Herbiers
Rhizomes rampants et rhizomes dressés
Faisceaux de 4 à 8 feuilles
Feuilles vertes rubanées de 1cm de large et 20 à 100 cm de long
Plante à fleurs
Chiendent de mer, paille de mer
Ocean grass-wrack, Neptune grass (GB), allega aliga (I), alga marina (E), Alga der Griechen (D)
Posidonia caulini K.D. Konig in K.D. Konig & Sims
Endémique de Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Espèce endémique* présente dans toute la Méditerranée, à l'exception des côtes du Levant (Syrie, Liban, Israël, Palestine, Egypte).
Fonds de sable et de roche. Sa distribution verticale naturelle est de 40 m maximum dans les eaux les plus claires. Elle ne supporte pas l'eau saumâtre : la salinité doit être comprise entre 37 et 38 grammes par litre.
Posidonia oceanica une plante vivace à fleurs. Les individus sont constitués de rhizomes ligneux bruns rampants (plagiotropes*), de 1 à 2 cm d'épaisseur, sur lesquels se développent des rhizomes dressés (orthotropes*) qui se terminent par des faisceaux de 4 à 8 feuilles vertes rubanées larges de 1 cm environ et longues de 20 à 100 cm. Les rhizomes développent des racines qui s'ancrent dans le substrat sous-jacent.
Par la croissance en hauteur des rhizomes en réaction au dépôt de sédiments, la posidonie construit au fil des siècles un sol, appelé la matte*, formé de l'entrelacement de rhizomes et de racines compactés par des sédiments. La matte peut atteindre plusieurs mètres d'épaisseur à raison d'un mètre par siècle. Les posidonies forment des herbiers de taille variable, pouvant atteindre plusieurs centaines d'hectares sans discontinuité. La régression des herbiers (pollution, action mécanique, etc.) conduit à des étendues de matte morte, qui se recouvre peu à peu de sédiment. La vitesse de croissance des rhizomes plagiotropes* est très lente, comprise entre 3 à 6 cm/an.
Il y a 5 espèces de plantes à fleurs marines en Europe.
L'aspect des zostères marines (il existerait douze espèces de zostères de par le monde) est très voisin de celui des posidonies de Méditerranée, si on excepte la forme des inflorescences :
La reproduction de la posidonie se fait surtout de manière asexuée par bouturage.
Pour ce qui concerne la reproduction sexuée, l'espèce est monoïque*. La floraison a lieu entre août et novembre, mais pas chaque année. Elle est peu visible, les inflorescences vertes étant cachées parmi les longues feuilles. Quatre à dix fleurs hermaphrodites* sont regroupées en inflorescence à l'extrémité d'un pédoncule* de 10 à 30 cm.
Les fruits (« olives de mer ») qui ne contiennent qu'une seule graine ont la taille et la couleur d'olives, de vert foncé à brun voire noir. Ils sont verts jusqu'à leur détachement qui a lieu entre mai et juillet. Ils flottent alors 15 jours avant de "larguer" leur unique graine. Puis ils s'échouent sur la plage et brunissent. Selon les courants d'importantes quantités de fruits peuvent se déposer sur les plages. Il leur aura fallu 6 à 9 mois pour mûrir.
De nombreux épiphytes* (animaux ou végétaux vivant dessus) se fixent sur les rhizomes et les feuilles de posidonies. On peut y trouver des algues (Fosliella, Giraudya), des bryozoaires (Electra posidoniae), des vers plats (Comoplana palmula) des hydraires, des foraminifères, des spongiaires, des vers tubicoles, des crustacés (Achaeus cranchii), des gastéropodes (Rissoa, Bittium), des ascidies,..
L'herbier est aussi un abri pour de nombreuses espèces : antédon (Antedon mediterranea), seiche (Sepia officinalis), grande nacre (Pinna nobilis), saupes (Sarpa salpa), crénilabres, rascasses, serrans, jeunes congres (Conger conger), hippocampes, syngnathes.
La matte quant à elle, est très riche en divers invertébrés : vers polychètes, sipuncles, crustacés, mollusques, etc..
Les feuilles de posidonie sont broutées la nuit par les oursins violets (Paracentrotus lividus). La saupe mange également les feuilles de posidonie. Les rhizomes sont mangés par l'oursin granuleux (Sphaerechinus granularis).
Lorsque les herbiers de posidonie se développent au fond de criques de très faible profondeur, les plantes affleurent la surface et peuvent créer un récif barrière, contribuant à la formation d'un biotope particulier.
Les mouvements de la mer ont parfois tendance à lacérer les feuilles mortes et à les regrouper en boules de la taille d'une balle de ping-pong ou de tennis que l'on retrouve fréquemment sur les plages. On appelle ces boules des pelotes ou aegagropiles*.
Les feuilles mortes de posidonies sont souvent ramenées sur les bords de plages, où elles s'entassent, formant des banquettes compactes et imputrescibles, pouvant dépasser 1 m de hauteur et qui abritent une faune particulière. Ces laisses de mer empêchent alors l'érosion du sable par les vagues. Néanmoins, comme ces amas de feuilles sont peu appréciés par les baigneurs, les municipalités les font souvent retirer, exposant ainsi le littoral aux caprices de la mer.
La posidonie est improprement appelée le "poumon de la Méditerranée" pour son rôle d'oxygénation de l'eau de mer.
C'est une espèce protégée au niveau français, par l'arrêté ministériel du 19 juillet 1988 (publié au Journal Officiel le 9 août 1988).
L'herbier de posidonie est pris en considération, en tant que biotope, dans le décret d'application (n° 89.694 du 20 septembre 1989) de la « Loi littorale » n° 86.2 du 3 janvier 1986. Ce décret d'application impose notamment la réalisation d'une notice d'impact spécifique sur le milieu marin, et en particulier sur l'herbier de Posidonie, pour tout projet d'aménagement littoral. De plus, la présence d'herbiers doit également être prise en compte dans les dossiers d'aménagement et les études d'impact (Loi sur l'eau n° 92.3 du 3 janvier 1992 ; Loi relative à la protection de la nature n° 76.629 du 10 juillet 1976).
La directive de l'Union Européenne du 21 mai 1992 (92/43/CEE) sur la conservation des habitats naturels et de la faune et la flore sauvage (dénommée « Directive Habitats ») inclut les herbiers de Posidonies dans son annexe 1.
La Posidonie apparaît dans les Annexes de la Convention de Barcelone (adoptées en décembre 1995). Elle est strictement protégée par la Convention de Berne de septembre 1979, adoptées à Strasbourg en décembre 1997 et confirmée en France par décret du ministère des affaires étrangères le 7 juillet 1999.
Enfin, les herbiers marins sont pris en compte par l'Unesco, depuis la conférence de Rio en 1992.
Posidonia tire son nom du dieu de la mer grec [Poséidon].
oceanica provient, mais improprement puisqu'elle est endémique de la Méditerranée, du latin = océan.
Numéro d'entrée WoRMS : 145794
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Magnoliophyta | Angiospermes | Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit. |
Classe | Liliopsida | Monocotylédones | Un seul cotylédon* dans la graine. Les nervures des feuilles sont parallèles. |
Sous-classe | Alismatidae | Alismatidées | |
Super ordre | Alismatanae | Alismatanées | |
Ordre | Alismatales | Alismatales | |
Famille | Posidoniaceae | Posidoniacées | |
Genre | Posidonia | ||
Espèce | oceanica |
Faisceaux de feuilles d'une posidonie
On distingue bien les racines et les faisceaux de feuilles de Posidonia oceanica.
La Ciotat (13), 18 m
23/11/2002
Herbier ondoyant sous les vagues
L'herbier en bonne santé est dense, continu, presque monotone. En plongée au-dessus de ce champ ondoyant, on peut facilement perdre ses repères et avoir le mal de mer...
Côte d'Azur
19/05/2005
Pousses récentes
Les feuilles jeunes sont bien vertes et encore peu recouvertes d'épibiontes.
Galeria, Corse, 25 m
19/10/2007
Posidonie à l'entrée de l'hiver
De nombreux épiphytes recouvrent les vieilles feuilles de posidonie à l'automne.
Calvi, La Revellata, Corse, 13 m
10/2008
Ægagropiles* ou pelotes
Ces pelotes ou ægagropiles* sont formées par le mouvement de la mer sur les feuilles de posidonie détachées.
N/A
09/2005
Banquette de posidonies
Plage occupée par une grande banquette de Posidonia oceanica
Port-Cros (83)
02/2005
Inflorescence
L'inflorescence de la posidonie, Posidonia oceanica, est rarement observée.
Côte Bleue, Bouches du Rhône
12/2002
Inflorescence
Inflorescence de posidonie, dans la Méditerranée azuréenne de décembre.
Pointe Causinière, Cap Ferrat (06), 10 m
06/12/2009
Fruits rougeâtres, foncés
La couleur de ces fruits observés en décembre n'est pas normale puisqu'ils devraient être verts. Ils ne brunissent qu'après leur détachement de la plante.
La saison 2009/2010 a été particulièrement favorable à la reproduction sexuée de la posidonie sur le littoral provençal, mais ceci n'est pas fréquent.
Estérel (06), 12 m
27/12/2009
"Olive de mer"
Les fruits ne contiennent qu'une seule graine et ont la taille et la couleur d’olives. Il leur faudra 6 à 9 mois pour mûrir. Entre mai et juillet ils se détachent et se disséminent en flottant.
Les grottes, Saint Cyr-sur-Mer (83), 10 m
15/04/2010
Inflorescence en vue rapprochée
Ce cliché a été pris alors que certaines fleurs ont leurs anthères (sacs polleniques) vides tandis que d'autres sont pleins ou entrouverts.
Pointe du Vaisseau, Port-Cros (83), 15 m
19/09/2015
Inflorescence légendée
La légende de cette photo a été rédigée avec les lumières de Marc VERLAQUE, grand merci à lui.
Pointe du Vaisseau, Port-Cros (83), 15 m
19/09/2015
Cosses flottant à la surface
Au printemps, les cosses, ayant libéré leur graine, flottent à la surface avant de s'échouer en laisses de mer sur les plages.
Pianatolli (2A)
04/06/2019
Jeunes pousses
Encore courtes, ces jeunes pousses auront une vie mouvementée durant 12 à 18 mois, avant de faner et être remplacées.
Galeria, Corse, 20 m
19/10/2007
Ecaille
Chaque écaille correspond à une pousse d'un faisceau de feuilles dont la durée de vie est de 12 à 18 mois. Ce pied a donc plus de 10 ans d'existence.
Iles de Lérins, Tombant Tradelière, 15 m
13/08/2007
La matte
La croissance en hauteur des rhizomes de posidonie conduit à la formation, au fil des siècles, d'un sol appelé matte, formé de l’entrelacement de rhizomes et de racines compactés par des sédiments. La matte peut atteindre plusieurs mètres d’épaisseur.
Stareso, Calvi, Corse, 16 m
10/2008
Herbier "blanchi" par des épiphytes
Les nombreux organismes fixés sur les feuilles de posidonie, petites algues calcaires, bryozoaires, hydraires, ascidies coloniales.., leur donnent cet aspect blanchâtre.
Antibes (06), 10 m
07/08/2007
Bivalve classique de l'herbier
La grande nacre Pinna nobilis est sans doute l'habitant le plus visible de l'herbier de posidonie en bonne santé.
Calvi, Corse, 13 m
10/2008
Prédateur de l'herbier
La saupe Sarpa salpa fait partie des prédateurs importants de l'herbier. Les empreintes de ses coups de dents sont bien visibles sur les feuilles.
En premier plan, une castagnole Chromis chromis qui se nourrit le jour au-dessus de l'herbier qui lui sert de refuge la nuit.
Port Cros (83), 8 m
06/2006
"Limace" dans l'herbier
Parmi les nombreuses espèces pouvant être rencontrées dans les herbiers de posidonie, les nudibranches ont aussi leur place. Ici un éolidien, Flabellina affinis.
Porquerolles (83), 15 m
08/2008
Serranus scriba caché sous les feuilles
De nombreux poissons se réfugient à l'intérieur de l'herbier de posidonies comme ici ce serran écriture.
Stareso, Corse, 12 m
10/2008
Biodiversité au pied des posidonies
La richesse des organismes fixés au pied des frondes contraste avec la pauvreté apparente des "champs" de posidonie. Bryozoaires, ascidies, éponges, algues, cnidaires, vers... sont visibles sur ce cliché.
Port Cros (83), 14 m
05/07/2006
Ascidie coloniale collée aux feuilles
Cette feuille de posidonie est colonisée sur toute la largeur et sur une dizaine de centimètres de longueur par une ascidie coloniale, une didemnidé blanchâtre.
Calvi, Corse, 11 m
10/2008
Syngnathe de l'herbier
Nerophis maculatus fait partie des habitants habituels de l'herbier de posidonie. D'autres espèces dont la coloration est proche de celle des posidonies sont beaucoup plus difficiles à observer.
Villefranche sur mer (06), 21 m
15/07/2005
Camouflage et homochromie
De nombreux poissons se cachent dans l'herbier et adoptent une coloration camouflage. Ici un jeune merle vert, Labrus viridis, arbore la coloration typique, verte à ligne blanche, des juvéniles qui vivent dans l'herbier. Son proche cousin Labrus merula, fréquente également les herbiers de posidonie.
La Gabinière, Port Cros (83), 22 m
30/08/2008
Rédacteur principal : Géraldine TEISSEIRE BOISLEUX
Vérificateur : Michel PEAN
Correcteur : Jean-Georges HARMELIN
Responsable régional : Michel PEAN
Boudouresque C.F., Bernard G., Bonhomme P., Charbonnel E., Diviacco G., Meinesz A., Pergent G., Pergent-Martini C., Ruitton S., Tunesi L., 2006, Préservation et conservation des herbiers à Posidonia oceanica, RAMOGE Pub. (Peut être téléchargé sur www.ramoge.org).
La page sur Posidonia oceanica sur le site de référence de DORIS pour les plantes supérieures : Tela Botanica