Carapace avec 9 dents latérales, la 9e très longue
Jusqu'à 6 cm de large
Couleur brun-jaune à rouge-brique
Pince gauche un peu plus grande que la droite
Dernier article de la dernière patte aplati et orné d'une tache brun-rouge sombre
Enfoui dans le sable le jour, actif la nuit
Étrille cornue. La lupée de Dufour est un nom ancien désuet dérivé d'un synonyme.
Lancer swimming crab, lancer swimcrab (GB), Augenfleck-Schwimmkrabbe (D), Jaiba cornuda, cangrejo cornudo (E), Granchio astato (I)
Cancer hastatus Linnaeus, 1767
Portunus (Portunus) hastatus (Linnaeus, 1767)
Cancer ponticus Herbst, 1790
Portunus dufourii Latreille, 1819
Eriphia prismaticus Risso, 1827
Méditerranée, Macaronésie et Atlantique africain tropical
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]L'étrille nageuse est présente dans toute la Méditerranée. Dans l'Atlantique, l'espèce est connue du Maroc jusqu'en Angola.
Les juvéniles de l'étrille nageuse se rencontrent à faible profondeur le long des plages de sable. Les adultes sont présents sur des fonds sédimentaires de vase, de sable vaseux ou de sable fin, plus rarement dans les grottes sous-marines ou près des rochers. L'espèce s'observe de la côte à 60 m de profondeur.
Le corps est aplati. La carapace* est plutôt convexe avec des élévations granuleuses et un velours de poils très courts dans les parties non saillantes. Elle mesure au maximum 6 cm de large entre les 2 pointes des grandes épines latérales.
Le front (entre les yeux) porte quatre petites dents, les dents médianes étant plus courtes et plus pointues que les dents latérales. La carapace est munie de neuf dents latérales tournées vers l'avant ; la 9e dent est très forte, longue et pointue, environ 3 fois plus longue que la dent précédente. Les pinces sont robustes et la gauche est un peu plus plus grande que la droite ; elles sont presque trois fois plus longues que le corps. Les pattes ambulatoires sont fines et légèrement aplaties ; l'extrémité de la dernière patte est élargie en forme de rame.
La face dorsale du crabe adulte a une couleur générale brun-jaune à rouge brique ; la face ventrale est claire. Les lignes saillantes du dos et certaines stries sur les pattes peuvent être rouge foncé. Il y a un point argenté entre chaque dent latérale de la carapace qui est caractéristique. Les pattes présentent des irisations roses. L'extrémité des pinces et de la dernière paire de pattes peuvent être rouge vif. La moitié terminale du dernier article de la 5e patte porte une tache ronde brun-rouge sombre cernée de blanc évoquant un ocelle*.
En Méditerranée, il n'y a aucune espèce ressemblant réellement à celle-ci.
Dans la même famille, les petits crabes du genre Liocarcinus peuvent éventuellement vaguement lui ressembler.
Portunus inaequalis est une espèce très proche qui ne se rencontre que dans l'Atlantique africain tropical.
Les crabes nageurs du genre Callinectes ont également une très forte épine latérale sur la carapace mais ils sont beaucoup plus gros.
Le régime alimentaire de l'étrille nageuse n'a pas fait l'objet de recherches ; à l'instar des espèces proches, elle pourrait être un prédateur opportuniste de petite faune vagile*.
La reproduction est sexuée. La copulation a lieu entre la mue de la femelle et le durcissement de sa carapace. La fécondation a lieu au moment de la ponte.
Comme la plupart des crustacés, la femelle garde les œufs sous son abdomen, fixés aux pléopodes* (pattes nageuses). Elle les protège ainsi pendant toute la durée de l'incubation (quelques semaines, selon la température). Les femelles ovigères* ont été signalées de mai à novembre en Méditerranée et en janvier et novembre sur les côtes d'Afrique tropicale. En fin d'incubation, la femelle libère des larves* planctoniques* (larve appelée "zoé" avec une longue épine dorsale) ; ces larves sont planctonophages*. Il y a plusieurs stades larvaires de type zoé et un stade de type mégalope*. Les larves n'ont pas fait l'objet d'une description détaillée chez cette espèce. Après la métamorphose*, les minuscules crabes tombent sur le fond et poursuivent leur développement jusqu'au stade adulte.
Les prédateurs sont principalement les poissons comme le mérou blanc Epinephelus aeneus, le gobie tropical Bathygobius soporator, l'holocentre rouge Sargocentron rubrum, les rascasses et les tortues marines comme la tortue caouane Caretta caretta. Les grands crustacés et les céphalopodes sont également des prédateurs possibles.
Il n'y a pas de pathologies ou de parasites connus chez ce crabe.
Le dernier article de la dernière paire de pattes est aplati. C'est une adaptation soit-disant à la nage, mais qui en fait est utilisée pour l'enfouissement.
Ce crabe est plus actif la nuit que le jour.
L'espèce est parfois pêchée à l'aide de casiers, de filets maillants ou de sennes de plage mais il s'agit alors de prises accessoires qui sont rejetées. D'après un auteur ancien, l'espèce est d'un assez bon goût et assez bonne pour qu'elle puisse être mangée. Elle ne semble pas particulièrement menacée.
Étrille car l'espèce est très proche de l'étrille commune ; nageuse car les pattes arrières sont aplaties et permettent à ce crabe de nager. Notons que ce terme "nageur" consacré par l'usage est inadapté car la quasi totalité des crabes soit-disant nageurs sont en fait benthiques et se servent principalement de leurs pattes arrières pour s'enfouir à reculons dans le sédiment. De rares espèces de Portunidés (au sens large) sont cependant réellement nageuses à un stade ou un autre de leur existence. Citons par exemple dans le golfe de Gascogne le "crabe à sardines" (Polybius henslowi) et dans l'indo-pacifique le crabe iridescent Ovalipes iridescens.
Achelous : Du grec [Akhéloos] = dieu du fleuve de l'Epire, qui d'après la mythologie grecque était le plus ancien fleuve de Grèce. Akhéloos (ou Achelous en latin) est le fils de Titan et Téthys.
hastatus = légionnaire romain armé d'un pilum, nom sans doute donné à l'espèce en référence à la forte épine qu'il y a de chaque côté de la carapace.
Numéro d'entrée WoRMS : 1061747
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Pleocyemata | Pléocyémates | Incubation des œufs sous l'abdomen. |
Famille | Portunidae | Portunidés | Bord antéro-latéral de la carapace avec 9 dents , la dent postérieure souvent beaucoup plus longue que les autres ; front avec le plus souvent 4, 6 ou 8 dents ou lobes ; carapace hexagonale nettement plus large que longue ; dernière paire de pattes aplatie adaptée à la nage et à l'enfouissement rapide ; crabes les plus souvent tropicaux, épineux et très vifs. |
Genre | Achelous | ||
Espèce | hastatus |
En position d'intimidation
Lorsqu'il est surpris par un intrus lors de ses déplacements nocturnes, ce crabe adopte d'abord une attitude défensive menaçante avant de s'enfouir dans le sable, s'il le peut.
Cagnes-sur-mer (06), à faible profondeur
2008
Jeune spécimen sombre, ex-situ
Cette photo montre bien les principales caractéristiques morphologiques de l'espèce : carapace avec grandes pointes latérales et multiples petites dents, pattes arrières aplaties, longues pinces aux doigts fins, couleur brique (la couleur est souvent différente : couleur "sable"...).
Fond de la baie de l'île de Port-Cros (83), 0,5 m de nuit
03/11/1997
Dans les algues
Achelous hastatus se rencontre principalement à faible profondeur sur le sable ou comme ici parmi des algues photophiles.
Sausset-les-Pins (13), de nuit
09/09/2016
Exuvie
Cette "mue" appartenant sans doute à un crabe de petite taille montre une cuticule peu colorée, presque transparente, à l'exception des grandes pointes latérales de couleur rosée. Les dents antéro-latérales de la carapace sont bien visibles.
La Ciotat (13), 5m
03/12/2016
Position aposématique ?
Ce crabe en train de s'ensabler de façon superficielle montre au-dessus de lui l'extrémité sombre de ses pattes arrières qui ressemblent à deux gros yeux. Est-ce une attitude qualifiée d'aposématique et destinée à effaroucher un éventuel prédateur ?
Cagnes (06), de nuit à faible profondeur
26/08/2011
Vue rapprochée
Détail des organes buccaux et des pinces.
Calanque de Mautbois St Raphael (83), 2 m
28/12/2012
Après la fuite, le face à face avec intimidation
Après désensablement, coincé sur un bosquet d'algues rouges, l'étrille fait face toutes pinces en avant.
Calanque de Mautbois Commune de St Raphael (83) 2 m
28/12/2012
Sur le sable
La robe couleur sable de cet individu lui permet de se dissimuler lorsqu'il n'est pas enfoui dans le sédiment. Noter l'extrémité de la patte arrière portant une tache ressemblant à un œil (ocelle*).
Saïdia, Maroc, 3 m, de nuit
19/05/2016
Gros spécimen errant la nuit
Incapable de s'enfouir sur le gravier, ce spécimen verdâtre prend une attitude défensive, pinces écartées, à l'approche d'un intrus.
Cagnes-sur-mer (06), 4 m, de nuit en été
2011
Enfouissement en marche arrière
Ce crabe commence à s'enfouir à reculons à l'aide de ses pattes arrières (A) ; en quelques secondes, l'arrière de la carapace et les pattes ont disparu. L'avant de la carapace et les pinces sont encore visibles à la surface du sable (B) ; in fine, seuls les yeux dépassent pour continuer à surveiller les alentours (C).
Cagnes-sur-mer (06), à faible profondeur de nuit
08/2015
De nuit
Un autre crabe, toujours de nuit. Celui-là faisait bien 4 cm de large.
La Ciotat (13), 10 m de nuit
11/08/2015
Juvénile
Un juvénile de 2 cm de large présentant une coloration originale.
Plage de Pourrousset, Agay (83), 12 m de nuit
16/10/2020
Gravure ancienne
Mâle, d'après la figure 1, planche 44, de la Lupée de Dufour (Lupa dufourii) dans le livre de P. Roux 1928
Le spécimen représenté vient sans doute de Sicile.
Reproduction de documents anciens
1928
Vidéo : fuite
Une étrille nageuse surprise par le plongeur.
Cros de Cagnes (06), 5 m de nuit
20/08/2015
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Gili J. M., Macpherson E., 1987, Crustáceos Decápodos capturados en cuevas submarinas del litoral Balear, Investigación Pesquera, Barcelona, 51(1), 285-291.
Holthuis L. B., 1987, Vrais crabes, in Fischer W., M. Schneider, M.-L. Bauchot. Fiches FAO d'identification des espèces pour les besoins de la pêche. Méditerranée et Mer Noire. Zone de pêche 37, Végétaux et invertébrés, éditions F.A.O., Rome, 1(1), 321-367.
Linnaeus C., 1767, Systema naturae sive regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Laurentii Salvii, Holmiae, 12e édition, 1, 533-1327.
Manning R. B., Holthuis L. B., 1981, West African Brachyuran crabs (Crustacea: Decapoda), Smithsonian Contributions to Zoology, Washington, 306, I-XII + 1-379.
Monod T., 1956, Hippidea et Brachyura ouest-africains, Mémoires de l'Institut fondamental d'Afrique noire, IFAN, Dakar, 45, 1-674.
Roux P., 1828, Crustacés de la Méditerranée et de son littoral, Éditions Levrault, Paris, et Marseille, I-IV + 176.
La page de Achelous hastatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.