Colonies encroûtantes, courtes, massives de forme grossièrement cylindrique
Colonies épaisses de plusieurs millimètres
Surface irrégulière, moyennement rugueuse au toucher
Coloration blanche à jaunâtre, parfois verdie par des micro-algues
Cellepora coronopus Wood, 1844
Schismopora coronopus Canu et Bassler, 1928
Osthimosia coronopus Lagaaij, 1952
Méditerranée et Atlantique Est européen
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Turbicellepora coronopus est une espèce présente en Méditerranée et en Adriatique, ainsi que sur les côtes tempérées de l'Atlantique Nord-Est.
Turbicellepora coronopus se rencontre principalement entre 20 et 80 mètres de profondeur, dans les fonds détritiques* côtiers et coralligènes*, sur diverses concrétions ou débris coquilliers.
Turbicellepora coronopus forme des colonies encroûtantes, courtes, massives, de forme grossière, subcylindrique, parfois noduleuse. La taille de la colonie peut atteindre quelques centimètres de longueur. La couleur des colonies "propres", non verdies par des micro-organismes (voir § "Vie associée"), est blanche à jaunâtre. La surface est rugueuse, poreuse (celleporiforme) et montre des zoïdes* à l'orientation très irrégulière, désordonnée. La colonie constituée de plusieurs couches de zoïdes empilés les uns sur les autres peut atteindre une épaisseur de plusieurs millimètres (plus de 10 mm).
Voir la rubrique "Divers biologie" pour la description microscopique.
Turbicellepora avicularis forme des colonies brunes aux longues branches, se terminant en pointe, souvent sur des supports filiformes.
Turbicellepora tubigera porte des zoïdes noyés dans la masse, peu distincts, contrairement à T. coronopus où ceux-ci restent bien visibles.
Turbicellepora magnicostata, pour sa forme atlantique, forme des colonies fort semblables à T. avicularis (longues branches en pointe). Mais cette espèce est répandue en Méditerranée avec des colonies de forme différente, en amas noduleux, un peu comme T. coronopus.
Cellepora pumicosa forme des colonies massives, en dômes de consistance pierreuse et de teinte orangée. La surface finement hérissée et régulièrement bosselée est rugueuse au toucher. L’épaisseur de ces colonies encroûtantes peut avoisiner 2 cm et la taille peut atteindre 10/12 cm. On les trouve sous les plafonds mais aussi sous forme de petits manchons autour d’algues ou d’hydraires.
Schizomavella mamillata forme des plaques encroûtantes épaisses, mamelonnées, à la surface grenue et jaune vif.
Les individus de la colonie se nourrissent d’éléments planctoniques* ou de particules organiques en suspension, capturés par le lophophore* (tentacules* ciliés* en couronne autour de la bouche), englués dans un mucus et apportés à la bouche : ce sont des suspensivores* actifs car les tentacules des lophophores créent des microcourants qui dirigent les proies vers la bouche. Ces tentacules sont dépourvus de cellules urticantes.
Comme tous les bryozoaires, cette espèce est capable de se reproduire de manière sexuée. Les œufs fécondés vont incuber dans une chambre (ovicelle*) avant d’être libérés sous forme de larves*. La larve nageuse va ensuite se fixer pour bourgeonner* une nouvelle colonie par multiplication asexuée. Cette multiplication asexuée peut aussi se faire à partir d’un fragment cassé ou d’un clivage de la colonie en plusieurs colonies filles, qui vont pousser dans des directions différentes.
Les ovicelles de T. coronopus sont observées en mai, août et octobre, les embryons ou les larves en octobre en Méditerranée.
Une épibiose* (vie fixée) importante se développe sur la majorité des colonies. Elle est constituée d’organismes microscopiques (algues unicellulaires, folliculinidés, foraminifères, ...) et est matérialisée par la couleur verdâtre à brunâtre que prennent les colonies. Cette épibiose ne semble pas affecter la vivacité de la colonie qui continue à présenter un duvet dense de tentacules (lophophores) dans les zones verdies.
Description microscopique :
- Les zoïdes sont lisses et renflés (0,60 x 0,45 mm environ). La paroi frontale montre quelques rares pores marginaux (ou pores aréolaires). L'ouverture présente un large sinus proximal peu profond, bien visible (encoche en V bien marquée) et un péristome* peu développé ne masquant pas l'ouverture.
- Les aviculaires* sont de deux types uniquement : un aviculaire oral (labial) constant, petit, non pédonculé*, sans rostre*, latéral, à mandibule subogivale* et un seul autre type d'aviculaire inter-zoïdal, disséminé, grand (0,35 x 0,20 mm) à très large mandibule spatulée arrondie et irrégulièrement orientée à la surface de la colonie. La barre d'articulation de la grande mandibule spatulée est étroite chez T. coronopus et montre une petite excroissance centrale (columelle*).
- Ovicelle* au-dessus de l'ouverture, globuleuse, plus ou moins enfoncée, percée de plus de 12 pores (Turbicellepora avicularis et T. tubigera en ont moins de 12). L'opercule* de l'ouverture ne participe pas à l'obstruction de l'ovicelle.
Turbicellépore couronnée est une francisation du nom scientifique.
Turbicellepora : de [turba] = trouble, en désordre, de [cella] = petite chambre, cellule, loge, cabinet et de [pora] qui signifie pore, poreux.
coronopus : du latin [coronopus] = corne de cerf. C'est d'ailleurs le nom d'espèce du plantain corne de cerf (Plantago coronopus, végétal). Mais l'on peut peut-être ici simplement se référer à [corona] = couronne, guirlande ? Notons qu'il est difficile d'indiquer quelle structure anatomique de l'espèce ressemblerait à une couronne ou encore à des cornes de cerf. Le lien est peut-être l'aspect de velours brun des bois de cerf quand ils viennent de pousser (à confirmer).
Numéro d'entrée WoRMS : 111290
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Celleporidae | Celléporidés | Colonies encroûtantes ou dressées, fortement calcifiées, épaisses et où les loges sont disposées sans ordre, en plusieurs assises. |
Genre | Turbicellepora | ||
Espèce | coronopus |
Espèce difficile à identifier in-situ
Sous l'eau, de très nombreux bryozoaires encroûtants massifs et plus ou moins grenus se ressemblent du point de vue macroscopique. Un prélèvement et une étude microscopique sont le plus souvent nécessaires pour confirmer une identification.
Ici un support filiforme est encroûté par au moins trois espèces différentes :
1- Turbicellepora coronopus couverte d'épibiontes et verdie,
2- Cellepora pumicosa à la surface rugueuse et dont les lophophores sont déployés ici,
3- Rhynchozoon sp. ? ou Dentiporella sardonica ?
Pointe de la Revellata, Calvi (2B), 25 m
24/10/2008
Nombreuses espèces ressemblantes
De très nombreux bryozoaires encroûtants massifs se ressemblent du point de vue macroscopique en plongée. La couleur n'est pas toujours un critère fiable. Un prélèvement et une étude microscopique sont le plus souvent nécessaires pour confirmer une identification.
Cette photo montre trois espèces fraîchement prélevées au même endroit.
Pointe de la Revellata, Calvi (2B), (prélèvement)
24/10/2008
Colonie fraîchement prélevée
L'aspect de surface est grenu, la forme de la colonie courte, massive, grossièrement cylindrique.
Une épibiose* (vie fixée) importante se développe sur la majorité des colonies. Elle est constituée d’organismes microscopiques (algues unicellulaires, folliculinidés, foraminifères, ...) et est matérialisée par la couleur verdâtre à brunâtre que prennent les colonies. La couleur des colonies "propres" est blanche à jaunâtre.
Pointe de la Revellata, Calvi (2B), (prélèvement)
10/2008
Macro-photographie de la colonie fraîche
Les grandes mandibules des aviculaires* inter-zoïdaux (flèches vertes) sont observables sur cet échantillon non traité à l'eau de Javel. Après traitement, elles sont le plus souvent éliminées, laissant voir l'avicellaire* vide et la charnière d'articulation de la mandibule.
Les zoïdes* sont lisses et renflés (0,60 x 0,45 mm environ) (flèches rouges).
Pointe de la Revellata, Calvi (2B), (prélèvement)
10/2008
Zoïdes désordonnées
La surface est rugueuse, poreuse (celleporiforme) et montre des zoïdes* à l'orientation très irrégulière, désordonnée.
Colonie traitée à l'eau de Javel, les grandes mandibules* spatulées des aviculaires* inter-zoïdaux ont disparu.
Pointe de la Revellata, Calvi (2B), (prélèvement)
10/2008
Coupe de la colonie
La colonie, constituée de plusieurs couches de zoïdes* empilés les uns sur les autres, peut atteindre une épaisseur de plusieurs millimètres (plus de 10 mm). Sa croissance se fait autant de façon verticale que horizontale sur son support.
Pointe de la Revellata, Calvi (2B), (prélèvement)
10/2008
Photo d'ensemble au Microscope Electronique à Balayage (MEB)
Les flèches vertes indiquent quelques gros aviculaires spatulés inter-zoïdaux.
Les flèches rouges indiquent quelques ouvertures à la forme bien circulaire et marquées de larges sinus peu profonds (encoches proximales).
STARESO, Calvi (2B), (photo au MEB)
07/06/2009
Détails anatomique au MEB
- Flèches vertes : gros aviculaires* spatulés inter-zoïdaux
- flèches rouges : ouvertures à la forme bien circulaire et marquées de large sinus peu profonds,
- flèches orange : petits aviculaires labiaux placés latéralement à l'ouverture,
- flèches lilas : pores marginaux (aréoles*).
Rq : nous n'avons pas observé d'ovicelle* sur cette colonie.
STARESO, Calvi (2B), (photo au MEB)
07/06/2009
Ouverture, péristome et pores aréolaires
Les ouvertures bien circulaires et larges sont bien visibles chez cette espèce au péristome* réduit, le sinus proximal est large et peu profond.
STARESO, Calvi (2B), (photo au MEB)
07/06/2009
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ