Coquille d'environ 3 à 5 cm de longueur présentant 10 tours tuberculés
Dernier tour très large avec 2 rangées de tubercules
3 digitations palmées en plus d'un long canal siphonal
Coloration grisâtre, jaune, ocre ou brun clair
Opercule elliptique fixé sur un côté du pied
Pied de pélican
Pelican's foot, common pelican's foot (GB), Piede di pellicano, crocetta (I), Pie de pelicano (E), Pelikanfuß (D), Pelikaansvoet, Pelikaansvoetje (NL)
Strombus pespelecani Linnaeus, 1758
Aporrhais quadrifidus Da Costa, 1778
Rostellaria aladraconis Perry, 1811
Murex gracilis Brocchi, 1814
Fusus fragilis Risso, 1826
Chenopus pespelecani (Philippi, 1836)
Aporrhais aldrovandi Capellini, 1860
Aporrhais bilobatus Locard, 1886
Aporrhais pelecanopus Locard, 1886
Aporrhais conemenosi Monterosato, 1890
Aporrhais michaudi Locard, 1892
Aporrhais pelecanipes Locard, 1892
Océan Atlantique Nord, Manche, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Aporrhais pespelecani vit en Atlantique Nord-Est, de la Norvège et de l'Islande jusqu'au sud du Maroc. On le rencontre également en Manche, en mer du Nord et en Méditerranée. Sa présence en mer Noire est évoquée mais reste à confirmer.
Le pied de pélican est une espèce de l'infra* et du circalittoral*. Il vit semi-enfoui dans la boue, le sable, le gravier ou la vase depuis les premiers mètres jusqu'à 180 mètres de profondeur et probablement plus. Il est à même de creuser une galerie dans le sédiment avec ses canaux inhalant et exhalant. Il vit parfois en groupe de nombreux individus.
La coquille d'Aporrhais pespelecani est de forme très variable. Elle a toujours un aspect très robuste et présente trois digitations palmées et parcourues par un sillon plus ou moins ouvert côté labre*. Chez certains individus, les deuxième et troisième digitations sont reliées en une frange coupante. Celles-ci ne sont développées qu'à l'âge adulte. Très pointue, la spire* comporte jusqu'à 10 tours. Le dernier tour représente environ les trois quarts de la hauteur de la coquille et s'ouvre sur le large labre palmé. Sa surface est sculptée de deux rangées de tubercules. Le canal siphonal* est long et peut être confondu avec une quatrième digitation. Le pied de pélican mesure jusqu'à 5 cm de longueur pour 3 de largeur sans les digitations. La coloration est variable : du jaune à l'ocre orangé au gris et au brun. Chez les individus vivant dans la vase, elle tend vers le noir. L'ouverture est blanc nacré. L'opercule* en forme d'ellipse très allongée est fixé sur un côté du pied*. Le corps est blanc tacheté de jaune ou d'orangé. La tête présente un long museau flanqué de deux tentacules* portant chacun un œil à leur base.
Aporrhais serresiana (Michaud, 1828) est une espèce plus petite, qui présente quatre digitations plus fines en plus du canal siphonal*. Elle peut être observée en Méditerranée, à de plus grandes profondeurs, elle est rare en Atlantique.
Le pied de pélican étend sa trompe et se nourrit de microorganismes (plancton*, diatomées*...) grâce à ses branchies qui lui servent d'appareil filtrant. Son régime alimentaire se compose également de détritus (matière organique animale ou végétale).
L'espèce est gonochorique*, la fécondation est interne. La reproduction est annuelle, elle a lieu du printemps au début de l'été. Les œufs sont pondus encapsulés sur le substrat, un par un, ou par deux ou par trois. Chaque capsule, dont l'enveloppe adhère aux grains de sable, ne contient qu'un seul œuf, minuscule. A l'éclosion il y a libération d'une larve véligère* qui va mener une vie pélagique* pendant environ deux semaines. Après métamorphose*, le juvénile acquiert un mode de vie benthique*.
La coquille du pied de pélican est (rarement) colonisée par le cirripède Balanus crenatus et l'hydraire Hydractinia spp.
Vide, elle est colonisée par des spirorbes, des polychètes tubicoles, des bryozoaires...
Quand les individus sont jeunes, les coquilles ressemblent à celles d'autres familles comme les Fusus ou les cérithes. Les digitations ne se développent que quand l'animal atteint un certain âge, cela explique pourquoi on n'observe pas de petites coquilles digitées.
Les coquilles des individus de l'Atlantique peuvent avoir la digitation la plus proche de l'ouverture qui se divise en deux. Ces deux branches sont alors toujours liées.
Ce gastéropode se déplace par élongation du pied et s'enfonce dans le substrat en agitant ses digitations. Il avance de manière caractéristique et laborieuse : il prend appui sur son pied, projette sa coquille en avant, puis prend appui sur sa coquille pendant que le pied se rétracte.
On trouve parfois dans la laisse de mer des coquilles de pieds de pélican rejetées après les tempêtes, mais elles sont presque toujours vides, érodées et rarement complètes.
Les Aporrhais sont ce que l'on a coutume de dire des "fossiles vivants" car ils appartiennent à une famille qui était bien représentée et très diversifiée au Crétacé, il y a plus de 65 millions d'années. Il n'en subsiste aujourd'hui que cinq espèces, toutes dans l'Atlantique.
Ces animaux vivent en groupes de nombreux individus et sont récoltés pour être collectionnés.
Cette espèce fait partie des prises accessoires lors des pêches sur le fond. Elle fait aussi partie d'une pêche occasionnelle et peut être vendue sur les marchés pour être consommée fraîche, notamment en hors d'œuvre, accompagnée d'une sauce au citron. Sur les côtes italiennes adriatiques, elle est consommée traditionnellement lors de la "Sagra della Crocetta", crocetta étant le nom vernaculaire de ce mollusque en Italie.
Son long opercule étroit n'est soudé au pied que par un côté, le bord libre étant acéré. Par des mouvements du pied ainsi armé, l'animal peut donner des coups violents à un prédateur ou au pêcheur qui s'en serait saisi.
Deux observations curieuses concernant cette espèce :
Sur une plage de Lège-Cap-Ferret (en Gironde 33) à deux occasions un "pied de pélican" a été vu vivant abandonné hors de l'eau par la marée basse et à chaque fois le mollusque était à demi enfoncé dans le sable en position verticale. Question : cela relève-t-il d'une stratégie ou d'une technique d'enfoncement dans le sable ?
Si d'autres observations de ce genre et de cette espèce ont pu être réalisées prendre contact avec l'auteur de la fiche.
Pied de pélican est la traduction exacte du nom scientifique d'espèce pespelecani : pour la ressemblance de la coquille avec les pattes de l'oiseau.
Aporrhais : [aporràino] = je m'éparpille en éventail, à cause de la disposition des digitations palmées. Ce nom de genre a été donné en 1778 par le malacologue anglais Emmanuel Mendes da Costa (1717-1791). Ce nom était utilisé par Aristote.
pespelecani vient des mots latins [pes] et [pelecani] qui désigne le pied de pélican pour la vague ressemblance avec le pied de l'oiseau du même nom.
Numéro d'entrée WoRMS : 138760
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Aporrhaidae | Aporrhaidés | Coquille avec des séries de nodosités spiralées, qui se prolongent par des expansions digitiformes au niveau de l'aile du labre. Lindner 2011:77. |
Genre | Aporrhais | ||
Espèce | pespelecani |
Morphologie de la coquille
La coquille d'Aporrhais pespelecani est robuste et présente trois digitations palmées et parcourues par un sillon plus ou moins ouvert côté labre*. Très pointue, sa spire* comporte jusqu'à 10 tours parcourus de deux rangées de tubercules, bien visibles sur ce cliché. L'animal mesure jusqu'à 4,5 centimètres de longueur, sans les digitations.
Bretagne
22/03/2011
Vues externe et interne
Le dernier tour s'ouvre sur le large labre* palmé (à droite). Le canal siphonal* (en bas, à droite) est long et peut être confondu avec une quatrième digitation.
Bretagne
22/03/2011
Pied de pélican vivant sur le sable
En position normale, le pied de pélican est bien camouflé sur le fond sableux
Plougastel, Rade de Brest, 5m
04/06/2017
Pied de pélican retourné
Retourné, on distingue l'opercule et l'extrémité du siphon de l'animal
Plougastel, Rade de Brest, 5m
04/06/2017
Variabilité de forme et de couleur
Aporrhais pespelecani présente une coloration fort variable, du jaune orangé à l'ocre et au brun plus ou moins pâle.
Les digitations palmées n'apparaissent qu'à partir d'un certain âge. A l'inverse, chez le mollusque mort, elles sont les premières à être érodées. C'est le plus souvent dans cet état que les coquilles sont retrouvées dans la laisse de mer.
Bretagne
22/03/2011
En Méditerranée
Recto-verso d'une coquille vide du même individu.
Saintes-Maries-de-la-Mer, Camargue (13), 0,4 m
22/02/2020
Coquille squattée en Méditerranée
Cette coquille vide est utilisée par un bernard-l'ermite.
Saintes-Maries-de-la-Mer, Camargue (13), 0,4 m
22/02/2020
Juvénile vivant côté ouverture
Un juvénile vivant qui permet de voir la coloration de l'animal, une forme de coquille inattendue lorsqu'on connait les adultes et une belle protoconque, côté ouverture.
Cros de Cagnes (06) entre galets et fpnd vaso-sableux, 11 m
31/05/2019
Juvénile vivant
Un juvénile vivant qui permet de voir la coloration de l'animal, une forme de coquille inattendue lorsqu'on connait les adultes et une belle protoconque.
Cros de Cagnes (06) entre galets et fond vaso-sableux, 11 m
31/05/2019
Vue dorsale
Les variations de teinte sont assez sensibles selon les stries d'accroissement visibles en vue dorsale.
Brest (29), 5 m
26/07/2009
Coquille squattée
Un petit pagure poilu, vraisemblablement Pagurus cuanensis, squatte cette coquille vide. Cette dernière est colonisée par quelques spirorbes.
Plougastel, rade de Brest (29), 5 m
08/2009
Pointes cassées
Il n'est pas rare de trouver des individus ayant des pointes cassées.
Brest (29), 5 m
26/07/2009
Coquille abandonnée
Cette coquille fortement érodée est abandonnée sur le sable.
Plougastel, rade de Brest (29), 2 m
08/2008
Animal vivant dans sa coquille
l'ouverture est vers nous, on distingue les deux tentacules céphaliques et peut-être l'opercule. La coquille, au niveau du siphon, semble recouverte d'algues rouges encroûtantes.
Fos-sur-Mer (13), 2 m
04/04/2022
L'animal en extension
Cet individu sortait du sable. Sa tête est étirée, son mufle et les deux tentacules sont bien visibles. A la base du tentacule gauche on distingue un œil.
Aquarium, Brest (29)
27/08/2020
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER