Poisson fusiforme, jusqu'à 35 cm de long
Museau à section rectangulaire, très aplati latéralement
Bouche tournée vers le haut, protractile
Imite une feuille de posidonie en cours de dégradation
Nageoires pectorales, dorsale et anale très réduites
Nageoires pelviennes inexistantes
Vipère de mer, siphonostome, siphonostome de Méditerranée ou siphonostome atlantique, aiguille vésarde
Broad-nosed pipefish, deep snouted pipefish (GB), Pesce ago cavallino, bisato, bisatelo, seppi y mari, zella co' muso gruosso (I), Mula, aguja mula, palito (E), agulla morruda (catalan), Grasnadel, Pfeifenfish (D), Marinha-focinho-grosso (portuguais), Šilo tupokljuno (croate), Dremxula tal-bahar (maltais), Deniziğnesi balığı (turc)
Siphonostoma typhle (Linnaeus, 1758)
Syphonostoma typhle (Linnaeus, 1758)
Siphostoma typhle (Linnaeus, 1758)
Syngnathus rondeletii Delaroche, 1809
Syngnathus pelagicus Risso, 1810
Syngnathus viridis Risso, 1810
Tiphle hexagonus Rafinesque, 1810
Syngnathus argentatus Pallas, 1814
Syngnathus ponticus Pallas, 1814
Syngnathus pyrois Risso, 1827
Syngnathus rotundatus Michahelles, 1829
On reconnaît pour l'heure différentes sous-espèces au sein de l'espèce Syngnathus typhle :
Méditerranée et mer Noire, Atlantique Est, Manche et sans doute jusqu'à la mer Baltique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Espèce présente en Méditerranée, en mer Noire, en Atlantique Est, en Manche et probablement jusqu'à la mer Baltique (découvert sur les côtes de Pologne).
Syngnathus typhle évolue entre 2 et 30 m de profondeur sur fonds sableux et meubles, voire rocheux recouverts d'algues. Ces syngnathidés affectionnent surtout la proximité des herbiers, essentiellement de posidonie, en Méditerranée, ou des herbiers de zostères, de cymodocées. On peut également observer le siphonostome tapis sur le fond comme une feuille morte et, en ce cas, seuls les mouvements délicats de ses nageoires dorsale et pectorales trahissent sa présence. Il reste néanmoins difficile à détecter.
Le siphonostome est un curieux poisson fusiforme, une sorte d'hippocampe déroulé d'une taille maximale de 30 à 35 cm. Son corps est mince, très allongé, annelé mais d'aspect assez lisse.
Les individus adultes sont généralement gris-brun, chocolat à verts. Les juvéniles ont une coloration très variable. Cette espèce est capable d'un mimétisme étonnant grâce à des marbrures, des taches, des craquelures, foncées ou claires, imitant l'aspect des feuillages dans lesquels se tient l'animal. Son aptitude experte au camouflage lui permet par exemple d'imiter les couleurs de feuilles de posidonies mortes, en cours de dégradation.
La tête du siphonostome se distingue par un museau rectangulaire, très aplati latéralement, avec une bouche tournée vers le haut,très protractile*. Un petit œil rond est bien visible en fin de museau, là où commence le corps proprement dit.
On observe la présence de nageoires pectorales, dorsale et anale (bien que très réduites) et d'une nageoire caudale en éventail. Les nageoires pelviennes sont inexistantes.
On distingue localement plusieurs sous-espèces et pour ce qui concerne les côtes françaises citons les sous-espèces méditerranéenne Syngnathus typhle rondeleti et atlantique Syngnathus typhle typhle. Les deux se différencient notamment par quelques détails dans la forme du museau.
Bien que le museau du siphonostome soit caractéristique, très aplati latéralement et pratiquement aussi haut que le reste de la tête, il arrive que l'on confonde les juvéniles avec ceux de la grande aiguille de mer ou grand syngnathe, Syngnathus acus, Linnaeus, 1758, qui est la plus grande espèce française, munie de 15 à 18 anneaux anguleux jusqu'à la nageoire dorsale.
D'autres poissons serpentiformes de tailles similaires ou moindres existent encore (Syngnathus tenuirostris, Syngnathus abaster, Nerophis maculatus, Nerophis lumbriciformis, Entelurus aequoreus, etc.) mais la forme du museau est un élément de discrimination très efficace.
Cet animal est un carnivore qui se nourrit essentiellement de petits crustacés comme des copépodes, des amphipodes et des crevettes (mysidés...), ainsi que des larves de poisson voire d'autres espèces faisant partie du zooplancton*.
Il reste très surprenant d'observer avec quelle rapidité la bouche de ce poisson se déploie pour venir fondre sur sa proie après une approche très lente.
Bien que la bouche soit étroite et d'assez petite taille, les victimes happées par un siphonostome adulte peuvent être d'une taille proportionnellement très importante.
La période de reproduction va de juin à octobre. Les individus de cette espèce sont à sexes séparés.
Au moment de l'accouplement, la femelle, au cours d'une parade qui peut durer plusieurs heures, transmet les œufs au mâle qui les stocke dans une poche incubatrice constituée de deux replis de peau sous la partie caudale, les féconde et les protège jusqu'à maturité et éclosion.
Les œufs déposés ne sont pas oxygénés par l'eau de mer au cours du développement et l'approvisionnement en oxygène est alors permis grâce à la poche incubatrice richement vascularisée. On peut dénombrer jusqu'à 20 œufs par poche.
L'éclosion des alevins a lieu après 3 à 4 semaines d'incubation. Les juvéniles sortent en nageant, à la différence des hippocampes qui sont expulsés. Ils sont longs de 2 à 3 cm et ont déjà leur forme définitive. Ils doivent absolument avaler une minuscule bulle d'air à la surface pour déclencher la sécrétion gazeuse de leur vessie natatoire.
Le siphonostome vit en grande proximité avec les espèces florales formant herbiers : posidonies, zostères, cymodocées, etc.
Certains des prédateurs du siphonostome se trouvent chez les Triglidés (grondins).
Le corps est couvert d'anneaux osseux mais l'aspect semble lisse. Les arêtes de ces anneaux composent une suite de petites crêtes peu accentuées entre l'avant du corps et la marge postérieure de la dorsale.
L'organe olfactif se trouve en avant des yeux, de chaque côté de la tête.
Les nageoires pectorales sont petites et rondes et sont composées de 14 à 17 rayons.
L'anus se trouve au niveau de la marge antérieure de la nageoire dorsale, un peu en avant de la moitié du corps et, chez le mâle, en avant de la poche incubatrice.
Le siphonostome est un poisson paisible et peu craintif qui se laissera facilement approcher par le plongeur ou le photographe. La difficulté réside dans sa découverte, en raison d'un camouflage remarquable grâce à son homochromie*. Son observation restera un agréable moment.
Siphonostome est une francisation de l'ancien nom de genre, Siphonostoma.
Syngnathus : du grec [syn] = réuni, rassemblé, fusionné, et du grec [gnath] = mâchoire : les mâchoires des syngnathes et des hippocampes sont soudées en une structure tubulaire.
typhle : en grec [typhlos] = aveugle, mais c'est aussi et surtout le nom grec de l'orvet, certainement utilisé pour le siphonostome par vague ressemblance avec le serpent.
Pour la sous-espèce méditerranéenne :
rondeletii = dédié à Guillaume Rondelet (1507-1556), médecin et naturaliste français, célèbre pour ses travaux et ses écrits sur les poissons.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Syngnathiformes | Syngnathiformes | Poissons possédant des mâchoires soudées en un tube allongé. Il s'agit essentiellement des syngnathes et des hippocampes. |
Famille | Syngnathidae | Syngnathidés | Bouche « rapportée » au bout d'un tube. |
Genre | Syngnathus | ||
Espèce | typhle |
Une forme reconnaissable
La forme tronquée de la tête du siphonostome, de même hauteur que le corps, est caractéristique parmi les Syngnathidés.
Ici, la sous-espèce méditerranéenne Syngnathus typhle rondeleti.
Plage de la Darse, Villefranche-sur-Mer (06), 4 m
28/03/2005
Siphonostome atlantique
La sous-espèce atlantique (Syngnathus typhle typhle) se distingue de la méditerranéenne à quelques différences, notamment au niveau du museau, un peu moins haut, un peu moins musculeux.
Trégastel (22), 2 m
08/2009
C'est un poisson !
Le siphonostome est bien un poisson, qui reste difficile à remarquer pour un plongeur non averti.
Plage des Ondes, Antibes (06), 5 m
15/10/2004
Un mimétisme affûté
A observer le mimétisme du siphonostome de Méditerranée lorsqu’il se balance telle une feuille de posidonie arrachée au gré des mouvements de l’eau, on imagine sans peine la difficulté qu’il y a à le dénicher lorsqu’au lieu de fréquenter une zone sableuse comme ici, il niche dans son refuge préféré : un champ de posidonies !
Plage de la Darse, Villefranche-sur-Mer (06), 4 m
28/03/2005
Dans les posidonies, camouflé
Les adultes savent prendre la teinte de leur environnement proche afin de s'y fondre et en l'occurrence, ici une teinte brune, marbrée de clair imitant parfaitement les posidonies qui l'abritent.
Phare de la Baumette, St-Raphaël (83)
06/11/2010
Dans les flaques de l'estran breton
En Atlantique aussi, le siphonostome sait se laisser confondre avec les feuilles des végétaux qui l'entourent...
Sur l'estran, Jacut de la mer (22)
13/08/2010
Tête et queue
Notez la nageoire caudale en forme de palette, comme chez beaucoup d'autres syngnathes.
Méjean, Côte Bleue (13), 15 m
28/04/2007
Une bouche petite mais efficace
Le siphonostome est un carnivore qui se nourrit de petits invertébrés et de poissons juvéniles. Après une approche lente, ses mâchoires protractiles se projettent vers le haut et il est capable de capturer des proies relativement grandes au regard des dimensions restreintes de sa bouche.
Phare de la Baumette, St-Raphaël (83)
06/11/2010
Détails de la bouche
La bouche du siphonostome est particulière dans sa position. Elle est dirigée vers le haut.
Elle est également protractile. C'est à dire qu'elle peut se projeter vers l'avant (photo du bas) afin d'attraper une proie (et de bailler ?) et de se rétracter ensuite.
Phare de la Baumette, St-Raphaël (83)
06/11/2010
Œil
L'œil noir et rond du siphonostome de Méditerranée.
Phare de la Baumette, St-Raphaël (83)
06/11/2010
Des bébés !!
Image exceptionnelle sur laquelle on peut observer le moment fatidique où le mâle délivre les alevins après les avoir portés 3 à 4 semaines !
On peut même voir des yeux étonnés qui regardent la photographe depuis la poche incubatrice !
Ces juvéniles ressemblent déjà de près à des adultes... si ça n'était la taille.
Sur l'estran, Plouézec (22)
30/08/2011
Homochromie
La couleur de l’animal peut varier entre des verts plus ou moins tendres (comme ici) et des bruns assez foncés. Il sait aussi se parer de "craquelures" et de "taches" pour imiter à la perfection les feuilles de posidonie constituant son environnement.
Plage de la Darse, Villefranche-sur-Mer (06), 4 m
28/03/2005
Feuille de posidonie
Notez la largeur similaire du corps et de la feuille de posidonie, ainsi que les marbrures et la couleur verte qu'arbore ce siphonostome méditerranéen.
Méjean, Côte Bleue (13), 15 m
28/04/2007
Un isopode dans la bouche !
Sur cet assemblage de 2 clichés (07/2008 & 12/2008), ces siphonostomes ont une Nerocila, cousine de l'anilocre, dans la bouche !
Les parasites sont-ils là d'eux-mêmes (pour parasiter), ayant choisi leur proies, ou bien est-ce les poissons qui tentent de les manger ?
Antibes (06), 10 m, de nuit
2008
Quid des sous-espèces ?
La sous-espèce d'Atlantique, Syngnathus typhle typhle, montre quelques différences avec son homologue de Méditerranée. Ces différences sont constantes entre les sous-espèces.
[Louisy 2002] estime même qu'une future étude approfondie de ces différentes sous-espèces pourrait se traduire par des espèces à part entière. Ou par une seule espèce.
En attendant...
Grand aquarium de Saint-Malo (35)
29/10/2011
En Bretagne
Individu surpris dans la ria d'Etel, un petit fleuve côtier du Morbihan.
La vallée profonde de ce cours d'eau est envahie par la mer à marée montante, ce qui constitue une petite baie parsemée d'îlots, dont l'embouchure se situe dans l'océan Atlantique. Et c'est donc à marée haute que se mèlent eaux saumâtres et eaux douces. Le résultat est, pour la ria d'Etel un écosystème d'une grande richesse !
Ria d'Etel (56), 5 m, de nuit
22/08/2012
Sur les côtes suédoises... en mer Baltique
Le siphonostome est bien présent dans les eaux saumâtres de la mer Baltique, comme en témoigne cette photo.
Båtsmans bake, Saltsjöbaden, Suède, 10 m
17/03/2017
Rédacteur principal : Aedwina REGUIEG
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Michel KUPFER
Correcteur : Bruno CHANET
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Oliveira F., Erzini K., Gonçalves J.M.S., 2007, Feeding habits of the deep-snouted pipefish Syngnathus typhle in a temperate coastal lagoon, Estuarine, Coastal and Shelf Science, 72(1-2), 337-347.
Tarnowska K., Sapota M., 2007, Presence of the broad-nosed pipefish (Syngnathus typhle) in coastal waters of the Gulf of Gdańsk, Ocean. Hydrob. Studies, 36(2), 39-48.
Widemo M. S., 2003. Mutual mate choice in the deep snouted pipefish Syngnathus typhle, Acta Universitatis Upsaliensis, Comprehensive Summaries of Uppsala Dissertations from the Faculty of Science and Technology, 801, 31p.
La page sur Syngnathus typhle sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Syngnathus typhle dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN