Plante subaquatique à tiges très ramifiées et très fines
Peut mesurer jusqu’à 2 m en été et s’étaler en surface par petits fonds
Rhizomes enfouis dans le sédiment (sable ou vase)
Fruits portées par un pédoncule long et enroulé en spirale caractéristique (juin - septembre)
Spiral Tasselweed, spiral Ditchgrass (GB) Schraubige Salde, Strand-Salde (D)
Note. L’espèce a longtemps été appelée, de façon erronée, Ruppia cirrhosa (Petagna) Grande, 1918 qui est un synonyme d’une des deux autres espèces de Ruppia présentes en France, Ruppia maritima Linnaeus 1753.
Europe (lagunes de Méditerranée, d'Atlantique Nord-Est, de Manche, de mer du Nord et de mer Baltique)
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette plante subaquatique est présente dans les lagunes des côtes de mer Noire (Crimée), de Méditerranée, d'Atlantique Nord-Est, de Manche, de mer du Nord et de mer Baltique.
En France métropolitaine elle est bien présente dans les lagunes du golfe du Lion et du golfe de Gascogne. Elle devient plus rare vers la Côte d’Azur, en Manche et en mer du Nord.
Cette phanérogame* ne se développe pas en mer. Elle se rencontre dans les eaux calmes et saumâtres* d’anciens marais salants, de lagunes de petite taille ou dans les anses abritées de lagunes plus grandes.
Les signalisations en eau douce sont probablement des erreurs d’identification de Ruppia maritima Linnaeus, une espèce qui ne se rencontre pas en milieu très saumâtre contrairement à ce que pourrait laisser supposer son nom.
La ruppie spiralée est une plante vivace* à tiges vertes, souples, ramifiées, chaque ramification se terminant par une feuille longue (environ 10 cm), très fine (< 1 mm), à apex* pointu et à marges bordées de très fines dents.
La plante est ancrée dans le sédiment (sablo-vaseux) par une tige souterraine, ou rhizome*, grâce à des racines adventives*.
La plante peut atteindre 2 mètres de longueur/hauteur en été, au point que la partie supérieure de la plante peut s’étaler en surface, pour les spécimens ancrés à faible profondeur. Elle est généralement plus petite, voire absente (limitée au rhizome) en hiver, par perte d’une grande partie des tiges dressées et des feuilles.
Le rhizome permet une multiplication végétative des pieds de ruppies qui forment alors des peuplements denses et étendus, véritables prairies sous-marines, appelées « herbiers ».
Si les peuplements peuvent devenir très grands, une colonisation commence par de petites taches, sans doute au départ à partir de graines transportées par des oiseaux, ensuite par arrachement d’une partie du rhizome qui va se replanter plus loin.
Les fleurs apparaissent entre juin et septembre. Elles sont portées par un long pédoncule floral droit. Après fécondation*, ce pédoncule s’allonge puis s’enroule en spirale, ce qui permet de distinguer cette espèce de Ruppia maritima chez qui le pédoncule fructifère ne s’enroule pas après fécondation.
La ruppie maritime (Ruppia maritima) qui est généralement inféodée aux eaux douces et ne produit jamais de pédoncule fructifère spiralé.
Stuckenia pectinata (ex. Potamogeton pectinatus) qui est une espèce très ressemblante morphologiquement, sauf pour l’inflorescence* et le fruit qui sont différents et les feuilles qui ont un apex à marges lisses. Il pousse dans des eaux globalement moins saumâtres que Ruppia spiralis.
Ces deux espèces, contrairement à R. spiralis, ne présentent pas de pédoncule fructifère spiralé.
Comme les autres plantes à chlorophylle, Ruppia spiralis est autotrophe* pour le carbone : elle pratique la photosynthèse* à partir de l’eau et du dioxyde de carbone dissous.
Elle synthétise les autres molécules que les sucres à partir des éléments trouvés dissous dans l’eau et le substrat.
La reproduction peut être asexuée (fragmentation du rhizome) et sexuée (fleurs pollinisées par le courant, ce qui génère des graines).
Les fruits/graines sont portés par le long pédoncule en forme de spirale caractéristique de l’espèce. La période d'observation de ces spirales s'étale de juillet à septembre dans les lagunes méditerranéennes.
Les herbiers peuvent être mixtes avec d’autres plantes, notamment Zostera noltei et Stuckenia pectinata. Dans les plus grandes lagunes, qui peuvent être très agitées en cas de vent, le système racinaire des Ruppia spiralis est insuffisant pour lui permettre d’éviter l’arrachement, mais suffisant si elle est associée à Z. noltei.
Comme les autres herbiers, les Ruppia spiralis sont vite le support d’algues épiphytes* (Cladophora, Polysiphonia,...) qui leur confisquent une partie de la lumière. R. spiralis n’est « nue » que les premiers mois en sortie de dormance, lors de la phase de croissance rapide (mars à mai…). Elle héberge également de petits gastéropodes comme Ecrobia ventrosa.
Ruppia spiralis est mangée par les anatidés (les cygnes, les oies et les canards qui participent ainsi à la dissémination des graines) et sans doute par les saupes dans les grandes lagunes.
R. spiralis peut supporter de grandes variations de salinité (de 10 à 80 g.L-1).
La valeur écologique de Ruppia spiralis est élevée. Sa présence est un critère de qualité pour le classement de la masse d’eau au sens de la DCE (Directive Cadre sur l’Eau).
Notez que toutes les publications citées pour rédiger la fiche utilise le nom de Ruppia cirrhosa alors qu'elles traitent bien de Ruppia spiralis. Il s'agit d'une erreur fréquente jusqu'à il y a peu de temps.
L’espèce est protégée en région PACA sous le nom erroné de Ruppia maritima. Ceci s’explique par le fait que les deux espèces de Ruppia, Ruppia spiralis et Ruppia maritima (Synonyme : Ruppia cirrhosa) ont longtemps été confondues.
Ruppie spiralée évoque l'aspect du long pédoncule en forme de spirale qui porte les fruits.
Ruppia : dédié au botaniste allemand Heinrich Bernhard Rupp,
spiralis : du grec ancien [speira] : tourner, tordre.
Numéro d'entrée WoRMS : 416218
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Magnoliophyta | Angiospermes | Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit. |
Classe | Liliopsida | Monocotylédones | Un seul cotylédon* dans la graine. Les nervures des feuilles sont parallèles. |
Sous-classe | Alismatidae | Alismatidées | |
Ordre | Alismatales | Alismatales | |
Famille | Ruppiacea | Ruppiacés | |
Genre | Ruppia | ||
Espèce | spiralis |
Pédoncules fructifères spiralées
Les tiges normales et les feuilles sont fines et droites. Seules les pédoncules portant les fleurs puis les fruits sont typiquement bien spiralées. Cette plante supporte les milieux saumâtres de type "lagunes" ou estuaires.
Etang de l'Estomac, Fos-sur-Mer (13), 1 m
24/08/2014
Feuilles longues et très fines
La ruppie spiralée est une plante subaquatique à tiges vertes, souples et ramifiées. Chaque ramification se termine par une feuille de 10 cm environ de long, de 0,5 à 1 mm de large et se terminant en pointe.
Notez la présence de petits gastéropodes (escargots) sur les tiges.
Etang de Berre, Le Ranquet, Istres (13), 1 m
09/06/2014
Usine à gaz
Comme tous les végétaux, cette plante subaquatique produit, en présence de lumière (photosynthèse) de nombreuses petites bulles d'oxygène qui restent un temps collées aux tiges et aux feuilles.
Etang de Berre, Le Ranquet, Istres (13), 1 m
14/06/2017
Fleur discrète
Au centre de l'image, l’inflorescence vert clair reste discrète à l’extrémité de son pédoncule
Etang de Berre, Le Ranquet, Istres (13), 1 m
14/06/2017
La fleur
L’inflorescence de la phanérogame Ruppia spiralis n'est pas spectaculaire avec ses deux fleurs juxtaposées à deux étamines chacune.
Etang de Leucate (11 & 66), 30 cm
05/08/2009
Discret bouquet de fruits
Les fruits ne mesurent que quelques millimètres. Ils forment un petit bouquet (cherchez en haut au centre) au bout du très long pédoncule spiralé caractéristique de l'espèce Ruppia spiralis.
Etang de Berre, Le Ranquet, Istres (13), 1 m
14/06/2014
Les fruits
Après la fécondation le pédoncule de l’inflorescence s'allonge de 10 cm et plus pour porter les fruits bien au-dessus des faisceaux de feuilles.
Etang de Leucate (11 & 66), 30 cm
05/08/2009
Rédacteur principal : Pascal BAZILE
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Oheix J., Ouisse V., Munaron D., Le Fur I., Derolez V., 2015, Etude de Ruppia cirrhosa dans la lagune de Canet‐St‐Nazaire, Ifremer, Département Océanographie et Dynamique des Ecosystèmes Côtiers ‐ Laboratoire Environnement Ressources Languedoc‐Roussillon, France, 41 p.