Gastéropode de grande taille (longueur max 18 cm)
Coquille trapue et épaisse
Très grande ouverture aux larges bords jaune orangé
Présence de veines blanches et noires sur la coquille, dans le sens de l’enroulement
Murex de mer Noire, pourpre veinée, rapane
Veined rapa whelk, asian rapa Whelk (GB), Cocozza, bobolone (I), Busano veteado (E)
Purpura venosa Valenciennes, 1846
Purpura marginata Valenciennes, 1846
Rapana marginata Valenciennes, 1846
Rapana thomasiana Crosse, 1861
Rapana pechiliensis Grabau & King, 1928
Rapana pontica Nordsieck, 1968
Cosmopolite des eaux tempérées (originaire d'Indo-Pacifique)
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Le rapane veiné est originaire de la mer Jaune, des mers de Chine et de la mer du Japon. Dans les dernières décennies, ce gros gastéropode a montré un caractère invasif important, se disséminant dans les lieux suivants : mer Noire (années 1940'), mer Adriatique, mer de Marmara et mer Egée (années 1970'), mer Ligurienne (1980), Bretagne Sud (baie de Quiberon, 1997), baie de Chesapeake (côte est des Etats-Unis, 1998), Uruguay/Argentine (estuaire de Rio de la Plata, 1998), Pays-Bas (2005), étang de Berre (2015 puis 2020), Brésil Sud (2017), Charente Maritime (La Rochelle, 2019),...
Rapana venosa apprécie les fonds meubles et peut passer 95 % de son temps enfoui, ne laissant dépasser que 3 cm de siphon. Il peut être présent dès les petits fonds, nous avons peu d'information sur la profondeur maximale à laquelle il peut vivre. Il supporte de fortes variations de température (de 7 à 27 °C), de fortes variations de salinité (de 18 à 32 g/l), des taux d’oxygène faibles (hypoxies) et la présence de polluants.
Rapana venosa est un gros gastéropode qui peut atteindre 18 cm de longueur pour 10 cm de largeur. Sa masse peut dépasser 500 g.
Ce gastéropode possède une coquille ovale-globuleuse ainsi que des spires peu développées et peu déprimées. Sa coquille est assez typique des murex, avec de petites dents sur la crête des tours d'enroulement. Des veines noires et blanches dans le sens de l’enroulement caractérisent ce gros "escargot marin".
L’ouverture de la coquille est grande, ovale et la nacre interne est de couleur orangée. L’enroulement est plutôt court (longueur inférieure à la moitié de celle de l’ouverture). Rapana venosa possède un opercule* corné qui bouche l’entrée quand il rentre dans sa coquille.
Les autres espèces de Rapana, de forme similaire, ne présentent pas les fines veines noires et blanches de R. venosa.
Stramonita haemastoma, la bouche de sang, un autre Muricidé (Muricidae), est plus petit (9 cm) mais l'aspect de sa coquille et de son ouverture colorée en rouge orangé est proche de celle de Rapana venosa.
Les juvéniles de Rapana venosa peuvent être confondus avec des buccins communs.
Rapana venosa est un prédateur, et un charognard possible, de bivalves épifaunistiques* (huîtres, moules…), de balanes mais aussi de bivalves enfouis (palourdes, coques…) en s’enfouissant lui-même.
Il peut percer la coquille de sa proie (méthode prisée par les jeunes Rapana venosa), ou simplement introduire sa trompe entre les 2 valves de la victime après l'avoir "endormie" à l'aide d'un mucus neurotoxique à effet curarisant (méthode prisée par les adultes Rapana venosa et ne laissant aucune trace visible de percement). Les individus adultes brisent parfois la coquille de leur proie.
Chez Rapana venosa, comme tous les Muricidés, les sexes sont séparés (espèce gonochorique*) et la fécondation est interne. L'accouplement a lieu à la fin de l'hiver. C'est une espèce vivipare* dont les œufs sont contenus dans une enveloppe cornée dite capsule ovigère* ou oothèque*. Ces capsules sont en forme de tubes blancs fixés les uns sur les autres, accrochées à la paroi rocheuse ou sur tout autre substrat* dur. La ponte contient 50 à 1 000 œufs qui éclosent au bout de 14 à 21 jours selon la température. Les embryons se développent en larves* trochophores* pélagiques* puis en larves véligères*. Ces larves ont une longue vie planctonique, estimée à 80 jours, ce qui explique en partie la diffusion de l’espèce. Après une dernière métamorphose*, elles tombent sur le fond et deviennent en tous points identiques aux adultes.
La coquille de Rapana venosa peut être colonisée par des éponges, des algues, des vers polychètes, des balanes, voire des bivalves.
Rapana venosa peut vivre de 12 à 18 ans.
Des femelles peuvent présenter une hypertrophie d’organes sexuels mâles, suite à une perturbation endocrinienne par des polluants, phénomène appelé imposex*.
Invasif de la mer Noire dans les années 1940/1950, Rapana venosa y est désormais beaucoup péché (et beaucoup exporté en Extrême-Orient). Une réputation d’aphrodisiaque a encouragé sa pêche. De ce fait, et peut-être aussi de l’apparition de parasites, il n’y est plus aussi répandu.
Ailleurs en Méditerranée, le caractère invasif n’a pas été aussi marqué.
Le rapane veiné est une traduction du nom scientifique. Rapane est utilisé en français par l'inventeur du genre, Schumacher en 1817.
Rapana : du latin [rapa ou rapum] = rave, navet, légume comestible à racine globuleuse, et [-ana] = comme, c'est-à-dire ressemblant à des racines de navet.
venosa : signifie veiné en latin, ceci en rapport avec les lignes blanches et noires sur la coquille. Valenciennes a donné ce nom pour la présence de quelques cordons spiralés de couleur foncée, parfois bleuâtre, apparaissant presque comme des veines, mais l'auteur a figuré l'espèce mais ne l'a pas décrite.
Numéro d'entrée WoRMS : 140416
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Muricidae | Muricidés | Coquille spiralée, de forme et de taille variables (13 mm à 300 mm environ), souvent ventrue avec un apex court ; en général de fortes varices qui, selon la forme du bord du manteau ont l'aspect de bourrelets, bosses, plis, épines et peuvent être ramifiées, écailleuses ou tuberculées. La croissance est périodique. La disposition et le nombre de ces varices est caractéristique de chaque espèce. Le canal siphonal est court ou très long, ouvert ou partiellement fermé. D'après Lindner 2011:97. |
Sous-famille | Rapaninae | ||
Genre | Rapana | ||
Espèce | venosa |
Gastéropode de grande taille prédateur de bivalves
Le rapana veiné (Rapana venosa) est un gastéropode de grande taille prédateur de bivalves. Il peut atteindre 18 cm de long et 10 cm de diamètre. Originaire de la mer de Chine, l’espèce a été introduite dans plusieurs endroits dans le monde. En Europe, elle est connue de mer Noire (depuis le milieu des années 1940’), en Adriatique (1974) et en mer du Nord (depuis 2005). En France métropolitaine, une petite population s’est développée à partir de 1998 en baie de Quiberon. Ces derniers mois (2019/2020), de plus en plus de spécimens sont signalés dans les environs de La Rochelle. (Texte de Pierre NOËL).
La première observation dans l'étang de Berre date de 2015.
Etang de Berre, côte rocheuse d’Istres (13), 1 m
20/05/2020
Sur son garde-manger
Rapana venosa est un prédateur de bivalves. Les moules font partie de son menu.
Etang de Berre, côte rocheuse d'Istres (13), 1 m
20/05/2020
Mucus neurotoxique bleu-verdâtre
La neurotoxine est produite par une importante glande hypobranchiale (ou glande salivaire), elle semble provoquer un relâchement des muscles adducteurs des bivalves attaqués. Rapana venosa utilise ensuite sa radula pour découper les chairs de sa proie.
Etang de Berre, Istres (13)
20/05/2020
Opercule corné
La main du photographe donne l'échelle (8/10 cm de long).
Le ranquet, Istres (13), étang de Berre, 2 m
24/07/2020
Ponte dans l'étang de Berre
Rare observation d'une ponte fraiche dans l'étang de Berre. Blanchâtre au début, la ponte peut se tacher de marron au fil du temps.
Le Ranquet, Istres, étang de Berre (13), 1 à 2 m
07/06/2020
Ponte
Les capsules ovigères (oothèques) de Rapana venosa se présentent sous la forme d'un paquet de tubes anguleux serrés entre eux. Leur extrémité libre se courbe et s'affine.
Le Ranquet, Istres, étang de Berre (13), 1 à 2 m
07/06/2020
Pontes d'oothèques
Les œufs sont protégés par des enveloppes (les oothèques) allongées et attachées sur un support dur. Cette ponte caractéristique a été observée dans un canal d'eau saumâtre, à quelques centaines de mètres de la mer Adriatique, en eau trouble.
Canale Baiona, région de Ravenne, côte adriatique, Italie, 6 m
02/08/2014
Ponte en cours
Ce gros gastéropode est en train de pondre sur une roche. Notez à droite une vieille ponte plus foncée.
Le Ranquet, Istres (13), étang de Berre, 2 m
24/07/2020
Dessins originaux de l'auteur
Sous deux de ses anciens synonymes, Purpura venosa en haut et Purpura marginata en bas.
Valenciennes A., 1846, Atlas de Zoologie. Mollusques. In: A. du Petit-Thouars, Voyage autour du monde sur la frégate la Venus pendant les années 1836–1839, planche 7, figures 1 & 3.
Reproduction de documents anciens
1846
Rédacteur principal : Pascal BAZILE
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Harding J. & M., Roger L., 1999, Observations On The Biology Of The Veined Rapa Whelk, Rapana Venosa (Valenciennes, 1846) In The Chesapeake Bay, Journal Of Shellfish Research, 18(1), 9-17.
Joly J.-P., Bouget J.-F., Hirata T., 2002, Le gastéropode prédateur Rapana venosa, Ifremer, Direction des Ressources Vivantes – Département Ressources Aquacoles, Laboratoire Conchylicole de Bretagne, 44 p.
Repetto G., Bianco I., Ciccimarra G., 2011, Mediterranean Seashells. Dictionary of the scientific names, Ancora, 408 p.
Schumacher C.F., 1817, Essai d’un nouveau système des habitations des vers testacés, Schultz, Copenhague, 287 p (22 tt. : pp 65 et 214).
Valenciennes A., 1846, Mollusques. In: A. du Petit-Thouars, Voyage autour du monde sur la frégate la Venus pendant les années 1836–1839, publié par ordre du roi sous les auspices du Ministre de la Marine, Atlas de Zoologie, Gide. Paris.
La page de Rapana venosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN