Flabelline rouge

Coryphella verrucosa | (M. Sars, 1829)

N° 1623

Atlantique Nord, Pacifique Nord

Clé d'identification

Corps blanc translucide
Cérates marron, brun rouge, orangés ou rouges
Extrémité des cérates, des rhinophores et des tentacules oraux blanche
Rhinophores lisses ou rugueux

Noms

Autres noms communs français

Nudibranche rouge (Québec), flabelline verruqueuse, coryphelle verruqueuse

Noms communs internationaux

Red-finger aeolis, red-finger nudibranch, red-gilled nudibranch (GB), Rotrückige, Fadenschnecke (D), Brun frynsesnegl (N)

Synonymes du nom scientifique actuel

Eolidia verrucosa Sars, 1829
Coryphella verrucosa Sars, 1829
Flabellina verrucosa (M. Sars, 1829)
Eolis rufibranchialis G. Johnston, 1832
Coryphella rufibranchialis (Johnston, 1832)
Coryphella verrucosa rufibranchialis (Johnston, 1832)
Eolidia embletoni G. Johnston, 1835
Eolis diversa Couthouy, 1839
Coryphella diversa (Couthouy, 1839)
Eolis mananensis Stimpson, 1853
Coryphella rufibranchialis cocholata Balch, 1908
Coryphella longicaudata O'Donoghue, 1922

Distribution géographique

Atlantique Nord, Pacifique Nord

Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Ce nudibranche se rencontre de l'Arctique au Cap Cod (cap sur la côte est des États-Unis). Il est présent dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent, dans l'Atlantique Ouest au sud de la Nouvelle-Angleterre, au nord du golfe du Maine, à l'est et l'ouest du Groenland, dans l'Atlantique Est en l'Islande, aux îles Féroé, au Spitzberg, dans la péninsule de Kola, dans les mers de Barents et de Kara, sur la côte norvégienne et autour des îles Britanniques. Des spécimens ont été identifiés en Bretagne sur l'île de Groix.
On note également sa présence dans le Pacifique Est (mer de Bering) et dans le Pacifique Ouest (mer du Japon).

Biotope

La flabelline rouge est observée sur des fonds d'algues et de roches de l'infralittoral dans des zones semi-abritées mais exposées aux courants de marées, de la surface jusqu'à 33 m environ.

Description

Coryphella verrucosa est un éolidien qui mesure de 20 à 35 mm de long. Il possède un corps blanc plus ou moins translucide. La queue porte une ligne longitudinale blanc opaque. Les tentacules buccaux et les rhinophores* sont blanc translucide et portent des taches blanc opaque à leur extrémité. Les cérates* ou papilles dorsales sont disposés en bouquets obliques serrés : normalement en 5 à 7 rangées transversales de chaque côté du dos chez les adultes. Ces cérates contiennent une extension de la glande digestive, généralement de couleur marron, brun rouge, orangée ou rouge, avec une tache blanche au sommet. Coryphella verrucosa peut parfois présenter une forme avec des cérates courts (description originale de Sars).
Les tentacules buccaux sont longs et fins, ils sont habituellement plus longs que les rhinophores qui sont, eux, lisses ou rugueux. La tête est petite et plus étroite que le pied. La bouche est ovale et subterminale. La queue est longue, fine et pointue. Les tentacules pédieux (aux deux coins antérieurs du pied) sont de largeur égale à la moitié de celle du pied.

Espèces ressemblantes

C.verrucosa peut être confondue avec F. gracilis ou F. browni ainsi qu'avec des juvéniles d'autres espèces de Flabellina.

- Coryphella browni : les cérates se terminent par un plus large anneau blanc. Sa taille adulte est sensiblement la même que celle de F. verrucosa. Pas de ligne blanche sur la queue.
- Flabellina gracilis : sa taille adulte est deux fois plus petite de celle de F. verrucosa. Entre les tentacules oraux, la tête porte une légère entaille en forme de V. Chez les adultes (10 à 12 mm) on peut observer, par transparence, de petites boules blanches au centre du dos (ovotestis*). La glande digestive visible par transparence dans les cérates est brun-vert.
- Flabellina pellucida : ses cérates sont plus longs avec une apparence hirsute. Pas de ligne blanche sur la queue.

Alimentation

Le nudibranche rouge a un régime carnivore, il se nourrit d'hydraires et de botrylles tels : la grande tubulaire Tubularia indivisa, les obélies Obelia geniculata, Obelia longissima, l'hydractinie Hydractinia echinata, Campanularia integra, Dynamena pumila, le botrylle étoilée Botryllus schlosseri.

En 1988, Gröndahl, un biologiste suédois, a mis en évidence dans le Gullmarfjord en Suède (entre octobre et novembre) l'aspect sténophage* de F.verrucosa, de part la prédation importante sur les polypes d'Aurelia aurita. Une fois tous les polypes consommés, il a pu constater le déclin rapide des populations de nudibranches.

Reproduction - Multiplication

Cette espèce est hermaphrodite* synchrone : chaque individu porte en même temps les sexes mâle et femelle. Les pores génitaux se trouvent en dessous du premier bouquet de cérates, sur le flanc droit. Pour qu'une reproduction ait lieu, il est indispensable qu'il y ait copulation entre 2 individus distincts. Pour cela ils se placent tête-bêche et se fécondent mutuellement. Le pénis est de forme tubulaire.
La reproduction a lieu entre fin mars et début juin, les pontes à l'été. Elles ont la forme d'un cordon blanc torsadé contenant plusieurs milliers d'œufs posé de façon irrégulière à proximité de tiges d'hydraires. Déposé sur une surface plane, le cordon forme un motif cranté (frise grecque) et est enroulé en une spirale lâche. L'éclosion a lieu après sept à dix jours et produit des larves* planctotrophiques* et planctoniques qui peuvent rester de six à huit semaines dans la colonne d'eau.

Divers biologie

Comme la plupart des éolidiens, C. verrucosa récupère les cnidocytes* embryonnaires (les cellules urticantes) des cnidaires qu'elle consomme. Ces cellules sont conservées, intactes, dans des cnidosacs* situés juste sous l'extrémité des cérates* (taches blanches) où elles terminent leur maturation. L'animal peut les éjecter en cas d'attaque par un prédateur. Compte tenu de l'efficacité de cette défense, on ne connaît pas de prédateur à la C. verrucosa adulte.
Les opisthobranches qui, comme C. verrucosa, utilisent des moyens de défense très efficaces (recyclage de cnidocytes, sécrétions d'acides puissants, etc.) présentent souvent des colorations très vives, que leurs prédateurs apprennent à associer aux désagréments subis lors d'un premier contact et à éviter ensuite.
Ce mécanisme de défense (dissuasion) par couleurs voyantes est appelé aposématisme (cf. aposématique*). Il bénéficie parfois aussi à des espèces inoffensives mais très ressemblantes.

L'animal possède, dans la bouche, une radula*, sorte de râpe dentelée mobile, munie de denticules acérés, qui lui sert à attaquer les polypes d'hydraires lui servant de proies.

L'anus se trouve en dessous de la deuxième rangée du troisième bouquet de cérates sur le flanc droit.

Origine des noms

Origine du nom français

Flabelline est la traduction directe du nom de genre Flabellina,
rouge : en référence à la couleur habituelle des cérates.

Origine du nom scientifique

Coryphella : du latin [coryphella]. Dans la mythologie grecque, Coryphé était la fille de l'Océan

Flabellina : du latin, diminutif de [flabellum] = en éventail, en référence à la disposition des cérates,

verrucosa : du latin [verrucosus] = qui a une verrue, en référence à l'identification originale de Sars, les cérates du spécimen étaient courts et évoquaient des verrues.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 139987

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Coryphellidae Coryphellidés
Genre Coryphella
Espèce verrucosa

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