Bryozoaire inopiné

Tricellaria inopinata | d'Hondt & Occhipinti Ambrogi, 1985

N° 2125

Manche, Atlantique, Méditerranée, océan Pacifique

Clé d'identification

Colonie dressée et arborescente
Ramifiée de façon dichotome
Petits buissons blanchâtres

Noms

Autres noms communs français

Bugule inopinée

Noms communs internationaux

Onverwacht mosdiertje (NL)

Distribution géographique

Manche, Atlantique, Méditerranée, océan Pacifique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique

Cette espèce, originaire de la côte ouest des Etats-Unis (océan Pacifique), est présente sur toutes les côtes européennes des Pays-Bas (mer du Nord) jusqu’au Portugal (Atlantique Est) ainsi que dans l’Adriatique en Méditerranée. Elle peut aussi être observée dans la lagune de Thau.
Elle a également été observée en Australie et en Nouvelle-Zélande dans l’océan Pacifique Sud.

Biotope

Ce bryozoaire préfère les zones portuaires, ce qui peut expliquer sa propagation par des navires de commerce ou de plaisance (ballasts) ainsi que par l’échange, entre deux bassins d’aquaculture, de mollusques comestibles vivants. Les colonies se fixent sur tous les substrats durs aussi bien dans les zones portuaires comme les quais, les pontons, les bouées, les cordages, voire les coques de navire que sur les rochers des premiers mètres de l’infralittoral*. Tricellaria inopinata est fréquent sur les moules (Mytilus spp.) en particulier.

Description

La colonie ou zoarium* est dressée, arborescente et ramifiée de façon dichotome*. Cette dichotomie est irrégulière et l’angle formé par les ramifications est important, ce qui donne du volume à la colonie. Elle forme de petits buissons de couleur blanchâtre à chamois de quelques centimètres de hauteur. Les rameaux de la colonie sont constitués de deux séries de zoécies* faiblement calcifiées et sont interrompus par des joints discoïdes chitineux*. Elle s’accroche au substrat* par des filaments allongés, les rhizoïdes*.
A la loupe binoculaire, on observera la longueur très variable des entre-nœuds (segments compris entre deux joints d’articulation), la présence d’un scutum*, lui aussi très variable en forme et en taille, et d’un aviculaire* latéral sur les autozoïdes*.

Espèces ressemblantes

Tricellaria ternata : forme des touffes blanches plus délicates. Les rameaux s’entrelassent en formant des vrilles. Mais les différences essentielles avec cette espèce plus nordique, ne sont observables qu’à la loupe binoculaire.

Alimentation

Tricellaria inopinata, comme tous les bryozoaires, est un filtreur* suspensivore* microphage*. Il se nourrit principalement d'algues unicellulaires planctoniques* (diatomées*) et de particules organiques en suspension. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche située au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).

Reproduction - Multiplication

Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.

Reproduction sexuée : les zoïdes* sont hermaphrodites* protandres*. Les larves* sont incubées dans une poche, l’ovicelle* (l’espèce est vivipare*), puis après expulsion elles vont rejoindre le plancton* pour une phase nageuse courte (quelques heures). Leur déplacement est assuré par de nombreux cils vibratiles qui vont leur permettre de rejoindre le substrat* afin de s’y fixer et de s’y développer.

L’accroissement de la colonie passe par une phase asexuée par bourgeonnement* des logettes chitineuses. Les polypides, bien qu’isolés les uns des autres vont rester en communication par des plaques en rosettes perforées de petits pores.

Vie associée

Tricellaria inopinata peut utiliser des algues (Sargassum muticum, Undaria pinnatifida, Chondrus crispus ou Codium fragile) comme support. Il peut également se fixer sur des moules Mytilus spp., sur des ascidies Ascidiella aspersa ou Styela clava, des éponges ainsi que sur d’autres bryozoaires tel Bugula neritina.

C’est, également avec Bugula neritina, l’un des supports préférés de l’amphipode* invasif Caprella mutica dans les plans d’eau où il prolifère.

Divers biologie

Ce bryozoaire opportuniste est capable de s’adapter dans des milieux où les variations de température et de salinité sont très importants, c’est une espèce dite eurytherme* et euryhaline*. Cependant, son impact sur le milieu semble assez limité et il n’apparaît pas que Tricellaria inopinata représente une gêne quelconque pour les espèces autochtones* ou les activités anthropiques*.

Informations complémentaires

Cette espèce invasive, originaire du Pacifique Nord-Est, est reconnue pour la première fois en Méditerranée, à Venise en 1982. Elle a envahi la façade atlantique de l'Europe et la mer du Nord de 1996 et 2001. Ce bryozoaire n'avait pas encore été signalé sur les côtes françaises de la Manche, il est aujourd'hui présent et repéré depuis janvier 2003 dans plusieurs plans d'eau du port du Havre (Breton & d'Hondt, 2005).

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom vernaculaire "bryozoaire inopiné" est une proposition du site DORIS.
Bryozoaire : nom de l’embranchement de ces petits animaux coloniaux ;
inopiné : dans le sens d’accidentel puisque cette espèce originaire du Pacifique est arrivée sur nos côtes de façon fortuite.

Origine du nom scientifique

Tricellaria : du latin [trēs] = trois et [cellarium] = chambre, cellule. L’hypothèse la plus probable est qu’à la base de chaque ramification, il y a trois zoïdes, un zoïde central coincé entre les deux zoïdes périphériques et qui portent les deux nouveaux rameaux (observation faite au microscope).

inopinata : mot latin = inattendu, inopiné.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Gymnolaemata Gymnolèmes Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins.
Ordre Cheilostomatida Cheilostomes Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…).
Sous-ordre Flustrina Flustrine
Famille Candidae Candidés Signifie "qui a les cheveux blancs". Principaux genres : Caberea, Scrupocellaria, Canda, Tricellaria, ... = Scrupocellariidae (synonyme ancien, non valide)
Genre Tricellaria
Espèce inopinata

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