Forme massive, globuleuse
Conules larges et espacés
Oscules grands et surmontés d’une marge
Couleur noire, chair blanchâtre
Facilement déchirable
Présence du nudibranche Felimare orsinii
Mauvaise éponge
Black horny sponge (GB), Spugna cornea negra, spugna carnaccia (I), Esponja corneanegra (E), Schwartzer Hornschwamm (D), Zwarte hoornspons (NL)
Cacospongia scalaris Schmidt, 1862
Aplysinopsis massa f. lobulosa Topsent, 1934
Aplysinopsis massa f. osculata Topsent, 1934
Aplysinopsis massa f. porrecta Topsent, 1934
Méditerranée, Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]L’éponge cornée noire est présente sur les côtes occidentales de la Méditerranée jusqu’à la Tunisie, l’archipel du Cap Vert, les côtes nord occidentales africaines, les côtes sud du Portugal ainsi que sur l’archipel des Açores.
Cette espèce vit sur des fonds rocheux ombragés souvent exposés au nord, grottes, bases des posidonies, des premiers mètres jusqu’à 70 m de profondeur environ.
Cette éponge, de forme plus ou moins régulière, est massive, globuleuse, à l’aspect de coussin et de couleur noire. Elle peut atteindre une trentaine de centimètres de diamètre. On notera parfois la présence de larges trous ou lacunes* souvent comblés de sédiments divers. Son épaisseur est de plusieurs centimètres. Sa surface rugueuse présente des conules* (extrémité des fibres primaires de la charpente) larges, peu élevés (1 à 2 mm de hauteur) et assez éloignés les uns des autres.
Les oscules exhalants, peu nombreux, sont grands (0,7 à 1,5 mm de diamètre) et surmontés d’une petite marge contractile, ils sont concentrés essentiellement à la partie supérieure de l’éponge. Les pores inhalants sont microscopiques.
La peau, bien que coriace, a la particularité de se déchirer facilement. L’intérieur, de couleur blanc sale, est constitué d’un réseau de fibres lâches, peu homogène, donnant au squelette une constitution peu élastique et fragile.
Sa base est de couleur jaunâtre et se lacère facilement.
De nombreuses éponges de couleur noirâtre peuplent les eaux méditerranéennes et il est très difficile de se baser uniquement sur leur aspect général. Il sera donc nécessaire d’effectuer une observation au microscope afin d’identifier avec certitude l’espèce observée. Toutefois il est très facile de pratiquer un test non microscopique in situ, quoiqu’un peu traumatique pour la pauvre éponge : essayer de la déchirer ; si cela s’avère facile on aura à faire à Scalarispongia scalaris, si c’est difficile ce sera une Spongia ou une Hippospongia, si c’est pratiquement impossible ce sera une Ircinia ou une Sarcotragus. La présence en nombre du nudibranche Felimare orsinii est assez spécifique de Scalarispongia scalaris.
Cependant on notera ci-dessous les espèces semblables les plus couramment rencontrées :
Spongia officinalis : plus massive et souvent de couleur grise, présence de nombreux conules lui donnant un aspect de chair de poule, consistance très élastique.
Sarcotragus spinosulus : plus massive et souvent recouverte en partie d’algues ou d’épibiontes divers.
Les éponges sont des animaux filtreurs* qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant en général pas 3 microns. Le courant d’eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules ciliées spécifiques des éponges : les choanocytes*.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
Les éponges ont une forte capacité de régénération.
On notera très souvent, à la surface de cette éponge, la présence de nombreux petits nudibranches bleus Felimare orsinii qui s’en nourrissent.
C’est également une source de nourriture pour un autre mollusque nudibranche : Felimare (Hypselodoris) tricolor.
La présence, à l’intérieur de certains oscules, de la balane Acasta spongites, crustacé cirripède, est souvent constatée.
On peut la trouver également en épibionte* des ascidies solitaires Microcosmus spp. Le zoanthaire Parazoanthus axinellae a tendance, parfois, à se développer en épibiose* sur cette éponge.
Le cas du scyphozoaire Nausithoe punctata est plus complexe. On comprend aisément que le cnidaire profite du flux d'eau nourricier entretenu en permanence par le choanoderme* de l'éponge. On a de plus démontré que l'éponge fournissait aux polypes* une défense d'ordre chimique... Le rôle joué par le cnidaire en revanche est plus obscur... Certains auteurs parlent de parasitisme car sa présence cause des dommages souvent irréversibles à l’éponge.
Cette éponge est dépourvue de spicules* ; cependant, on notera la présence, au sein des fibres primaires, de grains de sable et de spicules d’autres éponges.
Une observation au microscope permettra de mettre en évidence un réseau caractéristique de fibres conjonctives de spongine disposées comme des échelles de cordes, les fibres primaires et secondaires se croisant à 90°.
L’éponge cornée noire est appelée également mauvaise éponge car son réseau de spongine, très lâche, se déchire facilement. Elle est par conséquent inutilisable en tant qu’éponge de toilette.
Eponge cornée : ce nom vient de son squelette fait de fibres de spongine* qui forment un réseau rigide.
Noire : précise la couleur de cette éponge.
Scalarispongia : du latin [scalae] = échelle et [spongia] = éponge, les fibres de cette éponge forment un réseau en forme d’échelle de cordes.
scalaris : mot latin = d’échelles. La forme du réseau de fibres de spongine fait penser aux échelles.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Dictyoceratida | Dictyocératides | « Eponges à réseau de corne ». Squelette entièrement composé de fibres de spongine anastomosées et souvent organisées en réseaux primaire, secondaire voire tertiaire. Fibres généralement homogènes ou légèrement stratifiées avec ou sans moelle centrale. Pas de spicules. Eponges vivipares. |
Famille | Thorectidae | Thorectidés | Spongiaires à texture dure et fragile, avec de nombreux grains de sable et de fragments de spicules étrangers incrustés dans le choanoderme et dans les fibres primaires et parfois secondaires, formant des strates qui se croisent. Chambres choanocytaires sphériques possédant des canaux d’entrée et de sortie d’eau bien développés. |
Genre | Scalarispongia | ||
Espèce | scalaris |
Forme massive
Cette éponge, de forme plus ou moins régulière, est massive, globuleuse, à l’aspect de coussin.
Pointe de Montrémian, île de Bagaud, Port Cros (83), 10 m
07/07/2011
Surface rugueuse
Sa surface rugueuse présente des conules larges et peu élevés.
Galéria (2A), 20 m
07/2007
Avec son prédateur
Le petit nudibranche Felimare orsinii se nourrit de l’éponge Scalarispongia scalaris sur laquelle on trouve souvent de nombreux individus. L’animal arrache de petites particules d’éponges grâce à sa radula* (sorte de râpe constituée de rangées de dents calcaires).
Les Moyades, île de Riou, baie de Marseille (13), 20 m
26/06/2011
Sphérique et granuleuse
Les grands oscules sont surmontés d’une marge lisse.
Les Fourmignes, Giens (83), 12 m
21/06/2015
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Ben Mustapha K., Zarrouk S., Souissi A., El Abed A., 2003, Diversité des éponges tunisiennes, Bull. Inst. Natn. Scien. Tech. Mer de Salammbô, 30, 55-78.
Cook S. de C., Bergquist P.R., 2000, Two new genera and five new species to the « Cacospongia » group (Porifera, Demospongia, Dictyoceratida), New Zealand Journal of Marine and Freshwater Research, Zoosystema, 22(2), 383-400.
Da Costa S., 2008, Etude taxonomique des spongiaires méditerranéens de substrat dur, Stage de licence 3 SME, Université de la Méditerranée Marseille-Aix, 23p.
Sarà M., 1972, Guida ai Poriferi della fauna italiana, Quaderni della Civica Stazione Idrobiologica di Milano, I, 53-97.
Topsent E., 1929, Cacospongia scalaris, the Mediterranean Science Commission, Historic records of marine fauna, Porifera, GB, 2p.
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Vacelet J., 1959, Répartition générale des éponges et systématique des éponges cornées de la région de Marseille et de quelques stations méditerranéennes, Recueil des Travaux de la Station marine d’Endoume, 16(26), 39-101.
La page de Scalarispongia scalaris sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
La page de Scalarispongia scalaris dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN