Thyca cristalline

Thyca crystallina | (Gould, 1846)

N° 4095

Océan Indien et océan Pacifique

Clé d'identification

Petite coquille bleue en forme de bonnet phrygien
Coquille marquée de côtes longitudinales
Fixé sous l'étoile de mer Linckia laevigata (l'astérie bleue) ou Linckia multifora

Noms

Autres noms communs français

Coquille des Linckia bleues

Noms communs internationaux

Crystalline Seastar Snail (GB) Seesternschnecke (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pileopsis crystallina Gould, 1846
Thyca (Bessomia) crystallina (Gould, 1846)
Thyca pellucida Kükenthal, 1897
Les sous-genres Bessomia, Kiramodulus et Granulithyca sont parfois utilisés.

Distribution géographique

Océan Indien et océan Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Thyca crystallina est présente dans l’océan Indien et dans l’océan Pacifique.

Le genre Thyca est connu dans l’océan Indien et dans les zones tropicales de l’océan Pacifique. Il serait absent dans l’océan Atlantique.

Biotope

Cette espèce vit en ectoparasite* sur l'étoile de mer Linckia laevigata (Linnaeus, 1758) et parfois sur Linckia multifora (Lamarck, 1816).

Description

La coquille de ce gastéropode est bleue (incolore dans les collections), conique, très surbaissée. Elle mesure 12 à 14 mm de long et est en forme de bonnet phrygien. Elle est, en général, de la même couleur que l’étoile de mer (astérie) hôte. La base de la coquille est ovale et le sommet est pointu. La surface externe présente des sillons et des côtes* longitudinaux. Les côtes présentent de distance en distance des nodosités en forme de perles. Thyca crystallina ressemble à une petite coquille de Cardium.
Les grands spécimens (les femelles matures) sont sur la face orale de l’astérie, c'est-à-dire sous l'étoile de mer sur laquelle elle vit et leur bouche (donc la partie la plus large de la coquille) est orientée vers celle de l'hôte.
La femelle est solidement fixée à l’astérie par un disque de fixation qui a fusionné avec les tissus de l’hôte. Toutefois les tissus de l'hôte ne sont pas fortement lésés.
Le mâle adulte est caché sous la coquille de la femelle. Sa coquille est fine et translucide (2,4 mm de long) avec la spire* de la coquille embryonnaire bien visible (à la loupe !).
Les individus immatures blanchâtres sont de petite taille (< 4mm) et répartis sur les côtés et le dessus de l’astérie.
Le mufle de l'animal, fortement développé, est utilisé pour attacher le parasite à l’hôte par le disque de fixation. Le pied est réduit à un repli étroit sous le mufle. Les tentacules* sont fusionnés en un repli mais les yeux sont toujours présents.

Espèces ressemblantes

Les différentes espèces (10) du genre Thyca sont des ectoparasites* des astéries des genres Linckia, Nardoa, Pharia, Stellaster et Phataria.
Sur la face orale de l'astérie :

  • coquille enroulée en spirale, un peu globuleuse, des côtes en spirales, (sous-genre Kiramodulus) :
    - Thyca lactea (Kuroda, 1949) sur des astéries vivant en eaux profondes comme Pseudarchaster sp.. Coquille plus large que haute, océan Pacifique ;
    - Thyca nardoafrianti (Habe, 1976), sur l'astérie Nardoa frianti Koehler, 1910. Coquille aussi haute que large, océan Pacifique (Japon, Philippines).
  • coquille, comme celle de Thyca crystallina, très peu enroulée, basse, en forme de patelle aplatie avec une large ouverture (sous-genre Bessomia) :
    - Thyca callista Berry, 1959 sur Phataria unifascialis Gray, 1840) et Pharia pyramida (Gray, 1840) ; près de la bouche de l'astérie ; océan Pacifique, golfe de Californie, Mexique, Panama. Cette espèce a le même mode de vie que Thyca crystallina et également un fort dimorphisme* sexuel.
    - Thyca ectoconcha P.Sarasin & F. Sarasin, 1887 sur l'astérie Linckia multifora (Lamarck, 1816) ; dans la gouttière ambulacraire* de l'astérie, coquille de 1 à 3 mm de long, très renflée avec à sa surface de nombreuses côtes dont chacune porte une série de petites tubérosités. Indo-Pacifique.
    - Thyca hawaiiensis Warén, 1980, hôte inconnu. Indo-Pacifique.
    - Thyca drivasi Kilburn 1993, pas d'information, Mayotte.
    - Thyca sagamiensis (Kuroda & Habe, 1971), peu d'informations ; océan Pacifique (Japon, Corée).
  • coquille au sommet fortement enroulé et déjeté à droite (aspect de corne de bélier), nombreuses stries longitudinales sans nodosités :
    - Thyca stellasteris Koehler & Vaney, 1912 sur Stellaster childreni Gray, 1840, sur les plaques marginales ventrales des bras des astéries Nardoa tuberculata Gray,1840 et Nardoa frianti Koehler, 1910, océan Pacifique, Indonésie.

Sur la face aborale (dorsale) de l'astérie :

  • Coquille conique, haute avec de fines côtes rayonnantes, blanche, sur les tubercules de l'astérie
    - Thyca astericola (A.Adams & Reeve, 1850), sur les astéries Protoreaster nodosus (Linnaeus, 1758), Pentaceraster sibogae Döderlein, 1916 et Pentaceraster tuberculatus (Müller & Troschel, 1842), Iconaster longimanus (Möbius, 1859), océan Pacifique occidental.

Alimentation

La femelle possède une trompe ou proboscis*, particulièrement développé, qui traverse, en son milieu, le disque de fixation et pénètre dans le bras de l'astérie jusqu'au système périhémal (ou système sinusaire, qui permet la diffusion des nutriments) et le système hémal (ou système lacunaire, c'est un ensemble d'espaces interconnectés qui semble jouer un rôle dans la circulation de l'astérie). Là, le parasite peut prélever, par pompage, des nutriments comme des protéines, des glycoprotéines et probablement des glycolipides pour s'alimenter.
Certaines parties de la bouche et des organes digestifs ont régressé, mais les glandes salivaires sont développées.
Le proboscis du mâle, présent sous la coquille de la femelle, est libre. Le mâle se comporte comme un commensal* auprès de la femelle.
Parmi les petits individus seule la moitié lèse les téguments de l'hôte, alors que les grands individus (les femelles matures) placés sur la face orale ont leur proboscis profondément encastré dans les tissus de l'hôte avec fusion du disque de fixation.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés et les mâles sont beaucoup plus petits que les femelles (1/10e de leur longueur).
Le mâle sexuellement mature vit sous la coquille de la femelle, à l'avant et à droite du disque de fixation tout près de l'orifice génital de la femelle.
Les juvéniles de taille inférieure à 4 mm de longueur, sont distribués sur la face aborale et sur les côtés droits et gauches des bras de l'astérie. Ils sont orientés au hasard avec une petite préférence pour la moitié distale* du bras.
Les individus dont la longueur est comprise entre 2 et 4 mm sont trouvés sur le bord ventro-latéral des bras. Ils sont également orientés au hasard avec une préférence pour la moitié distale et le côté droit (comme vu à partir de la bouche de l'astérie).
Ceux qui ont plus de 4 mm de longueur sont sur la face orale, face à la bouche de l'astérie avec une préférence très marquée pour le côté proximal* droit de la surface ambulacraire*.
Les juvéniles migrent donc vers la face orale en effectuant leur croissance.
On peut distinguer le sexe des juvéniles, les mâles sont blanchâtres et la forme de la coquille est différente de celle de la femelle. Ils ont été considérés, quelque temps, comme appartenant à une autre espèce : Thyca pellucida Kükenthal, 1897.

Les œufs fécondés donnent des larves* planctoniques*. La coquille larvaire a l'aspect caractéristique de celle des Eulimidés.

Vie associée

Cette espèce est un ectoparasite* de Linckia laevigata et de Linckia multifora. On peut observer 1, 2 ou 3 (jusqu'à 6) Thyca crystallina pour chaque astérie infectée, mais il n'y a jamais deux mâles sous la coquille d'une femelle, ce qui laisse supposer qu'ils peuvent distinguer si la femelle a déjà un mâle ou non.

Les femelles sont fixées de façon permanente à l'astérie. Un parasite détaché est probablement incapable de se fixer à nouveau.

Un autre gastéropode parasite peut être présent sur les Linckia : il s'agit de Stilifer linckiae P. Sarasin & F. Sarasin, 1887. Ce parasite enfoui dans les téguments d'une astérie mâle n'est visible que par la déformation globuleuse qu'il provoque chez son hôte. Au sommet de cette déformation l'orifice permet au parasite de communiquer avec l'extérieur.

La crevette Zenopontia soror (Nobili, 1904) peut être également observée. Cette espèce n'est pas inféodée à Linckia laevigata puisqu'on peut la trouver sur au moins 25 hôtes différents.

Des copépodes ectoparasites* du genre Stellicola, par exemple, peuvent également être présents.

La plupart des surfaces libres dans un environnement marin sont rapidement recouvertes par de nombreux organismes sessiles* (fixés) comme des algues, des balanes, des serpules, des bryozoaires et des ascidies (le « fouling »). Cette colonisation commence d’abord par un film - le biofilm - (bactéries, levures, protozoaires et diatomées), puis par des larves de différents organismes.
L’observation des étoiles de mer montre qu’elles sont en général dépourvues de « fouling ». Les pédicellaires* doivent certainement jouer un rôle important ainsi que des substances sécrétées par les astéries. Des recherches à ce sujet sont en cours.
Toutefois quelques gastéropodes comme Thyca crystallina sont observés exclusivement sur certaines astéries.

Divers biologie

Parfois des Thyca crystallina bleues sont observées sur les Linckia laevigata de couleur abricot ! La couleur de la coquille du mollusque ne semble pas provenir de celle des téguments de l’astérie.
Les coquilles de Thyca crystallina proposées aux collectionneurs sont toutes blanches ou transparentes (cristallines).

Le disque de fixation serait issu d’une partie de la tête (voire de la trompe ou proboscis) de l’animal. Ce disque permet la fixation sur l’hôte. Chez les jeunes il n’est pas encore soudé à l’hôte ; mais chez les individus plus grands le disque a fusionné avec les tissus de l’hôte. Le proboscis particulièrement développé, traverse, au milieu, ce disque de fixation.

Le taux d'infestation de L. laevigata varie de 14 % à 62 % selon les régions. Ce taux serait lié à la turbulence des eaux, plus important dans les zones turbulentes pour les adultes et dans les zones à turbulence moyenne pour les juvéniles.

Les petits individus peuvent se déplacer très lentement sur la surface de leur hôte. Les plus grands sont attachés de façon permanente. Un individu détaché, quelle que soit sa taille, est probablement incapable de se fixer à nouveau. Si l'hôte est mis à sécher, le parasite adulte ne se détache pas. Lorsqu'on arrache le parasite adulte, il reste sur l'astérie une marque circulaire entourant le trou par lequel le proboscis ou trompe pénètre dans la cavité corporelle de l'hôte.

Informations complémentaires

Les genres Kiramodulus, Bessomia et Granulithyca sont considérés comme des sous-genres.

Du fait de la forme de la coquille le genre Thyca était placé dans la famille des Capulidés comme le gastéropode Capulus ungaricus (Linnaeus, 1758). Cette dernière espèce vit attachée par son pied à un substrat fixe et se nourrit en filtrant les particules en suspension dans l'eau de mer, elle possède une radula* et un pied normalement développé.
Ce sont les larves planctoniques caractéristiques qui, avec l'absence de pied, l'absence de radula, le mode de nutrition et la coquille mince sans périostracum* chez Thyca, ont permis d'intégrer le genre Thyca dans la famille des Eulimidés.

L'étude génétique des populations de Thyca crystallina et de Linckia laevigata montre que les deux organismes n'ont pas évolué de façon parallèle.

Près de son sommet, la surface de la coquille peut être rayée voire partiellement détruite. Ces dommages sont certainement causés par l'astérie lors de ses déplacements sur le substrat.

Des traces identiques à celles laissées par Thyca crystallina sont observées sur des oursins irréguliers de la fin du Crétacé (campanien -86 à -72 millions d'années).

Origine des noms

Origine du nom français

Thyca cristalline est une traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Thyca : ce genre a été créé par les frères Henry & Arthur Adams en 1854. Ils n'expliquent pas l'origine de ce nom de genre.
crystallina : du latin [crystallina] = de cristal, soit transparent comme du cristal, les coquilles dans les collections des muséums ont perdu leur couleur bleue. Ce nom d'espèce a été créé par Gould en 1846, sans explication.


Bessomia : Berry en 1959 n'explique pas ce nom de genre.
Granulithyca : nom de genre donné par Habe en 1976,
Kiramodulus : ce nom de genre est donné en l'honneur de M. Tetuaki Kira, collectionneur et auteur d'un catalogue des coquillages marins des îles japonaises. La forme de la coquille est proche de celle du genre Modulus du latin [modulus] = module, (genre créé par Gray en 1842 sans explication). Les coquilles de ce sous-genre montrent un aspect classique de coquille à tours en spirale.
Pileopsis : du grec [pilos] = bonnet et du grec [opsis] = à l'aspect de, donc à l'aspect d'un bonnet (phrygien). Ce nom de genre a été donné par Lamarck en 1822, lorsque ces espèces appartenaient encore à la famille des capulidés.


callista : du grec [callistos] = très belle.
drivasi : dédié par Kilburn en 1993 à Jean Drivas, auteur d' articles et d'ouvrages sur les mollusques de l'île de la Réunion.
ectoconcha : du grec [ect-] = dehors et du grec [conch-] = coquille. Comme cette espèce est un ectoparasite, les auteurs P. Sarasin et F. Sarasin -des cousins- ont donné ce nom pour qu'il soit à l'opposé d'un autre Eulimidé endoparasite* : Entoconcha mirabils J. Müller, 1852.
hawaiiensis : en référence à Hawaii avec le suffixe latin [-ensis] = originaire de.
lactea : du latin [lactea] = laiteux.
nardoafrianti : le parasite a pour hôte l'astérie Nardoa frianti Koekler et Vaney 1910.
sagamiensis : le suffixe latin [-ensis] = originaire de, donc originaire de la baie de Sagami au Japon.
stellasteris ; cette espèce a d'abord été observée sur une astérie du genre Stellasteris.
stellicola
: du latin [stella] = étoile et le suffixe [cola] = qui vit sur, donc qui vit sur les étoiles (de mer).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 221112

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Famille Eulimidae Eulimidés

Coquille petite (2-30 mm de haut), en général conique haute, ou renflée à globuleuse, avec un tour souvent incliné sur le côté (courbé). Surface lisse, très brillante, la plupart du temps blanche, mais aussi à taches et bandes brunâtres sur fond jaunâtre. Toutes les grandes espèces possèdent un opercule. Lindner 2011:96.

Genre Thyca
Espèce crystallina

Nos partenaires