Holothurie tubuleuse

Holothuria (Holothuria) tubulosa | Gmelin, 1791

N° 595

Méditerranée, Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Couleur brune, avec parfois des reflets violacés
Tégument comportant de nombreuses papilles de couleur foncée (jamais blanches)
Vit sur les fonds sédimentaires ou dans les herbiers
Espèce dépourvue de tubes de Cuvier

Noms

Autres noms communs français

Concombre de mer, vit de marin

Noms communs internationaux

Cotton-spinner (GB), Cucumero de mar (I), Cohombro de mar pardo (E), Röhrenholothurie (D), Holle zeekomkommer (NL)

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Méditerranée, Atlantique (golfe de Gascogne).

Biotope

Holothuria tubulosa vit sur les fonds sableux ou sur les fonds durs très riches en sédiments. On la rencontre fréquemment parmi les herbiers, dans lesquels vivent les jeunes individus. Les individus plus âgés descendent en profondeur et vivent donc plutôt sur le sable. L'espèce se rencontre de la surface à plus de 100 m de profondeur.

Description

Holothuria tubulosa est un représentant typique des Holothuridés et est l'espèce la plus fréquente en Méditerranée occidentale. Son corps, allongé et cylindrique, mesure jusqu'à 40 cm de long. Le diamètre peut aller jusqu'à 6 cm. Le corps, de couleur brun clair, parfois avec des reflets rougeâtres ou violacés, est couvert de grosses papilles* très visibles, plus ou moins pointues, qui permettent d'identifier assez facilement cette espèce. La face ventrale de l'animal comporte trois rangées de pieds ambulacraires*, ou podia*, qui lui permettent de se déplacer. Les podia et les papilles ne sont pas blancs.

L'anus est terminal, et la bouche est ventrale. L'épiderme de l'animal sécrète un mucus protecteur qui peut recouvrir le corps entièrement.

Espèces ressemblantes

Cette espèce peut être confondue avec d’autres espèces d’holothuries rencontrées en Méditerranée.

Holothuria forskali delle Chiaje 1841 a un tégument* moins épineux et les papilles sont généralement blanches. Cette espèce émet des tubes de Cuvier pour se défendre lorsqu’on l’importune, ce qui n’est pas le cas d’Holothuria tubulosa.

Holothuria polii delle Chiaje 1823 ressemble davantage à Holothuria tubulosa et fréquente les mêmes milieux. Ses papilles et ses podia sont blancs.

Alimentation

Holothuria tubulosa se nourrit de fragments organiques qu'elle récupère en ingérant de grosses quantités de sédiments. Les sédiments ne sont pas ingérés de manière totalement aléatoire et l'on sait aujourd'hui qu'Holothuria tubulosa, comme de nombreuses autres holothuries, sélectionne avant ingestion les éléments riches en matières organiques. Le sable, débarrassé de ses éléments organiques, est rejeté par l'anus sous forme d'excréments allongés aisément reconnaissables. La bouche d'Holothuria tubulosa comporte des tentacules* buccaux, courts et aplatis, qui l'aident à ingérer le sédiment.
Les grands individus ont une activité alimentaire plus développée la nuit en période estivale, alors que cette activité est continue l'hiver et toute l'année chez les individus de plus petite taille.
Les individus les plus âgés peuvent ingérer jusqu'à une vingtaine de kilos de sédiment par an.

Reproduction - Multiplication

Holothuria tubulosa se reproduit en été, en général au mois d'août. Les sexes sont séparés. L'émission des gamètes* mâles et femelles se fait dans l'eau, les individus adoptant à cette occasion une posture dressée très caractéristique, l'orifice génital se trouvant sur la partie antérieure des individus. Cette position permet d'assurer une meilleure diffusion des gamètes*. Certains auteurs indiquent que la reproduction se déroulerait autour de la nouvelle lune (de deux jours avant à quatre jours après). L'émission de semence dure environ une demi-heure. On pense que c'est le contact avec les gamètes mâles qui conduirait les femelles à rejeter leurs gamètes.

Vie associée

Holothuria tubulosa peut être l'hôte involontaire et malheureux de l'aurin, Carapus acus (Brünnich 1768) (l'ancien nom de genre est Fierasfer). Ce poisson vit dans l'intestin de l'holothurie et y pénètre par l'anus, en marche avant lorsqu'il est petit, en marche arrière lorsqu'il est plus grand. En milieu naturel, Parastichopus regalis est beaucoup plus infestée par Carapus acus que Holothuria tubulosa. Lorsque ces deux espèces sont mélangées en aquarium, il apparaît clairement que l'aurin préfère l'intimité de Holothuria tubulosa.
Contrairement à ce qui a pu être écrit par le passé, l'aurin ne se nourrit pas des viscères de son hôte, mais sort pour se nourrir la nuit.

Divers biologie

Les analyses ont montré qu'Holothuria tubulosa possédait des saponines (holothurine A et B) présentant une forte activité hémolytique, ce qui les rend impropres à la consommation pour la plupart de leurs prédateurs potentiels. L'espèce a la faculté de se couper en deux (autotomie) en cas d'attaque par un agresseur, libérant ainsi immédiatement son holothurine (majoritairement concentrée dans la peau de l'animal).

Informations complémentaires

Le rôle écologique des holothuries est considérable, et en particulier dans la chaîne de décomposition de la posidonie, grâce à leur capacité de recyclage de la matière organique. La littérature indique que, à 6 m, une population de Holothuria tubulosa traite 12,9 kg de sédiment par m2 et par an (sur une base de 3,77 individus/m2 sur la station observée) et 5,9 kg/m2/an à 30 m (où le nombre d'individu chute à 0,34 individus par m2). Sachant que les holothuries n'ingèrent qu'une faible épaisseur de sédiment, on voit que les sédiments sont traités plusieurs fois dans l'année par les holothuries, ce qui assure un recyclage optimal de la matière organique.

Holothuria tubulosa est consommée en Turquie, selon le mode de préparation asiatique traditionnel : éviscération de l'animal, ébouillantage, puis séchage ou fumage. L'ébouillantage permet d'éliminer l'holothurine qui, soluble, part avec l'eau du bain. Des chercheurs australiens ont mis en évidence le fait que le rejet incontrôlé des eaux de cuisson des holothuries avait des conséquences dramatiques sur la faune piscicole locale (l'holothurine continuant à jouer son effet).

La médecine traditionnelle chinoise, ou plus généralement asiatique, prête de nombreuses vertus aux holothuries (appelées trepang). On trouve en Asie de nombreux médicaments à base d'holothuries. Internet permet également de trouver des médicaments à base d'holothurie, censés doper les capacités d'immunisation du corps, d'améliorer la puissance musculaire et de lutter contre l'arthrose et les douleurs diverses, ainsi que l'hypertension artérielle.

Origine des noms

Origine du nom français

Son nom français provient de la forme générale du corps.

Origine du nom scientifique

Holothuria : du grec [Holothouria] = nom d'un animal marin (inconnu!)
Holothuria vient directement du nom latin [holothurium], désignant des cnidaires, ce qui peut paraître très surprenant. (Le terme latin provient lui-même du grec [holothourion]). L'attribution du nom holothurie (ou holothurium) à des cnidaires est liée à la description, plutôt ambiguë, qu'en avait donné Aristote (« animal légèrement différent des éponges, immobile, dépourvu de perception, dont la vie ressemble à celle d'une plante mais non attaché »). Le terme Holothuria est resté attribué à des cnidaires jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, date à laquelle Linné a réaffecté ce terme à des échinodermes (mais Holothuria ne désignait à l'époque qu'un nombre d'espèces beaucoup plus restreint qu'aujourd'hui, Linné ayant désigné la plupart des espèces du genre Holothuria au genre Fistularia).
tubulosa : du latin [tubulus] = petit tuyau, donc, fait référence à la forme tubulaire du corps de cet animal.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 125182

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Echinodermata Echinodermes Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement.
Sous-embranchement Echinozoa Echinozoaires Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer.
Classe Holothuroidea Holothuroïdes Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer.
Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps.
Ordre Holothuriida Holothurides

(Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche.

Famille Holothuriidae Holothuriidés Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal.
Genre Holothuria (Holothuria)
Espèce tubulosa

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