Subérite-gîte

Suberites domuncula | (Olivi, 1792)

N° 3535

Méditerranée et Atlantique proche

Clé d'identification

Forme globuleuse sphérique ou piriforme
Couleur orange
Surface lisse et veloutée
Rares oscules largement ouverts

Noms

Autres noms communs français

Eponge-couverture, éponge orange de mer, subérite-maisonnette, éponge domuncula

Noms communs internationaux

Sea-orange, sulphur sponge (GB), Pallottola di mare (I), Esponja migapán, esponja de ermitaňo (E), Einsiedlerschwamm, Häuschenschwamm, Korkschwamm (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Alcyonium domuncula Olivi, 1792
Alcyonium bulbosum Esper, 1794
Alcyonium compactum Lamarck, 1815
Litamena spugnosa Renier, 1828
Suberites compactus Balsamo Crivelli, 1863

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique proche

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Suberites domuncula est présente en Méditerranée centrale et occidentale, sur les côtes nord-occidentales de l'Afrique du Maroc au Sénégal et dans certains archipels de Macaronésie* (Açores, Canaries, Madère).

Biotope

Cette subérite vit sur les fonds détritiques*, vaseux ou du coralligène* entre 5 et 100 m de profondeur environ. Elle a la particularité de se développer essentiellement sur une grande variété de coquilles de mollusques gastéropodes (rocher fascié Hexaplex trunculus, pied de pélican Aporrhais pespelecani, nasse réticulée Tritia reticulata, etc.) habitées par des pagures (Paguristes eremita, Dardanus calidus, etc.) qu'elle englobe littéralement. On la trouvera également fixée sur des parois rocheuses ou au pied des feuilles de posidonies (Posidonia oceanica). Elle peut aussi incorporer des galets ou se fixer sur la carapace du crabe dromie Dromia personata.

Description

Si cette éponge, dans sa forme juvénile, peut être encroûtante, elle se présente, lorsqu'elle est plus âgée, telle une masse globuleuse ronde ou piriforme* de couleur variable (gris marbré à orange vif le plus souvent).
D'un diamètre moyen d'une dizaine de centimètres, cette éponge peut mesurer jusqu'à 20 cm. Sa surface est lisse et veloutée et sa consistance est ferme et élastique.
On observe 1 ou 2 ouvertures qui sont les orifices exhalants ou oscules* de l'éponge ; ils sont largement ouverts, avoisinant 1 cm de diamètre.

Voir la description microscopique dans la rubrique "Divers biologie".

Espèces ressemblantes

Suberites carnosus : forme une boule lisse et très contractile*. Il est cependant très difficile de distinguer les deux espèces. N'abrite pas de pagure.
Suberites pagurorum : espèce semblable vivant dans les eaux de la mer du Nord et de la Manche et dont les aires de répartition ne se chevauchent pas.
Suberites ficus
: sa forme est nettement piriforme ou allongée. Elle peut recouvrir les coquilles de bivalves, de gastéropode ou de crustacés mais n’héberge pas de pagures.
De nombreuses publications ont traité du complexe Suberites, genre d'éponges qui vivent en symbiose avec les bernard-l'hermite et il est parfois difficile de s'y retrouver. La répartition géographique, les formes des spicules* qui diffèrent d'une espèce à l'autre engendrent encore des discussions qui peuvent laisser le doute s'installer.


Alimentation

Les éponges sont des animaux filtreurs* actifs qui peuvent absorber de grandes quantités d'eau par des myriades de pores. Elles se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant pas 3 micromètres en général. Le courant d'eau nécessaire est engendré par le battement des cils de certaines cellules* spécifiques des Spongiaires : les choanocytes*. Celles-ci captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme. Les déchets non métabolisables sont évacués par des orifices exhalants : les oscules.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée ou asexuée.

  • Sexuée : cette éponge hermaphrodite* produit des spermatozoïdes* et des ovocytes*. La fécondation a lieu au sein de l'éponge mère. Dans ce cas, les spermatozoïdes sont apportés à l'éponge mère par les courants d'eau. Le développement des embryons*, qui dure en général quelques semaines, aboutit à la naissance d’une larve* ciliée* nageuse qui se fixe rapidement pour donner une nouvelle éponge (Suberites domuncula est ovipare*).
    L’émission des gamètes* mâles et femelles est parfois spectaculaire, mais rarement observée.
  • Asexuée : par production de gemmules* qui se développent quand les conditions biologiques sont défavorables.

Les éponges ont une forte capacité de régénération.

Vie associée

Elle est associée le plus souvent avec un pagure de la famille des Diogénidés, le piade, Paguristes eremita, dont elle recouvre entièrement la coquille. Cette association, dite mutualiste, permet à l’éponge de profiter des déplacements et des reliefs du repas du pagure, qui, quant à lui, bénéficie de la toxicité de l’éponge pour éloigner les prédateurs. Le bernard-l’ermite vit alors dans un repli de l’éponge qui finit par dissoudre, grâce à des sécrétions chimiques, la coquille du gastéropode dans lequel il s’était logé offrant ainsi une protection directe au pagure.
Un ectoparasite, le petit crustacé copépode Asterocheres suberitis, vit à la surface de l'éponge et se nourrit du cortex ou des cellules de l'ectosome* de l'éponge. Un petit amphipode commensal* Leucothoe spinicarpa est également trouvé à l'intérieur de cette éponge.

Divers biologie

Les spicules* mégasclères* sont des tylostyles* caractéristiques de 130-350 µm de long en forme de bâtonnets avec une extrémité pointue et l'autre renflée en « tête d'allumette ». Cette subérite ne possède pas de microsclères*.


Informations complémentaires

Suberites domuncula contient une neurotoxine, la subéritine, qui s'avère être très toxique pour la plupart des spongivores* à l'exception de la doris marbrée Dendrodoris limbata et de de la tortue imbriquée Eretmochelys imbricata.

Origine des noms

Origine du nom français

Subérite-gîte = francisation du nom de genre latin et gîte dans le sens de maison. L'éponge offrant un abri au pagure.
Subérite-gîte est une proposition des auteurs du site DORIS. D’autres noms vernaculaires ont été utilisés dans le passé mais ils prêtent à confusion avec d’autres éponges : orange de mer (Tethya citrina), éponge-couverture (Suberites spp.).

Origine du nom scientifique

Suberites : du latin [suber] = liège, cette éponge ayant un peu la consistance de ce matériau.
domuncula : diminutif du mot latin [domus] = maison

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 134282

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Sous-classe Heteroscleromorpha Hétéroscléromorphes
Ordre Suberitida Subéritides
Famille Suberitidae Subéritidés Grands spicules (tylostyles) organisés en "palissade" pour la couche externe et en désordre à l'intérieur.
Genre Suberites
Espèce domuncula

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