Grande coquille (jusqu'à 30 cm) globulaire à stries bien marquées
Coquille de couleur blanc-beige à marron
Large ouverture circulaire avec ombilic ouvert
Canal siphonal court
Pied et autres parties molles de couleur blanche, tachetés de noir
Dolium géant
Tun shell, giant tun, oil lamp tun (GB), Elmo (I), Caracol tonel (E), Grosse Tonnenschnecke, Grosse Fassschneck (D)
Buccinum galea Linnaeus, 1758
Buccinum olearium Linnaeus, 1758
Cadium galea (Linnaeus, 1758)
Cadus galea (Linnaeus, 1758)
Dolium (Dolium) galea (Linnaeus, 1758)
Dolium galea (Linnaeus, 1758)
Tonna olearium (Linnaeus, 1758)
Tonna (Tonna) galea galea (Linnaeus, 1758)
Dolium tenue Menke, 1830
Tonna (Tonna) galea brasiliana (Mörch, 1877)
Dolium antillarum Mörch, 1877
Tonna galea brasiliana (Mörch, 1877)
Dolium antillarum var. brasiliana Mörch, 1877
Dolium (Dolium) galea antillarum (Mörch, 1877)
Dolium (Dolium) galea var. brasiliana (Mörch, 1877)
Dolium epidermata de Gregorio, 1884
Dolium tardina de Gregorio, 1884
Dolium galea var. epidermata de Gregorio, 1884
Dolium galea var. spirintrorsa de Gregorio, 1884
Dolium galea var. spirintrorsum de Gregorio, 1884
Dolium galea var. tardina de Gregorio, 1884
Dolium (Dolium) galea var. epidermata (de Gregorio, 1884)
Dolium (Dolium) galea var. spirintrorsum (de Gregorio, 1884)
Dolium (Dolium) galea var. tardina (de Gregorio, 1884)
Dolium galeatum Locard, 1886
Tonna galea abbotti Macsotay & Campos, 2001
Méditerranée, océan Atlantique, Caraïbes
Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Ce gastéropode est présent en Atlantique oriental (des côtes sud du Portugal, les Canaries, jusqu'en Angola).
En Méditerranée, il est plus rare sauf aux abords de la Sicile.
L'espèce est également présente dans les Caraïbes (Guadeloupe, Guyane...).
L'INPN indique sa présence à Mayotte, sur la foi d'une publication locale [Deuss &al. 2013] et d'autres ouvrages la présentent comme cosmopolite ou circumtropicale*. C'est à vérifier car il s'agit sans doute d'un complexe comprenant plusieurs espèces proches mais toujours séparées (Tonna ampullacea, T. tenebrosa, T. zonata...) et pas forcément T. galea.
Dans les années 70-80, une population a été identifiée en Afrique du Sud, mais il s'agissait probablement d'une introduction accidentelle via les eaux de ballast d'un navire.
La tonne cannelée vit généralement sur des substrats* meubles (sable ou vase), souvent en présence d'herbiers. En Méditerranée, cette espèce se rencontre depuis les premiers mètres jusqu'à la profondeur de 120 m.
C'est une espèce nocturne, restant enfouie dans le sable pendant la journée.
La tonne cannelée est l'un des plus grands gastéropodes de Méditerranée, pouvant mesurer jusqu'à 30 cm.
Sa coquille, de forme globulaire, est de couleur blanc-beige à marron. Les tours de spires* sont bien démarqués les uns des autres et la suture* est profonde, cannelée, avec des côtes* fortement bombées, séparées par des sillons réguliers bien marqués. Le dernier tour de spire se termine par une large ouverture circulaire qui montre une vingtaine de rides larges et plates. Le labre* externe est mince. L'ombilic* est ouvert, plutôt étroit, et le canal siphonal* court. La columelle* est vrillée.
Les parties molles de l'animal sont de couleur blanche, tachetées de noir. Outre le pied large, on peut en voir les tentacules sensoriels, avec les petits yeux à la base, et le siphon*, long et très extensible. On peut éventuellement observer le proboscis* au moment de la capture et de l'ingestion d'une proie.
La tonne cannelée ne possède pas d'opercule*.
Il existe de nombreuses espèces de tonnes ayant une forme similaire.
En tenant compte de la distribution certaine de l'espèce, seule Tonna pennata (Mörch, 1853) peut cohabiter avec la tonne cannelée en Atlantique oriental et dans les Caraïbes (Guadeloupe, Martinique, Saint-Barthélemy...). T. pennata n'est pas présente en Méditerranée.
Cette espèce est généralement plus petite et mesure jusqu'à 15 cm. De couleur très variable, la coquille a une forme plus allongée et présente un apex* pointu.
La tonne cannelée est carnivore et s'est spécialisée dans la prédation des holothuries. Elle est d'ailleurs insensible aux tubes de Cuvier, filaments collants que certaines holothuries expulsent en cas de danger pour repousser leur agresseur.
D'autres échinodermes, tels qu'oursins et étoiles de mer, ainsi que des poissons, bivalves et crustacés, font également partie de son alimentation.
Elle est équipée d'un proboscis partiellement dévaginable, très extensible, capable d'envelopper sa proie. Assistée de crochets spéciaux, la tonne peut ainsi l'avaler entière, en quelques minutes, sans l'anesthésier.
La tonne cannelée possède d'énormes glandes salivaires qui produisent une sécrétion contenant 2 à 5 % d'acide sulfurique, qu'elle utilise pour initier la digestion.
La reproduction de Tonna galea est sexuée. Après fécondation* interne, la femelle pond des œufs en formant un long ruban gélatineux de couleur rose pâle.
Ce ruban, mesurant quelques dizaines de centimètres, est constitué de plusieurs milliers de capsules. Chaque capsule, d'un diamètre d'environ 3,6 mm, contient une centaine d'embryons de couleur rose.
L'éclosion a lieu un mois après la ponte des capsules, directement au stade véligère*. Après une vie planctonique* estimée à 8 mois, la larve* va tomber sur le fond pour terminer sa métamorphose*.
La tonne cannelée est une espèce bioluminescente*. Cette caractéristique est extrêmement rare chez les Mollusques Prosobranches. L'animal produit une lumière blanc-verdâtre quand il se déplace, le pied en extension.
Le siphon très extensible permet entre autres choses d'explorer son environnement immédiat. Dans ce cas, il apporte l'eau à l'osphradium* (ou osphradie), dans la cavité* palléale, à proximité des branchies*. C'est l'osphradium, dans lequel sont localisés les chémorécepteurs*, qui exerce la fonction olfactive et analyse les molécules chimiques présentes dans le milieu. C'est ainsi que la tonne localise ses futures proies...
La tonne utilise l'émission d'une salive extrêmement acide comme moyen de défense, lorsqu'elle est perturbée.
Tonna galea est une espèce protégée.
Elle est inscrite en annexe II de la Convention de Berne (Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe). Elle est également présente dans l'annexe II de la Convention de Barcelone (Convention pour la protection de la mer Méditerranée).
Malgré cette protection, cette espèce est toujours exploitée en Méditerranée...
Tonne cannelée : le nom de tonne provient de sa forme et de sa taille impressionnante qui font penser à un gros tonneau.
Quant au mot « cannelée », il est en rapport avec la surface du coquillage qui présente des cannelures, des sillons bien marqués.
Doliole : vient du latin [dolium} = jarre, tonneau.
Tonna : de l'allemand [Tonne] = tonneau, baril, fût, et ce, en raison de la forme de la coquille. Ce nom de genre a été créé par Brünnich en 1771 pour : "les tours dilatés en forme de fiole…".
galea : du latin [galea] = casque. Ce nom est encore dû à la forme de la coquille, les casques étant un groupe de gastéropodes proches des tonnes.
Linné a écrit (Systema naturae, 1758, p.734 N°377) : "coquille souvent avec les dimensions d'une tête humaine".
Numéro d'entrée WoRMS : 141687
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Tonnidae | Tonnidés | Coquille assez grande, entre 40 mm et 300 mm max.; relativement fine et légère, à spire basse et grand dernier tour. Sculpture spiralée (en général pas de varices). bord du labre à peine épaissi. profond repli siphonal au bord inférieur de l'ouverture. grand pied, pas d'opercule chez les adultes. Le proboscis est très large. D'après Lindner 2011:88. |
Genre | Tonna | ||
Espèce | galea |
Enoooorme gastéropode !
Ce gros escargot peut mesurer jusqu'à 30 cm ! Linné le décrivait comme pouvant avoir la taille d'une tête humaine !
On voit ici le pied blanc tacheté de noir et, explorant l'environnement, le long siphon de même couleur.
Cagnes-sur-mer (06), 10 m, de nuit
09/05/2015
De face
Vue sur les deux tentacules (avec à la base de celui de droite : l'œil) et le siphon.
Cros-de-Cagnes (06), 15 m, de nuit
18/04/2015
Tentacules et œil
Vue latérale sur l'avant de l'animal, les tentacules céphaliques et le siphon. A la base du tentacule gauche, on distingue une tache noire : c'est l'œil.
Cros-de-Cagnes (06), 15 m, de nuit
18/04/2015
Extrémité du siphon
Le siphon, dont nous voyons ici l'extrémité, est une extension du manteau. Ce siphon, dans lequel circule l'eau, permet à l'animal d'explorer son environnement et de conduire les substance chimiques contenues dans l'eau jusqu'à l'osphradium*, dans la cavité palléale. C'est cette zone, proche des branchies et riche en chémorécepteurs* qui les analysera afin de renseigner la tonne cannelée sur ce qui l'entoure. Et notamment la présence d'une éventuelle proie...
Cagnes-sur-mer (06), 10 m, de nuit
09/05/2015
Dessin de la coquille
La grosse coquille (en dimension), assez fine et légère (en poids), montre une belle spire, bien marquée. Sa couleur peut aller du beige au marron.
Cros-de-Cagnes (06), 15 m, de nuit
18/04/2015
Ouverture
Vu d'en-dessous, l'animal est partiellement rentré dans sa coquille. Le dernier tour de spire se termine par une large ouverture circulaire qui montre une vingtaine de rides larges et plates.
Agia pelagia, Crète, Grèce, 12 m
27/04/2007
De jour
La tonne cannelée vit généralement sur des substrats meubles (sable ou vase), dans lesquels elle reste enfouie dans la journée.
Grèce, 5 m
25/08/2012
Chasse nocturne
C'est la nuit que la tonne chasse et cherche les proies grâce aux molécules chimiques présentes dans l'eau. C'est un animal carnivore, spécialisé dans la prédation des holothuries. Mais d'autres échinodermes, tels que oursins et étoiles de mer, peuvent faire partie de son alimentation, ainsi que des poissons, bivalves et crustacés.
Cagnes-sur-mer (06), 9 m, de nuit
09/05/2015
Prise de pêcheur
Cet individu derrière une vitre a été remonté durant l'hiver 2004 dans les filets d'un pécheur professionnel d'Antibes (06). Celui-ci l'avait alors confié à un aquarium local connu... Cette prise de tonnes cannelées dans les mailles de pêcheurs arrive encore et parfois, ceux-ci ou des plongeurs de leur connaissance les remettent à l'eau dans des zones naturelles, plus propices à leur survie qu'un aquarium public. C'est peut-être l'explication de la rencontre avec ces animaux près des côtes et des ports méditerranéens.
A l'aquarium de Marineland, après une prise "accidentelle" dans les filets d'un pêcheur professionnel
06/01/2005
Rédacteur principal : Samuel JEGLOT
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Andrews E. B., Page A.M., Taylor J.D., 1999, The Fine Structure and Function of the Anterior Foregut Glands of Cymatium Intermedius (Cassoidea: Ranellidae), Journal of Molluscan Studies, 65, 1-19.
Cuttelod A., Seddon M., Neubert E., 2011, European Red List of Non-marine Molluscs, European Commission, 91.
Doxa K. C., Sterioti A., Kentouri M., Divanach P., 2011, Encapsulated development of the marine gastropod Tonna galea (Linnaeus, 1758) in captivity, Journal of Biological Research, 16, 304–307.
Haneda Y., 1958, Studies on Luminescence in Marine Snails, Pacific Science, 12(2), 152–156.
Heller J., 2015, Sea Snails, A Natural History, ed. Springer, 154.
Houbrick J.R., Fretter V., 1969, Some Aspects of the Functional Anatomy and Biology of Cymatium and Bursa, Journal of Molluscan Studies, 38(5), 415–429.
Toscano A., Bentivegna F., Cirino P., 1991, Holothurians' responses to attack by the tonnid gastropod Tonna galea, Echinoderm Research, 204.
La page de Tonna galea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN