Coquille épaisse et solide presque triangulaire, nettement asymétrique
Couleur blanc terne à crème
Périostracum brun grisâtre limité à la zone ventrale
Jusqu'à 32 mm de longueur
Dent cardinale bifide de la valve gauche atteignant le bord du plateau
Sinus palléal peu profond
Douceron triangulaire
Subtruncate surf clam, cut trough shell, cut surf clam
(GB), Schlumpfe Trogmuschel, Gedrungene Trogmuschel, Dreieckige Trogmuschel
(D), haffgeknotte stranschelp (NL), hvaelvet trugmusling (Danois)
Trigonella subtruncata da Costa, 1778
Mactra subtruncata (da Costa, 1778)
Mactra lactea Poli, 1791
Mactra triangula Brocchi, 1814
Spisula triangula (Brocchi, 1814)
Mactra deltoides Lamarck, 1818
Mactra striata T. Brown, 1827
Mactra euxinica Krynicki, 1837
Mactra subtruncata var. inaequalis Jeffreys, 1864
Mactra subtruncata var. tenuis Jeffreys, 1864
Mactra subtruncata var. conemenosi Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1896
Mactra subtruncata var. transversa Pallary, 1902
Spisula hartingi Spaink, 1958
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée et mer Noire
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Spisula subtruncata a une grande aire de répartition géographique, depuis les côtes norvégiennes jusqu'au Sénégal, ainsi qu'en Méditerranée et en mer Noire.
Spisula subtruncata vit dans différents types de sédiments : du sable très fin au sable grossier avec des concentrations de vase faibles à élevées. Elle semble préférer le sable fin enrichi de vase. Cette espèce est présente depuis le bas de l'estran* jusqu'à 200 m de profondeur. Toutefois, on l'observe plutôt entre 10 et 40 m de profondeur.
Spisula subtruncata possède une coquille épaisse et solide, presque triangulaire mais nettement asymétrique. Les sommets sont proches de la ligne médiane. La partie postérieure derrière les sommets est plus inclinée que la partie antérieure. La couleur est blanc terne à crème et le périostracum*, souvent limité à la zone ventrale, est brun grisâtre. La coquille peut mesurer jusqu'à 32 mm de longueur. Elle présente de fines lignes de croissance concentriques. La valve gauche porte trois dents cardinales* dont les deux antérieures forment une structure bifide* qui s'étend presque jusqu'au bord du plateau. Comme chez toutes les spisules, les dents latérales sont dentelées (en formant un sillon sur la valve gauche et un relief sur la valve droite) et s'emboîtent parfaitement.
L'intérieur de la coquille est blanc, brillant et les cicatrices des muscles adducteurs* ainsi que la ligne palléale* sont bien visibles. Le sinus* palléal est assez large, arrondi et peu profond. Il s'étend jusqu'à un point situé en dessous et en arrière de la ligne médiane des dents latérales postérieures.
Les différentes espèces de spisules sont parfois difficiles à identifier avec certitude.
Spisula elliptica (T. Brown, 1827). Sa coquille est solide, triangulaire équivalve*. Les sommets sont proches de la ligne médiane. La couleur est blanc terne avec un périostracum* verdâtre ou brun grisâtre présent près du bord ventral. La coquille peut mesurer jusqu'à 30 mm de long. Les stries de croissance sont bien visibles. La dent cardinale* bifide* de la valve gauche atteint presque le bord du plateau (voir le dessin). Le sinus* palléal* est ovale et s'étend jusqu'à un point situé au-dessous et au-delà de la ligne médiane des dents latérales postérieures.
Cette espèce, peu commune, est présente de la zone de balancement des marées jusqu'à 100 m de profondeur (mais plutôt au large) dans de la vase, du sable et du gravier. Spisula elliptica est distribuée de l'Islande et de la mer de Barents jusque sur les côtes atlantiques de l'Espagne.
Spisula solida (Linnaeus, 1758). Sa coquille est solide, équivalve, presque triangulaire. Les sommets sont plus ou moins sur la ligne médiane. La couleur est blanc terne à fauve clair, le périostracum brun grisâtre est généralement présent près du bord ventral et le long des stries de croissance. La coquille peut mesurer jusqu'à 50 mm de longueur. Elle ressemble beaucoup à la précédente mais la dent cardinale bifide de la valve gauche n'atteint pas le bord du plateau (voir le dessin). Le sinus palléal est en forme de langue et s'étend jusqu'à un point situé au-dessous et au-delà de ligne médiane des dents latérales postérieures.
Cette espèce, localement commune, est présente dans les fonds sableux à partir de la zone de balancement des marées jusqu'à une quarantaine de mètres (voire plus) de profondeur, dans du sable. Spisula solida est distribuée au sud de l'Islande, de la Norvège, jusqu'au Maroc.
Spisula ovalis (J. Sowerby, 1817). L'existence de cette espèce est controversée, mais prouvée par Glémarec (1968). La coquille est épaisse, équivalve, presque équilatérale, de forme triangulaire, plus allongée que S. solida, aux angles arrondis. Sa couleur est également blanc terne, mais le périostracum est gris sale ou brun violet. La dent cardinale bifide de la valve gauche est un peu plus longue que celle de S. solida.
Elle est plus rare et vit dans le circalittoral* côtier, entre 5 et 25 m de profondeur, dans des sables grossiers avec du gravier.
Les spisules sont des organismes filtreurs* suspensivores*. Elles retiennent un mélange de particules organiques (algues microscopiques comme des diatomées*) et inorganiques présentes dans l'eau. L'estomac des bivalves ayant une capacité limitée, les particules excédentaires retenues par les branchies sont rejetées, ce sont les pseudo-fèces*.
Spisula subtruncata aurait la plus grande efficacité de sélection des particules, car la proportion d'algues dans les pseudo-fèces n'est que de 5 % de la quantité capturée (Møhlenberg F., Kiørboe T., 1981).
Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*) mais leur distinction est difficile. La saison de reproduction dépend des régions : en mer du Nord, en juin-juillet ; en Méditerranée en mars-avril. Tous les individus de plus de 12 mm de longueur de coquille ont développé des gonades* pendant la saison de ponte.
Les gamètes* (ovules* -57 µm de diamètre- et spermatozoïdes*) sont libérés dans l'eau de mer, où la fécondation* a lieu.
Des œufs éclosent des larves* planctoniques* trochophores* qui donneront les larves véligères*. La métamorphose* et la descente vers le fond aurait lieu en juillet-août.
En mer du Nord, les individus atteignent une longueur d'environ 32 mm en 4 ans (voire 5 ans).
En Méditerranée, cette espèce atteint une taille maximale de 14 mm à l'âge d'un an et la durée de vie ne dépasserait pas 1 an, voire 2-3 ans.
Spisula subtruncata peut, par endroit, être présente avec de très fortes densités : jusqu’à 12 000 individus par m².
Spisula subtruncata peut héberger différents stades larvaires* d’endoparasites* comme : Prosorhynchoides haimeana (Lacaze-Duthiers, 1854), Diphterostomum brusinae (Stossich, 1888) Stossich, 1904, Gymnophallus fossarum Bartoli, 1965, Gymnophallus rostratus Bartoli, 1982, Himasthla quissetensis (Miller & Northup, 1926) Stunkard, 1934, Lasiotocus longicystis Bartoli, 1965, Lepocreadium pegorchis (Stossich, 1901) Stossich, 1904 ; ou d’adultes comme : Herrmannella rostrata Canu, 1891, Lepidapedon elongatum (Lebour, 1908) Nicoll, 1910, Pseudanthessius gracilis Claus, 1889.
C'est probablement le coquillage le plus commun des plages de la mer du Nord.
Les coquilles échouées sur l'estran* perdent leur périostracum* et se colorent en bleu, noir et brun.
Spisula subtruncata constitue une source alimentaire importante pour les crevettes et les poissons démersaux* comme la plie (Pleuronectes platessa), et un aliment de base, aux Pays-Bas et en Belgique, pour les canards de mer plongeurs tels la macreuse noire (Melanitta nigra), la macreuse brune (Melanitta fusca), l'eider à duvet (Somateria mollissima) lors de leurs migrations aux Pays-Bas et en Belgique.
Autrefois, dans les régions du nord du Royaume-Uni, Spisula subtruncata était exploitée pour la consommation humaine, puis pour nourrir les cochons avant que cette exploitation soit abandonnée.
Depuis le début des années 1980, en alternative aux pêcheries de la coque commune (Cerastoderma edule) en déclin (depuis la castration des mâles par un parasite), les pêcheurs néerlandais et belges s'intéressent à l'exploitation commerciale des stocks de Spisula subtruncata. Comme cette espèce n'est pas distribuée uniformément mais concentrée dans de petites zones des bancs côtiers, il est à craindre que ces stocks soient épuisés rapidement et pourraient conduire à la disparition locale des populations des canards marins plongeurs comme les macreuses noires (Melanitta nigra), brunes (Melanitta fusca) et les eiders à duvet (Somateria mollissima) qui s'en nourrissent.
Les populations de Spisula subtruncata présentent d'importantes fluctuations saisonnières et interannuelles, tant au niveau de l'abondance que de la biomasse*. Cela est dû aux conditions variables de l'environnement.
Sur les plages, des coquilles percées d'un trou près du sommet confirment que Spisula truncata est également consommée par des natices comme la natice porte-chaîne (Euspira catena) et la natice brillante (Euspira nitida).
Spisula subtruncata est présente dans les terrains d'âge Miocène (-23 à -5 millions d'années) dans de nombreux pays européens.
Spisule tronquée : simple traduction du nom scientifique.
Spisula : du latin [spissus] = épais, compact et le suffixe diminutif [-ula]. Ce qui peut être traduit par coquille assez épaisse. Ce nom de genre a été donné par le zoologiste britannique John Edward Gray (1800-1875).
subtruncata : du préfixe latin [sub-] = sous, en dessous, à peu près, presque et du latin [truncata] = tronqué. Le britannique, d'origine portugaise, Emmanuel Mendes da Costa (1717-1791) a décrit l'espèce comme "de forme triangulaire, car les côtés sont très aplatis ou presque tronqués".
Numéro d'entrée WoRMS : 140302
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Autobranchia | Autobranches | |
Infra-classe | Heteroconchia | Hétéroconchie | |
Subter-classe | Euheterodonta | Euhétérodonte | |
Super ordre | Imparidentia | Imparidenties | |
Ordre | Venerida | Vénérides | Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe. |
Super-famille | Mactroidea | ||
Famille | Mactridae | Mactridés | Coquille équivalve, mince, porcelanée. Charnière à dents principales en forme de V. Ligament externe avec resilium, logé dans un chondrophore. Siphons entièrement ou partiellement unis. Sinus palléal arrondi, profond. Pas de byssus. |
Sous-famille | Mactrinae | Mactrinés | |
Genre | Spisula | ||
Espèce | subtruncata |
Sur l'estran
Le pied et une partie de la gaine des siphons sont visibles. Seule la partie marginale du périostracum est en place.
Sur l'estran, Plouha (22)
04/06/2016
Petit bivalve mobile
Ce petit bivalve de 15 mm maximum et à l'aspect tronqué vit par petits fonds dans le sable. Il est capable d'effectuer de grands bonds de façon rapide pour échapper aux prédateurs dont les poissons plats qui en raffolent.
Plage Napoléon, Port Saint Louis du Rhône (13), 2 m, de nuit
11/08/2024
Sur le sable
Les deux sommets sont bien visibles.
Plage Napoléon, Port Saint Louis du Rhône (13), 2 m, de nuit
11/08/2024
Spisula subtruncata en extension
Les siphons et le pied sont en extension.
Dessin de M.G.P. Deshayes, 1844-1848, figure 1, planche XXVI
Reproduction de documents anciens
1848
Détail des siphons
Les siphons sont soudés, leur couleur varie du rougeâtre au jaunâtre, ou blanc.
Le siphon inhalant possède deux couronnes de tentacules ; à la base, une couronne de tentacules courts, au sommet, des tentacules larges, tournés vers l’intérieur du siphon.
Le siphon exhalant a lui aussi deux couronnes de petits tentacules et une valvule conique canalisant le courant exhalant.
Figure 40 page 78, J.M. Amouroux, 1980
Reproduction de documents anciens
1980
Comparaison des coquilles de Spisula subtruncata et de S. solida
A gauche, Spisula subtruncata (le périostracum et les stries de croissance sont bien visibles) ; à droite, Spisula
solida.
Sur l'estran, Côtes d'Armor (22)
2016
Valves gauches de trois espèces de spisules
Afin de distinguer deux des trois espèces de Spisula, notez la position de la dent cardinale bifide de la valve gauche.
D'après les dessins de H. Heijn in Van Urk, 1964 (fig. 1b, 2d et 3b)
11/02/2023
Vue interne d'une valve gauche
La dent cardinale bifide atteint presque le bord du plateau cardinal. Le sinus palléal et les empreintes de muscles adducteurs sont bien visibles dans cette coquille échouée.
Sur l'estran, plage de Leffrinckoucke (59)
12/02/2025
Aspects de quelques coquilles ramassées sur l'estran
Les coquilles vides passent plus ou moins de temps sur
la plage (ou dans la vase noire) et peuvent prendre des colorations particulières.
Sur l'estran, Leffrinckoucke (59)
12/02/2025
Coquilles percées par une natice
La natice porte-chaîne (Euspira catena) semble percer sa proie toujours vers le sommet.
Sur l'estran, Leffrinckoucke (59)
12/02/2025
Coquilles percées par une éponge
L'éponge jaune (Cliona celata) a colonisé ces coquilles de Spisula subtruncata.
Sur l'estran, plage de Leffrinckoucke (59)
12/02/2025
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Amouroux J.M., 1980, Etude monographique des siphons de quelques mollusques bivalves : adaptation et morphologie, Océanis, 5(1), 33-89.
Cardoso J.F.M.F., Witte JIJ., van der Veer H.W., 2007, Growth and reproduction of the bivalve Spisula subtruncata (da Costa) in Dutch coastal waters, Journal of Sea Research, 57(4), 316-324.
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Fraschetti S., Covazzi A., Chiantora M., Albertelli G., 1997, Life history of the bivalve Spisula subtruncata (da Costa) in the Ligurian Sea (North-Western Mediterranean): the contribution of newly settled juveniles, Sciencia Marina, 61(Suppl 2), 25–32.
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La page de Spisula subtruncata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel INPN
La page de Spisula subtruncata sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
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