Ascidie varioleuse

Distomus variolosus | Gaertner, 1774

N° 888

Manche et Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Ascidie sociale
Zoïdes de 1 cm de haut, globuleux et ovoïdes
Couleur rouge, parfois tachée de jaune, de rose ou de brun
Siphons apicaux, courts, rapprochés, peu différenciables
Forme des plaques coriaces et ininterrompues d'allure pustuleuse
Forme des manchons autour des stipes de laminaires

Noms

Noms communs internationaux

Lesser gooseberry sea-squirt (GB), Kleine Tangbeere (D), Kleine zeebes (NL), Ascidia bago marinho (P)

Distribution géographique

Manche et Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Distomus variolosus est distribuée le long des côtes de la Manche et du nord-est de l'océan Atlantique, depuis le sud-ouest des îles Britanniques et de l'Irlande jusqu'aux côtes portugaises.
Longtemps signalée en Méditerranée dans divers publications anciennes, il semble que Distomus variolosus ait été systématiquement confondue avec l'espèce ressemblante Distomus fuscus qui est considéré à ce jour (2020) comme le seul représentant du genre Distomus en Méditerranée.

Biotope

On pourra observer l'ascidie varioleuse depuis la surface jusqu'au bas de l'étage infralittoral* (zone des 20 mètres), parfois un peu plus bas. Elle affectionne la surface des roches, mais plus fréquemment les crampons et surtout les stipes* de laminaires, autour desquels elle forme des manchons caractéristiques. Elle est aussi observée autour de la base de certains hydraires.

Description

Distomus variolosus est une petite ascidie sociale dont la taille ne dépasse pas le centimètre. Elle présente deux siphons apicaux* (situés au sommet), courts et décentrés ; le siphon inhalant (buccal) est difficilement discernable du siphon exhalant (cloacal), caractéristique qui a valu à cette ascidie son nom de genre. Chacun possède une couronne de minuscules languettes blanches.
Cette ascidie arbore presque toujours une teinte rouge, plus rarement tachée de jaune, de rose ou de brun.
Une active reproduction asexuée par bourgeonnement permet à cette espèce de couvrir des surfaces parfois importantes. En grande partie libres, les zoïdes* (individus) sont reliés entre eux par leur base ou par leurs flancs. Ils sontalors très serrés les uns contre les autres, formant une plaque encroûtante coriace, ramassée, compacte et ininterrompue, ou un manchon caractéristique autour des stipes* de laminaires.
Siphons ouverts, les ascidies sont globuleuses, ovoïdes ou vaguement cylindriques. Siphons fermés, elles évoquent une couche rugueuse de verrues ou de pustules, apparence qui a valu à l'ascidie son nom d'espèce.

Espèces ressemblantes

On pourra confondre Distomus variolosus avec :
- la groseille de mer, Dendrodoa grossularia, elle aussi de couleur rouge, mais sa taille est supérieure (jusqu'à 25 mm), sa tunique est translucide, fine et brillante, ses siphons sont plus hauts et bien discernables,
- la mirabelle de mer, Stolonica socialis, très ressemblante à Dendrodoa grossularia, mais toujours de couleur orange,
- le Distome sombre, Distomus fuscus, plus foncé et bigarré mais aux zoïdes moins fusionnés, endémique de la Méditerranée,
- le Distome de Hupfer, Distomus hupferi, très ressemblant à Distomus fuscus, mais à la distribution uniquement Atlantique

Alimentation

Comme toutes les ascidies, Distomus variolosus a un régime filtreur* suspensivore* et se nourrit de particules organiques et de micro-organismes planctoniques*. L'eau est aspirée par le siphon buccal (ou inhalant), équipé de tentacules* qui empêchent le passage des trop grosses particules. Elle est ensuite filtrée au niveau d'une grille pharyngienne. Le bol alimentaire retenu au niveau du pharynx est ensuite aggloméré dans du mucus produit par l'endostyle*, une gouttière glandulaire, puis le tout est dirigé vers le raphé* dorsal cilié qui permet le transfert des aliments dans l'estomac, via un très court œsophage. Les particules non digérées sont rejetées par un anus qui débouche dans le siphon cloacal.

Reproduction - Multiplication

*L'ascidie varioleuse se reproduit de deux façons :

- Reproduction asexuée : à partir d'une base encroûtante commune, l'ascidie varioleuse possède la capacité de bourgeonner activement et de donner naissance à de très nombreux individus serrés les uns contre les autres, ce qui permet à l'espèce de recouvrir assez rapidement de vastes surfaces.

- Reproduction sexuée : l'espèce est, comme l'ensemble des ascidies, hermaphrodite*. Cet hermaphrodisme n'est pas simultané, ce qui empêche toute autofécondation. L'ascidie est de plus vivipare*.
Les spermatozoïdes* des ascidies en phase mâle sont émis en pleine eau, puis captés par les ascidies en phase femelle au sein de la cavité péribranchiale (fécondation croisée). C'est à ce niveau qu'a lieu la fécondation. Les œufs sont incubés au sein des individus femelles.
La larve* qui s'en échappe mène une courte vie pélagique* au sein du plancton*. Elle a la forme d'un minuscule têtard, muni d'une queue mobile que soutient une chorde* mésodermique. Cette chorde, qui chez les Ascidiacés n'est visible qu'à l'état larvaire, témoigne de la proximité des Tuniciers et des Vertébrés, d'ailleurs récemment regroupés au sein d'un embranchement commun, celui des Chordés.
La larve finit par tomber et se fixer, puis la larve subit une importante métamorphose, au cours de laquelle chorde et queue régressent, pour finalement donner un jeune individu adulte en forme d'outre.

Vie associée

On pourra observer l'ascidie varioleuse essentiellement sur les crampons et autour des stipes* de laminaires (Laminaria digitata, Laminaria hyperborea, Saccharina latissima...) et de la base de certains hydraires.
Elle peut parfois encroûter la carapace de certains crustacés, comme l'araignée de mer Maja brachydactyla (voir photo).

Divers biologie

Au toucher, l'ascidie varioleuse réagit et se contracte, et ses siphons se referment.

Origine des noms

Origine du nom français

Ascidie varioleuse est directement dérivé du nom d'espèce scientifique.

Origine du nom scientifique

Distomus : du grec [di] = deux et [stom-] = bouche, en référence aux deux siphons quasi identiques, et difficilement discernables,
variolosus : du latin [varus] = pustule, et [varius] = variolé, à cause de l'allure des zoïdes siphons fermés.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Ordre Stolidobranchia Stolidobranches Ascidies pleurogones sans division du corps en thorax et abdomen.
Famille Styelidae Styélidés Stolidobranches avec un maximum de 4 fentes allongées de chaque côté du sac branchial. Pour les styélidés composés, zoïdes* en une seule partie.
Genre Distomus
Espèce variolosus

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