Petite coquille blanchâtre à châtain clair en forme de chapeau chinois
10 mm de diamètre au maximum (souvent moins)
Sommet lisse déporté vers l'arrière et en forme de mamelon
Lignes radiantes et concentriques donnant un aspect finement granuleux
Deux larges lobes antérieurs (à la place des tentacules)
Patelle à mamelon (Lamarck), cabochon de Garnot (Payraudeau, 1826), patelle mamelonnée (Risso, 1826)
False limpet, button snail, button shell (pour les espèces exotiques) (GB), Falsa lapas (E), Gieβchalen (D)
Patella mammillaris Linnaeus, 1758
Trimusculus mammillaria (Linnaeus, 1758)
Pileopsis garnotii Payraudeau, 1826
Gadinia garnoti (Payraudeau, 1826)
Patella mamillata Risso, 1826
Gadinia depressa Requien, 1848
Gadinia lateralis Requien, 1848
Addisonia lateralis (Requien, 1848)
Gadinia requieni Locard, 1900
Méditerranée et Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Trimusculus mammillaris est présent dans toute la Méditerranée. Ce petit gastéropode littoral se rencontre aussi en Atlantique limitrophe un peu au-delà du détroit de Gibraltar, du sud du Portugal au nord du Maroc.
Trimusculus mammillaris est une espèce littorale qui est retrouvée profondément cachée sous les roches, dans les failles étroites et associée aux ceintures d'algues calcaires (Lithophyllum byssoides) au niveau de la surface de l'eau en mode battu (zones agitées). Suivant les marées, cette fausse patelle à mamelon peut rester plus ou moins longtemps émergée.
Trimusculus mammillaris est un gastéropode qui ressemble à une petite patelle de couleur blanc jaunâtre uniforme à châtain clair. La coquille, en forme de chapeau chinois et dont le sommet ressemble à un mamelon, est solide. Elle est ornée de côtes rayonnantes et de stries spiralées concentriques donnant un aspect finement granuleux à sa surface externe. De profil, la coquille est relativement aplatie et bombée dans sa partie antérieure. Le diamètre de la coquille est le plus souvent inférieur à 10 mm. Le sommet de sa coquille est plus ou moins déporté vers l'arrière, il est obtus, lisse et incurvé vers l'arrière et parfois sur l'un des côtés.
L’ouverture finement crénelée est ovale et la coquille, dépourvue de ses parties molles, luisante à l’intérieur. L’impression musculaire discrète est en forme de fer à cheval ouvert en avant. Le pied large et circulaire se prolonge en avant par deux larges lobes étalés en éventail (une double expansion lobuleuse antérieure) qui remplacent les tentacules* céphaliques des vraies patelles. Les yeux (des points noirs) sont sous ces lobes. Une cavité palléale* s'ouvre sur le côté droit du manteau.
L'aspect général évoque les vraies patelles (Gastéropodes Prosobranches de la famille des Patellidae/Patellidés, comme par exemple Patella caerulea ou Patella rustica), mais Trimusculus mammillaris est de plus petite taille et de couleur plus blanche que l'ensemble des espèces de patelles présentes dans sa zone de distribution.
Le sommet déporté vers l'arrière fait aussi penser à la famille des Fissurellidae/Fissurellidés (comme par exemple Emarginula sicula ou Diodora graeca) ou celle des Lottiidae/Lottiidés (comme par exemple Tectura virginea). Mais ces espèces ressemblantes vivent toutes plus profond que Trimusculus mammillaris.
Trimusculus afer (Gmelin, 1791) est une espèce ressemblante présente sur les côtes atlantiques de l'Afrique occidentale du Maroc aux Canaries. Elle est de plus grande taille et présente de plus fortes sculptures sur sa coquille.
Siphonaria pectinata (Linnaeus, 1758), la fausse patelle striée, est un autre gastéropode pulmoné marin en forme de patelle pouvant atteindre 30 mm de diamètre. Cette autre fausse patelle, est sporadiquement rencontrée en Méditerranée et Atlantique proche. Elle est absente du littoral français (voir le § "Divers biologie").
Ces gastéropodes sédentaires sécrètent à marée haute un filet de mucus qui permet de capturer les particules alimentaires présentes dans la colonne d’eau. L’eau passe d’arrière en avant sous la coquille légèrement soulevée. Ce mucus est produit abondamment à partir des glandes de la lèvre du manteau* ainsi que de l’avant et des côtés du pied*. Le mucus sécrété forme comme un rideau devant la tête, recouvre le manteau et est gonflé par le courant. Les particules de phytoplancton* sont piégées par ce mucus qui agit comme un "papier tue-mouches" plutôt que comme un tamis.
Comme tous les Opistobranches et les Pulmonés, les fausses patelles sont hermaphrodites* simultanées. Il y aurait donc accouplement et échanges de spermatozoïdes*.
Les deux ouvertures des organes génitaux sont séparées l'une de l'autre par l'œil droit. Les pontes, sous la forme de petites masses gélatineuses de 5 à 10 mm de large contenant chacune une douzaine d’embryons, sont retrouvées à proximité des adultes, fixées au substrat* dur environnant. Des larves* véligères* planctoniques* sont libérées.
Les Trimusculus sont sédentaires et grégaires. Ils sont certainement la proie de nombreux prédateurs intertidaux* et subtidaux*.
Siphonaria pectinata (Linnaeus, 1758), la fausse patelle striée ressemble beaucoup aux vraies patelles (Patella spp.) dont elle partage le même milieu de vie littorale. Elle appartient, comme Trimusculus, au groupe des Eupulmonés (Eupulmonata). La grande majorité des représentants des Gastéropodes Pulmonés fréquente les eaux douces, Trimusculus et Siphonaria font partie des rares exceptions marines. La fausse patelle striée Siphonaria pectinata n'est pas présente sur les côtes françaises. Sa distribution méditerranéenne se limite à la mer d'Alboran et à quelques zones d'introductions accidentelles (Adriatique centre-Est, Tunisie et Grèce). Elle est aussi présente en Atlantique Nord-Est de l'Angola au sud du Portugal.
Comme d’autres pulmonés marins, les Trimusculus sécrètent, quand ils sont inquiétés, un mucus blanc collant à fonction répulsive ou défensive (il contient des diterpènes labdanes, ce sont des molécules ayant un rôle antibactérien, antifongique et antiprotozoaires ainsi que des activités anti-inflammatoires). Ce mucus pourrait également jouer un rôle pour empêcher la fixation d’épibiontes* comme des larves* d’annélides polychètes et un rôle antibactérien.
Ces animaux se déplacent fort peu. Ils occupent très longtemps, sinon toujours, la même place et ils creusent peu à peu in situ, par les mouvements et les frottements des bords de leur coquille, leur gîte toujours reconnaissable par l'empreinte circulaire qu'ils laissent sur la roche.
Il y a de nombreux synonymes et beaucoup de confusions au sujet de cette espèce, elle a même été classé avec Tylodina perversa !
Le nom de genre Gadinia Gray, 1824 utilisé très longtemps a été, par principe d’antériorité, remplacé par Trimusculus.
Fausse patelle à mamelon est une proposition des auteurs de la fiche DORIS.
Trimusculus : du latin [tres] = trois et du latin [musculus] = muscle, dans la coquille la cicatrice musculaire en forme de fer à cheval et élargie aux deux extrémités semble formée de trois muscles. Ce nom de genre a été donné par un malacologue allemand F.C. Schmidt en 1818 qui a été le premier à observer la forme caractéristique en trois empreintes de la cicatrice musculaire.
mammillaris : du latin [mamilla] = sein, mamelle et le suffixe latin [-aris] = comme, l’aspect de la coquille rappelle un sein. Les 2 m de mammillaris sont dus à Linné.
Numéro d'entrée WoRMS : 141706
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Eupulmonata | Taxon qui inclut les "vrais pulmonés". Groupe à coquille spiralée, souvent modifiée ou absente. Yeux à la base des tentacules. Orifice respiratoire contractile sur le côté du corps. Pas d’osphradie ni de branchie vestigiale dans la cavité palléale. Animaux principalement terrestres |
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Ordre | Ellobiida | ||
Famille | Trimusculidae | Trimusculidés | Coquille petite, inférieure à 20 mm, basse, en capuchon, ronde à ovale, solide. Apex souvent érodé, situé à l’arrière du centre. |
Genre | Trimusculus | ||
Espèce | mammillaris |
Petit gastéropode à la coquille blanchâtre en forme de chapeau chinois
Le chapeau de la fausse patelle à mamelon, bien calcifié et blanchâtre, mesure environ 10 mm pour les plus grands spécimens. Son apparence est celle d'une petite patelle, mais sa forme est plus arrondie avec de fines côtes radiantes et circulaires donnant un aspect finement granuleux à la face externe de la coquille. Le sommet de la coquille est pointu et déporté en arrière et sur le côté, il évoque un mamelon.
Ces petits gastéropodes à la coquille en forme de patelle ont été observés profondément cachés sous une grosse dalle de pierre arrachée sur la côte rocheuse après un gros coup de mer sur la Côte Bleue (13).
Carro, Côte Bleue (13), estran
14/04/2018
Lobes céphaliques arrondis
Les deux larges "lobes céphaliques" sont bien visibles sur ces deux individus en déplacement. Ces expansions arrondies sont caractéristiques des Gastéropodes pulmonés, ils remplacent les tentacules céphaliques des vraies patelles.
Carro, Côte Bleue (13), littoral
14/04/2018
Empreintes sur la roche
Chaque individu imprime son empreinte sur la roche. Il s'agit de son emplacement de repos, en particulier quand il est émergé.
Carro, Côte Bleue (13)
14/04/2018
Coquille petite (10 mm max.) et blanche
Cette "fausse patelle" fréquente les zones bien agitées (mode battu) et peut se retrouver émergée lors de basse mer.
Carro, Côte Bleue (13), estran
14/04/2018
Coquilles en laisse de mer
Photo de coquilles un peu usées trouvées en laisse de mer en Corse.
Corse, coquilles trouvées en laisse de mer
23/05/2013
Pied et doubles expansions lobuleuses antérieures
Sous binoculaire, stage de biologie Vaucluse 2018 (84).
Estran, Carro, Côte Bleue (13)
04/2018
Coquille, vue externe
Les lignes radiantes et concentriques donnent un aspect finement granuleux à la coquille externe de ce mollusque gastéropode.
Photo sous binoculaire, stage de biologie Vaucluse 2018 (84).
Estran, Carro, Côte Bleue (13)
04/2018
Fausse patelle striée, un autre Gastéropode Pulmoné marin
Siphonaria pectinata (Linnaeus, 1758), la fausse patelle striée appartient, comme Trimusculus, au groupe des Gastéropodes Pulmonés (Pulmonata). La grande majorité des représentants des Gastéropodes Pulmonés fréquentent les eaux douces, Trimusculus, Siphonaria et quelques autres espèces font partie des rares représentants marins des Pulmonés.
Torremolinos, Andalousie (Espagne), littoral
28/10/2010
Fausse patelle striée et vraie patelle
En haut à gauche une vraie patelle (Patella sp.) dont la plus grande largeur du corps se situe en avant du corps (et de l'apex*), alors que chez la fausse patelle striée Siphonaria pectinata la partie avant de la coquille est plus étroite, sa plus grande largeur se situant au niveau du sommet de la coquille. Siphonaria pectinata, un des rares Pulmonés marins, est absente des côtes françaises, contrairement à Trimusculus mammillaris. (Voir le § " Divers biologie" pour plus d'information).
Torremolinos, Andalousie (Espagne), littoral
28/10/2010
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Lacaze-Duthiers H., 1885, Anatomie du Gadinia garnoti, C.rend.Acad. Sci., 100, 85-90.
Lacaze-Duthiers H., 1885, Système nerveux et formes embryonnaires du Gadinia garnoti, C. Rend. Acad. Sci., 100, 146-153.
Pinchuck S.C., Hodgson A.N., 2011, Structure of the lateral pedal defensive glands of Trimusculus costatus (Gastropoda: Trimusculidae), Journal of Molluscan Studies, 78(1), 44-51.
Walsby, J.R., 1975, Feeding and the radula in the marine pulmonate limpet Trimusculus reticulatus, The Veliger, 18, 139-145.
Yonge C.M., 1958, Observations in life on the pulmonate limpet Trimusculus (Gadinia) reticulatus (Sowerby), Proceedings of the malacological Society, 31-37.
La page de Trimusculus mammillaris dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN