Rocher fascié

Hexaplex trunculus | (Linnaeus, 1758 )

N° 943

Méditerranée et proche Atlantique

Clé d'identification

Escargot de 4 à 8 cm à coquille fusiforme et spire pointue
Canal siphonal court, profond et incurvé vers l’arrière
Coquille à profil anguleux avec tubercules ou épines, développées en général sur 6 varices
Coquille ornée sur le dernier tour par 2 ou 3 bandes spiralées brunes ou violacées visibles également au niveau de l’ouverture

Noms

Autres noms communs français

Murex tuberculé, rocher tuberculé, poivre, biou nègre

Noms communs internationaux

Banded murex (GB), Garusolo femina (I) Ronseggi (I), Busano (Es), Carnailla (Es), Busio-roxo (P), Purpurschnecke (D), Porphyra (Gr)

Synonymes du nom scientifique actuel

Phyllonotus trunculus (Linnaeus, 1758)
Murex trunculus (Linnaeus, 1758)
Trunculariopsis trunculus Linnaeus, 1758
Et de très nombreux autres synonymes (cf. CLEMAM)

Distribution géographique

Méditerranée et proche Atlantique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Le rocher fascié est très commun sur toutes les côtes méditerranéennes en mer et dans les étangs profonds comme le bassin de Thau. Dans l’Atlantique, il est présent seulement sur les côtes proches de la Méditerranée, sur le littoral du Portugal et aux îles Canaries.

Biotope

On le trouve sur fonds rocheux, vaseux et parmi les herbiers de l’étage infralittoral*, depuis la surface jusqu’à 50 m.

Description

La coquille presque fusiforme, épaisse, massive, comprend 6 ou 7 tours étagés anguleux, avec une spire* pointue. Le dernier tour, volumineux, se termine par une large ouverture ovale à légèrement anguleuse avec un bord columellaire* lisse.
Cette ouverture se prolonge par un canal siphonal* court, profond et incurvé vers l’arrière.
Sa surface est ornée de nombreuses sculptures : fines stries et 6 à 9 cordons spiralés porteurs de tubercules au niveau de côtes axiales. En général 6 varices* sur le dernier tour arborent des tubercules plus grands ou des épines plus ou moins pointues.
On constate une grande variabilité des sculptures entre individus avec en particulier une présence dominante sur certains sites soit de formes tuberculées soit de formes épineuses.
La longueur moyenne est de 4 à 7,5 cm et peut aller jusqu’à 8,5 cm.
La couleur est blanchâtre, beige, ou brun clair, généralement associée à des bandes spiralées grises, violacées ou brun plus foncé. Ces bandes, souvent au nombre de trois sur le dernier tour, sont visibles en plus violacé à l’intérieur de l’ouverture. La couleur est souvent masquée par les algues et animaux fixés.
Un opercule* corné aux stries concentriques clôt la coquille quand l’animal s’y retire.

Organisation interne :
Le tube digestif commence par une trompe rétractile (proboscis*) très développée contenant la radula* et se prolongeant par l’œsophage.
Comme chez d’autres carnivores et nécrophages, la radula est étroite et relativement simple (de type rachiglosse*), avec trois dents par rangée transversale : une dent médiane (à plusieurs pointes) est bordée de chaque côté par une dent latérale.

Espèces ressemblantes

Divers muricidés comme le rocher épineux (Bolinus brandaris) ou le cormaillot perceur (Ocenebra erinaceus), sont assez proches mais ne peuvent pas être confondus avec Hexaplex trunculus.

Alimentation

Hexaplex trunculus est un carnivore prédateur et nécrophage*. Il peut se nourrir de cadavres qu’il repère à distance grâce à son odorat. Cette aptitude est utilisée par les pêcheurs qui les appâtent avec des poissons et crabes morts.
Il s’attaque à des bivalves vivants dont il écarte ou perfore les valves à l’aide principalement de ses épines labiales et de sécrétions avant d’introduire sa trompe (proboscis*) pour se nourrir de la chair de sa proie en utilisant sa radula*.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés, mais il n’y a pas de caractères externes différenciant facilement mâle et femelle si ce n’est la présence d’un pénis chez le mâle. Certaines femelles peuvent présenter un pénis se surimposant aux organes femelles, cette anomalie peut être due à une pollution des eaux par des composés chimiques comme ceux contenus dans les peintures antifouling actuellement régulées (tributylétain : TBT).
La reproduction se fait principalement en mai et juin, plusieurs individus se réunissent pour s’accoupler et pondre. Un nombre important d’individus peut parfois se regrouper pour former des sortes de « boules » de plus de 10 cm très convoitées par certains pêcheurs (en apnée). Les pontes se présentent en amas de capsules blanchâtres contenant plusieurs œufs. Les larves* vont éclore et se développer à l’intérieur de ces coques cornées avant d’en sortir sous la forme de jeunes mollusques rampants.

Vie associée

La coquille est souvent recouverte d’algues, d’éponges, de bryozoaires, de vers tubicoles et parfois d’autres mollusques.

Divers biologie

La croissance de la coquille est discontinue. Le bord de la coquille s’élargit et grandit pendant un certain temps, puis la croissance s’arrête et des épines et des dentelures se forment sur le bord qui s’épaissit. Une nouvelle phase de croissance va suivre et se terminer à nouveau par une phase de repos. Les côtes épaissies ou varices* porteuses d’épines ou de tubercules sont les vestiges des anciens labres*, formés pendant les périodes de repos. Le nombre de varices sur un tour est caractéristique de l’espèce.
La croissance en hauteur, pour des coquillages mesurant 2 à 6 mm, est de l’ordre de 1 mm par mois ce qui correspond à 10 % d’augmentation du poids.

Informations complémentaires

Le rocher fascié est le principal coquillage dont on a extrait la pourpre naturelle ou pourpre royale, depuis l’antiquité et jusqu’au moyen-âge. Connue des Phéniciens il y a 3500 ans, la préparation de la pourpre, colorant précieux, a engendré une industrie et un commerce florissant dans toute la Méditerranée. (cf. fiche Stramonita haemastoma).
La pourpre a pour origine la sécrétion d’une glande hypobranchiale, présente en général chez tous les escargots de mer. Cette glande, en forme de bandelette est située dans la cavité palléale* le long du rectum. Elle produit un liquide incolore qui, après libération, vire progressivement au violet au contact de l’air et sous l’influence de la lumière solaire, cette coloration devient insoluble et stable.
Des études actuelles des composés chimiques de la pourpre (CNRS Roscoff) révèlent des propriétés biologiques et pharmacologiques prometteuses.

Le rocher fascié est l’objet d’une pêche artisanale. Très apprécié des gourmets (il apparaît pourtant qu’il serait moins apprécié que Bolinus brandaris), cet escargot de mer est présent sur quelques marchés côtiers.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Il existe une taille minimale de prise et des dates d’interdiction de pêche sur certaines côtes.

Origine des noms

Origine du nom français

Rocher : allusion à son aspect ; fascié = marqué de bandes.
Murex : nom d’origine latine donné aux gastéropodes dont on tirait la pourpre ; tuberculé : à coquille couverte de tubercules.

Origine du nom scientifique

Hexaplex : du grec [hexa] = six et du latin [plex] = plis ou multiple, donc coquille à six plis ou varices.
trunculus : du latin [trunculus] = tronqué.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 140396

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Neogastropoda Néogastéropodes Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea.
Famille Muricidae Muricidés

Coquille spiralée, de forme et de taille variables (13 mm à 300 mm environ), souvent ventrue avec un apex court ; en général de fortes varices qui, selon la forme du bord du manteau ont l'aspect de bourrelets, bosses, plis, épines et peuvent être ramifiées, écailleuses ou tuberculées. La croissance est périodique. La disposition et le nombre de ces varices est caractéristique de chaque espèce. Le canal siphonal est court ou très long, ouvert ou partiellement fermé. D'après Lindner 2011:97.

Sous-famille Muricinae Muricinés
Genre Hexaplex
Espèce trunculus

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