Toujours encroûtant
Coloration orange soutenu
Aspect grenu
Zoïdes quadrangulaires en lignes régulières
Grand aviculaire placé prés de l'orifice et dirigé latéralement
Présent dans les zones exposées
Cellepora dunkeri Reuss, 1848
Schizoporella unicornis forme longirostris Hincks, 1886
Schizoporella longirostris Hayward, 1976 (voir informations complémentaires)
Méditerranée et Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Présent en Méditerranée et en Atlantique Est, du Maroc (îles Canaries et Madère incluses) à l'ouest de la Manche (îles Scilly), c'est dans la mer Égée et dans l'Adriatique qu'il est le plus fréquent, mais a été occasionnellement observé en mer Rouge et de façon anecdotique aux Vanuatu (petites colonies).
Ce bryozoaire est classiquement rencontré sur les roches exposées et les substrats artificiels par petits fonds (de 5 à 25 m le plus souvent mais observé jusqu'à 60 m en Méditerranée et 52 m en Manche). Dans ce cas, il est souvent associé à un autre bryozoaire encroûtant et noir Reptadeonella violacea. Mais on le retrouvera aussi sous les pierres libres (face cachée des cailloux) et dans l'herbier de posidonie sur différents substrats durs laissés en épaves (bases des rhizomes, cailloutis, coquilles vides, débris durs...).
Ce bryozoaire se développe de façon encroûtante, formant des patchs granuleux de couleur orange vif tendant parfois vers le jaune. Les colonies de Schizoporella dunkeri sont toujours collées au substrat et ne forment pas d'expansions en reliefs, elles peuvent occasionnellement couvrir de grandes surfaces (quelques dm²).
Les lophophores* sont, à l'identique des zoïdes*, de couleur orangée. Déployés, ils forment un duvet peu visible à la surface de la colonie.
Voir la description microscopique dans la partie "Divers biologie".
C'est plus particulièrement avec plusieurs bryozoaires encroûtants de couleur plus ou moins orangée que la confusion est possible, en particulier avec Schizomavella mamillata (plus jaune), Stephanotheca monoecencis (plus plat, non grenu), Schizomavella auriculata (plus rouge et plissoté) et Parasmittina rouvillei (jaune orangé, mais plus pâle et aux zoïdes* nettement moins ordonnés).
Dans la même famille, celle des Schizoporellidés, Schizobrachiella sanguinea (Norman, 1868) forme des lames encroûtantes partiellement décollées du substrat et qui peuvent former des circonvolutions de quelques cm de haut. Les jeunes colonies encore totalement collées au substrat peuvent être confondues avec Schizoporella dunkeri. Néanmoins la couleur des zoïdes, souvent bicolore à dominante rouge, blanche, mais tendant parfois vers le noir ainsi que des lophophores rouge sang aideront à faire la différence entre les deux espèces. La distribution de S. sanguinea est identique à celle de S. dunkeri.
Schizoporella unicornis (Johnston in Wood, 1844) : bryozoaire encroûtant de l'estran des côtes de Manche et d'Atlantique, de couleur blanchâtre orangé à rosé translucide ou brun jaunâtre chez les vieilles colonies. Il présente très souvent de larges zones granuleuses plus claires correspondant aux ovicelles* externes. Il ressemble beaucoup à S. dunkeri du point de vue microscopique.
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées (algues unicellulaires) sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des tentacules sont capables de créer des microcourants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore* (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
Comme tous les bryozoaires, cette espèce est capable de se reproduire de manière sexuée. Les œufs fécondés de couleur rouge orangé (présents dans l'ovicelle*) seront libérés sous forme de larves* (de février à mai en Méditerranée occidentale et en juillet en Manche). La larve nageuse va ensuite se fixer pour bourgeonner une nouvelle colonie par multiplication asexuée. Le recrutement (phase où les larves nageuses vont se fixer) peut être très important pendant les mois les plus chauds en Méditerranée.
La multiplication asexuée peut aussi se faire à partir d'un fragment cassé ou d'un clivage de la colonie.
Une épibiose* (vie fixée) peut se développer sur les colonies. Elle est constituée d'organismes microscopiques (algues unicellulaires, folliculinidés, foraminifères,..) et macroscopiques (en particulier, pour Schizoporella dunkeri, des petits hydraires du genre Zanclea ou Perarella). Cette épibiose* ne semble pas affecter la vivacité de la colonie qui continue à présenter un duvet dense de tentacules (lophophores) dans les zones occupées par les épibiontes*.
Description microscopique :
Colonie encroûtante unilamellaire ou multilamellaire collée au substrat.
Les autozoïdes* sont grands (0,5-1,0 x 0,35-0,6 mm), rectangulaires ou polygonaux, convexes, bien individualisés et séparés par de profondes rainures.
La paroi frontale est uniformément perforée de nombreux pores, chacun étant situé au fond d'une petite dépression.
Un umbo* suboral peut être présent.
L'orifice est aussi large que long, globalement circulaire avec un sinus étroit, bien individualisé, en forme de "V", médian. Ce sinus présente souvent un élargissement proximal, et les condyles sont larges et plats. Il n'y a pas d'épine orale.
Un grand aviculaire* unique (rarement une paire), non systématique, est dirigé latéralement et possède une longue mandibule triangulaire munie d'une "charnière" bien visible, il est caractéristique de l'espèce.
Les ovicelles*, lorsqu'ils sont présents (dans ce cas, ils se succèdent sur plusieurs autozoïdes), sont proéminents, distaux, globuleux ainsi que régulièrement et finement perforés.
Il a été récemment établi que l'espèce fossile du Miocène Schizoporella dunkeri (Reuss) est la même espèce que celle actuelle décrite dans l'Adriatique sous le nom de Schizoporella longirostris (Hinck), la règle de l'antériorité de la description fait donc passer ce dernier nom comme synonyme.
Schizoporella : du nom scientifique.
Orange : évocation évidente de sa couleur.
Schizoporella : du grec [schizo-] = fendre, séparer en fendant (et donc évoquant, ici, une "lame encroûtante") et du grec [pora]= trou et [-ella] = petit.
dunkeri : Wilhelm Bernhard Rudolph Hadrian Dunker, 1809-1885, paléontologue, géologue et malacologue allemand.
Numéro d'entrée WoRMS : 111525
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Schizoporellidae | Schizoporellidés | Bryozoaires encroûtants, loges à ouverture semi-lunaire. |
Genre | Schizoporella | ||
Espèce | dunkeri |
Colonie encroûtante orangée
C'est sur un vieux pneu immergé que s'est installée cette petite colonie de Schizoporella dunkeri, ici sur un crampon du pneu, la longueur de la colonie mesure ainsi 20 mm environ !
Port de Stareso, Corse Ouest, 11 m
10/2008
Lophophores déployés
Les lophophores sont, à l'identique des zoïdes, de couleur orangée, ils forment ainsi un duvet peu visible à la surface de la colonie.
Port Cros (83), Pointe du Vaisseau
03/06/2006
Orange lumineux !
La taille relativement importante des zoïdes permet de les observer sur nos photos, ils sont organisés en lignes régulières.
Cadaqués, Costa Brava, Espagne, 12 m
14/04/2008
Biotope sciaphile et prédateur
L'association avec un autre bryozoaire encroûtant noir (Reptadeonella violacea) sur les roches bien éclairées des petits fonds méditerranéens (particulièrement dans les régions chaudes) est fréquemment observée. Il est intéressant de noter que ce biotope particulier, observé près de Toulon, n'est pas présent à Marseille où les eaux sont plus froides, bien que distant de 50 km à vol d'oiseau.
Arbacia lixula, l'oursin noir ici au repos de jour dans une faille de la roche, est prédateur de ces deux bryozoaires.
Les deux frères, cap Sicié, La Seyne (83), 8 m
05/08/2007
Faciès à Schizoporella dunkeri et Reptadeonella violacea
Ce faciès sciaphile où dominent les deux espèces de bryozoaires encroûtants Schizoporella dunkeri et Reptadeonella violacea est classiquement rencontré dans les zones chaudes de la Méditerranée et dans l'Atlantique Est limitrophe, comme ici aux Canaries.
Punta Blanca, Ténérife, Canaries, 22 m
20/08/2007
Le même faciès en Crête
Ce faciès sciaphile est dominé par les bryozoaires encroûtants Schizoporella dunkeri (orangé) et Reptadeonella violacea (noir).
Agia Pelagia, Crête, Grêce, 12 m
27/04/2007
Patchs orange sur une roche verticale
Sur cette roche relativement bien éclairée, Shizoporella dunkeri est présent en plusieurs petites colonies éparses, sans doute originaire de la même lignée génétique (reproduction asexuée par clivage de la colonie originelle).
Sec de la Revellata, Corse Ouest, 20 m
22/10/2008
Macro et association
En bas à gauche, au niveau de la zone d'affrontement avec une autre espèce de bryozoaire encroûtant beige, les petits polypes appartiennent à un hydraire (Perarella schneideri) associé à Schizoporella dunkeri.
Sec de la Revellata, Corse Ouest, 12 m
22/10/2008
Faciès à Didemnum sp. et Schizoporella dunkeri
Sur une paroi verticale bien éclairée les deux espèces étaient dominantes.
Pointe de la Croix, Port Cros (83), 11 m
03/06/2006
Hydraire associé (Zanclea sp.)
Cette association est fréquente et semble spécifique, effectivement ces hydraires du genre Zanclea ne sont présents que sur le bryozoaire et absents juste à côté sur les autres organismes encroûtants.
La Gabinière, Port Cros (83), 16 m
04/06/2006
Lophophores
Zoom sur les zoïdes, les aviculaires et les lophophores. Petite colonie de 10 mm observée sous une pierre.
La Ciotat (13), 6 m
05/05/2017
Macro à Banyuls, lophophores rétractés
Zoïdes bien différenciés, globuleux et en lignes régulières.
Région de Banyuls (66)
1990
Sous les pierres
Cette pierre a été prélevée par 15 m de fond, elle est colonisée sur sa face cachée par Schizoporella dunkeri. Sur la gauche (en haut) les petites ramifications branchues et rouges montrent un foraminifère "géant" et classique des eaux corses : Miniacina miniacea.
Stareso, Corse Ouest, 15 m (photo laboratoire)
10/2008
Macro sur les zoïdes
Paroi frontale poreuse, sinus en "V" et aviculaire unique et latéral sont bien visibles sur cette photo sous microscope binoculaire d'une colonie fraîchement prélevée.
Stareso, Corse Ouest, 12 m (photo laboratoire)
10/2008
Parois poreuses
Paroi frontale finement perforée et sinus étroit (en "V") sont bien observés sur cette colonie passée à la javel.
La Vesse, Côte Bleue (13), photo ex situ
12/2008
Organisation des zoïdes et ovicelles
Noter l'aviculaire unique, latéral et oblique sur chaque zoécie, ainsi que les ovicelles sur la moitié inférieure de la photo.
La Vesse, Côte Bleue (13), photo ex situ
12/2008
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Michel PEAN
Tilbrook, K.J., Hayward, P.J. & Gordon, D.P., 2001, Cheilostomatous Bryozoa from Vanuatu, Zoological Journal of the Linnean Society, 131 (1), 35-109.