Crabe très plat
Carapace presque carrée, jusqu'à 3,9 cm
Des taches jaunes sur les pattes
Pattes avec épines sur le bord avant
A très faible profondeur dans les rochers
Crabe sourire (Antilles), Sally-pied-léger
Nimble spray crab, Sally lightfoot crab (GB), Granchio subtropicale (I), Gibbesi krab (NL), Algenfressende Krabbe (D)
Acanthopus Gibbesi H. Milne Edwards, 1853
Plagusia delaunayi Rochebrune, 1883
Méditerranée, Atlantique (Antilles), Clipperton
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Caraïbes, ● Indo-PacifiqueLe crabe plat des oursins est natif de l'Atlantique intertropical africain et américain (présent dans les Antilles françaises) ainsi que du Pacifique américain (présent à l'île Clipperton). Il a pénétré récemment en Méditerranée par Gibraltar (espèce herculéenne*) où il est considéré comme introduit et envahissant. En France métropolitaine il a été signalé en Corse depuis 2010 où plusieurs populations se sont installées ; il y a aussi des signalements en Provence et sur la Côte d'Azur : Fréjus depuis mai 2013 et Villefranche-sur-Mer depuis août 2015.
Le crabe plat des oursins aime les côtes rocheuses, les jetées des ports et les marinas. Il se cache dans les fissures ou les petites cavités. Il apprécie tout particulièrement les rochers couverts d'algues calcaires en mode battu. Il se rencontre en zone intertidale* et dans les premiers mètres de profondeur. Les gros individus vivent plus profondément que les petits.
Ce crabe est extrêmement plat. Sa carapace* est presque carrée avec les angles arrondis, fine, presque lisse avec quelques tubercules peu marqués ; elle est à peine plus longue que large, et sa longueur mesure jusqu'à 39 mm. Elle est munie de trois dents au niveau du front et de quatre dents antéro-latérales pointues.
Les yeux sont gros et en forme de haricot.
Sur les pinces, le mérus* et le carpe* sont épineux. Chaque patte porte une rangée d'épines sur le bord antérieur du mérus.
Il y a un faible dimorphisme* sexuel : les pinces des mâles sont légèrement inégales et nettement plus fortes que celles des femelles ou des juvéniles.
La livrée colorée varie peu en fonction de l'âge, du sexe et des individus. Elle est brun-rouge ou vert-brun. Des marques symétriques de couleur turquoise sont présentes de chaque côté d'une ligne médio-dorsale de la même couleur. Le mérus* de chaque patte ambulatoire possède une bande turquoise médiane. Une bande jaune vif se trouve sur les pattes au niveau de l'articulation carpe-propode* et propode-dactyle*. Une tache bleu-clair brillante est présente sur la partie distale sur l'ischium* des pattes et une ligne fine de la même couleur souligne la bordure entre la face dorsale et la face ventrale de la carapace. Les pédoncules* oculaires et les pinces sont orangés. La couleur est plus pâle du côté ventral.
Il existe en tout sept espèces dans le genre Percnon ; ces espèces sont assez proches les unes des autres. Le crabe plat abrégé Percnon abbreviatum, le crabe plat voisin Percnon affine et le crabe plat de Guinot Percnon guinotae se rencontrent dans tout l'Indo-Pacifique tropical et peuvent s'observer à Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Wallis & Futuna, Polynésie française...
Pendant longtemps, les scientifiques ont discuté la validité des deux espèces très proches que sont le crabe plat des oursins Percnon gibbesi et le crabe plat aux yeux rouges Percnon planissimum. Les signalements en Atlantique et en Méditerranée de cette dernière espèce correspondent en fait à la première. Ces deux espèces se distinguent
Les distributions géographiques sont différentes, P. gibbesi étant présent dans tout l'Atlantique intertropical ainsi que sur les côtes du Pacifique américain tandis que P. planissimum a une distribution indo-ouest-pacifique.
En Méditerranée, le crabe plat des oursins peut éventuellement être confondu avec les espèces locales du genre Pachygrapsus.
Ce crabe furtif, très vif et agile est actif le jour et possède un pic alimentaire au crépuscule. C'est principalement un herbivore utilisant ses pinces pour prélever les algues rouges calcaires, les algues filamenteuses ou le film algal de surface dont il se nourrit. Il pourrait à l'occasion consommer des macro-algues, des pagures et des vers polychètes.
En Afrique tropicale, des femelles ovigères* ont été signalées pratiquement toute l'année. En Méditerranée, elles ont été observées pendant la saison chaude, de mai à septembre. Le développement larvaire* comporte six stades zoé* et une mégalope*. Les larves vivent relativement longtemps dans le plancton*, ce qui permet une dispersion de l'espèce à longue distance. Les juvéniles (carapace inférieure à 1,5 cm de long) se rencontrent d'octobre à mars.
En Méditerranée, ce crabe apprécie particulièrement la présence d'oursins noirs comme Arbacia lixula (Linnaeus, 1758). Sur les côtes américaines, les juvéniles se cachent entre les épines de l'oursin diadème des Antilles Diadema antillarum. Quelques poissons sont connus comme des prédateurs de ce crabe ; citons par exemple le serran à queue noire Serranus atricauda ou la grande vieille Labrus bergylta. D'autres poissons sont des prédateurs possibles en Méditerranée : dentis, bars, daurades, pagres ; il convient d'ajouter à cette liste de prédateurs possibles des céphalopodes comme les poulpes et pourquoi pas également des gros crustacés.
Ce crabe a un comportement plus ou moins grégaire ; il forme des groupes de 2 à 5 individus. Il est difficile à photographier en plongée sous-marine car il est très craintif et se réfugie bien vite sous les pierres et dans les anfractuosités. Il est parfois présenté en aquariologie marine. Il peut entrer en compétition avec d'autres espèces comme le crabe marbré Pachygrapsus marmoratus ou l'ériphie verruqueuse Eriphia verrucosa mais aucune étude le prouve. Peut-être les Percnon résistent-ils mieux aux vagues que les Pachygrapsus, en étant plus forts pour s'accrocher (plus plats, plus grands, pattes plus longues). Végétarienne, l'espèce ne semble pas avoir d'effet notable sur les écosystèmes littoraux qu'elle fréquente. Elle n'a pas d'impact écologique ou économique connu.
"Crabe plat" vient du fait que cette espèce est très plate ; le nom "des oursins" se réfère à la présence fréquente d'oursins dans les secteurs fréquentés par l'espèce.
Percnon = ce genre a été créé par Johannes von Nepomuk Franz Xaver Gistel en 1848. Ce nom vient du grec [percnon] = noirâtre, ou tacheté de noir.
gibbesi = espèce dédiée à Lewis Reeve Gibbes, naturaliste et médecin américain (1810 - 1894).
Numéro d'entrée WoRMS : 107458
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
| Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
| Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
| Sous-ordre | Brachyura | Brachyoures | Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer. |
| Famille | Percnidae | Percnidés | |
| Genre | Percnon | ||
| Espèce | gibbesi |
Crustacés Malacostracés (crabes, crevettes...)
Crabes, araignées de mer... (Brachyoures)
Ultra-plat, de profil
Sa forme très plate lui permet de se glisser dans les fissures des roches submergées et sous les piquants des oursins, d'où son nom vernaculaire de crabe des oursins (sea urchin crab en anglais).
Et la ligne claire à l'avant de sa carapace lui a valu le surnom de "crabe souriant" !
Grande Canarie, 2 m
6/5/2011
Crustacés Malacostracés (crabes, crevettes...)
Crabes, araignées de mer... (Brachyoures)
Attitude in situ
Voici comment se présente habituellement le crabe des oursins : bien à plat à l'abri sous les piquants, faisant face au plongeur, et repérable aux bracelets jaune fluo sur ses pattes !
Petite Anse, Guadeloupe, vers 4 m
13/07/2010
Vue dorsale
Il est difficile de photographier ce crabe très méfiant en vue dorsale in situ. Remarquer les principaux critères morphologiques utiles à l'identification : carapace presque aussi large que longue, épines sur le bord antérieur des pattes locomotrices, taches jaunes au niveau des principales articulations des pattes.
Petit port d'Héraklion (Crète), vers 1 m
10/07/2015
Gros plan de face
La tête est munie de trois dents au niveau du front et de quatre dents antéro-latérales pointues.
Les yeux sont gros et en forme de haricot. Les pédoncules* oculaires et les pinces sont orangés.
Entre la grotte à corail et le tombant Madame, rade de Villefranche-sur-mer (06), 1 m, en PMT
Association Centre de Découverte Mer et Montagne (CDMM)
18/08/2017
Mue (exuvie)
En l'absence de déplacement, on pourrait penser à un cadavre mais d'après la coloration générale et les yeux clairs, il s'agit d'une mue. Les animaux morts sans prédateurs ou charognards autour sont très rares dans la nature…
Il se tient de ce fait tout à fait tranquille ce qui permet au photographe de saisir les détails anatomiques.
Eastern Rocks,(Madère), 6 m
2/8/2014
Les dangers de la mue
Ce minuscule crabe pensait avoir trouvé une bonne cachette au creux des éponges pour quitter tranquillement son exuvie. Hélas, un bébé poisson-faucon guettait....
Anse d'Arlet Bourg, Martinique, 6 m
29/11/2017
Surpris en Crète
Le crabe plat se laisse rarement photographier "de dos", il s'efforce toujours d'abriter sons arrière-train sans défense sous une roche, dans une fissure, près d'un oursin.
Plage de Mononaftis beach, à Agias Pelagias (Crète) , vers 2-3m .
11/07/2017
En danseuse
Position typique de ce petit crabe, ici très coloré : sur la pointe des pattes, prêt à se faufiler prestement dans la fissure ! Les pinces sont petites, mais la platitude et la vue de profil de permet pas de savoir si c'est une danseuse ou un danseur...
Ilot aux Oiseaux, Cap Vert, 7 m
6/4/2015
L'abdomen rond de la femelle
Ce crabe est habituellement plaqué contre le rocher ; celui-ci accepte de nous montrer sa face ventrale et de nous dévoiler ainsi la forme bien ronde de son abdomen : il s'agit d'une femelle (non ovigère).
Ténérife (Canaries), 12 m
08/10/2014
Mâle guadeloupéen
La face ventrale visible sur ce cliché montre un abdomen à extrémité pointue ; il s'agit d'un mâle.
Les taches bleues bien visibles au-dessus des yeux sont les flagelles antennulaires, toujours en mouvement, qui renseignent le crabe sur les molécules présentes dans son environnement.
Trois Pointes, Guadeloupe, 7 m
27/06/2015
Les flagelles antennulaires
Ils sont ici bien visibles entre les yeux. Ces flagelles sont munis de poils implantés dans 2 directions différentes, qui donnent cet aspect irisé selon la lumière.
Terre de Haut, Guadeloupe, moins de 15 m
25/01/2009
Crabe en prison ?
En zone tropicale, le crabe plat s'abrite de préférence sous les longs piquants des Diadématidés, voire sous les longs tentacules des anémones géantes. Ce qui ne facilite pas la tâche du photographe.
Anses d'Arlet, Martinique, 5 m
28/07/2007
Patelle au menu
Ce crabe a été surpris en train de manger une patelle. Le régime alimentaire habituel serait cependant à base d'algues.
Port d'Heraklion, Crète, vers 1 m
6/1/2015
Exuvie à plat
En été, les jeunes crabes muent souvent pour grandir et les exuvies sont parfois trouvées sur le fond à proximité des roches où se cachent les crabes. Elles sont aussi rejetées par la mer sur les grèves proches.
Ce spécimen avait une carapace de 18 mm x 16 mm (L x l) ; c'est un juvénile qui a pu passer en une nuit à la taille supérieure de 25 x 22 mm.
Le Lido, rade de Villefranche-sur-Mer (06), -1m
Association Centre de Découverte Mer et Montagne (CDMM)
19/07/2017
Sur la Côte d'azur : Villefranche-sur-mer
L'espèce a pénétré récemment en Méditerranée où elle est considérée comme introduite et envahissante. Elle fait ainsi l'objet d'un suivi DORIS quant à sa distribution méditerranéenne.
La Côte d'azur, et plus précisément la rade de Villefranche-sur-mer à l'est de Nice, a été le lieu de plusieurs observations et signalements. Ceci principalement à l'occasion de randonnées palmées.
Entre la pointe Madame et la Grotte à corail, rade de Villefranche-sur-mer (06), 1 m, en PMT
Association Centre de Découverte Mer et Montagne (CDMM)
04/08/2017
Un "pattes jaunes" aux Galapagos
Ce crabe se rencontre également sur la côte pacifique américaine.
Sur les quelques photos disponibles dans cette zone biogéographique, on constate que ces spécimens très pacifiques ont l'extrémité des pattes jaune d'or. S'agit-il d'une variation pigmentaire propre aux populations de l'Est du Pacifique?
Galápagos, 5 m
22/10/2015
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Anne PROUZET
Barrois T., 1888, Catalogue des Crustacés marins, recueillis aux Açores durant les mois d'août et septembre 1887, Le Bigot frères éd., Lille, 1-110.
Carré C., 2006, Inventaire des Crustacés Décapodes du littoral de la Martinique, Rapport de Master 2 Recherche, Observatoire du Milieu Marin Martiniquais, Fort de France, 1-23.
Manning R. B., Holthuis L. B., 1981, West African Brachyuran crabs (Crustacea: Decapoda), Smithsonian Contributions to Zoology, Washington, 306, 1-379.
Monod T., 1956, Hippidea et Brachyura ouest-africains, Mémoires de l'Institut fondamental d'Afrique noire, IFAN, Dakar, 45, 1-674.
Paula J., Hartnoll R. G., 1989, The larval and post-larval development of Percnon gibbesi (Crustacea, Brachyura, Grapsidae) and the identity of the larval genus Pluteocaris, Journal of Zoology (London), 218(1), 17-37.
Questel K., Le Quellec F., 2012, La faune terrestre et aquatique de Saint-Barthélemy (Antilles françaises), Synthèse bibliographique et quelques données inédites, Version 1.2, La Réserve Naturelle de Saint-Barthélemy, Alsophis et Université des Antilles et de la Guyane, 1-65.
Sghaier Y. R., Zakhama-Sraieb R., Charfi-Cheikhrouha F., 2011, On the distribution of Percnon gibbesi (H. Milne Edwards, 1853) (Crustacea, Decapoda, Plagusiidae) along the Tunisian coast, Mediterranean Marine Science, 12(1), 233-238.
Williams A. B., 1984, Shrimps, lobsters and crabs of the Atlantic coast of the Eastern United States, Maine to Florida, Smithsonian Institution Press, Washington, D.C., USA, 1-550.
Galil B., 2006, Percnon gibbesi (H. Milne Edwards, 1853), in DAISIE (Delivering Alien Invasive Species Inventories for Europe), Last Modified: November 6th, 2006 : http://www.europe-aliens.org/pdf/Percnon_gibbesi.p... Consulté le 8 juillet 2015.
La page de Percnon gibbesi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
