Lièvre de mer strié

Stylocheilus striatus | (Quoy & Gaimard, 1832)

N° 1357

Indo-Pacifique

Clé d'identification

Aplysie translucide beige clair à brun rougeâtre
Manteau strié de lignes brunes et des taches bleues
Corps couvert de papilles simples ou ramifiées
Petite taille, de l'ordre de 6 à 7 cm
A faible profondeur, parfois en très grand nombre

Noms

Autres noms communs français

Lièvre de mer à points bleus, lièvre de mer à anneaux bleus

Noms communs internationaux

Lined sea hare, blue ring sea hare, furry sea hare (GB), Blaupunkt Seehase (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Aplysia striata Quoy & Gaimard, 1832
Stylocheilus longicauda Quoy & Gaimard, 1825
Notarchus polyomma
Mörch, 1863
Aclesia polyomma (Mörch, 1863)
Stylocheilus erythraeus Bergh, 1908

Cette espèce a longtemps posé problème quant à son nom. Le doute concernait Stylocheilus longicauda et provenait des descriptions originales respectives de Quoy & Gaimard, en 1825 et 1832, qui laissaient planer quelques incertitudes sur l'identité de chacune, suggérant que ces deux morphes étaient probablement de la même espèce. Il a fallu attendre le début du 20s. pour que ces espèces soient un peu plus clairement séparées par les spécialistes, l'espèce rayée correspondant à S. striatus.

Distribution géographique

Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● Caraïbes

Longtemps, le lièvre de mer strié a été soupçonné d'une une distribution circumtropicale* ( mer Rouge, Indo-Pacifique tropical et océan Atlantique tropical).
Une révision de 2020 cantonne dorénavant S. striatus dans l'Indo-Pacifique tropical, de la mer Rouge à Hawaï..

Biotope

Stylocheilus striatus se rencontre de la zone intertidale* jusqu'à 30 m de profondeur. On le trouvera surtout à faible profondeur, sur fond sablo-vaseux, là où se développent les algues et les cyanobactéries qui composent l'essentiel de son alimentation.

Description

Ce petit lièvre de mer au corps allongé peut atteindre 6 à 7 cm de long. Le corps translucide beige clair à brun rougeâtre présente de fines lignes brunes ou vertes et des taches de même couleur dont la zone centrale est bleue. La tête porte deux paires de tentacules. A la base des rhinophores* on peut distinguer les yeux. Des papilles simples ou ramifiées couvrent le corps.
Comme les autres aplysies, l'animal dérangé produit un liquide violet. Il ne possède pas de coquille et la branchie est visible dorsalement, entre les parapodes*.

Espèces ressemblantes

Cette aplysie ressemble de loin à Bursatella leachii mieux connue des aquariophiles.
Elle a été longtemps confondue avec Stylocheilus longicauda (Quoy & Gaimard, 1825) dans certaines publications.



Depuis 2020, Stylocheilus striatus est réservé à l'Indo-Pacifique (de la mer Rouge aux îles hawaïennes) et 2 autres espèces proches sont dorénavant établies dans d'autres régions :

  • Stylocheilus polyomma est l'espèce de l'Atlantique tropical Ouest (de la Floride au Brésil).
  • Stylocheilus rickettsi est cantonné aux côtes américaines du Pacifique Est (de la Basse-Californie aux îles Galápagos).

Alimentation

Stylocheilus striatus broute les algues microscopiques ainsi que le film de cyanobactéries qui se développe sur les rochers ou à la surface des sédiments vaseux. Lors des efflorescences* (blooms) de Lyngbya majuscula (cyanobactérie produisant des toxines - voir la rubrique informations complémentaires), Stylocheilus striatus s'en nourrit sans dommage. Accessoirement, on l'a déjà observé brouter des éponges.

Reproduction - Multiplication

Stylocheilus striatus comme toutes les aplysies est hermaphrodite* simultané (chaque individu peut jouer en même temps le rôle du mâle et celui de la femelle). Le pénis, rétracté quand il n'est pas en fonction, sort sur le côté droit. L'orifice génital femelle est placé un peu plus en arrière. Les animaux peuvent ainsi former de longues chaînes d'accouplement ou un individu est mâle pour le précédent et femelle pour le suivant.
La ponte forme un long cordon brun ou verdâtre accroché au substrat (comme un tas de spaghettis). Les œufs sont blanchâtres.

Vie associée

Cette aplysie est consommée par plusieurs espèces d'Opisthobranches comme Philinopsis speciosa et Gymnodoris aurita.

Divers biologie

Comme d'autres lièvres de mer, Stylocheilus striatus produit un liquide violacé lorsqu'il est dérangé.

Cette espèce peut parfois se rencontrer en très grand nombre : plusieurs milliers d'individus sur quelques mètres carrés et des files de centaines d'individus se suivant comme des chenilles processionnaires. Ce comportement grégaire a été décrit à plusieurs endroits dans le monde : îles Caraïbes, Hawaï, grande barrière australienne. Il est nommé "swarming" (= essaimage) par les anglophones. On penserait a priori à un phénomène saisonnier pour la reproduction se produisant au printemps (de septembre à novembre dans l'hémisphère sud) mais il y a des exceptions. Il a été observé en novembre 2005 dans le lagon de la Saline sur l'île de la Réunion par Ph. Bidgrain et D. Nardin.
Toutefois l'interprétation de ce phénomène de fortes concentrations d'individus appartenant à la même espèce est assez controversée. Le Dr. B. Rudman pose la question de l'origine de ces concentrations saisonnières : correspondent-elles à une migration vers un endroit précis ou à une attraction due à des phéromones* ou encore ces organismes sont-ils accumulés passivement par les vagues, les courants, le vent ?
Comme ces accumulations conduisent à des mortalités massives, Rudman pencherait plutôt pour une conjonction d'évènements comme une installation massive de larves, un bon développement de l'algue fourrage, de bonnes conditions climatiques pendant la période de croissance, etc... (Rudman, 2002).

Informations complémentaires

Cette espèce stocke des toxines issues de la cyanobactérie qu'elle consomme.

La cyanobactérie Lyngbya majuscula (Dillwyn) Harvey, 1833 sécrète différentes toxines comme l'aplysiotoxine et la débromaplysiotoxine (les molécules ont d'abord été découvertes chez le mollusque) à l'origine de démangeaisons chez des nageurs (à Hawaï par exemple) lors de fortes efflorescences* de cette espèce. Ces toxines après études se révèlent fortement cancérigènes.
Stylocheilus striatus selon Capper & all (2002) est un consommateur vorace de Lyngbya majuscula et contient dans sa glande digestive l'aplysiotoxine et la débromaplysiotoxine. Du fait de la localisation de ces substances dans la glande digestive, les auteurs ne pensent pas qu'il s'agisse pour le mollusque d'un système de défense.
Stylocheilus striatus a une large phase de dispersion planctonique et les larves semblent préférer Lyngbya majuscula pour se poser. Cependant, notre mollusque peut consommer de nombreuses autres algues voire même des éponges, mais ne semble pas indisposé par une consommation parfois exclusive de Lyngbya majuscula et possède certainement un système de protection contre ces toxines capables d'induire des tumeurs chez les animaux de laboratoire.

Origine des noms

Origine du nom français

Lièvre de mer strié : francisation de son nom scientifique, en rapport direct avec les stries que l'espèce porte sur le corps.

Origine du nom scientifique

Stylocheilus : du grec [stylos] = colonne et [cheilos] = lèvre : sur la partie inférieure de la bouche, la lèvre est dilatée latéralement et forme des expansions coniques aiguës comme une troisième paire de tentacules. Ce caractère, avec les tentacules munis de papilles, sont les caractéristiques du genre Stylocheilus créé par John Gould en 1852.

striatus : du latin [striatus] = strié.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 224662

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Ordre Aplysiida Aplysides

Coquille petite (ou absente) généralement recouverte par le manteau (parapodes). Présence ou non d’une branchie plissée, tête portant des tentacules et des rhinophores. Cavité palléale située à droite. Mangeurs de végétaux. Tous marins, zones côtières.

Famille Aplysiidae Aplysiidés
Genre Stylocheilus
Espèce striatus

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