Colonie flottante à l'aspect de radeau
Disque cartilagineux surmonté d'une voile triangulaire rigide
Couleur transparente à bleu foncé, forme ovale
6 cm de long maximum, 3 cm de haut
Fréquemment échouée en masse au printemps et en été
Barque de la Saint-Jean (Biarritz), Barque de la Saint-Pierre, méduse voilette
By-the-wind sailor, Jack-sail-by-the-wind (GB), Segelqualle (D), Zeilkwal (NL), Velero (E), Barchetta di San Pietro (I), Barqueta de San Pere (Catalan)
Medusa velella Linnaeus, 1758 (basionyme)
Holothuria spirans Forsskål, 1775
Velella mutica Lamarck, 1801
Velella tentaculata Lamarck, 1801
Velella scaphidia Peron & Lesueur, 1807
Medusa pocillum Montagu, 1815
Velella limbosa Lamarck, 1816
Velella pyramidalis Cranch in Tuckey, 1818
Velella lata Chamisso & Eysenhardt, 1821
Velella oblonga Chamisso & Eysenhardt, 1821
Velella sinistra Chamisso & Eysenhardt, 1821
Velella emarginata Quoy & Gaimard, 1824
Velella cyanea Lesson, 1826
Velella australis de Haan, 1827
Velella pacifica de Haan, 1827
Velella radackiana de Haan, 1827
Velella sandwichiana de Haan, 1827
Rataria cordata Eschscholtz, 1829
Rataria mitrata Eschscholtz, 1829
Velella antarctica Eschscholtz, 1829
Velella aurora Eschscholtz, 1829
Velella caurina Eschscholtz, 1829
Velella indica Eschscholtz, 1829
Velella septentrionalis Eschscholtz, 1829
Velella spirans Eschscholtz, 1829
Velella tropica Eschscholtz, 1829
Velella patellaris Brandt, 1835
Velella oxyothone Brandt, 1835
Velella oxyothone var. brachyothone Brandt, 1835
Velella oxyothone var. oxyothone Brandt, 1835
Armenista sigmoides Haeckel, 1888
Velella meridionalis Fewkes, 1889
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Velella velella est une espèce cosmopolite que l'on rencontrera à la surface des trois océans, en zone tempérée à tropicale.
La vélelle est un organisme de pleine mer qui fait partie du pleuston, c'est-à-dire des organismes qui vivent en surface, à l'interface eau-air. Par moment, le vent les ramène près des côtes.
La vélelle est un organisme assez insolite qui provoque toujours la curiosité et l'étonnement de celui ou celle qui la rencontre. Bien que surnommée "méduse voilette" sur la Côte d'Azur, il ne s'agit pas d'une méduse mais d'un Hydrozoaire, une colonie de polypes* spécialisés, portés par un disque cartilagineux, surmonté d'une voile rigide elle aussi cartilagineuse. L'ensemble évoque un petit radeau flottant.
La couleur de la colonie varie du bleu clair au bleu foncé, sa forme ovale, et sa taille n'excède pas 6 cm de long pour une voile de 3 cm de haut maximum. Le disque est parcouru de plusieurs ellipses concentriques. La voile, transparente, a une forme triangulaire, parfois semi-circulaire. Elle est disposée perpendiculairement au flotteur et présente un angle de 40 à 45° maximum par rapport au plus grand axe de l'ellipse formée par ce flotteur, et est orientée en général vers la gauche par rapport à ce même axe. Cette voile présente également des motifs sinueux. Sous le flotteur, on trouve un unique polype nourricier avec bouche terminale, entouré d'une rangée circulaire externe de polypes urticants de couleur bleue qui jouent un rôle dans la défense et la nutrition de la colonie, et plusieurs rangées circulaires de polypes reproducteurs, peu visibles. Ces polypes atteignent une taille de 2 à 3 cm maximum. La voile permet à la colonie d'être déplacée par le vent.
Cet organisme sera peu aperçu par le plongeur à cause de sa couleur mimétique et de sa transparence et du fait qu'elle affectionne plutôt le large et la pleine mer. Un épisode de grand vent peut néanmoins rapprocher ces colonies des côtes, où elles finissent par s'échouer en grand nombre. C'est donc sur la plage au printemps et en été, dans la laisse de mer, qu'on a le plus de chances de trouver des vélelles.
La vélelle ne peut pas être confondue avec un autre organisme.
Deux autres colonies, proches zoologiquement de la vélelle, présentent la même couleur, le même mode de vie, le même biotope* :
La vélelle est planctonophage* et se nourrit en capturant les microorganismes du plancton* grâce à des polypes pêcheurs nourriciers qui sont suspendus en cercle sous le disque. Ces derniers sont garnis de cnidocytes* qui harponnent les petites proies (appendiculaires, copépodes, œufs de poisson, etc...) qui sont ensuite acheminées vers le polype nourricier central (le gastérozoïde).
La symbiose* avec des zooxanthelles* procure à la vélelle un apport supplémentaire en matière organique.
Le cycle de reproduction de la vélelle passe par une phase sexuée, un stade "méduse". En effet, les polypes reproducteurs de la colonie (les gonozoïdes*) vont produire un grand nombre de petites méduses (baptisées parfois Chrysomitra), chacune ressemblant à une cloche minuscule, dont la taille n'excède pas 3 mm. Ces méduses sexuées vont ensuite libérer dans l'eau les gamètes* mâles et femelles. Après fécondation des œufs, il y a formation d'une larve* pélagique* qui développera de manière asexuée une jeune colonie après deux stades larvaires intermédiaires.
Certaines cellules produisent alors des gouttelettes d'huile qui ont pour effet de faire remonter en surface la jeune vélelle.
Les tissus des polypes de la vélelle sont fréquemment colonisés par des zooxanthelles*, qui confèrent alors à certains polypes une teinte brune. Cette association est symbiotique.
Parmi les essaims de vélelles, on trouve souvent les coquilles violacées de petits gastéropodes pélagiques Janthinidés, tels que Janthina janthina (Linnaeus, 1758) ou Janthina pallida Thompson W., 1840 qui sont en fait prédateurs des vélelles.
Le disque basal qui porte les polypes possède de petites chambres remplies de gaz qui assurent à la colonie une flottaison parfaite. On parle de pneumatocyste.
Il n'est pas rare de trouver des vélelles qui présentent une voile orientée vers la droite par rapport au grand axe du flotteur. Lorsque le vent souffle, il sépare les vélelles en deux populations !
Bien que proche des Siphonophores et souvent rapprochée des physalies, la vélelle est en principe inoffensive pour l'homme. Si ses cnidocytes* sont redoutables pour les proies du zooplancton*, ils le sont beaucoup moins pour la peau humaine. Cependant, après avoir manipulé une vélelle, même échouée, il faut veiller à ne pas porter les doigts à la bouche ni aux yeux. Certaines personnes plus sensibles (notamment les enfants) peuvent présenter de sérieuses irritations.
Des individus d'une taille de 8 cm ont déjà été observés.
La vélelle est un organisme qui peut parfois pulluler de manière importante. Les bancs de vélelles peuvent s'étendre sur des dizaines de kilomètres et leur densité peut atteindre localement une centaine d'individus au mètre carré. Il est fréquent d'observer alors sur certaines plages des échouages massifs de plusieurs milliers de ces organismes. Leur décomposition peut alors générer une odeur pestilentielle, et il ne persiste, après quelques heures, que la partie cornée de la colonie dont la consistance rappelle celle du plastique ou de la cellophane.
Ces pullulations auraient été constatées beaucoup plus fréquemment ces dernières années et en de nombreux endroits à l'échelle du globe ; le réchauffement climatique en serait peut-être une cause. En comparaison, au XIXème siècle, les vélelles étaient considérées comme très rares. Il est possible que les vélelles pullulent de manière cyclique, comme c'est le cas pour les pélagies (Pelagia noctiluca).
Les vélelles servent de nourriture aux poissons-lune (Mola mola), ainsi qu'à des gastéropodes, la janthine (Janthina sp.), et le nudibranche Glaucus atlanticus.
Des études récentes ont rapproché les vélelles du groupe des Anthoméduses. Jadis intégrés aux Siphonophores, puis aux Chondrophores, ces organismes présenteraient en fait des colonies très proches de celles des Hydraires.
Le nom vernaculaire est directement traduit du nom scientifique.
Velella : du latin [velum] = voile, en référence à la membrane cartilagineuse perpendiculaire au disque flottant, qui permet à la colonie d'être poussée par le vent. Velella signifie probablement "petite voile".
Numéro d'entrée WoRMS : 117832
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Anthoathecata | Anthoathécates | Hydraires dont la phase polype est dépourvue de thèques protectrices rigides. Phase polype presque exclusivement benthique, quelques espèces tropicales sécrétant un exosquelette calcaire (coraux de feu). Méduse avec ombrelle haute possédant des ocelles, les gonades se développent autour du manubrium. |
Sous-ordre | Capitata | Capités | Tentacules des polypes le plus souvent capités (avec des nématocystes groupés en « boutons »), parfois seulement chez les juvéniles. Longs pédoncules fixés ou ancrés dans le sédiment. Anthoméduses. Quelques espèces sécrètent un squelette calcaire. |
Famille | Porpitidae | Porpitidés | Cette famille réunit les seules colonies d'hydraires flottantes, de couleur bleue, de part la présence dans leurs tissus d'algues symbiotiques. |
Genre | Velella | ||
Espèce | velella |
Un étrange flotteur...
Une colonie de Velella velella suscite toujours la curiosité et l'étonnement !
Photographie prise par Brigitte Villeton-Pachot, mise en ligne avec son aimable autorisation. Voici son commentaire : "Nous avons rencontré cette vélelle alors que nous nous baignions au large lors d'une traversée en bateau entre Marseille et la Corse. Elle dérivait poussée par le vent et nous a semblé comme un bijou d'argent. Nous l'avons "pêchée" dans un bol pour l'observer et la photographier. A ce moment là nous ne savions rien de cette jolie rencontre, ni son nom ni sa qualité. Nous l'avons remise dans l'eau avec précaution. La regarder si délicate et sauvage nous a rendus encore plus heureux."
Méditerrannée, entre Marseille et la Corse
2009
Vue de dessus
Une vélelle dérive près du littoral corse...
Scandola, Corse, en surface
17/05/2004
A l'endroit
La colonie a été disposée dans un récipient d'eau. Observez la disposition de la voile, perpendiculaire au flotteur, avec un angle d'environ 45° par rapport au grand axe de ce flotteur. Observez aussi les motifs concentriques dessinés sur le disque de forme oblongue, la couleur bleue de différentes teintes, ainsi que quelques dactylozoïdes sous le flotteur.
Porquerolles (83), en surface
21/05/2005
Deux colonies
Les colonies ont été disposées dans un récipient d'eau. Observez les dactylozoïdes bleus, disposés en couronne.
Sainte-Maxime (83), estran
29/04/2012
Vue par-dessous
La velelle telle qu'on peut la voir en plongée : par-dessous !
On peut ainsi voir les tentacules des différents types de polypes.
Port-Cros (83)
30/05/2014
Petit banc
Un petit banc de vélelles est poussé par le vent vers la côte corse.
Scandola, Corse, en surface
17/05/2004
Petits bateaux
Les vélelles s'appellent aussi dans certaines régions barques de la Saint-Jean ou barques de la Saint-Pierre. Cette image en illustre bien la raison.
Cap Ferrat (06)
29/05/2010
Echouage massif
Des dizaines de milliers de colonies ont ici été rejetées dans la laisse de mer.
Sainte-Maxime (83), estran
29/04/2012
Pullulation
Un énorme banc de vélelles dérive au gré du vent et du courant...
Scandola, Corse, en surface
17/05/2004
Recueillie dans une coquille vide
Il s'agit ici d'une très jeune colonie, au vu de sa petite taille.
Vielle Saint-Girons (33), estran
25/04/2009
Laisse de mer
Trois vélelles ont été ici recueillies sur un bâton. En arrière plan, un échouage massif...
Presqu'île de Giens (83)
05/2009
Au Mozambique
La vélelle est un organisme cosmopolite que l'on pourra trouver échoué sur les plages du monde entier, comme ici au Mozambique (océan Indien). Notez le disque bleu surmonté d'une voile cartilagineuse triangulaire.
Plage d'Inhambane (Mozambique)
04/03/2007
En Nouvelle-Calédonie
En septemble c'est le printemps dans l'hémisphère sud et à Nouméa c'est la saison des vélelles ! Le diamètre des individus obsevés est de 3 à 5 cm.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), en surface
09/2011
Prédateur
La janthine (Janthina sp.) est un gastéropode prédateur très friand des cnidaires pleustoniques (vélelles, physalies...)
Sainte-Maxime (83), estran
29/04/2012
Colonies séchées
Voilà ce qu'il reste de colonies de vélelles séchées. Les parties organiques ont été détruites, et il n'en persiste que la partie cartilagineuse.
Sainte-Maxime (83), estran
29/04/2012
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Denis ADER
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Leloup E., 1929, Recherches sur l'anatomie et le développement de Velella spirans Forsk., Université de Liège, Archives de Biologie, vol. XXXIX, fasc. 3, pp. 397-478.
La page de Velella velella dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN