Xanthe de Méditerranée

Xantho poressa | (Olivi, 1792)

N° 1912

Méditerranée et Atlantique proche

Clé d'identification

Crabe de petite taille (jusqu'à 40 mm de largeur)
Carapace ovale et légèrement bosselée
4 dents antéro-latérales, la première très émoussée, les autres moins
Couleur brun-rouge ou gris-vert, souvent avec des taches noires
Peu de soies sur le bord antérieur des pattes

Noms

Autres noms communs français

Crabe de pierre méditerranéen, xantho de Méditerranée, xanthe poressa

Noms communs internationaux

Stone crab, jaguar round crab (GB), Carnada de vieja (F)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cancer poressa Olivi, 1792
Cancer levifrons Rafinesque, 1814
Xantho rivulosus Risso, 1827
Xantho zonata O Costa, 1838

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique proche

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cette espèce se rencontre en mer Méditerranée et dans les eaux Atlantiques proches du détroit de Gibraltar et jusqu'aux Canaries.

Biotope

Xantho poressa se rencontre plutôt à très faible profondeur (dans la zone 0-10 m, et en général à moins de deux mètres exceptionnellement jusqu'à 20 m de profondeur), sous les pierres et les galets infralittoraux*. Il s’agit d’une espèce lucifuge*, ayant une préférence pour les zones de galets ou les blocs rocheux de tailles variées. Xantho poressa est une espèce caractéristique de la biocénose* des galets infralittoraux. Les jeunes se rencontrent dans les herbiers de Posidonies (Posidonia oceanica). cette espèce est euryhaline* et se rencontre parfois dans des eaux de salinité élevée (étangs saumâtres littoraux à 35-40 ‰).

Description

Xantho poressa est muni d’une carapace ovale dont les bords antéro-latéraux sont munis de 4 dents plus ou moins émoussées. La première dent (celle proche de l’avant) peut être imperceptible. La quatrième dent antéro-latérale est carénée et peut être relativement pointue. La carapace est plutôt lisse et bombée, même si elle présente les sillons caractéristiques du genre. le ratio largeur/longueur de la carapace est d'environ 1,4. Les yeux pédonculés* sont proéminets et bien visibles en vue dorsale. Les chélipèdes* (les grosses pinces) sont robustes et légèrement inégaux (le droit est généralement un peu plus gros). Le bord antérieur des pattes ambulatoires n’est quasiment pas "poilu" (= presque dépourvues de soies*).
La couleur de la carapace est brun grisâtre, plus ou moins marquée de taches foncées, les doigts des pinces sont noirâtres. La couleur peut parfois tirer sur le gris-vert ou l’orange et présenter des bandes blanches (coloration disruptive). Les yeux sont noirs.
La largeur de la carapace de ce crabe atteint une quarantaine de millimètres mais il est souvent beaucoup plus petit..

Espèces ressemblantes

Deux autres espèces de crabes appartenant au genre Xantho peuvent être rencontrées en Méditerranée. Ces espèces se ressemblent beaucoup et leur identification nécessite donc un peu d’attention.

  • Xantho pilipes, le xanthe poilu, possède une carapace plus claire et, comme son nom l’indique, des soies* sont bien visibles sur le bord antérieur des pattes ambulatoires (caractéristique unique chez les représentants de la famille).
  • Xantho hydrophilus, le crabe de pierre, ne présente pas de soie sur le bord antérieur des pattes ambulatoires, comme Xantho poressa. La carapace, généralement de couleur brun rouge, présente des reliefs très marqués (plus marqués que Xantho poressa). Les dents antéro-latérales de la carapace sont toujours émoussées, ce qui est un bon critère distinctif. Cette espèce peut être rencontrée depuis la surface jusqu’à une quarantaine de mètres de profondeur. On la rencontre généralement plus bas que Xantho poressa. Ce crabe préfère par ailleurs les zones purement rocheuses, qui ne sont pas celles que préfère Xantho poressa.
    N.B. Une variété, Xantho granulicarpus, est rencontrée exclusivement en Méditerranée. Elle a été considérée comme une espèce distincte, mais les analyses génétiques récentes ne plaident pas en ce sens. Actuellement, X. granulicarpus est considéré comme synonyme de X. hydrophilus.
  • Signalons enfin Panopeus africanus qui ne se rencontre pas en France métropolitaine mais est présent en Atlantique du Portugal à l'Angola ; cette espèce possède sur la carapace 5 dents antéro-latérales bien marquées et un sillon central en forme de chandelle sous l'incision médiane du front.

Alimentation

Xantho poressa est une espèce omnivore*, qui se nourrit notamment de petits crustacés, de mollusques et d’algues.

Reproduction - Multiplication

La phase adulte peut être atteinte dès la taille de 6 mm. Xantho poressa présente un dimorphisme sexuel* : dans une population, les mâles sont plus gros que les femelles. Par ailleurs, les pinces des mâles sont plus grosses que celles des femelles, à taille égale. La maturité sexuelle est atteinte à la taille de 7-8 mm chez les femelles et environ 10 mm chez les mâles.

Les études écologiques conduites sur ce Xantho poressa semblent montrer que ce crabe est adepte de la polygynie*. On peut ainsi trouver sous les gros blocs rocheux plusieurs femelles avec un gros mâle unique, parfois accompagné de plus petits mâles (qui pourraient profiter de la situation pour s’accoupler lorsque le mâle dominant est occupé ailleurs).
Selon les études, un sex-ratio* équilibré ou clairement en faveur des femelles est trouvé dans les populations.
Bien que l’accouplement de Xantho poressa n’ait pas été observé, il est probable que celui-ci se déroule en période d’inter-mue* chez la femelle, c’est-à-dire lorsque sa carapace est dure, comme ceci est le cas chez Xantho pilipes.

La période de reproduction s’étend de fin avril à août. Les femelles peuvent avoir jusqu’à 4 cycles reproducteurs par an. Chaque ponte comporte en moyenne 4 500 à 5 000 œufs. Les femelles incubent leurs œufs sous leur abdomen. La durée d’incubation dépend de la température et varie d’une vingtaine de jours à 17 °C à une dizaine de jours à 25 °C.

Le développement larvaire des Xanthidés comprend deux stades successifs : le stade Zoé*, avec quatre phases, et un stade Mégalope* qui précède la métamorphose* en crabe juvénile. Lorsque les conditions du milieu ne sont pas satisfaisantes (température trop basse notamment, aucune transformation de la larve Mégalope ne se produit à 17 °C) une cinquième phase Zoé peut apparaître, prolongeant d’autant la durée larvaire. La durée de vie larvaire est d’une vingtaine de jours dans les conditions idéales de laboratoire (26 °C, lumière et nourriture abondantes) mais peut dépasser 40 jours en conditions plus difficiles.

Les stades Zoé sont caractérisés par une carapace de forme globuleuse avec une épine dorsale, incurvée à l’apex*, une épine rostrale et des épines latérales. Les exopodes* des maxillipèdes* possèdent des soies* très longues à leur extrémité, qui sont utilisées pour les déplacements. Le pléon* comporte uniquement 5 somites* dans les phases Zoé I et II et 6 somites dans les phases suivantes. Le telson* est fourchu.
Les deux premières phases du stade Zoé ne possèdent pas de pléopodes*.

Les larves au stade Mégalope présentent 5 paires de péréiopodes* bien développés, la première paire portant des pinces. Les pléopodes permettent la nage de l’individu.

Vie associée

Xantho poressa peut être parasité par un némerte, Carcinonemertes carcinophila. Ce ver parasite au moins sept espèces de crustacés brachyoures dans le golfe du Lion : Dromia personata, Pirimela denticulata, Polybius depurator, Polybius vernalis, Xantho poressa, Brachynotus sexdentatus et Maja verrucosa.
Le taux d’infestation de Xantho poressa semble rester limité (moins de 10 %).

Les vers adultes se nourrissent des œufs de leur hôte. Les jeunes vers vivent sur l’exosquelette* des hôtes, en particulier les branchies. Les vers s’installent définitivement sur leur hôte lors d’une phase planctonique*. Ils peuvent être transférés d’un individu à l’autre lors de la copulation. Ces vers réduisent la fécondité des femelles parasitées.

Par ailleurs, Xantho poressa peut être parasité par une grégarine, Nematopsis foresti. Le protozoaire* est ingéré sous forme d’oocyte*, contenant un sporozoïte – la forme infestante du parasite - par le crustacé lorsqu’il se nourrit de mollusque bivalves (simplement de branchies, plus faciles à attraper). Il se déplace alors vers l’intestin de son hôte, où il s’attache aux cellules épithéliales*. Le parasite se développe au sein de l’intestin et, lorsque la maturité sexuelle est atteinte (après 2 à 3 semaines), les cellules matures se regroupent pour former un sporadin, qui migre vers le rectum du crustacé. Les sporadins s’unissent alors (syzygie*) pour former des gamétocytes*, au sein desquels vont se développer des gymnospores. Les gymnospores sont relargués dans le milieu naturel et vont rejoindre l’hôte intermédiaire, un mollusque bivalve.

Les conséquences de l’infection pour le crustacé sont généralement faibles, si l’infection est modérée. La présence du parasite dans l’intestin se traduit par une réduction de l’absorption de nutriments par l’hôte. En cas d’infection plus sévère, il peut cependant y avoir décès du crustacé, incapable de subvenir à ses besoins en énergie.

De même, les conséquences pour le bivalve de cette infection sont généralement faibles (éventuellement apparition d’irritations, les oocytes* étant encapsulés par le mollusque dans un phagocyte -cellule pratiquant la phagocytose*-, généralement localisé dans les branchies*), mais peuvent s’aggraver en cas de forte infection (destruction des tissus branchiaux par exemple, du fait de l’abondance des phagocytes).

Ces deux parasites sont d'intérêt éco-parasitologique et constituent un bon indicateur de la qualité du milieu.

Divers biologie

Xantho poressa est une espèce adaptative, tolérant des larges variations de température et de salinité, ce qui explique sa large distribution méditerranéenne.

Les travaux de Mirta Smodlaka Tanković & al. ont montré que les larves* Zoé* de Xantho poressa, qui se nourrissent de plancton* et notamment de diatomées*, ont un impact sur la longueur moyenne des chaînes de la diatomée Skeletonema marinoi (chaînes plus courtes en raison de la prédation) et sur le taux de reproduction de cette algue, qui croît. La prédation de cette diatomée par des larves de crustacés peut donc induire un bloom* phytoplanctonique. Cette situation est observée en mer Adriatique, où des pics de présence de Skeletonema marinoi sont observés les premiers mois de l’année, alors que l’eau est fraîche, simultanément à un pic de présence des larves Zoé de Xantho spp.

La durée de vie de Xantho poressa est d’un peu plus d’une année. Les gros crabes, recrutés l’année précédente, disparaissent généralement à l’automne, après la reproduction.

Les crabes changent drastiquement de coloration lorsqu’ils arrivent à la vie adulte. Il a été démontré que les variations de couleur chez Xantho poressa sont phénotypiques*, et non génotypiques*.

Informations complémentaires

Les études de terrain montrent que Xantho poressa a une préférence marquée pour les blocs rocheux de taille intermédiaire lorsqu'il vit dans des biotopes à blocs rocheux. Cette préférence pourrait être adaptée à son mode de reproduction : un bloc rocheux moyen peut permettre de « surveiller » toutes les femelles que le mâle a sous sa protection. Cette préférence permet par ailleurs d’éviter la compétition avec d’autres espèces de crabes comme Eriphia verrucosa. La sélection de ce type de refuge permettrait ainsi au mâle d’optimiser ses chances de reproduction.

Origine des noms

Origine du nom français

Xanthe : francisation du nom scientifique.

De Méditerranée : pour bien spécifier que cette espèce est rencontrée principalement de Méditerranée.

Origine du nom scientifique

Xantho : ce nom de genre provient du grec ancien [Xanthos] = différentes nuances de jaune, faisant allusion à la couleur du crabe. C'est également le nom d'une des Océanides (mythologie grecque). Ce nom a été créé, en 1814, par le zoologiste britannique William Elford Leach (1790-1836).

poressa : le naturaliste italien Giuseppe Olivi (1769-1795) n’a pas précisé, lors de la première description de l’espèce, l’origine de ce nom qu’il avait retenu. La littérature ne donne aucune explication.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 107442

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Super classe Multicrustacea
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Sous-classe Eumalacostraca Eumalacostracés Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax.
Super ordre Eucarida Eucarides Présence d'un rostre.
Ordre Decapoda Décapodes La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces.  Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises).
Sous-ordre Pleocyemata Pléocyémates

Incubation des œufs sous l'abdomen.

Super-famille Xanthoidea Xanthoidés
Famille Xanthidae Xanthidés
Sous-famille Xanthinae Xanthinés
Genre Xantho
Espèce poressa

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