Murex épineux

Bolinus brandaris | (Linnaeus, 1758)

N° 2876

Méditerranée et Atlantique proche

Clé d'identification

Coquille beige en forme de massue
Long siphon
Epines ou tubercules
Opercule corné, brun, à stries concentriques

Noms

Autres noms communs français

Murex droite épine, murex tinctorial, rocher massue, rocher épineux, escargot de mer

Noms communs internationaux

Purple dye murex, spined murex (GB), Murice spinoso, garusolo (I), Canailla, busano (E), Brandhorn, Stachelschnecke, Herkuleskeule (D), Gestekelde purperslak (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Haustellum brandaris(Linnaeus 1758)
Murex brandaris Linnaeus, 1758
Murex clavaherculis Röding, 1798
Murex tuberculatus Röding, 1798
Purpura fuliginosa Röding, 1798
Aranea cinera Perry, 1811
Haustellum clavatum Schumacher, 1817
Murex coronatus Risso, 1826
Murex brandariformis Locard, 1886
Murex trispinosus Locard, 1886
De très nombreuses sous-espèces, mais non reconnues, on été nommées par plusieurs auteurs.

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique proche

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Le murex épineux est une espèce de Méditerranée qui progressivement s'étend dans l'Atlantique proche. On la rencontre aujourd'hui depuis la Galice (Espagne) jusqu'au Maroc. Elle ne semble pas encore arrivée sur les côtes atlantiques françaises, mais toute nouvelle observation serait la bienvenue.

Biotope

Bolinus brandaris se rencontre sur les fonds sableux ou vaseux entre 5 et 50 m de profondeur, mais est rapporté jusqu'à 200 m. Plus rarement, il peut également se rencontrer sur les fonds rocheux peu profonds.

Description

La coquille du murex épineux, avec sa forme globulaire prolongée par un long canal siphonal* légèrement recourbé vers le haut à son extrémité, rappelle celle d'une massue. Cette espèce peut atteindre 9 cm de longueur, dont la moitié pour le canal siphonal. La spire* comprend 6 tours anguleux, chacun portant 4 à 8 épines disposées sur une même ligne, dont la taille augmente en se rapprochant de l'ouverture. Celle-ci a une forme ovale et un opercule* corné, brun, aux stries concentriques, l'obstrue quand l'animal se rétracte à l'intérieur.
La coquille est souvent recouverte d'épibiontes* (algues vertes microscopiques, algues calcaires) masquant sa couleur beige. L'intérieur est de couleur orangée.

Le pied, de couleur blanchâtre à brunâtre chiné de noir, porte 2 tentacules olfactifs.

Espèces ressemblantes

Il existe de nombreuses espèces de murex ayant une forme similaire avec des épines soit plus réduites soit beaucoup plus longues, mais le murex épineux est le seul dans son aire de distribution. De la Mauritanie au Sénégal, se rencontre Bolinus cornutus, qui se différencie de B. brandaris par une taille plus importante, des épines plus longues et deux rangées d'épines sur le canal siphonal.

Hexaplex trunculus, le rocher fascié, présente un siphon plus court, une forme moins globulaire et n'a pas de d'épines, mais de simple tubercules. Sa coquille a de nombreuses bandes violacées mais est souvent recouverte d'organismes.

Alimentation

Le murex épineux est un prédateur perceur qui se nourrit de bivalves et autres gastéropodes.

Reproduction - Multiplication

La reproduction a lieu deux fois par an : en avril, mais surtout en juin-juillet. Les sexes sont séparés, comme chez tous les prosobranches, mais il n'y a pas de dimorphisme sexuel. La femelle présente un pénis rudimentaire non fonctionnel. La ponte a la forme d'une boule spongieuse, composée de nombreuses capsules blanches et pouvant atteindre 80 cm de diamètre. Il est très difficile de différencier cette ponte de celle d'Hexaplex trunculus. Seule la présence des adultes sur la ponte le permet !

Vie associée

La coquille est souvent recouverte d'algues vertes microscopiques, d'algues calcaires encroûtantes, voire d'hydraires.

Divers biologie

La croissance de la coquille n'est pas uniforme. En effet, le bord de la coquille croît quelques temps, puis s'arrête. Les épines se forment alors sur le bord qui s'épaissit. Une nouvelle phase de croissance va suivre et se terminer à nouveau par une phase de repos. Les côtes épaissies ou varices* porteuses d'épines sont les vestiges des anciens labres*, formés pendant les périodes de repos. Le nombre de varices sur un tour est caractéristique de l'espèce.

Les épines sont fragiles et se cassent et s'usent facilement. Il n'est donc pas rare de voir des individus, ne montant que de simples tubercules, vestiges des épines d'origine.

Informations complémentaires

Le murex épineux est, avec Hexaplex trunculus et Stramonita haemastoma, un des principaux coquillages dont on a extrait la pourpre naturelle dans l'Antiquité. Des collines de coquilles vides ont été trouvées sur certains sites archéologiques.
Ce colorant a pour origine la sécrétion d'une glande, présente dans la cavité palléale. Elle produit un liquide incolore qui, après macération et ébullition et au contact de la lumière, devenait jaune puis vert, bleu, et enfin pourpre.
L'utilité de cette sécrétion pour l'animal n'est pas connue.

C'est une espèce comestible, qui est pêchée localement. Les prises sur les côtes catalanes espagnoles en 1993 s'élevaient à 360 tonnes.

Statuts de conservation et réglementations diverses

La pêche de cette espèce est réglementée localement, comme en Espagne, où elle est autorisée du 1er mars au 31 juillet pour une taille minimale de 7 cm.

Origine des noms

Origine du nom français

Murex : ancien nom du genre, d'origine latine et donné aux gastéropodes dont on tirait la pourpre ;
Epineux, car sa coquille porte de longues épines.

Origine du nom scientifique

Bolinus : nom de genre donné par G. Pusch en 1837. Plusieurs étymologies sont possibles :
- de Bolina = nymphe de la suite d'Apollon
- de Bolis = météore igné ayant la forme d'un trait ou sonde marine
- de bouline = sonde

brandaris : nom d'espèce créé par Linné à partir du nom allemand [brandhorn] (littéralement = corne d'incendie), qui donna en ancien français [brand] = épée. Peut être en rapport avec le long canal siphonal qui peut rappeler une épée.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 140389

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Neogastropoda Néogastéropodes Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea.
Famille Muricidae Muricidés

Coquille spiralée, de forme et de taille variables (13 mm à 300 mm environ), souvent ventrue avec un apex court ; en général de fortes varices qui, selon la forme du bord du manteau ont l'aspect de bourrelets, bosses, plis, épines et peuvent être ramifiées, écailleuses ou tuberculées. La croissance est périodique. La disposition et le nombre de ces varices est caractéristique de chaque espèce. Le canal siphonal est court ou très long, ouvert ou partiellement fermé. D'après Lindner 2011:97.

Sous-famille Muricinae Muricinés
Genre Bolinus
Espèce brandaris

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