Bryozoaire encroûtant à bords arrondis irréguliers
Couleur blanchâtre orangé à rosé translucide
Plaque de 1 à 4 cm de diamètre (maximum 10 cm)
Larges zones granuleuses plus claires au centre
Principalement observé sur l'estran
Single horn bryozoan (GB), Paars vogelkopmosdiertje (NL)
Lepralia unicornis Johnston in Wood, 1844
Atlantique Nord-Est et toutes les eaux tempérées du globe
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Atlantique Nord-OuestOriginaire du Japon, Schizoporella unicornis est de nos jours très largement disséminé dans toutes les eaux tempérées du globe via le trafic international des naissains d'huîtres (Magallana gigas) et via le trafic maritime (coques et ballasts des navires au long cours). Ce bryozoaire est présent avec certitude en Europe : en mer du Nord, Manche et Atlantique. Les observations en Méditerranée occidentale et en mer Adriatique y sont rares.
Ce bryozoaire encroûtant est potentiellement présent sur tous les substrats* durs : coquilles, roches, laminaires, autres bryozoaires, carapaces de crustacés (anomoures et brachyoures), etc. Il préfère les surfaces larges, plates, ombragées et protégées. On le découvrira dès l'estran* où il sera le plus facilement observé sous les pierres restant immergées et jusqu'à 60 mètres de profondeur. Il est aussi présent dans les estuaires et il tolère de grandes variations de salinité (18-30 g/l) et de température (7-19 °C). Schizoporella unicornis fait partie des salissures marines ou biofouling*.
Schizoporella unicornis forme de fines colonies encroûtantes, unilamellaires ou multilamellaires (de une à plusieurs couches), à bord arrondi irrégulier. La couleur de ce bryozoaire est blanchâtre orangé à rosé translucide chez les jeunes colonies, puis jaunâtre brun à brun foncé pour les colonies plus âgées. Les colonies matures mesurent habituellement de 1 à 4 cm de diamètre (maximum 10 cm). Elles montrent souvent de larges zones granuleuses plus claires dues à la présence de chambres incubatrices très saillantes (ovicelles*).
Voir la description microscopique dans "Divers biologie".
Cryptosula pallasiana (Moll, 1803), présente de façon macroscopique un aspect très ressemblant. C'est un bryozoaire encroûtant unilamellaire de couleur blanchâtre, plus ou moins translucide et dorée. Ses ouvertures rectangulaires ou en forme de cloche sont plus grandes. La paroi frontale faiblement calcifiée a un aspect fripé. Il ne possède pas d'ovicelles*.
Oshurkovia littoralis (Hastings, 1944) : forme des plaques unilamellaires bien plus calcifiées et régulièrement rugueuses avec un aspect de râpe à fromage. Ce bryozoaire orange terne, virant parfois au vert, vit dans l'estran et les petits fonds. Sa distribution est limitée au nord de l'Europe. Il ne possède pas d'ovicelles, mais ses embryons rougeâtres sont visibles par transparence en automne et hiver.
Schizoporella dunkeri (Reuss, 1848), fort ressemblant du point de vue microscopique, ce bryozoaire encroûtant présente une coloration orange soutenu et un aspect grenu. C'est en Méditerranée qu'il est le plus fréquent et il n'est pas présent sur l'estran.
Ce bryozoaire est un filtreur* suspensivore* microphage* actif ; il consomme des bactéries, des diatomées* ainsi que d'autres algues unicellulaires.
La nutrition des zoécies* est assurée de manière individuelle par chaque polypide* de la colonie. Lors de la prise de nourriture, l'opercule* s'ouvre et le lophophore* est érigé en entonnoir. Les cils des tentacules*, capables de créer des microcourants, permettent l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore.
Comme tous les bryozoaires, Schizoporella unicornis est capable de se reproduire de manière sexuée (espèce hermaphrodite*). Les spermatozoïdes* sont libérés dans l'eau de mer et viennent féconder les ovules*. Les œufs fécondés, incubés dans les ovicelles* bien visibles, seront libérés sous forme de larves*. Les embryons* sont présents toute l'année, avec un pic entre juillet et septembre. La période de reproduction est variable selon les endroits (toute l'année ou saisonnière). La larve nageuse va ensuite se fixer pour bourgeonner et former ainsi une nouvelle colonie par multiplication asexuée. Les larves sont souvent attirées par la présence de colonies déjà présentes.
La multiplication asexuée peut aussi se faire à partir d'un fragment cassé ou d'un clivage de la colonie.
Description microscopique :
Autozoïdes* rectangulaires (0,40-0,70 mm) organisés en lignes alternées radiantes à partir du centre de la colonie.
Paroi frontale très convexe, densément perforée, à umbo* suboral réduit.
Ouverture plus large que longue, orbiculaire à large sinus* en « U ».
Aviculaire(s)* latéral à l'ouverture, typiquement pair, parfois unique, à mandibule* triangulaire dirigée disto-latéralement.
Ovicelles* très proéminentes, globuleuses, d'apparence lisse, plus claires que le reste de la colonie, typiquement ridées de façon radiale à la marge et plus ou moins regroupées sur plusieurs autozoïdes limitrophes.
Ancestrule* ovale, deux fois plus petit que les autozoïdes.
Lophophore* à 21-24 tentacules*.
Ce bryozoaire invasif est connu pour entrer en concurrence forte avec les colonies de bryozoaires indigènes.
Description du genre Schizoporella :
Colonie encroûtante, unilamellaire ou plurilamellaire, pouvant former des monticules ou des expansions érigées.
Paroi frontale perforée de façon régulière.
Orifice primaire présentant un sinus* sur le bord proximal et des condyles* peu visibles.
Aviculaire* adventif* pouvant être unique ou en paire, typiquement placé latéralement par rapport à l'orifice, occasionnellement présent sur la paroi frontale, parfois absent.
Épines orales absentes ou sporadiquement présentes.
Ovicelle* globuleux, proéminent, granuleux, finement perforé, reposant sur l'autozoïde* distal limitrophe, non fermé par un opercule, présent souvent sur plusieurs autozoïdes adjacents.
Les espèces européennes littorales correctement décrites sont les suivantes : S. errata, S. dunkeri, S. magnifica et S. unicornis. Seules les deux premières sont faciles à observer en plongée.
Schizoporella unicorne est une traduction du nom scientifique.
Schizoporella : du grec [schizo-] = fendre, séparer en fendant (et donc évoquant, ici, une "lame encroûtante") et du grec [pora]= trou et [-ella] = petit. Et donc "croûte à petits trous".
unicornis : du latin [unus] = un et [cornu] = corne. Le mot signifie donc "à une seule corne". Peut-être en rapport avec les aviculaires souvent uniques d'un seul côté de l'ouverture (hypothèse non confirmée).
Numéro d'entrée WoRMS : 111538
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Flustrina | Flustrine | |
Famille | Schizoporellidae | Schizoporellidés | Bryozoaires encroûtants, loges à ouverture semi-lunaire. |
Genre | Schizoporella | ||
Espèce | unicornis |
Croûte avec des zones granuleuses plus claires
Sans observation microscopique, les zones granuleuses plus claires représentent le caractère le plus visible de ce bryozoaire encroûtant de l'estran. Il s'agit des ovicelles*.
Saint-Jacut-de-la-Mer, Côtes d'Armor (22), estran
31/10/2011
Bords arrondis irréguliers
Ce bryozoaire présente des bords arrondis irréguliers.
Colonie ovicellée sur l'estran de la manche.
Saint-Jacut-de-la-Mer, Côtes d'Armor (22), estran
31/10/2011
Jeune colonie translucide et umbo
Ce bryozoaire encroûtant est souvent présent sous les pierres de l'estran breton. Juste en arrière de l'ouverture presque ronde et plus large que longue, il y a une petite excroissance émoussée nommée umbo*. Les petits aviculaires*, uniques ou pairs, sont visibles de part et autre de l'ouverture.
Raguenes, Névez, Bretagne Sud-Ouest, Finistère (29), estran
23/08/2009
Colonie brun rosé
Plus la colonie est âgée, plus elle prend une teinte brun rosé à brun jaunâtre.
Raguenes, Névez, Bretagne Sud-Ouest, Finistère (29), estran
23/08/2009
Vieille colonie brune
Les petits points granuleux et plus clairs correspondent aux chambres incubatrices (ovicelles*) où les embryons se développent. Les autres bryozoaires qui lui ressemblent et présents sur l'estran ne possèdent pas, pour les plus communs, d'ovicelles aussi visibles à l'œil nu.
Saint Malo, estran
11/2011
Marge
La marge arrondie présente moins d'ovicelles* que le centre de la colonie.
Landrellec, Bretagne Nord, Côtes d'Armor (22), estran
06/10/2010
Vieille croûte foncée et multilamellaire
Les colonies anciennes sont plus foncées, de couleur orange à brune.
Notez qu'ici plusieurs couches se superposent les unes aux autres (multilamellaire).
Ploumanac'h, Côtes d'Armor (22), estran
21/03/2010
Croûte granuleuse rosée
La couleur dominante de Schizoporella unicornis est blanchâtre, parfois teintée de rosé comme ici.
Ploumanac'h, Côtes d'Armor (22), estran
27/01/2013
Colonie ovicellée, détail
Les ovicelles* sont plus claires que le reste de la colonie (recadrage de la photo principale).
Saint-Jacut-de-la-Mer, Côtes d'Armor (22), estran
31/10/2011
Cryptosula pallasiana vs schizoporella unicornis
Ces deux jeunes bryozoaires encroûtants et translucides s'affrontent pour la conquête de l'espace. A gauche Cryptosula pallasiana avec ses grandes ouvertures en forme de cloche et à droite Shizoporella unicornis avec ses ouvertures orbiculaires plus petites, ses umbo* et ses aviculaires* latéraux.
Raguenes, Névez, Bretagne Sud-Ouest, Finistère (29), estran
23/08/2009
Vue rapprochée sur les aviculaires
Les aviculaires peuvent être uniques ou en paires comme sur cette portion de colonie. Ils sont typiquement placés latéralement et en oblique par rapport à l'orifice.
Lezardieux, Côtes d'Armor (22), estran
13/01/2016
Dessin ancien de Busk
Les ovicelles* fripées, les aviculaires* pairs ou uniques, les parois frontales microporeuses et les ouvertures à petits sinus font partie des caractéristiques de Schizoporella unicornis.
D'après Busk
Reproduction de documents anciens
1852
Dessins anciens de Hincks
1. Schizoporella unicornis ovicellée*
2. forme avec un seul aviculaire*
3. forme correspondant aux colonies profondes (anciennement nommée variante "ansata")
4. forme avec plusieurs umbo*
5. zoïde avec quatre aviculaires.
Hincks T., 1880, A HISTORY OF THE BRITISH MARINE POLYZOA, VOL. II-PLATES , John Van Voorst, Paternoster row., 83 planches.
Reproduction de documents anciens
1880
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Hayward P.J., McKinney F.F., 2002, Northern Adriatic bryozoa from the vicinity of Rovinj, Croatia, Bulletin of the American Museum of Natural History, 270(1), 1-139.