Corps extrêmement mince et effilé
Aplatissement dorso-ventral
Bouche petite à l'extrémité des mâchoires soudées
Dorsale et anale disposées symétriquement
Queue se prolongeant par un long filament
Poisson flûte, fistulaire à points bleus, cornette à taches bleues, poisson-flûte lisse, aiguillette du fond, fistulaire de Commerson, trompette (La Réunion)
Bluespotted cornetfish, reef cornetfish (GB), Smooth flutemouth (Australie), Pesce flauto (I), Corneta pintada, pez trompeta de puntos azules, pez trompeta (E), Flötenfisch (D), Gladde fluitbek (NL)
Fistularia comerson Rüppell, 1838
Fistularia commersoni Rüppell, 1838
Fistularia depressa Günther, 1880
Indo-Pacifique tropical, mer Rouge et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Il est présent dans le domaine indo-pacifique tropical : mer Rouge, tout l'océan Indien, y compris Mayotte et la Réunion, et dans l'océan Pacifique tropical, de l'Indonésie, la Polynésie française et Hawaï à la Californie au Costa Rica, et du sud du Japon à l'Australie et la Nouvelle-Calédonie.
Ce poisson est par ailleurs une espèce lessepsienne* arrivée récemment en Méditerranée depuis la mer Rouge. En 2007, puis en 2009, il a été aperçu sur les côtes méditerranéennes françaises.
Le poisson-flûte est observé le plus souvent à proximité des récifs ou des fonds rocheux, mais il peut être vu également au-dessus des fonds sédimentaires ou des herbiers, depuis la surface jusqu'à 100 m de profondeur.
Il n'hésite pas à s'aventurer par petits fonds.
La fourchette de température dans laquelle il évolue est comprise entre 15 et 30 °C.
Le poisson-flûte possède depuis la tête jusqu'à la queue un corps extrêmement mince et effilé, ce qui lui a donné son nom. Sa taille moyenne est de 1 m, mais les plus grands individus (mâles) atteignent 1,60 m. La section de son corps montre un aplatissement plus dorso-ventral que latéral. Sur son dos,la teinte générale est verdâtre, ses flancs sont parfois parcourus de deux lignes bleutées et de deux rangées de taches bleues. Son ventre est blanchâtre à argenté. La nuit, le poisson-flûte possède une livrée marbrée rayée verticalement de noir. Hors de l'eau, la couleur du poisson vire au gris vert. Son tégument* apparaît assez lisse, les écailles sont peu visibles.
La tête fait environ le tiers de la longueur du corps. La bouche est petite et se trouve à l'extrémité d'une structure tubulaire formée par les deux mâchoires soudées sur l'essentiel de leur longueur. Ses nageoires dorsale et anale, de forme triangulaire et de teinte rosée ou orangée, deviennent transparentes à leur base. Elles sont de petite taille et sont disposées symétriquement. La queue se prolonge par un long filament blanc se terminant en pointe.
Il peut être confondu avec le poisson-trompette (Aulostomus chinensis), dont la silhouette très allongée est proche de la sienne, mais celui-ci possède une queue dépourvue de prolongement central, son aplatissement est plutôt latéral et il peut arborer des couleurs plus chaudes.
Sous la surface des flots on peut observer des Bélonidés argentés à longue silhouette également (cf. Belone belone), mais ils ne s'approchent pas des fonds marins et leur mâchoire s'ouvre très largement. Ces poissons aussi ont une queue sans particularité.
En Méditerranée occidentale, il pourrait être confondu avec une autre espèce de Fistularidé : Fistularia petimba. Cette espèce originaire de l'océan Atlantique n'a cependant été observée qu'à une seule occasion en 1997 en mer d'Alboran. Fistularia petimba est de teinte marron à vert dorsalement et est caractérisé par des plaques osseuses disposées en avant et en arrière de la dorsale.
Le poisson-flûte est principalement piscivore*. Cependant, il complète son alimentation en capturant aussi des calmars et des crevettes. Cette espèce serait également capable de dévorer le poisson-lion Pterois miles. Le poisson-flûte constituerait ainsi un des seuls prédateurs de cette rascasse. Il peut s'approcher de ses proies avec discrétion, puis fondre sur elles et les gober en aspirant l'eau lors d'un mouvement d'avancée de la mâchoire (celle-ci est dite protractile*).
Lorsqu'il s'approche de sa future victime, le poisson-flûte, lui faisant face, ne lui permet de voir qu'une surface extrêmement réduite de son corps : quelques centimètres carrés tout au plus. Cette discrétion fait de lui un véritable « poisson furtif » et doit être pour beaucoup dans la réussite de ses chasses.
En Méditerranée, il a pris l'habitude de consommer des picarels (Spicara smaris), des bogues (Boops boops), et des rougets de vase (Mullus barbatus).
La saison de reproduction s'étend sur plusieurs mois (de juin à août au large de la Californie) et se fait par fécondation externe. Fistularia commersonii est une espèce ovipare* qui abandonne ses œufs en pleine eau. Les larves* sont au départ dépourvues du filament terminal de la queue présent chez l'adulte. Elles connaissent un stade planctonique* assez long pour contribuer à la dissémination de l'espèce.
Les poissons-flûtes peuvent vivre de manière solitaire ou évoluer en petits bancs.
La nuit, on peut les voir se rassembler dans les parties hautes des récifs.
Il peut être intéressant de souligner que les couleurs de ce poisson sont toujours adaptées à une homochromie* avec le milieu. Le jour : bleu-vert et la nuit, quand il s'approche des récifs ou des herbiers : avec une robe annelée entraînant une rupture de forme (coloration disruptive*).
Une observation exceptionnelle a été réalisée à La Réunion (Philippe BOURJON, 2010) : un poisson-flûte a adopté une robe annelée en plein jour, peut-être sous l'effet d'un stress. Voir la photo "Robe annelée".
La longue partie centrale caractéristique de la queue de ce poisson est constituée des rayons médians de cette caudale, ils sont très allongés et filamenteux.
Il nage souvent lentement, on ne voit que peu ses nageoires s'agiter, mais il est capable de mouvements vifs amenant à des courbures importantes de son corps.
Les poissons-flûtes ne sont pas trop farouches, ils peuvent être approchés, surtout lorsqu'ils sont près des récifs, par des plongeurs calmes. Sur des fonds d'herbiers ou de sédiment, ils semblent vouloir garder une distance de sécurité plus importante.
Ce poisson est une espèce lessepsienne présente en Méditerranée depuis l'an 2000 : il a été observé pour la première fois en Israël.
En 2001, il était observé en Turquie et en Grèce. En 2004, il avait déjà atteint le sud de l'Italie et la Tunisie. En 2007, il était observé dans les eaux de Porquerolles (France) et en Espagne. C'est ce qu'on appelle un lessepsien rapide. Cette espèce a mis seulement 7 ans pour parvenir des côtes israéliennes à la mer Ligure.
En mars 2009 une affiche a été réalisée par le Laboratoire ECOMERS-UNSA (Professeur Patrice FRANCOUR) invitant les usagers de la mer à signaler la présence de ce poisson sur nos côtes méditerranéennes.
C'est sur le Forum de DORIS qu'a été montrée pour la première fois une photo d'un bel individu en entier.
Ce poisson a été vu et photographié en octobre 2009 dans la baie de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes).
Ce cliché, présent sur cette fiche, a été accueilli avec enthousiasme par les scientifiques.
Les poissons qu'il consomme en Méditerranée ont une certaine valeur économique, mais vu la faible quantité des poissons-flûtes, même en Méditerranée orientale où il est plus abondant, cela ne devrait pas avoir d'impact sur les pêches.
En Méditerranée orientale, les populations de ce poisson connaissent une très forte croissance.
On peut trouver sur les marchés des poissons-flûtes commercialisés frais, salés, séchés ou fumés, mais lorsqu'ils sont pêchés, il n'est pas rare qu'ils finissent en farine de poisson...
Le poisson-flûte tire évidemment son nom de l'allure très effilée de son corps et il s'agit aussi de la francisation de son nom scientifique.
Fistularia du latin [fistula]= tuyau, flûte en raison de l'allure effilée de son corps.
commersonii : en hommage à Philibert Commerson (1727-1773), botaniste et ichthyologiste français, qui participa à l'expédition de Bougainville autour du monde et pendant laquelle il réalisa d'importants travaux naturalistes. Il mourut à l'île Maurice, débarqué par Bougainville parce qu'on avait découvert qu'il avait emmené avec lui son épouse, ce qui était interdit. Il l'avait faite passer pour son valet. Elle se nommait Jeanne Barret, elle fut la première femme française à faire le tour du monde.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Syngnathiformes | Syngnathiformes | Poissons possédant des mâchoires soudées en un tube allongé. Il s'agit essentiellement des syngnathes et des hippocampes. |
Sous-ordre | Syngnathoidei | Syngnathoïdes | |
Famille | Fistulariidae | Fistulariidés | |
Genre | Fistularia | ||
Espèce | commersonii |
Teintes
Ce cliché permet de bien observer la teinte générale bleu-vert de ce poisson.
Togian, Sulawesi, Indonésie, 8 m
02/04/2006
Longiligne
Cette photographie nous permet de voir un bel individu de profil et sa silhouette longiligne.
Egypte, Safaga, Elphinston Reef
25/10/02
Aplatissement dorso-ventral
Ce cliché montre bien l'aplatissement dorso-ventral qui distingue entre autres ce poisson du poisson-trompette.
Egypte, Safaga, 10 m
12/10/2009
Sillon
Ce cliché montre bien le sillon entre les mâchoires inférieures et le ventre plat de ce poisson.
Israël, Eilat, 5 m
04/2008
Bouche
La bouche ne peut s'ouvrir que très modestement au regard de la longueur des mâchoires.
Egypte, Marsa Shagra, 4 m
10/11/2009
Œil
Nous voyons bien ici la forme en poire de l'œil, ce qui lui permet une bonne vision à l'avant du corps.
Egypte, Dahab, 10 m
08/2008
Par petit fond à La Réunion
Les poissons-flûtes n'hésitent pas à s'aventurer en eaux peu profondes.
La Réunion, 1 m
17/04/2009
Tête et queue
En fin de journée on peut voir se rassembler des poissons-flûtes dans les parties hautes des récifs. Il est alors possible de les approcher sans trop de difficultés. On voit ici en plus de la tête, la queue précédée des nageoires dorsale et anale, symétriques.
Egypte, Safaga, 5 m
15/04/2008
Appel à signalement
Ce document est parvenu sur notre Forum en mars 2009.
Quelques mois plus tard la première photo d'un bel individu entier parvenait également sur notre Forum !
N/A
N/A
Confirmation en Méditerranée française
C'est sur le Forum de DORIS qu'a été montrée pour la première fois une photo d'un bel individu en entier.
Il s'agit de ce poisson, il a été vu et photographié en octobre 2009 dans la baie de Villefranche.
Ce cliché a été accueilli avec enthousiasme par les scientifiques :
Un grand merci pour cette photo. Elle confirme donc bien la présence de Fistularia commersonii dans nos eaux. Nous le pensions depuis novembre 2007 (avec une photo macro de la tête prise à Porquerolles) ... J'avais eu également des messages de la part de plongeurs évoluant dans la zone de Villefranche il y a quelques jours ... mais sans photo.
Patrice FRANCOUR
Baie de Villefranche (06), 10 m
27/10/2009
Première observation à Marseille
Ce poisson-flûte a été photographié au large de Marseille, près de l'île de Planier, par 8 m de fond, le 13 novembre 2010.
Il s'agit de la première observation photographique marseillaise connue !
Planier, Marseille (13), 8 m
13/11/2010
En pyjama !
Voici les informations données par l'auteur du cliché, Patrice FRANCOUR :
Beaucoup de poissons adoptent une livrée nocturne faite de rayures foncées, souvent verticales. Cette coloration permet à ces poissons diurnes de se camoufler sur le fond. Ce type de camouflage permet une rupture de silhouette ou de forme, un peu comme les militaires qui se recouvrent de branchages ou autres pour se fondre dans le décor.
Fistularia semblant maintenant un habitant de nos eaux méditerranéennes françaises, peut-être aurez-vous l’occasion de le rencontrer de nuit en "pyjama".
Turquie, Kas, de nuit
30/09/2004
Mimétisme disruptif
La difficulté de voir les contours du bec de ce poisson-flûte montre bien l'efficacité de son mimétisme disruptif*.
Egypte, 5 m, de nuit
05/01/2010
Robe annelée
Cette robe annelée en plein jour est une observation exceptionnelle, voici le commentaire du photographe qui a réalisé ce très intéressant cliché :
J’ai rencontré tout à l’heure un spécimen qui a adopté en plein jour et le temps d’une seconde une tenue de camouflage un peu plus sophistiquée que celle de nuit (et parfaitement adaptée !) [....]
Pour ce qui me concerne j’étais stupéfait : jamais vu cela en trente ans de fréquentation de ces très sympathiques animaux, qui te reconnaissent d’une visite sur l’autre et peuvent t’intégrer au banc si tu es régulier et assez lent (je reconnais que j’ai un faible pour eux !).
Explication peut-être : il y avait un fort courant (accroché à un porite, j’avais le corps en drapeau), et le banc luttait contre lui à deux mètres de moi en s’efforçant de rester immobile, situation stressante sans doute. Le changement de livrée est intervenu quand j’ai lâché prise en essayant de m’approcher pour la photo : un stimulus de trop ?
La Réunion, 5 m
11/05/2010
Changement de robe
Voici les commentaires du photographe :
Photo montage de 2 photos prises à 8 secondes d'intervalle d'un même specimen.
Je n'ai pas d'explication des raisons de ce "transformisme"... à remarquer toutefois que la transformation suit de très peu sa rencontre avec cet autre poisson rayé... Camouflage ? Mimétisme ?
Wadi Lahami, Egypte, 19 m
26/03/12
Juvénile en Nouvelle-Calédonie
Un jeune individu, une rencontre assez rare.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 1 m
18/06/2007
Nage à Mayotte
Cette prise de vue par le dessus permet de voir la nage par ondulation de la deuxième partie du corps.
Mayotte, Sakouli, 3 m
14/02/2010
Poisson furtif
Dans le lointain ce poisson est particulièrement discret.
Egypte, Dahab, 3 m
05/10/2008
Corps arqué
Ce poisson-flûte, surpris la nuit au-dessus d'un herbier, montre à l'occasion de sa fuite à quel point il peut arquer son corps.
Egypte, Safaga, 2 m, de nuit
15/04/2008
Comptez-les...
Combien de poissons-flûtes sur ce cliché ?
Egypte, Safaga, Panorama Reef, 4 m
13/08/2009
Rédacteur principal : Vincent MARAN
Correcteur : Pascaline BODILIS
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Vincent MARAN
Golani D., 2000, First record of the bluespotted cornetfish from the Mediterranean Sea, Journal of Fish Biology, 56, 1545-1547.
Noël P., Meunier F., 2010. Le poisson-flûte (Fistularia commersonii). in Muséum national d'Histoire naturelle [Ed]. 2010. Inventaire national du Patrimoine naturel
CIESM 2010 Atlas of exotic species in the Mediterranean
La page sur Fistularia commersonii sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Fistularia commersonii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN