Rhynchozoon d'Europe

Rhynchozoon spp. (genre) | Hincks, 1895

N° 1707

Méditerranée, Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Colonie encroûtante de petite taille (quelques cm)
Croûte irrégulière, globuleuse, épaisse (le plus souvent)
Surface très rugueuse et épineuse
Coloration souvent très claire, beige à jaune clair

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Rhynchopora Hincks, 1877, non valide

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Cette fiche traite des espèces du genre Rhynchozoon dont la présence est décrite sur les côtes européennes.

Biotope

Les espèces du genre Rhynchozoon sont généralement observées sur des fonds durs en ambiance plutôt sciaphile*.

Description

Les espèces mal définies du genre Rhynchozoon (Hincks, 1895) font partie de la famille des Phidoloporidés qui en 2013 comprend 25 espèces, et entre autres, les espèce suivantes : Reteporella grimaldii, Dentiporella sardonica, Reteporella elegans, Schizoretepora solandaria, etc. Ce genre est particulièrement difficile à analyser d'un point de vue taxonomique* en raison des variations intra- et inter-spécifiques. Seules des études basées sur le matériel génétique des espèces pourraient aider à les identifier et à les classer correctement.
Cette fiche ne traite que des espèces du genre Rhynchozoon, dont la présence est décrite sur les côtes européennes. Le genre Rhynchozoon est représenté par des colonies encroûtantes beige à jaune clair et à la surface très rugueuse. Uni- ou plurilamellaires, les colonies sont plus ou moins mamelonnées ou globuleuses. La présence de sinus* asymétrique au niveau des larges ouvertures bien visibles ou plus précisément l'asymétrie du processus proximal* du péristome* appelé mucron* caractérise le genre.
La paroi frontale montre des pores marginaux. L'ouverture, munie d'un sinus proximal et de petits condyles*, est denticulée au niveau de sa marge distale*. Le péristome est bien développé avec un pseudosinus asymétrique portant typiquement un aviculaire* suboral et/ou un mucron qui est une projection calcifiée pleine plus ou moins allongée et placée sur le bord médio-proximal du péristome. Ces mucrons ne sont pas porteurs d'aviculaires comme les umbos* chez d'autres espèces (par exemple Schizomavella hastata). Il y a souvent présence d'aviculaires frontaux complémentaires.

Chez Rhynchozoon sp.1 (Hayward, 1974), décrite de Méditerranée et illustrée sur cette fiche, les aviculaires sont très nombreux sur la paroi frontale des vieux zoïdes* et les mucrons très développés prennent l'apparence de fortes, courtes et robustes épines à la surface de la colonie. Rhynchozoon sp.1 est plurilamellaire et forme des croûtes épaisses, très rugueuses, à l'apparence épineuse (mucron) et mesurant quelques centimètres de diamètre.

Rhynchozoon bispinosum
(Johnston, 1847), dont la présence est décrite de l'Atlantique Nord-Est à la Méditerranée (et peut-être sur les côtes pacifiques américaines et en Australie) est une espèce très proche. Elle est même considérée par certains auteurs (Zabala & Maluquer, 1988) comme ne formant qu'une seule et même espèce avec le Rhynchozoon. sp1 de Hayward.

Rhynchozoon neapolitanum (Gautier, 1962), endémique* de la Méditerranée, est la seule espèce du genre relativement bien définie. Elle se présente sous la forme de colonies encroûtantes épaisses, plurilamellaires, plus ou moins mamelonnées, de couleur jaune clair à crème et à la surface rugueuse. La taille des colonies est de l'ordre de 3 x 3 x 3 cm (LxlxH). La présence d'épines (les mucrons) visibles à l'œil nu permet de faire la différence avec un petit Schizomavella mamillata clair.

Dans les eaux européennes, les autres espèces suivantes sont également considérées comme valides (en 2013) :
Rhynchozoon celestinoi Souto Reverter-Gil & Fernández-Pulpeiro, 2010 (Atlantique Nord-Est, Portugal + ?)
Rhynchozoon rosae Souto Reverter-Gil & Fernández-Pulpeiro, 2010 (Atlantique Nord-Est, Portugal + ?)
Rhynchozoon pseudodigitatum Zabala & Maluquer, 1988 (Méditerranée)
Rhynchozoon quadrispinatum Zabala & Maluquer, 1988 (Méditerranée)

Espèces ressemblantes

Dentiporella sardonica est également rugueuse mais forme de véritables colonies érigées aux extrémités blanches et pointues.

Schizomavella mamillata est un bryozoaire encroûtant commun des fonds coralligènes* où il forme des plaques plus grandes, de coloration jaune vif à orange vif, à la surface régulièrement mamelonnée, à l'aspect de surface grenu et au duvet de lophophores* très discret.

Alimentation

Comme chez tous les bryozoaires, la nutrition est assurée par la capture de particules alimentaires (phytoplancton* en particulier) par les tentacules* du lophophore*. Concernant le régime alimentaire, ce sont des filtreurs suspensivores* microphages*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et les bactéries sont la base de l'alimentation de ce type de bryozoaire.
La sortie du lophophore est assurée par une augmentation de la pression du liquide interne, phénomène obtenu grâce à la compression musculaire. Une fois la gaine du lophophore dévaginée, un mouvement pendulaire et circulaire des tentacules ciliés* composant le panache de ce lophophore va permettre le brassage de l'eau environnante et favoriser ainsi la capture des micro-organismes composant l'alimentation de la colonie. Ces animaux sont ainsi dits filtreurs "actifs".

Reproduction - Multiplication

La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* périphérique ou frontal (pour les espèces plurilamellaires) de nouvelles zoécies (= zoïdes). La reproduction est sexuée et la colonie est hermaphrodite*. Les œufs fécondés produits par un zoïde femelle sont incubés dans une ovicelle* (petite chambre au-dessus de l'orifice).
Après maturation, il va y avoir émission de larves* lécitotrophiques* ciliées, qui vont être dispersées par les courants. Après une courte vie dans la colonne d'eau, la larve va se fixer sur un substrat* adéquat et se métamorphoser en un zoïde primaire ou ancestrule*. Celui-ci bourgeonnera en deux à trois zoïdes, qui bourgeonneront eux-mêmes en formant petit à petit la colonie réticulée et lui permettant de grandir.
Dès lors, la production de larves lors de la reproduction sexuée favorisera la dispersion de l'espèce et le peuplement de nouvelles surfaces.

Origine des noms

Origine du nom scientifique

Rhynchozoon : du grec [rhynch(o)] = groin, museau ou nez et [zôon] = animal, donc "animal à groin". En rapport avec les projections calcifiées pleines, placées sur le bord médio-proximal du péristome et nommées mucrons.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 110958

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Gymnolaemata Gymnolèmes Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins.
Ordre Cheilostomatida Cheilostomes Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…).
Sous-ordre Neocheilostomatina/Ascophora Ascophores Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore.
Famille Phidoloporidae Phidoloporidés
Genre Rhynchozoon
Espèce spp. (genre)

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