Accumulation d’algues calcaires donnant un aspect rocheux à l’habitat
Habitat en position horizontale
Platier coralligène, sec coralligène
Méditerranée
Le coralligène* est un habitat caractéristique de Méditerranée où sa présence est recensée sur toutes les côtes rocheuses, lorsque la profondeur le permet (il pourrait être absent des côtes israéliennes et libanaises).
Sa distribution est discontinue et localisée.
Les plus beaux tombants et massifs de coralligène se trouvent en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse.
Le coralligène de plateau se rencontre sur le littoral du Languedoc-Roussillon et présente des massifs remarquables sur la côte des Albères (ou côte Vermeille).
Constructions biogènes très caverneuses plus ou moins importantes se situant jusqu’à 100 mètres de profondeur.
Cette bioconstruction est le fait d'accumulations au fil du temps de nombreuses algues calcaire et des restants d'autres organismes de même type, morts (éponges, bryozoaires, vers, gorgones, etc), ce qui va former un biotope tout à fait original et propice à la vie.
Ce qui différencie cette biocénose du coralligène (habitat IV.3.1) est son positionnement horizontal. Il est également situé au sein de fonds détritiques* ou meubles alimentés par des courants.
L’épaisseur de ces formations coralligènes peut varier entre quelques centimètres et plusieurs mètres.
Ce type de coralligène constitue alors des dalles en plateau, ce qui a donné le nom à ce faciès très particulier.
Il est principalement menacé par l’activité de chalutage.
La distribution des algues dures, calcaires, est soumise à des facteurs abiotiques tels que la température, l’hydrodynamisme, la salinité, la sédimentation et la lumière. Cet habitat se trouve entre 30 et 90 mètres de profondeur et même jusqu’à 130 mètres dans les eaux limpides de Corse. On observe aussi cet habitat à plus faible profondeur dans les eaux troubles ou dans les grottes et les tombants rocheux abrités de la lumière.
La biodiversité dans cet habitat est très élevée, les espèces les plus typiques sont :
D’un point de vue fonctionnel, ils constituent un abri pour de nombreuses espèces à fort intérêt patrimonial ou commercial. Les fonds coralligènes sont également des zones de recrutement et de nutrition, même si ces deux fonctions sont encore mal connues.
En raison de cette richesse et de cette grande diversité, on considère que le coralligène est un des habitats ayant la plus haute valeur écologique de Méditerranée.
Les fonds coralligènes, en tombant ou en plateaux, constituent le second pôle de biodiversité en zone côtière, avec près de 1700 espèces d’invertébrés, 315 espèces d’algues et 110 espèces de poissons.
Les potentialités de production économique de cet habitat sont de deux ordres :
- production directe par la pêche des espèces de haute valeur économique : langoustes, Sparidés ;
- production indirecte par la valeur esthétique de l'habitat pour le tourisme sous-marin.
Enfin, les fonds coralligènes doivent leur nom au corail rouge (Corallium rubrum), espèce à fort intérêt commercial pêchée en plongée sous-marine en scaphandre autonome. Les fonds coralligènes constituent donc une zone de pêche privilégiée pour des corailleurs, en régions Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Roussillon. Mais cette espèce est moins présente sur le coralligène en plateau que sur les tombants, sachant qu'il se développe principalement verticalement aux plafonds des failles du coralligène, plus rares sur les formations en plateau que sur les tombants.
Malgré l’importance du coralligène en Méditerranée, il n’existe pas de mesures réglementaires visant sa protection spécifique.
Il est néanmoins à l’origine d’un plan d’action des fonds coralligènes élaboré par les membres contractants de la Convention de Barcelone.
De plus, en tant qu’habitat d’intérêt communautaire au titre de la Directive Habitat Faune Flore, le coralligène est pris en compte pour la définition des sites d’intérêt communautaire du réseau Natura 2000.
Enfin, le Règlement Européen (CE) n°1967/2006 du 21 décembre 2006, concernant les mesures de gestion pour l’exploitation durable des ressources halieutiques en Méditerranée, précise dans le chapitre II, Article 4-2 : « qu’il est interdit de pêcher en utilisant des chaluts, dragues, sennes de plage ou filets similaires au-dessus des habitats coralligènes et des bancs de maërl ». De plus, certaines protections visant des espèces particulières, comme la datte de mer Lithophaga lithophaga, ne concernent pas tant l’intérêt intrinsèque de l'espèce mais la nécessité pour la pécher de détruire son habitat, le coralligène en premier lieu.
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Typologie utilisée dans cette fiche DORIS/OFB :
Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)
Typologie et description | |
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Coralligène se développant à l'horizontale
Les espèces présentes dans cette biocénose "en plateaux" sont peu ou prou les mêmes que sur les habitats coralligènes verticaux, à bathymétrie équivalente.
Sec à Merlot, cap Ferrat (06), Méditerranée, 45 m
06/08/2007
Rédacteur principal : Jonathan SAGAN (OFB)
Vérificateur : Gaëlle QUEMMERAIS AMICE (OFB)
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
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Page de référence dans le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
Cette fiche a été réalisée dans le cadre du projet européen Life Marha, LIFE16 IPE FR001, porté par l’Office Français de la Biodiversité. Contact OFB : Alain PIBOT.