Grand éolidien aplati
Une marque blanche, en forme de Y depuis les tentacules oraux jusqu'au péricarde en passant entre les rhinophores
Cérates allongés et minces, jamais aplatis, avec un diamètre uniforme sur la plus grande partie de leur longueur
Cérates de coloration plus sombre que le reste du corps
Zone dépourvue de cérates entre les rhinophores et le péricarde
Eolis, nudibranche à crinière (Québec)
Grey sea slug, shag-rug aeolis, papillose eolis (GB), Eolidia con papilas (E), Breitwarzige Fadenschnecke, Breitwartige Fadenschnecke (D), Vlokkige zeeslak, vlokkige zeenaaktslak, grote vloslak (NL), Eolidia papilar (P) Stor trådsnegl (Danois)
Limax papillosus Linnaeus, 1761
Eolis papillosa (Linnaeus, 1761)
Doris bodoensis Gunnerus, 1770
Doris vermigera Turton, 1807
Eolis obtusalis Alder & Hancock, 1842
Eolis rosea Alder & Hancock, 1842
Aeolis murrayana MacGillivray, 1843
Eolis farinacea Stimpson, 1853
Eolis plumata Dalyell, 1853
Aeolidia herculea Troschel, 1866
Aeolidia papillosa var pacifica Bergh, 1879
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique Nord, océan Pacifique Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestCette espèce est commune le long des côtes de l'Europe et d'Amérique du Nord. Elle est présente de la Norvège aux Pays-Bas, autour des îles Britanniques, au sud de la mer de Barents, sur la côte ouest-atlantique (du golfe du Saint Laurent au sud de la Caroline du Nord). Elle est également présente le long de la côte est du Pacifique de l'Alaska, en Colombie Britannique et l'Etat de Washington.
Des études doivent vérifier si les signalements sur la côte de Sakhaline et la côte est d'Hokkaido (Japon) concernent bien cette espèce.
On rencontrera cette espèce en eaux peu profondes : domaines intertidal* et infralittoral* peu profonds, toutefois cette espèce a été observée jusqu'à 800 m de profondeur. Elle est présente en eaux plutôt froides, en présence d'anémones de mer.
Aeolidia papillosa peut atteindre 120 mm de long. C'est un des plus grands éolidiens de nos régions. Le corps est large et peu élevé, plus étroit à l'extrémité postérieure du pied. Les coins antérieurs du pied sont tentaculiformes (ils forment les tentacules pédieux).
La couleur de fond est très variable, du blanc-beige clair, moutarde brunâtre, jusqu'au brun rougeâtre ou brun foncé. De petites taches blanches ou brun clair sont dispersées sur le dos. Elles sont légèrement plus sombres que la couleur générale, variant dans leur densité et leur intensité sur un même spécimen. Une marque blanche en forme de Y s'étend des tentacules oraux jusqu'au péricarde* en passant entre les rhinophores*. Les rhinophores coniques, émoussés et lisses sont un tout petit peu plus foncés que la couleur générale du corps, plus clairs aux extrémités, avec de petites taches claires sur toute leur surface. Les tentacules oraux sont translucides, plus longs que les rhinophores et peuvent avoir des pointes blanches.
Les cérates* sont allongés et minces, jamais aplatis avec un diamètre uniforme sur la plus grande partie de leur longueur. Au milieu du corps, les cérates sont les plus grands Une zone, dépourvue de cérates, part des rhinophores jusqu'au péricarde. Les cérates ont une coloration plus sombre que le reste du corps, leurs extrémités sont blanc-beige. Les cérates sont disposés en rangées serrées nombreuses (jusqu'à 25) portant chacune entre 8 et 12 cérates. Leur taille décroît vers l'arrière du pied.
Cette espèce est vraiment très proche de Aeolidia filomenae mais il y a quelques différences (voir la rubrique "espèces ressemblantes").
- Aeolidia filomenae : cette nouvelle espèce décrite en 2016 est très proche d'Aeolidia papillosa. Quelques différences peuvent être notées :
Les cérates de A. filomenae sont plus aplatis, légèrement en forme de crochet et présentent une coloration plus pâle que le reste du corps alors que celles d'Aeolidia papillosa sont en général plus sombres et plus minces. L'anus est situé entre le 9ème et le 10ème rang du côté droit ainsi que le gonopore qui lui est entre le 4ème et le 5ème rang.
Les trois espèces suivantes sont plus petites.
- Aeolidiella alderi (Cocks, 1822): les premières touffes de cérates sont petites, avec de grands cnidosacs*, et forment une collerette caractéristique.
- Aeolidiella glauca (Alder & Hancock, 1845) : pas de collerette caractéristique mais de petits points blancs sur le dos, les cérates et les tentacules.
- Aeolidiella sanguinea Norman, 1877 : Cette espèce rare est un peu plus grande que les deux précédentes. L'ensemble du corps y compris les cérates, les tentacules et les rhinophores sont jaune pâle, orange ou rouges et tous les appendices dorsaux ont des pointes blanches. La sole pédieuse est également blanche. Elle n'a pas non plus la collerette de cérates caractéristique de Aeolidiella alderi.
Il faut toujours avoir à l'esprit que les mollusques sont des organismes extrêmement plastiques, que la coloration de beaucoup d'organismes dépend de nombreux facteurs et donc que la détermination d'une espèce peut être très délicate à réaliser à partir de photographies.
Cette espèce se nourrit d'anémones de mer comme Sagartia elegans (Dalyell,1848), Actinia equina (Linnaeus, 1758), Metridium senile (Linnaeus, 1761), Urticina felina (Linnaeus, 1761), Anemonia viridis(Forsskal, 1775), Cereus pedunculatus (Pennant, 1777), Actinothoe sphyrodeta (Gosse, 1858), en faisant de grandes morsures sur la colonne de l'anémone. Avant la morsure elle écarte aux maximum ses tentacules sensoriels et sécrète un mucus abondant pour se protéger des aconties* (filaments entièrement recouverts de cellules urticantes) projetées par l'anémone agressée.
Cette espèce annuelle (une seule génération par an) pond de petites capsules contenant des œufs blancs (parfois roses) placées dans un cordon de quelques millimètres de diamètre disposé en spirale et entortillé sur un support. Les larves se dispersent dans le plancton* après leur éclosion. Comme chez les autres nudibranches, l'accouplement est réciproque, ces animaux étant hermaphrodites*.
Elle peut être l'hôte de copépodes parasites :
Comme les autres éolidiens, les cellules urticantes des proies sont stockées dans l'extrémité des cérates. Elles permettent d'assurer une protection contre des agresseurs (poissons par exemple).
Tardy en 1964 a publié une description du comportement prédateur "des Aeolidiens mangeurs d'actinies tels que Aeolidia, Berghia, Spurilla, protègent leurs appendices les plus sensibles, palpes et rhinophores, en les rétractant entre les cérates qu'ils hérissent légèrement, tandis qu'ils se recouvrent d'un épais mucus protecteur ; enfin le mufle se dévagine au maximum de sa longueur afin d'attaquer l'actinie en laissant le plus d'espace possible entre elle et lui. Lorsque la proie est de petite taille comparée à celle du prédateur, celui-ci met moins de formes pour la dévorer".
L'anus est situé entre le 9ème et le 10ème rang du côté droit ainsi que le gonopore* qui, lui, est entre le 6ème et le 8ème rang.
Cette espèce, A. papillosa, est très proche d'une autre espèce, Aeolidia filomenae, décrite en 2016 dans l'article cité en référence (Kienberger & al. 2016). Jusqu'à la description de cette dernière tous les individus observés étaient attribués à A. papillosa. La mise en évidence de ces espèces (4 en tout, mais les deux autres sont en dehors du domaine de DORIS) a nécessité le séquençage de l'A.D.N. de 3 gènes (2 mitochondriaux et un nucléaire). Les différences morphologiques sont réduites, ce qui ne facilite pas la tâche, d'autant plus que A. papillosa et A. filomenae sont sympatriques* aux Pays-Bas et autour des îles Britanniques.
Eolis à papilles est la traduction directe du nom scientifique.
Aeolidia : du grec [Aeolis] = fille d'Eole, dieu grec du vent,
papillosa : du latin [papillosus] = papilleuse, orné de papilles : la présence de papilles (les cérates) sur le dos.
Numéro d'entrée WoRMS : 138709
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Aeolidiidae | Eolidiidés | Éolidiens au corps large, rhinophores et tentacules buccaux simples sans lamelles, pas de tentacule pédieux, cérates nombreux (non groupés) laissant le milieu du dos libre. |
Genre | Aeolidia | ||
Espèce | papillosa |
Aeolidia papillosa du Quebec
Animal en extension
Fjord du Saguenay, Québec,10 m
14/08/2016
Aeolidia papillosa au Canada
les rhinophores et les tentacules oraux, ainsi que la zone nue sur l'avant du dos sont bien visibles. Les cérates, nombreux, sont terminés par une pointe blanche. La marque en forme Y blanc n'est pas visible sur ce spécimen.
Les Escoumins (Québec), 10 m
09/2012
Un exemplaire qui semble bien être A. papillosa
Les rhinophores et un tentacule pédieux sont bien visibles. Les cérates sont répartis sur les côtés en laissant la zone péricardique nue. Les cérates ne semblent pas aplatis et ils sont colorés.
Dunkerque (59), 22 m
15/06/1997
Préliminaires à la reproduction
Groupe de 5 individus au moment de la reproduction.
Dunkerque (59), 22 m
15/06/1997
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Correcteur : Vincent MARAN
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Kienberger K., Carmona L., Pola M., Padula V., Gosliner T.M., Cervera J.L., 2016, Aeolidia papillosa (Linnaeus, 1761) (Mollusca: Heterobranchia: Nudibranchia), single species or a cryptic species complex? A morphological and molecular study, Zoological Journal of the Linnean Society, 177, 481-506.
Tardy J., 1964, Comportement prédateur de Eolidiella alderi, Compte Rendu de l' Académie des Sciences, Paris, 258, 2190-2192 (17 février 1964) Gauthier-Villars & Cie.