce nom a été donné par le naturaliste allemand Pierre Simon Pallas (1741-1811). Or en 1766, les Pays-Bas étaient divisés en deux régions. La région septentrionale était connue sous le nom de “Provinces unies des Pays-Bas” ou en latinBelgium Foederatum” jusqu’en 1795. La région méridionale, qui comprend le territoire de la Belgique actuelle, était occupée par l’Autriche jusqu’en 1795. Elle était connue sous le nom de “Pays-Bas autrichiens” ou en latin “Belgium Austriacum”. Ainsi, lorsque Pallas a séjourné à La Haye (entre 1762 et 1766), il se trouvait en réalité dans la région septentrionale ou “Belgium Foederatum”, ce qui explique le nom "belgica". Les documents antérieurs à 1795 dans lesquels il est question de Belgique ou de Belgii font référence soit aux Pays-Bas actuels, soit à la Belgique.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 152448

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Annelida Annélides

Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites.

Classe Polychaeta Polychètes

Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles.

Sous-classe Sedentaria - Canalipalpata Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata

Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié.

Ordre Terebellida Térébellides

Métamérie très altérée, présence de tentacules ciliés rétractiles dans la région antérieure servant à la capture des particules alimentaires. Nombreux palpes péristomiaux. Animaux essentiellement tubicoles.

Sous-ordre Terebellimorpha Térébellimorphes
Famille Pectinariidae Pectinaridés

Le corps est enveloppé dans un tube conique lisse ouverts aux deux extrémités. Ce tube est fait de grains de sable cimentés bords à bords. L'extrémité antérieure de l'animal (dans l'extrémité la plus large du tube) est plate et bordée de 2 touffes de soies épaisses et dorées.

Genre Amphictene
Espèce auricoma

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