Corps de forme ovale fortement comprimé latéralement
Couleur beige orangé à brun olivâtre pouvant devenir uniformément brune
Deux galons noirs horizontaux derrière les yeux
Grande tache noire cerclée de bleu contenant des scalpels érectiles noirs sur le pédoncule caudal
Queue en croissant à large bande marginale blanche
Chirurgien fer-à-cheval, poisson-chirugien lieutenant
Doubleband surgeonfish, lieutenant surgeonfish, Tennent's surgeonfish (GB), Kreisdorn-Doktorfisch (D), Sangrador herradura (E), Løjtnant-kirurgfisk (Danemark), Cirurgião ferradura (Mozambique), Luitenant-doktervis (Afrique du Sud), Rykathi, karutha-kotti, neythala, pala (Inde), Barat barat, debam, debam dua jalur, dengkis (Malaisie), Kaxan (Somalie), Angi (Madagascar)...
On trouve en aquariophilie, des noms tels que vampire tang, urkos tang, Tennent’s tang, mais ils n'apparaissent que dans ce domaine.
Hepatus sohal (non Forskål, 1775)
Acanthurus olivaceus (non Bloch et Schneider, 1801)
Acanthurus tennenti Günther, 1861
Acanthurus plagiatus Peters, 1876
Acanthurus bicommatus Smith, 1955
Océan Indien
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueOn trouve Acanthurus tennentii dans l’océan Indien, des côtes est de l’Afrique jusqu’à la mer d’Andaman et les côtes occidentales de l’Indonésie, en passant par Madagascar, les Mascareignes, les Seychelles, les Maldives et le Sri Lanka.
Il est probablement absent de la mer Rouge.
On le trouve dans les lagons, sur les platiers et les pentes externes entre 1 et 25 mètres. Il apprécie les fonds sableux dans des zones à massifs coralliens espacés, où on peut le trouver seul ou en petits groupes. On peut le rencontrer aussi sur fonds limoneux près des côtes.
Le corps est ovale et fortement comprimé latéralement. Ce poisson est 2.2 à 2.3 fois plus long que large. Sa taille maximale est de 31 cm, la moyenne est de 25 cm.
Les très petites écailles dont son corps est couvert lui donnent un aspect lisse. La ligne latérale* est très discrète.
La couleur de l'animal est très variable : elle est ordinairement beige orangé à brun olivâtre avec une tendance à virer au gris bleu plus ou moins foncé à noir sur la moitié inférieure et à pâlir sur le museau, mais il peut revêtir uniformément un brun très foncé à reflets rouges ou violacés quand il est stressé, seule la marge de la nageoire caudale restant blanche. Il peut aussi être gris acier, la teinte jaunissant sur le dos.
La ligne de profil reliant la bouche à la nuque peut être marquée d’une bande parme à bleu soutenu, couleur que prennent alors aussi les lèvres.
Dans les livrées claires, le pédoncule caudal est souvent jaunissant à ocre. Une ligne brun rouge à noire longe le début de la nageoire dorsale et se poursuit en marquant la base des rayons mous, une ligne identique accompagne l’anale. Deux larges galons noirs horizontaux au dessin variable et relativement parallèles apparaissent derrière les yeux, le plus bas des deux commence à la limite supérieure de l’opercule*.
Les scalpels sont noirs à gris violacé, ils sont érectiles et logés dans un sillon situé dans une large tache ovale noire entourée d’un anneau blanc bleuté à bleu vif.
La tête a un profil très convexe ; elle est haute, étroite et de faible largeur, le préopercule* s’arrête à l’aplomb de l’arrière de l’œil. Celui-ci est large, légèrement proéminent. La protubérance charnue qui protège le globe oculaire est gris bleu à noirâtre. L’iris est brun foncé, avec un anneau orange autour de la pupille. On trouve deux petits traits orange devant la partie antérieure de l’œil. La bouche est petite et terminale, les lèvres sont assez épaisses et bleutées à violacées. Une bande bleue accompagne la lèvre inférieure sous le menton.
Nageoires dorsale et anale sont longues, elles rejoignent le début du pédoncule* caudal. Elles sont de couleur identique au corps avec une crête progressivement noircissante à liseré bleu s’élargissant vers l’arrière. La dorsale porte de surcroît une ligne horizontale marron clair à orange sur les deux premiers tiers de sa longueur. Les deux premiers tiers des nageoires pectorales sont bruns, le dernier est translucide. Les pelviennes sont de la même couleur que le corps avec l’extrémité des deux premiers rayons noirâtres et un liseré bleu vif en partie antérieure. La nageoire caudale forme un croissant dont les lobes pointus s’allongent avec l’âge de l’individu. Elle est jaunissante à ocre dans le prolongement du pédoncule caudal, puis elle retrouve en dégradé la couleur du corps avant une ligne noirâtre à laquelle succède une large bande marginale blanche à bleutée. Le bord extérieur des lobes porte une ligne blanche à bleutée qui commence peu après le début des rayons.
Les scalpels noirs logés dans une large tache noire entourée de bleu, ainsi que les deux galons derrière les yeux permettent généralement d’éviter toute confusion.
Citons néanmoins Acanthurus nigricauda mais, entre autres différences, celui-ci ne porte qu’un seul galon et ses scalpels sont situés au bout d’une longue bande noire commençant en pointe au début du dernier tiers du corps.
Le chirurgien-lieutenant est herbivore et détritivore* : il se nourrit du film algal déposé sur les substrats sableux et de macro-algues benthiques, ainsi que de détritus.
Les sexes sont séparés, il n’y a pas de dimorphisme* sexuel. Les gamètes* sont libérés en pleine eau ; la fécondation est externe.
Les larves* sont pélagiques*, leur retour vers un récif se fait entre 50 et 60 jours après la ponte. Les juvéniles forment de petits bancs avec des spécimens de même taille d’autres espèces. Ils peuvent être noirâtres ou jaune vif avec l’œil cerclé de noir. Les petits juvéniles, dont les couleurs sont identiques à celles des adultes, n’ont qu’un trait derrière les yeux. Chez les juvéniles de plus de 12 cm, ce trait se transforme en fer à cheval (cela motivant certains des noms vernaculaires), ce qui annonce les galons de l’adulte. La séparation commence chez les grands juvéniles en laissant d'abord des traces noirâtres entre les galons. On peut trouver des juvéniles de même taille avec des galons plus ou moins séparés.
Le genre Acanthurus est victime notamment d’un copépode endoparasite, Sarcotaces verrucosus.
Acanthurus tennentii est commun et peu farouche. Il se nourrit très régulièrement dans la journée. On peut le voir brouter en petits groupes contenant plusieurs espèces, notamment des poissons-perroquets. Il est parfois accompagné par un poisson-cocher faisant office de nettoyeur, mais on peut le voir aussi se frotter le flanc d’un geste vif sur le substrat pour se déparasiter.
La dorsale, d’un seul tenant, porte 9 rayons durs et 23 à 24 rayons mous, l’anale 3 rayons durs et 22 à 23 rayons mous. Le premier rayon des deux nageoires est court. Les pelviennes comprennent 1 rayon dur et 5 rayons mous et sont plus courtes que les pectorales.
La mâchoire supérieure porte 16 courtes dents, l’inférieure 16 à 18. Les dents sont en forme de spatules, vues de face elles présentent un tranchant composé d’une juxtaposition de crêtes arrondies.
Ses scalpels sont tranchants, ils sortent de leur sillon quand le poisson dirige sa queue sur le côté. Ils peuvent infliger des coupures douloureuses si le poisson vivant est manipulé. Ce sont des armes offensives (rivaux) et défensives (prédateurs).
Il est potentiellement ciguatérique* du fait des algues qu’il ingère.
Acanthurus tennentii cohabite avec son proche parent, Acanthurus olivaceus, à Bali, mais il semble ne pas y avoir d’informations précises sur des occurrences d’hybridation entre ces deux espèces très voisines.
Acanthurus tennentii ne constitue pas une ressource halieutique importante, il est pêché surtout au filet et est vendu frais. Sa vulnérabilité est estimée faible à modérée et sa capacité de résilience* est forte (sa population est susceptible de doubler en moins de 15 mois).
En tant que nettoyeur des substrats sableux, il est indispensable à l’équilibre de l’écosystème corallien.
Il est prisé par les aquariophiles pour sa beauté et son caractère relativement pacifique.
On trouve des fossiles de poissons-chirurgiens remontant à l’Eocène (-55 millions d’années), et ce jusqu’en Bretagne !
Chirurgien : ce nom se rapporte aux épines érectiles qui arment le pédoncule caudal. On appelle aussi ces épines des « scalpels », du nom de l’un des instruments tranchants des chirurgiens de métier.
lieutenant : ce grade militaire s'indique par deux galons, auxquels renvoient les deux courtes barres noires que l’on voit derrière les yeux d’Acanthurus tennentii.
Acanthurus : du grec [akantha], qui signifie épine et [oura], qui signifie queue. « L’épine sur la queue » désigne les scalpels présents sur le pédoncule caudal des poissons-chirurgiens. Le genre a été décrit par Forsskål en 1775.
tennentii : espèce dédiée à Sir James Emerson Tennent, politicien irlandais, voyageur et naturaliste, membre de la Royal Society et auteur notamment d’un Sketches Of The Natural History Of Ceylon (1868) décrivant et dessinant la faune de Ceylan. La partie ichthyologique de l’ouvrage a reçu les conseils d’Albert Günther, conservateur au British Museum et descripteur de cette espèce parmi plus de 6 800 autres. Le nom est latinisé, tennentii est le génitif de tennentius.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Acanthuroidei | Acanthuroïdes | Poissons-chirurgiens. |
Famille | Acanthuridae | Acanthuridés | |
Genre | Acanthurus | ||
Espèce | tennentii |
Dans le lagon
Les chirurgiens-lieutenants parcourent le lagon à longueur de journée à la recherche des algues et détritus dont ils se nourrissent.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
21/05/2011
Détails remarquables
Sur ce cliché, on peut pointer quelques éléments importants dans la livrée d'Acanthurus tennentii : outre la robe beige, les galons noirs et les scalpels discriminatifs, notons notamment la ligne de profil reliant la bouche à la nuque marquée d’une bande bleue et la marge blanche de la nageoire caudale en croissant.
Flic-en-flac, île Maurice, 20 m
27/08/2010
Individu clair
On peut parfois croiser un individu tout à fait clair, sans le noircissement habituel des zones post-operculaire et ventrale.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
17/09/2011
Scalpels
Les scalpels d’Acanthurus tennentii sont gris violacé à noirs. Ils sont logés dans une large tache ovale noire entourée d’un anneau bleu.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
23/08/2011
Petit juvénile
On peut voir sur ce petit juvénile de 6 cm un trait unique derrière les yeux. Il se transformera d’abord en fer à cheval, puis en galons séparés au cours de sa croissance.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
03/04/2013
Juvénile
Chez les juvéniles, les galons sont réunis en forme de fer à cheval. Cette forme motive l’un des noms vernaculaires de l’animal : chirurgien fer-à-cheval.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
13/12/2010
Les galons se forment
Ce jeune adulte porte encore une trace de la forme en fer à cheval des galons des juvéniles. Le plus souvent, l’arc de cercle s’estompe en un amas de petites taches de taille différente. Ces traces disparaissent lentement, les galons devenant approximativement parallèles.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
17/07/2011
Livrée nocturne
Vue d'Acanthurus tennentii de nuit. Si beaucoup de poissons diurnes modifient leur livrée la nuit, ce n'est pas franchement le cas chez cette espèce dont les motifs et couleurs restent stables.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
14/10/2011
Déparasitage
Lorsqu'aucun poisson nettoyeur n'est disponible pour le déparasiter, on peut parfois voir le chirurgien-lieutenant se frotter le flanc d’un geste vif sur le substrat.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
14/09/2011
Nourriture
Les chirurgiens-lieutenants se nourrissent continuellement de jour. On les voit explorer le fond en petits groupes et picorer régulièrement.
On peut constater sur ce cliché les nuances d'un individu à l'autre dans la robe d'Acanthurus tenentii.
La Réunion, 3 m
07/04/2011
En groupe
Acanthurus tennentii se mêle volontiers à des groupes de brouteurs d’espèces différentes.
On reconnaît ici, de droite à gauche :
Trois Calotomus carolinus en phase initiale (1), Kyphosus cinerascens (2) entre les deux chirurgiens-lieutenants (3), la partie postérieure de Parupeneus barberinus (4) à l’extrême gauche, et au premier plan l’inévitable labre zigzag, Halichoeres scapularis (5), systématiquement présent dès que d’autres remuent des débris ou arrachent des algues, pour capturer les petites proies découvertes par le travail des herbivores.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
17/07/2011
Distribution : Mayotte
Ce poisson-chirurgien peut se rencontrer en territoires français, comme ici, parmi les madrépores du plus grand parc naturel marin de France, dans le complexe récifo-lagonaire de Mayotte.
La passe en S, Mayotte, 8 m
05/11/2011
Distribution : sur les côtes d'Afrique de l'Est
Acanthurus tennentii n'est présent que dans l'océan Indien. Sa limite Ouest se situe sur les côtes de l'Afrique de l'Est. Ici, un individu rencontré au large de la Tanzanie, dans l'archipel de Zanzibar.
Zanzibar, Tanzanie, 12 m
04/04/2006
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Green A. L., Bellwood D. R., 2009, Monitoring functional groups of herbivorous reef fishes as indicators of coral reef resilience, IUCN, 70, 7-51.
La page sur Acanthurus tennentii sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page d'Acanthurus tennentii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN