Corps massif atteignant 9 cm de long
Long rostre articulé recourbé vers le haut
Larges taches rouges formant des bandes sur l'abdomen
Atlantique tropical
Habituellement à très faible profondeur
Mechanical shrimp, Atlantic dancing shrimp, red night shrimp, red coral shrimp (GB), Camaròn bailador (E), Camarão malhado, camarão ornamental, camarão bailarino (P), Akamon-sarasa-ebi (J)
Rhynchocinetes rigens Gordon, 1936
Atlantique tropical (Madère, Canaries, Cap Vert, Antilles ?)
Zones DORIS : ● CaraïbesLa crevette danseuse rouge atlantique se rencontre dans l'Atlantique tropical. Du côté américain elle est connue des Bermudes, USA, golfe du Mexique, mer des Caraïbes, Antilles (Guadeloupe, Martinique) jusqu'au Brésil. Sur les côtes africaines on la trouve depuis le sud du Portugal jusqu'à l'équateur et dans toute la Macaronésie (Açores, Madère, Canaries et îles du Cap Vert).
La crevette danseuse rouge atlantique est une espèce benthique* observable dans les grottes et les cavités des fonds rocheux et coralliens. Cette crevette se rencontre habituellement à très faible profondeur (0-10 m) et jusqu'à -30 m.
La crevette danseuse rouge atlantique peut atteindre 9 cm de long. Son corps est relativement massif, le céphalothorax* en particulier étant relativement large. Le rostre* qui est long et fortement recourbé vers le haut, porte dorsalement 5 dents (3 dents proximales* fortes et espacées et 2 très petites dents terminales) et ventralement 8 ou 9 dents (3 fortes dents proximales courbes et larges, et 5 ou 6 minuscules dents régulièrement espacées). Les yeux sont grands et arrondis, la cornée* est beaucoup plus large que le pédoncule* oculaire. Les premières pattes ambulatoires se terminent par une petite pince ; les pattes suivantes sont plus fines. Elles sont précédées par les 3e maxillipèdes* qui ressemblent beaucoup à des pattes par leur forme et leur longueur. L'abdomen* forme une sorte de bosse au niveau du 3e segment.
De jour, cette crevette est maculée de larges taches rouges qui ont tendance à former des bandes transversales sur l'abdomen ; l'extrême bout du rostre est blanc. L'extrémité du telson* est blanche, de même que sa marge latérale. Les cornées sont noires. Les antennules* et les antennes* sont entièrement rouges. Les pattes ont des marques rouges alternant avec des bandes translucides ou blanches. Du pigment blanc est présent près de la racine des pattes. L'ovaire en vitellogenèse* vu par transparence dans le céphalothorax* et les œufs en début d'incubation sous l'abdomen sont jaune-orangé. La nuit, les couleurs rouge et blanche sont moins marquées que le jour en raison de la rétraction des pigments dans les chromatophores* ; la robe de la crevette a davantage l'allure d'une robe à pois rouges avec des taches bien séparées les unes des autres. Les yeux sont clairs et brillent lorsque les crevettes sont éclairées.
Les spécimens de l'Atlantique américain ont une légère différence de pigmentation par rapport à ceux de l'Atlantique oriental : chez les premiers, le rostre présente la moitié proximale plus transparente et un anneau blanc près de son extrémité ; la moitié distale des pattes est assez blanche.
Les crevettes danseuses doivent leur nom à leurs mouvements saccadés, comme si elles dansaient.
Dans l'Atlantique américain, on peut confondre la crevette danseuse rouge atlantique avec la crevette danseuse rouge de Manning Cinetorhynchus manningi ; cette dernière est presque uniformément orange ; elle est endémique* de la zone caraïbe ; elle a été observée à Saint Martin et peut donc se rencontrer ailleurs dans les Antilles françaises.
Dans l'Indo-Pacifique, l'espèce qui ressemble le plus à C. rigens est la crevette danseuse indopacifique C. erythrostictus qui se rencontre dans l'océan Indien et l'ouest du Pacifique ; elle a été observée en Nouvelle-Calédonie. La crevette danseuse striée C. striatus est également assez proche morphologiquement mais au lieu de taches elle a des bandes rouges sur le corps ; elle est présente en Nouvelle-Calédonie.
Il ne semble pas y avoir de données précises sur l'alimentation de la crevette danseuse rouge atlantique. Elle serait en partie détritivore* et se nourrirait de petits invertébrés, de matière organique particulaire et de déjections d'échinodermes comme celles de l'oursin diadème des Antilles Diadema antillarum avec lequel elle cohabite parfois.
Comme chez les autres crevettes, l'accouplement a sans doute lieu juste après la mue à la nuit tombée ; la ponte se fait probablement dans les heures qui suivent. Le développement larvaire* de la crevette danseuse rouge atlantique comporterait dix stades larvaires et deux stades post-larvaires. Sa longévité n'est pas connue ; les crevettes de cette taille ont habituellement une longévité de un à deux ans.
La crevette danseuse rouge atlantique est souvent associée à des anémones de mer comme l'anémone serpentin Bartholomea annulata, l'anémone géante des Antilles Condylactis gigantea et l'anémone à rameaux Lebrunia danae. La fréquence et l'abondance de cette crevette en présence de l'oursin diadème des Antilles Diadema antillarum varie en fonction des phases de la lune. Au Brésil, l'espèce a aussi été trouvée dans des cavités en compagnie de la langouste brune Panulirus echinatus.
Depuis leur introduction et leur invasion dans la zone Caraïbe, les rascasses volantes du Pacifique (Pterois volitans et P. miles) font des orgies de cette crevette. Les autres prédateurs potentiels sont principalement les poissons, les grands crustacés et les céphalopodes.
La crevette danseuse rouge atlantique est parfois vendue vivante et utilisée en aquariologie marine.
Elle a été représentée sur des timbres-poste.
Elle est potentiellement menacée par la destruction de son habitat et par la pollution marine mais pourrait paradoxalement profiter indirectement du tourisme par la raréfaction subséquente de poissons prédateurs de crevettes.
Les crevettes danseuses doivent leur nom à leurs mouvements saccadés, comme si elles dansaient ; rouge précise ici que c'est la couleur dominante et atlantique car cette espèce ne se rencontre que dans l'Atlantique.
Cinetorhynchus : du grec [kinetos] = qui bouge et du grec [rhynchos] = museau, groin, en référence au rostre mobile.
NB. Cinetorhynchus est une transposition de Rhynchocinetes, nom de genre utilisé auparavant pour cette espèce.
rigens : du latin [rigeo] = rigide, inflexible, probablement en référence au rostre rigide.
Numéro d'entrée WoRMS : 107577
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Caridea | Caridés | Les Caridés sont caractérisés par des pléopodes natatoires. C'est à ce groupe qu'appartiennent une grande partie des espèces de crevettes. |
Famille | Rhynchocinetidae | Rhynchocinétidés | Crevettes dont le rostre pointe vers le haut. Les yeux sont très grands. |
Genre | Cinetorhynchus | ||
Espèce | rigens |
Adulte in situ, de nuit
Noter la transparence relative de la crevette, les taches rouges sur les côtés de la carapace, le pigment blanc à la base des pattes, les yeux ronds aux cornées noires, et la "bosse" dorsale au milieu de l'abdomen.
Santa Maria, Açores, 15 m, de nuit
06/2014
Femelle ovigère en vue latérale
Noter dans le céphalothorax l'ovaire jaune visible par transparence ainsi que les œufs de la même couleur sous l'abdomen.
Santa Maria, Açores, 15 m, de nuit
06/2014
A Madère
Noter la couleur jaune à l'intérieur du céphalothorax*, sans doute liée à l'ovaire en fin de vitellogenèse* ; cette femelle est proche de la ponte.
Reis Magos, Caniço, Madeira, 8 m, de nuit
05/08/2014
Sous la protection d'une anémone
Vue dorsale, en mode protection près de l'anémone américaine (Telmatactis cricoides).
Noter la petite ligne médio-dorsale blanche sur le dernier segment abdominal et le telson* bordé de blanc. On discerne bien également les taches rouges à l'avant de la crevette qui progressivement se réunissent en allant vers l'arrière pour former des anneaux rouges vers le bout de la queue.
Roncadores del faro, Tenerife, 20 m
24/11/2014
Vue dorsale
De nuit, la couleur générale est plus rouge que de jour.
Noter l'intestin noir visible par transparence à l'arrière de l'abdomen.
Santa Maria, Açores, 15 m, de nuit
06/2014
De dos
Cet angle inhabituel de prise de vue permet de mieux voir les taches rouges sur un fond rose.
Tenerife, Canaries, faible profondeur
01/10/2015
Timbre des îles Caïmans
Cette crevette est une espèce patrimoniale qui a motivé l'édition d'un timbre poste.
On peut supposer que le dessin a été réalisé d'après un spécimen des îles Caïmans...
Reproduction de documents anciens
1986
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Abele L. G., Kim W., 1986, An illustrated guide to the marine decapod Crustaceans of Florida, State of Florida, Dept. of Environmental regulation, technical series, 8(1) (1-2), 1-760.
Baensch H. A., Debelius H., 1992, Meerwasser Atlas, Mergus Verlag, Melle, Germany, 1-1216.
Baeza J. A., Bauer R. T., Okuno J., Thiel M., 2014, Molecular phylogeny of hinge‐beak shrimps (Decapoda: Caridea: Rhynchocinetes and Cinetorhynchus) and allies: a formal test of familiar and generic monophyly using a multilocus phylogeny, Zoological Journal of the Linnean Society (London), 172(2), 426-450.
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Holthuis L. B., 1955, The recent genera of the Caridean and Stenopodidean shrimps (Class Crustacea: Order Decapoda: supersection Natantia) with keys for their determination, Zoologische Verhandelingen, Leiden, 26, 1-157.
Humann P., Deloach N., 1992, Reef creatures identification - Florida Caribbean Bahamas, Editions New World Publications, 1-320.
Okuno J., 1997, Crustacea Decapoda: Review on the genus Cinetorhynchus Holthuis, 1995 from the Indo-West Pacific (Caridea: Rhynchocinetidae). in Bertrand Richer de Forges (éd.) ORSTOM, Paris Les fonds meubles des lagons de Nouvelle-Calédonie (sédimentologie, benthos). Etudes et thèses, 31-58.
Poupin J., Ferry R., Buske Y., 2015, Etude d'une collection de crustacés de la Martinique, Mission BIOSPHERES/IRENAV 22-29 novembre 2015, Rapport de mission BIOSPHERES/IRENAV, Martinique, 1-6.
Wirtz P., 2004, Four amphi-Atlantic shrimps new for São Tomé and Príncipe (eastern central Atlantic), Arquipélago. Life and Marine Sciences, 21A, 83-85.
Wirtz P., 2011. New records of marine invertebrates from the coast of Senegal, Arquipelago. Life and Marine Sciences, 28, 7-9.
Wirtz P., Müller B., Nahke P., 1988, The Caribbean shrimp Tuleariocaris neglecta Chace, 1969 found in association with Diadema antillarum at Madeira, and two new records of decapod crustaceans from the Cape Verde islands, Courier Forschungstinstitut Senckenberg, 105, 169-171.
La page de Cinetorhynchus rigens dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN (lien en attente de création)