Ver plat bleu de Méditerranée

Prostheceraeus giesbrechtii | Lang, 1884 (inc. sed.)

N° 731

Méditerranée

Clé d'identification

Ver plat de forme ovale de 20 mm maximum
Bleu à lignes blanches
Ligne médiane jaune
Deux tentacules céphaliques foncés et mobiles
Reptation rapide

Noms

Autres noms communs français

Planaire bleue

Synonymes du nom scientifique actuel

Beaucoup d'espèces du genre Prostheceraeus ont été décrites en fonction de leur morphologie externe et de leur couleur, mais l'anatomie interne (organes sexuels) n'a pas toujours été étudiée en détail. Pour cela, plusieurs "formes" possèdent une position taxonomique incertaine (incertae sedis*). C'est particulièrement le cas pour la forme bleue qui se dispute le nom de P. roseus ou de P. giesbrechtii suivant les publications et le besoin, plus ou moins marqué de leurs auteurs, de coller aux descriptions originales (règle de l'antériorité), fussent-elles fort incomplètes et, pour partie, contraires à toutes les observations faites ultérieurement.
Voir, dans la rubrique "informations complémentaires" en bas de la fiche, l'origine de ces incertitudes.

Distribution géographique

Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Méditerranée. Observations fiables des côtes de Naples à celles de Catalogne, en passant par la France méditerranéenne, sans doute tout le bassin occidental et plus ?

Biotope

Cette espèce se rencontre sur les substrats rocheux et les tombants coralligènes vers 15-20m de profondeur.

Description

La "planaire" bleue est un ver plat foliacé aux bords plissés mesurant 15 mm de long sur 7 mm de large au repos. Très fin, son épaisseur est de 1 à 1,5 mm et la forme est ovale avec la partie antérieure plutôt aplatie et la partie postérieure plus pointue.
La coloration de la face dorsale est bleue (bleu clair à noir), alternée par des bandes blanches (fines à larges) et avec une ligne médiane jaune.
La caractéristique principale de la couleur de cette espèce est bien la ligne longitudinale et centrale de couleur jaune safran qui va de la base des yeux (ocelles) cérébraux jusqu'à l'extrémité postérieure de l'animal.
Le bord est margé de blanc sur tout le tour du corps.
Mis à part deux tentacules, à la dominante foncée, situés au niveau de la partie antérieure et issus du plissement de celle-ci (caractéristique du genre), il est démuni d'appendices sur le dessus du corps. Ces tentacules sont très mobiles chez cette espèce.

La face ventrale du corps est de couleur plus claire, presque blanchâtre. Cette face ventrale présente une ventouse centrale formée de l'orifice unique " bouche-anus" prolongé par un pharynx qui lui permet de se maintenir sur le fond en cas de nécessité (courant...). Le corps est recouvert de minuscules cils (invisibles à l'œil nu) qui permettent à l'animal de se déplacer par reptation* à des vitesses parfois surprenantes. L'animal peut également se déplacer en nageant par des mouvements d'ondulation lorsqu'il se retrouve en pleine eau.

Espèces ressemblantes

Il existe une espèce aux couleurs semblables, présente sur les côtes Californiennes : Prostheceraeus (= Praestheceraeus) bellostriatus qui se différencie de la planaire bleue par son liseré jaune sur le pourtour du corps. Cette espèce a été observée sur les côtes catalanes espagnoles.

Une petite (7 mm) espèce endémique de la Méditerranée, Prostheceraeus pseudolimax Lang, 1884 (inc. sedis) peut ressembler à la forme bleue. Ce ver plat est décrit ainsi ; peu transparent ; couleur de fond gris clair ; largement margé de blanc ; ligne médiane large et jaune entourée de noir ; des tentacules partent deux bandes longitudinales foncées ; associé au Balanus ; très rare.

De par leur forme, les vers plats peuvent être confondus avec des mollusques nudibranches (limaces de mer). Cependant, les planaires ne présentent jamais de panache branchial externe et ils ont un corps mou et flasque, alors que les nudibranches sont plus épais et se contractent au toucher et deviennent plus durs.

Alimentation

Son régime alimentaire n'est pas connu, mais il se nourrit probablement d'animaux morts, d'organismes unicellulaires et aussi d'animaux fixés (spongiaires, bryozoaires, ascidies). Selon certains auteurs, il pourrait se nourrir d'algues calcaires.

Comme tous les turbellariés, le tube digestif incomplet est formé d'un pharynx qui s'ouvre sur une seule ouverture sur la face ventrale, la bouche, qui sert également d'anus. Les aliments ingérés et les aliments non digérés sont régurgités par cette même ouverture.
Pour se nourrir, l'animal dévagine une partie de son pharynx, formant une trompe sécrétant un mucus et permettant de "sucer" ses proies.

Reproduction - Multiplication

La reproduction est principalement sexuée. Les individus sont hermaphrodites protandres (d'abord mâle puis femelle), le système de reproduction est dans ce cas présent dit réciproque, c'est à dire que les partenaires vont se féconder mutuellement. Les œufs fécondés sont rassemblés au sein d'une oothèque et déposés sur le fond dans un cocon gélatineux.
La copulation est très particulière. Les planaires n'ont pas de cavité vaginale et l'insémination est hypodermique par l'intermédiaire d'un stylet mâle qui vient littéralement "poignarder" le congénère n'importe où dans son corps, introduisant ainsi directement le sperme sous la peau. Une fois à l'intérieur du corps, les spermatozoïdes se déplacent à la recherche des ovules pour les féconder. Au final, ils pondront des œufs qui seront émis isolément sur une petite hampe fixée à une pierre ou des algues.
Des processus particuliers peuvent entraîner une reproduction asexuée. Le pouvoir de régénération de ces animaux est particulièrement étonnant, ainsi coupé en morceaux, chaque partie pourra régénérer les parties manquantes pour reformer un individu entier et viable.

Divers biologie

Métazoaire*, triploblastique* acœlomate*, ce ver plat, comme tous les tubellariés, n'a pas de système circulatoire ni d'organe respiratoire car les échanges gazeux se font par toute la surface du corps.
Les planaires utilisent 2 modes de déplacement. D'une part la reptation, qui est due à l'agitation des cils qui tapissent le corps mais aussi à la contraction des muscles (longitudinaux, circulaires et transversaux). D'autre part la nage qui est rendue possible par des ondulations de la périphérie du corps commandées par des contractions musculaires. Notez que tous ces mouvements ne sont pas liés à un système nerveux central, il n'y a pas de "cerveau" donneur d'ordre.
C'est un animal très fragile, fin comme une feuille de papier à cigarettes. Il ne faut pas le toucher, il risquerait de se déchirer.

Informations complémentaires

La littérature sur les planaires n'est pas très fournie et les contradictions sont importantes.

C'est le cas de la planaire bleue.
Suivant les auteurs, le nom scientifique de cette espèce est Prostheceraeus roseus Lang, 1884 ou Prostheceraeus giesbrechtii Schmarda, 1859. Dans certains cas ces deux noms sont considérés comme synonymes et dans d'autres comme deux espèces différentes.

En effet, cette planaire pourrait présenter deux variations de coloration. Une variété de coloration rose avec des lignes longitudinales blanches, appelée Prostheceraeus roseus et une variété bleue avec des lignes longitudinales blanches et une ligne médiane jaune, appelée Prostheceraeus giesbrechtii.

Enfin pour d'autres encore, la planaire bleue à ligne médiane jaune ne serait ni P. roseus, ni P. giesbrechtii, qui seraient synonymes, et au contraire serait une espèce n'ayant pas encore de nom : Prostheceraeus sp.

Il existe aussi une variété "albinos" transparente avec juste les lignes blanches qui est également considérée par certains comme une variation de couleur de la planaire rose (nommée sur Doris Prostheceraeus sp.1).

Parmi ces 3 formes, la planaire rose est très commune, la planaire blanche translucide est relativement fréquente et la planaire bleue à ligne médiane jaune est rare.

Origine des noms

Origine du nom français

Planaire : nom féminin du latin scientifique planarius, plat. Ver plathelminthe (turbellarié triclade) non annelé, libre, aquatique. Ce terme ne doit pas être utilisé pour cette espèce qui appartient à l'Ordre des Polycladides. Même si dans la pratique ce nom vernaculaire* est utilisé pour nombre de vers plats de la Classe des Turbellariés.

Origine du nom scientifique

Prosthecereaus : du grec [prosthen-] = en avant, et [keras] = corne : qui a des cornes à l'avant, en référence aux deux tentacules antérieurs,

giesbrechtii : sans doute en l'honneur de Wilhelm Giesbrecht, 1854-1913, zoologiste originaire de Gdańsk en Pologne et ayant fait une grande partie de sa carrière à station zoologique de Naples, spécialiste des copépodes. Mais, particulièrement pour l'espèce Prostheceraeus giesbrechtii, cette origine n'est pas prouvée, et donc ici aussi nous sommes dans l'incertitude !

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 483815

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Platyhelminthes Plathelminthes Vers plats à symétrie bilatérale, portant des organes des sens simples sur la tête, tube digestif à une seule ouverture ventrale. Nombreuses espèces libres ou parasites.
Classe Turbellaria Turbellariés Vers plats libres (non parasites) mus par une ciliature ventrale. Tube digestif ramifié qui possède une seule ouverture au centre de la face ventrale.
Sous-classe Archoophora Archoophores
Ordre Polycladida Polyclades Turbellariés à intestin très ramifié. Espèces de grande taille. Planaires marines.
Sous-ordre Cotylea Cotylés Polyclades caractérisés par la présence d’une ventouse ventrale permettant aux vers de se maintenir sur le fond.
Famille Euryleptidae Euryleptidés Vers plats lisses ou à papilles, souvent de couleur vive. Grands tentacules (parfois absents). Pharynx tubulaire et organe copulateur masculin unique dirigés vers l'avant.
Genre Prostheceraeus
Espèce giesbrechtii

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